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– Malgré le côté dramatique de la situation, Rose, j’ai l’impression de rajeunir de vingt ans ! De revivre une époque impétueuse et folle, remplie d’inattendu ! Vous vous rappelez ?
– Vaguement.
– Batailles, affrontements, danger ! Vous, moi – et le Sphinx !
– On peut se concentrer sur le courrier que nous devons envoyer ?
– Vous n’êtes pas drôle, Rose.
– Personnellement, Walter, je ne vois aucun motif de l’être.
– Je sais que l’heure est grave, mais rien ne nous oblige à tirer une tête de cent pieds de long ! Nous sommes ensemble, encore une fois. C’est une première raison de nous réjouir.
– Il manque le Sphinx…
– Je vous l’accorde. Mais même absent, il se débrouille pour être là… N’est-ce pas, Rose ?
– Nous refaisons le passé, Walter, ou bien nous nous intéressons au présent ?
– Si seulement il pouvait être refait… Bon, d’accord, je lis :
À Fulgence, directeur de l’Association
Copie à : Bureaux de Bruxelles, Berlin, Florence, Madrid, Moscou, Perth, Buenos Aires, Bon Temps, Salem, Shippagan…
– Je vais avoir droit à la liste entière ?
– Hum. Bref, les Bureaux nationaux de l’Association recevront tous une copie de la lettre. Je continue ?
– Continuez, Walter.
Par les pouvoirs statutaires qui me sont conférés et au regard des éléments graves dont je dispose – voir dossier joint –, je réclame la réunion extraordinaire des directeurs nationaux, pour le bien de notre Organisation. Cette assemblée devra se tenir dans les vingt-quatre heures. Conformément aux obligations statutaires, Fulgence nous adressera par retour du courrier la confirmation de cette réunion ainsi que le lieu et l’heure où elle se tiendra.
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne journée, à l’ombre de la Grande Barrière.
Walter, directeur du Bureau de Paris
– C’est très… officiel.
– Autant rester discrets sur le fond, Rose. Il ne me reste plus qu’à apposer mon sceau et à scanner le document.
– Sans oublier de croiser les doigts !
– Sans oublier de croiser les doigts…