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Leurs cheveux mouillés sèchent dans la brise qui souffle, papier de verre, sur le parking. Deux minutes de route jusqu’à South Coast Plaza, où se trouve un condomundo qui vaut bien les apparts dans lesquels habitent Sandy et Angela. Monter chez Virginia, entrer, courir hilares jusqu’à la chambre.

Virginia allume les lumières, le système vidéo. Huit petites caméras installées en haut des murs les suivent grâce à leurs senseurs à infrarouges, et deux grands ensembles d’écrans sur les parois latérales montrent Virginia en train de se déshabiller, vue à la fois de devant et de derrière. Jim trouve les images vraiment bandantes, et au moment où il ôte son pantalon la moitié des écrans le montrent avec une érection qui oscille comme une baguette ; Virginia craque et l’entraîne par la queue vers le lit. Ils adoptent une position qui leur permet à tous les deux de regarder un mur d’écrans. Des images de Virginia

Douce courbe de la cuisse ; elle a passé beaucoup de temps sur les bécanes.

En haut, écume blonde de cheveux.

En bas, poils pubiens noirs, taillés en une flèche qui pointe dessous et dedans.

Cligne ! Cligne !

Seins qui dansent (l’image).

Muscles trilatéraux, saillant sur la cage thoracique

le foudroient totalement. Elle l’enjambe, se glisse sur lui. Ah : la jonction vitale. Elle est dessus et joue à lui plaquer les poignets, de sorte que ses biceps bombent et que son visage se présente de profil, exquis profil tandis qu’elle fixe les écrans sur sa gauche, et que ses seins… eh bien, ça suffit presque à distraire Jim des écrans, mais sur le mur qu’il regarde apparaît une vue prise d’un angle au-dessus de sa tête, et il peut encore voir des seins tombant de pectoraux tendus, tandis que l’écran voisin présente l’angle inverse, et affiche limage obscène, pornographique, pour ne pas dire anatomiquement improbable, de sa queue allant et venant en elle : enserrée par les muscles imposants de ses fesses, que l’on voit roses et mouillées, enserrée…

Les écrans tremblotent et s’éteignent. Néant de verre gris-vert.

D’un bond, Virginia se dégage de Jim.

— Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? (Elle martèle avec colère les boutons du panneau de contrôle à côté des interrupteurs.) C’est en marche ! (Mais pas d’images. Les caméras ne la suivent pas dans ses déplacements non plus.) Putain, merde ! (Elle est rouge de ses efforts, rouge d’exaspération, elle éprouve encore les boutons, qu’elle martèle avec force.) Ce putain de truc doit être cassé ! (Quelque chose dans sa voix ramollit Jim, malgré l’allure qu’elle a, plantée comme ça, droite. Et puis son attention est détournée. Qu’est-ce qui leur est arrivé ? Tu peux réparer ça ?

— Eh bien… (Dubitatif, Jim roule du lit et examine le panneau de contrôle. Tout semble en ordre de ce côté… Il lève les yeux vers les caméras.) Je ne pense pas…

— Merde !

Elle s’assied sur le lit, rebondit merveilleusement.

— Euh, mais… (Jim désigne le lit)… nous avons toujours la principale pièce de l’équipement.

Ses lèvres se pincent en une moue d’irritation. Elle lève le regard, envoie d’une pichenette son sexe rabougri contre sa jambe. « Ah oui ? » Elle rit.

Mais Jim, qui commence à se faire un peu de bile, n’a pas les moyens personnels de s’offrir un équipement vidéo de chambre décent, et son petit appareil n’arrête pas de tomber en panne. Il a l’habitude d’improviser dans des situations délicates comme celle-ci. Il jette un coup d’œil dans la salle de bains. « Ah ha ! » Il y a un haut miroir sur pied dans la vaste salle de bains vitrée et, plein d’espoir, il tire celui-ci dans la chambre. Virginia est étalée sur le lit comme une double page centrale de magazine, à la recherche de compte-gouttes dans le tiroir de la table de chevet.

— Et voilà, fait Jim. Une version primitive du système.

Elle rit, lui donne des indications tandis qu’il positionne le miroir.

— Un peu plus bas. Là, c’est bon.

Ils reprennent rapidement, couchés en travers du lit de manière à pouvoir tous deux regarder sur le côté et voir le miroir, où leurs jumeaux s’envoient en l’air. Voir ces jumeaux les regarder en retour est une chose déconcertante, mais également intéressante, et Jim ne peut s’empêcher de se sourire lascivement. L’image elle-même est différente aussi, la douceur et la profondeur de champ de la vidéo faisant place à une matérialité dure, argentée, glacée, comme si c’était une fenêtre qu’ils avaient là et qu’ils espionnaient un couple dans une nouvelle réalité de verre.

Quand ils ont fini, Jim fait « Joo-lie coo-chonne » d’une voix traînante. Et ne peut s’empêcher de rire.

Ça n’amuse pas Virginia.

— Il va falloir que je fasse venir les réparateurs pour qu’ils arrangent ça, et j’ai horreur de ça… C’est toujours : « Excusez-nous, m’dame, mais faut qu’on fasse certains tests pour voir si l’équipement fonctionne. »

Jim s’esclaffe.

— Tu devrais leur dire de baiser entre eux, ça leur servirait de test !

Virginia fronce les sourcils.

— Ils le feraient probablement, ces pervers.

Bon, d’accord. Maintenant qu’ils ont fini, Virginia s’impatiente. On dirait qu’elle a encore envie de faire la fête. Jim est consentant, tout ce que cette belle et nouvelle amie peut désirer lui convient. Il aime bien faire la fête, lui aussi. Ils ne tardent donc pas à se lever, s’habillent, retournent chez Sandy.

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