2.

Mgr Alessandro Calfo était satisfait. Avant de quitter la grande salle oblongue proche du Vatican, les Onze lui avaient donné carte blanche : on ne pouvait prendre aucun risque. Depuis quatre siècles, ils étaient les seuls à veiller sur le trésor le plus précieux de l'Église catholique, apostolique et romaine. Ceux qui l'approchaient de trop près devaient être neutralisés.

Il s'était bien gardé de tout dire au cardinal. Pourrait-on garder longtemps le secret ? Mais s'il était divulgué, ce serait la fin de l'Église, la fin de la chrétienté tout entière. Et un coup terrible pour l'Occident, déjà très mal en point face à l'islam. Immense responsabilité, qui reposait sur les épaules de douze hommes : la Société Saint-Pie V avait été créée dans le seul but de protéger ce secret, et Calfo en était le recteur.

Il s'était contenté d'affirmer au cardinal qu'il n'existait encore que des indices éparpillés, que seuls quelques érudits au monde étaient capables de comprendre et d'interpréter. Mais il avait caché l'essentiel : si ces indices, reliés entre eux, étaient livrés à la connaissance du grand public, ils pourraient mener jusqu'à la preuve absolue, indiscutable. C'est pourquoi il importait que les pistes existantes restent dispersées. Quiconque serait assez malveillant – ou seulement assez perspicace – pour les réunir, deviendrait capable de découvrir la vérité.

Il se leva, fit le tour de la table, et se campa devant le crucifix sanglant.

« Maître ! Tes douze apôtres veillent sur toi. »

Machinalement, il fit tourner autour de son annulaire droit la bague qui l'encerclait. La pierre précieuse, un jaspe vert foncé parsemé de taches rouges, était anormalement épaisse – même pour Rome où les prélats affectionnent les signes ostentatoires de leur dignité. À chaque instant, ce vénérable bijou lui rappelait la nature exacte de sa mission.

Quiconque parvient au secret doit être consumé par lui, et disparaître !

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