19.



Évangiles selon Marc et Luc

Depuis le Temple, le son guttural du schofar salua le soleil qui marquait la fin de la pâque, ce dimanche 9 avril au matin. Quatre jeunes hommes pénétrèrent d'un pas décidé dans le cimetière situé devant la porte ouest de Jérusalem. L'un d'eux portait un levier : il faudrait faire rouler de côté une pierre tombale, elles étaient extrêmement lourdes. Ils avaient l'habitude.

En entrant dans le tombeau, ils trouvèrent le cadavre d'un supplicié simplement posé sur une dalle centrale, portant des traces profondes de flagellation et les marques de la crucifixion. Sur le côté, une plaie vive laissait encore suinter un peu de sang. Ils poussèrent un gémissement :

– Éternel ! Vois ce qu'ils font de tes fils, les prophètes d'Israël ! Que la malédiction de ce sang versé retombe sur eux ! Tant de souffrances pour ce Juste !

Après avoir récité le Qaddish, ils enfilèrent leur longue robe blanche : le transfert d'un cadavre en terre pure représentait pour eux un acte religieux, l'habit blanc était requis. De plus, il les identifierait aux yeux des pèlerins juifs – qui avaient l'habitude de voir des esséniens transporter certains cadavres, pour les réinhumer dans leurs cimetières.

Deux d'entre eux s'apprêtèrent à transporter le corps. Mais tout s'était déroulé très vite vendredi soir, les proches allaient certainement venir terminer la toilette mortuaire. S'ils découvraient le tombeau vide, ce serait la panique : il fallait les prévenir.

Deux hommes, toujours revêtus de leur robe blanche, s'installèrent commodément, l'un à la tête, l'autre au pied de la dalle mortuaire, tandis que leurs compagnons portant le cadavre commençaient le long voyage vers l'une des nécropoles esséniennes du désert.



Ils n'eurent pas longtemps à attendre : le soleil était encore bas sur l'horizon quand ils entendirent des pas furtifs. Des femmes de l'entourage de Jésus.

Quand elles virent la lourde pierre tombale roulée de côté, les femmes eurent un haut-le-corps. L'une d'elles fit un pas en avant, et poussa un hurlement de terreur : deux êtres vêtus de blanc se tenaient debout, dans l'antre sombre de la tombe, et semblaient les attendre. Terrorisée, elle balbutia une question, à laquelle ils répondirent posément. Quand ils firent mine de sortir pour leur donner plus de détails, les femmes tournèrent les talons et s'enfuirent, piaillant comme un vol d'oiseaux.

Les deux esséniens haussèrent les épaules. Pourquoi les apôtres de Jésus avaient-ils envoyé des femmes, au lieu de venir eux-mêmes ? Après tout, leur mission était terminée. Restait à remettre les lieux en ordre avant de partir.

Ils retirèrent leur robe blanche et tentèrent de faire rouler la pierre tombale : en vain, ils n'étaient plus que deux, elle était trop lourde. Laissant le tombeau ouvert, ils sortirent du jardin et s'assirent au soleil. Le Judéen qui avait tout organisé devait venir les voir : il fallait l'attendre.

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