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– Jasper ?

Mademoiselle Rose s’approche, tandis que les autres se dispersent.

– Oui, Rose ?

– Tu ne réponds pas au téléphone. Tu nous en veux toujours ? Je croyais que nous avions réglé notre contentieux, l’autre soir.

– Je… Je suis très occupé en ce moment.

« Tu parles ! Tu erres comme une âme en peine ! Écrasé par le poids de tes pensées !

– Tais-toi, Ombe. Elle n’a pas besoin de le savoir. »

Mademoiselle Rose ne dit rien, se contente de m’observer.

– Nous nous réunissons cet après-midi, rue du Horla, finit-elle par annoncer. Walter et moi aimerions que tu sois présent. Tu penses pouvoir accorder un peu de temps à l’Association ?

Le ton ironique de mademoiselle Rose remplace mille fois les reproches qu’elle serait en droit de me faire.

Je soupire.

– Je viendrai.

– Il y aura du chocolat chaud, ajoute-t-elle avant de tourner les talons et de rejoindre Walter à l’entrée du cimetière.

« Elle avait l’air triste.

– Je dirais plutôt déçue.

– Tu vas y aller ?

– Oui.

– Tant mieux. Ça te fera du bien de voir des vivants. Les morts et les cimetières, c’est comme les filles fantômes ; ce n’est pas très gai !

– Tu n’es pas un fantôme et tu n’es pas sinistre ! C’est moi qui ne vais pas bien en ce moment.

– J’avais remarqué. »

Je hausse intérieurement les épaules.

Une brûlure dans ma poche de pantalon me fait sursauter. C’est la gourmette d’Ombe. Plus précisément Fafnir, mon sortilège-espion, que j’ai transféré à l’intérieur au cours de la bagarre avec le loup-garou. Lui, si débordant d’énergie d’habitude, s’étiole dans sa nouvelle enveloppe.

Je sens sa souffrance dans la brève vague de chaleur et je me mords les lèvres.

Je l’avais oublié…

Ombe a raison, je déconne plein tube en ce moment.

Je me dirige vers la sortie, et aussitôt Nina me rejoint, laissant Jules veiller seul sur la tombe du Sphinx.

– Tu y vas ?

J’acquiesce.

– Tu veux qu’on se pose quelque part pour boire un verre ? demande-t-elle sans me quitter des yeux.

– Non, je réponds en m’abstenant de la regarder. Je crois que… j’ai besoin de rester seul.

Mes bras sont croisés, comme une interdiction de m’approcher. Nina accuse le coup.

– Je comprends…

Je l’ai blessée. Mon cœur tombe au fond de ma poitrine. Sans réfléchir, je lui prends la main et je la serre. Mon geste semble la rasséréner.

– On se retrouve plus tard ? dit-elle en s’efforçant de sourire. À l’Association ?

– D’accord.

Pourquoi est-ce que je m’inflige – je lui inflige – ces bouffées de froid et de chaud ? Qu’est-ce que je cherche ?

Dans un profond soupir, je m’apprête à quitter la dernière demeure de celui qui fut grand armurier de l’Association et ami intime des Rose et des papillons, quand une voix résonne derrière moi.

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