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– Fulgence ? Ici Walter. Rose et moi sommes dans mon bureau. J’ai branché le haut-parleur afin que nous puissions intervenir tous les deux. Vous m’entendez ?

– Je vous entends, Walter.

– J’en suis heureux. Jusqu’à présent, vous ignoriez nos appels. Vous avez même fait la sourde oreille quand j’ai essayé de vous parler, au cimetière. Quelle évolution !

– Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.

– Je suis d’accord avec vous. Alors, allons droit au but : depuis des années, nous entretenons des relations de confiance avec le Bureau central. Nous travaillons sereinement à la résolution des crises touchant le monde anormal, et, hormis les affaires de la MAD que vous gérez seul, nous avons un libre accès à toutes les informations. Malheureusement, cela fait quelques mois que le mécanisme est grippé. Ainsi, nous nous posons beaucoup de questions et ne parvenons pas à avoir de réponses… Fulgence, bon sang ! Expliquez-nous ce qui se passe !

Je ne vous dois rien, Walter. Ni à vous ni à votre Bureau.

– La discussion commence mal…

– Que tout soit bien clair. C’est vous qui m’appelez. C’est vous qui avez besoin de moi.

– Je ne crois pas, Fulgence. Comme je vous l’ai dit, nous essayons de vous parler depuis longtemps. Sans succès. Le fait que vous ayez répondu aujourd’hui prouve que vous attendez quelque chose de nous !

– Puisque nous optons pour la franchise, Walter…, c’est exact.

– Bonjour Fulgence. Je voudrais savoir pourquoi la MAD s’en est prise aux Agents stagiaires Ombe et Jasper.

– Rose… Je suis content de vous entendre.

– Répondez-moi, s’il vous plaît.

– Je ne suis pas en mesure de le faire.

– La MAD est-elle impliquée dans l’assassinat du Sphinx ?

– Non, Rose.

– La MAD a-t-elle joué un rôle dans le vol du corps de l’Agent stagiaire Ombe ?

– Écoutez, Rose, il faut arrêter de mêler la Milice à tous vos problèmes !

– Puisque vous êtes le chef de l’Association, nos problèmes sont aussi vos problèmes. Pourquoi n’avez-vous pas réagi quand Walter était aux prises avec un démon ?

– Cela ne vous regarde pas, Rose.

– J’aime votre style direct !

– Vous en avez fini avec vos questions sans intérêt ?

– Ombe est morte, le Sphinx est mort, le monde des Anormaux est en ébullition, et vous trouvez nos préoccupations sans intérêt ?!

– Je vous dirai tout ce que vous voudrez, Walter, mais à une condition : livrez-moi Jasper.

– Pourquoi Jasper ? Parce qu’il vous a défié au cimetière, hier matin ?

– Ça ne regarde que moi. Je veux Jasper. Je vous promets qu’il ne risque rien.

– Ah bon ? Votre Milicien Dryden a essayé de l’éliminer à plusieurs reprises !

– Cet homme a outrepassé les ordres qu’il avait reçus.

– Nous discutons dans le vide, Fulgence, parce qu’il est hors de question que Jasper quitte la ville. C’est un Agent qui dépend de mon Bureau. J’en suis responsable.

– Réfléchissez, Walter. Le gamin contre la vérité.

– C’est tout réfléchi.

– Je vous laisse vingt-quatre heures.

– Le mufle ! Il nous a raccroché au nez !

– Je ne comprends pas que la situation ait pu déraper à ce point. Bon sang, Rose ! L’Association est en train de voler en éclats ! Une institution vieille de cent cinquante ans !

– À l’évidence, Fulgence tient à garder ses secrets.

– Et nous Jasper ! Heureusement qu’il est à l’abri chez les trolls ! La MAD fouille sûrement la ville à sa recherche.

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