Londres, le 21 septembre 1940

Si nous ne devons plus nous revoir que dans les cieux, nous nous reverrons alors dans la joie, mes nobles lords et mes braves guerriers, adieu tous !

William Shakespeare, Henri V[25]


— Ouvrez la fenêtre ! criait Polly qui, dans sa panique, frappait de ses deux poings la porte clouée à la peinture écaillée. Colin ! Dépêche-toi !

Le hurlement de la bombe se mua en une plainte douloureuse. Polly plaqua ses mains sur ses oreilles. Oh ! mon Dieu ! c’est juste au-dessus de moi. Tir au but. Elle s’abattit à genoux, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger du bruit assourdissant, de l’explosion attendue.

Il n’y eut pas d’explosion, mais un grondement à vous dévisser les os, suivi par le bruit métallique de choses qui dégringolaient, puis par les sirènes des voitures de pompiers. Lesquelles s’arrêtèrent à quelque cinq cents mètres.

Impossible ! C’était juste sur moi.

Et il y en eut une autre, et encore une autre, et elle avait beau se répéter comme un mantra que le point de saut n’avait jamais été frappé pendant le Blitz, elle ne parvenait pas à s’empêcher de serrer ses bras au-dessus de sa tête tandis que les bombes tombaient en hurlant, et de se recroqueviller, terrifiée, au bas de la porte.

— Colin ! sanglotait-elle. Vite !

Au bout d’une éternité, qui n’avait duré, si elle en jugeait par le cadran de sa montre, qu’une heure et demie, l’intensité du bombardement diminua. Polly attendit l’arrêt du canon de Kensington Gardens et s’engagea prudemment dans le passage, presque effrayée à l’idée de regarder ce qu’il en restait.

Mais seules les deux dernières barriques de l’allée, renversées, témoignaient d’un nouveau dommage. Elle les écarta de son chemin et escalada un bout de l’amas de décombres afin d’examiner l’autre côté de la rue. Une bombe incendiaire était tombée en plein milieu. Elle crépitait et pétillait comme le cierge magique géant d’un enfant. Sa lumière permit à Polly de découvrir le bureau de tabac, intact, et de lire « T. Tubbins » sur le store du marchand de légumes, toujours là, lui aussi. Aucune des boutiques n’avait pris feu. On ne sentait aucune odeur de fumée. Les toits intouchés des magasins se détachaient sur la nue cramoisie, pas un pompier ne s’y trouvait, pas plus que sur les entrepôts de part et d’autre du point de transfert. Cependant ce dernier restait fermé.

Le problème vient peut-être de la Luftwaffe.

Polly scruta l’espace étroit entre les bâtiments.

Ils peuvent distinguer le halo depuis le ciel et s’en servir de cible.

Mais l’idée que des pilotes de bombardiers pourraient apercevoir une faible lueur au sol – une cigarette ou la fente d’un rideau de black-out –, était désormais un mythe avéré. À trois mille mètres, on ne pouvait repérer ni l’une ni l’autre. Le halo ne serait pas plus visible. De plus, tout l’est et le nord de Londres brûlaient. On y voyait comme en plein jour dans le passage. Et une demi-heure plus tard, alors que les avions ne survolaient plus l’endroit, la fenêtre de saut ne montrait pas le moindre signe d’ouverture.

Une heure passa, puis deux. Le raid s’intensifia de nouveau, puis s’apaisa, et l’orangé des nuages vira au rose repoussant. Les canons de DCA bégayèrent avant de s’interrompre. Une longue accalmie suivit, juste troublée par le bourdonnement d’un avion qui partait. Le bruit décrut et ce fut le silence et, pendant plusieurs minutes, Polly s’attendit presque à entendre la fin d’alerte. Puis tout le bazar recommença.

Cela s’arrêta vraiment à 3 heures, pile au moment indiqué par Colin, mais le garçon, ou les récits historiques, s’étaient trompés sur l’emplacement du raid. Les bombes avaient frappé Kensington, pas Marylebone. Et pas n’importe où à Kensington, mais à Lampden Road.

Le silence s’installa sur le site, mais la fenêtre ne s’ouvrait toujours pas. Quand la fin d’alerte retentit, à cinq heures et demie, Polly avait eu le temps de considérer toutes les raisons de ce dysfonctionnement, des plus probables aux plus insensées. Et elle les avait toutes rejetées.

Sauf la plus évidente. Le site avait été endommagé. Malgré les tonneaux en place et les toiles d’araignées, l’explosion qui avait rasé la rangée des bâtiments de l’autre côté de l’allée devait avoir de quelque façon perturbé le champ de transfert et détruit la connexion temporelle. Rester assise dans le froid humide en rêvant de son ouverture ne rimait à rien. Dès que Badri, et M. Dunworthy s’apercevraient du problème, ils installeraient un nouveau point de saut et lui enverraient une équipe de récupération.

S’ils parviennent à me trouver. J’aurais dû pointer au rapport dès que j’ai loué cette chambre. De cette façon, ils sauraient où j’habite.

Mais ils avaient la liste des rues et des adresses autorisées, et il s’agissait de voyage dans le temps. Ils l’attendaient sans doute chez Mme Rickett.

J’espère juste qu’elle les laissera entrer. Elle est si féroce pour les visites masculines !

Pourvu que les membres de l’équipe ne se présentent pas déguisés en soldats ! Mme Rickett les tenait en piètre estime. Tout comme les acteurs.

Polly se releva, raidie par le froid et sa longue position assise, et descendit le passage. Si elle se dépêchait, elle atteindrait la pension avant que Mme Rickett revienne de Saint-George et elle intercepterait l’équipe de récupération.

Le brouillard, qui s’était levé pendant les raids, obscurcissait les environs de nouveau, et ils s’assombrissaient autant que le soir de son arrivée. Son voile s’étendait sur l’entrée de l’allée et sur l’amas de décombres au-delà. Polly se fraya un chemin aussi vite que possible à travers l’enchevêtrement des poutres et des briques. Soudain, elle s’enfonça presque jusqu’aux genoux, et elle dut s’accrocher plusieurs fois à des madriers en saillie avant de parvenir au bord.

Après être descendue sur le trottoir, elle s’arrêta pour brosser son manteau et pour évaluer l’état de ses bas. Bons pour la poubelle ! Les deux avaient de larges échelles, et le gauche était orné d’un trou. Son genou saignait et sa jupe était un désastre.

Ma jupe bleu marine non réglementaire que j’avais promis à Mlle Snelgrove de ne pas porter ce matin !

Puis elle se rappela que ça n’avait pas d’importance. Elle rentrait à Oxford.

Quelle heure était-il ? Elle jeta un coup d’œil à sa montre. Le cadran était maculé de poussière rosâtre. Elle le nettoya avec son doigt. 6 h 10.

Oh non ! Mme Rickett devait être revenue de Saint-George. Elle aurait dit à l’équipe de récupération que Polly n’était pas là et qu’elle n’avait pas la moindre idée de l’endroit où la trouver. Si elle ne leur avait pas plus simplement claqué la porte au nez.

Polly se glissa sous la corde et descendit en hâte Lampden Road engloutie dans le smog. Elle espérait que l’équipe serait encore chez Mme Rickett, qu’elle ne l’avait pas juste ratée…

Elle s’arrêta, bouche bée, examinant la dévastation totale autour d’elle. Elle ne s’était pas trompée. Les raids n’avaient pas touché Bloomsbury. Ils s’étaient concentrés ici, sur Lampden Road. Aussi loin qu’elle pouvait voir dans le brouillard, tout était rasé. Elle avait cru que les boutiques qui faisaient face au point de transfert étaient détruites, mais ce n’était rien comparé à ceci. Les deux côtés de la rue avaient été si complètement anéantis qu’il était même impossible d’imaginer ce qui s’y était trouvé auparavant. Une corde d’incident avait été tendue à travers la voie jonchée de débris ainsi que sur toute sa longueur. Ou aurait cru qu’un V2 l’avait frappée, mais ce n’était pas poss…

— Affreux, n’est-ce pas ? fit une voix derrière Polly.

C’était un homme âgé coiffé d’une casquette de laine, rentrant de toute évidence chez lui depuis un refuge. Il tenait un coussin de soie rose à franges sous l’un de ses bras et un grand sac en papier sous l’autre.

— Une mine parachutée.

Une mine. Voilà pourquoi les dégâts étaient si importants. Les bombes de forte puissance s’enterraient dans le sol avant d’exploser, mais les mines éclataient à la surface de façon que l’énergie totale de la déflagration dévaste les bâtiments environnants.

— Elle devait faire au mois cinq cents kilos pour raser tous ces magasins, déclara le vieux monsieur en désignant les décombres face au point de transfert. Et l’église, et…

— L’église ?

Polly scruta le bout de la rue, cherchant frénétiquement la flèche de Saint-George. Elle ne réussit pas à la voir.

— Quelle église ? Saint-George ?

Il hocha la tête.

— Horrible affaire, dit-il, embrassant le désastre du regard. Tous ces morts…

Polly plongea sous la corde, qui se prit dans ses jambes et cassa, mais elle n’y prêta pas attention et se mit à courir. La corde emmêlée traînait derrière elle tandis qu’elle se précipitait sur la voie jonchée de gravats vers les débris de l’église.

Il n’y avait pas de débris. Pas d’ardoises de toit, pas de chevrons, de piliers ni de bancs pour montrer qu’un jour une église se dressait ici, juste une plate étendue de briques et de verre pulvérisés. Si l’on exceptait la rampe en métal déchiré de l’escalier qui menait à l’abri souterrain, abri dont personne, personne n’aurait pu sortir vivant.

« Tous ces morts », avait dit le vieil homme.

Oh ! mon Dieu ! le pasteur, et Mlle Laburnum, et Mme Brightford. Et ses petites filles.

C’est arrivé la nuit dernière quand je me trouvais au point de saut. J’ai entendu la bombe frapper. Ils devaient tous être là, au refuge. Et si je n’avais pas tenté le transfert, j’aurais été là, moi aussi.

Nauséeuse, elle se rappela ses plans pour se cacher dans l’église en attendant que les rues se vident.

J’aurais été là-dessous, avec eux, comprit-elle en observant les gravats. Avec Lila, et Viv, et M. Simms. Et Nelson.

Et sir Godfrey. Ils étaient tous là-dessous.

— Il faut les sortir de là ! s’exclama-t-elle.

Elle avança vers la rampe.

Pourquoi les secours ne sont-ils pas sur place ? se demandait-elle, mais en même temps qu’elle formulait cette pensée, son esprit traitait d’autres informations : il n’y avait pas de poussière ni de fumée en provenance des décombres, seul le brouillard dérivait au-dessus, et par ailleurs elle avait cherché sans pouvoir la localiser la flèche de l’église la nuit dernière. Polly remarquait aussi la corde déjà tendue sur le sinistre, et la dépression au centre des débris qui devait être un puits creusé par l’équipe de secours. Et le vieil homme savait que l’édifice avait été détruit, et que des gens avaient été tués.

Il approcha en trottant, agrippé à son coussin et à son sac en papier.

— Dur à avaler, hein, mademoiselle ? lâcha-t-il en la rejoignant. Une si belle église…

— Quand cela s’est-il produit ?

Mais elle connaissait déjà la réponse. Pas la nuit dernière. Deux nuits avant. Les secours étaient venus, ils avaient sorti les corps et les avaient transférés à la morgue en fourgon.

— La nuit d’avant celle-ci, confirmait le vieil homme, pas plus d’une heure après le début de l’alerte.

Ils étaient déjà morts quand je me trouvais dans l’allée en train de m’inquiéter à l’idée de les croiser sur le chemin du refuge. Et pendant que j’étais bloquée à Holborn. Saint-George et les boutiques face au point de saut ont été frappées la même nuit.

Ses jambes flageolèrent comme si elle s’était aventurée trop près du bord d’un précipice.

— En tout cas, c’est ce qu’a dit le garde hier matin, continuait le vieux monsieur. Cela n’a pas… Dites, vous vous sentez bien, mademoiselle ?

Elle le regarda sans le voir.

Le site n’a pas été touché la nuit dernière. C’était la nuit d’avant. Mais c’est impossible. S’il l’avait été, alors…

Ses genoux flanchèrent. Le vieil homme la rattrapa et, dans ce mouvement, son coussin et son sac en papier tombèrent sur le pavé.

— Pourquoi ne pas vous asseoir sur le bord du trottoir un moment, proposa-t-il en la maintenant debout. Jusqu’à ce que vous alliez mieux. Ensuite, je vous ramène chez vous. Où habitez-vous, mademoiselle ?

Il parlait de la pension. Mais Mme Rickett, Mlle Hibbard, M. Dorming et Mlle Laburnum étaient tous morts. Plus personne là-bas ne pourrait indiquer à l’équipe de récupération qu’elle y logeait. Et il n’y avait eu personne hier non plus quand…

— Je dois aller chez Townsend Brothers.

— Ce n’est pas une bonne idée, mademoiselle. Vous avez subi un choc sérieux. Le poste de l’ARP est juste un peu plus bas. Je reviens en un rien de temps.

En un rien de temps…

Ils sont tous morts, et ils ne peuvent pas signaler où je suis. Il est impossible pour l’équipe de venir me récupérer…

— Seigneur ! s’exclama le vieil homme en la rattrapant et en l’aidant à s’asseoir sur le bord du trottoir. Êtes-vous sûre de ne pas être blessée ?

Comme elle ne répondait pas, il ajouta :

— Restez assise, je vais chercher le garde. Il saura quoi faire.

Il cala le coussin à volants sous le dos de Polly, descendit la rue en trottant et disparut dans le brouillard.

Polly se leva et remonta dans l’autre direction à l’aveuglette. Elle devait quitter les lieux avant qu’il revienne avec le garde. Il fallait qu’elle aille à Bayswater Road et qu’elle trouve un taxi. Afin de se rendre chez Townsend Brothers.

Mais elle ne croisa aucun taxi, et pas davantage de bus.

À cause de la purée de pois ?

Ce n’était pas la raison. Il y avait un bus au centre de la rue, à demi englouti dans un énorme cratère. Il était vide.

Je me demande ce qui est arrivé aux passagers.

Elle le savait. Ils étaient tous morts. Morts depuis la veille, comme Mlle Laburnum, et Trot, et sir Godfrey. Depuis la veille.

N’y pense pas !

Et elle força ses jambes cotonneuses à dépasser le bus, à remonter la rue embrumée.

Ne pense à rien. Cherche un taxi.

Elle en trouva un, finalement, après ce qui lui sembla des heures de marche et de décombres et de cratères et de smog.

Townsend Brothers, ordonna-t-elle au conducteur alors qu’elle ouvrait la porte. Sur Oxford Street.

Townsend Brothers ? répéta-t-il en lui lançant un coup d’œil étrange.

Elle avait oublié que les vendeuses ne prenaient pas de taxis. Mais il le fallait.

— Oui. Emmenez-moi immédiatement.

— Mais vous y êtes déjà ! s’exclama-t-il.

— Déjà… ?

Abasourdie, elle se tourna dans la direction qu’il lui indiquait et… découvrit Townsend Brothers. Les vitrines condamnées par des planches, les portes. Et, devant elles, le trottoir vide.

L’équipe de récupération n’était pas là. Polly avait été si sûre qu’ils se rendraient à Oxford Street dès qu’ils constateraient qu’ils ne pouvaient pas savoir où elle vivait…

Ils ont été retardés, c’est tout. Ils n’ont pas trouvé de taxi, eux non plus. Ou alors ils ont pensé que cela ne servirait à rien d’arriver à mon travail avant moi. Ils viendront à 9 heures.

Elle regarda sa montre, mais ce que les aiguilles indiquaient.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle au conducteur du taxi.

— 9 h 20, répondit-il, désignant l’horloge de Selfridges, plus loin dans la rue. Vous allez bien, mademoiselle ?

Non.

— Oui.

Elle s’aperçut qu’elle tenait toujours la portière du passager. Elle la claqua et se dirigea vers le magasin.

Ils sont déjà dedans.

Elle franchit l’entrée du personnel et monta l’escalier.

Ils m’attendent à mon rayon.

Mais c’était impossible, le magasin n’était pas encore ouvert et, quand elle atteignit le troisième étage et tira la porte de l’escalier, il n’y avait personne devant son comptoir.

Ils ne sont pas là.

La peur nauséeuse qu’elle avait tenté de contenir depuis qu’elle avait découvert les débris de l’église, cette peur qu’elle avait maintenue à distance l’engloutit comme une vague assassine.

Le point de transfert avait été dévasté par la mine parachutée qui avait détruit Saint-George et tué – oh, mon Dieu ! – sir Godfrey, et Trot, et tous les autres. Ils avaient été tués, et les magasins rasés, et le site anéanti, et tout s’était passé en même temps, la nuit précédant celle-ci, pendant qu’elle était à Holborn et qu’elle faisait la queue pour la cantine, parlait à la bibliothécaire, s’asseyait dans le tunnel pour lire le journal.

Non, plus tôt que ça. « Pas plus d’une heure après le début de l’alerte », avait dit le vieil homme. Pendant qu’elle essayait de convaincre le garde d’ouvrir la grille qui lui permettrait de gagner le point de transfert… Mais il était déjà hors de service. Hors de service quand elle était arrivée au travail hier matin.

L’équipe de récupération aurait dû me trouver hier.

Ils auraient dû l’attendre devant Townsend Brothers hier matin et non aujourd’hui. Hier.

— Polly !

Elle avait entendu Marjorie la héler, mais quand elle leva la tête elle vit Mlle Snelgrove, la responsable de rayon, traverser l’étage pour la rejoindre. Elle paraissait consternée.

Elle s’apprête à me renvoyer parce que je n’ai pas mis de jupe noire.

— Mademoiselle Sebastian, que vous… ?

— Je n’ai pas réussi à me procurer une jupe. J’ai essayé, mais ça ne s’ouvrait pas…

— Ne vous inquiétez pas pour ça maintenant, dit Mlle Snelgrove, lui prenant le bras comme le vieil homme l’avait fait.

— Et il est presque neuf heures et demie.

— Ne vous inquiétez pas pour ça non plus. Mademoiselle Hayes, ordonna la chef de service à Marjorie qui les avait rejointes, allez demander à M. Witherill d’appeler un taxi.

Mais Marjorie ne bougea pas.

— Qu’est-il arrivé, Polly ? interrogea-t-elle.

— Ils ne sont pas là. Ils sont tous morts.

Polly se dirigea tel un automate vers son comptoir.

Mlle Snelgrove l’arrêta et la pilota en douceur dans l’autre sens, vers les ascenseurs.

— Nous trouverons quelqu’un pour vous remplacer aujourd’hui, dit-elle, tapotant gentiment l’épaule de Polly. Il faut rentrer chez vous.

Polly la regarda d’un air abattu.

— Vous ne comprenez pas. Je ne peux pas rentrer chez moi.

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