Quand Caitlin se réveilla le lendemain matin, elle fit rapidement sa toilette avant de s’installer devant son ordinateur, toujours en pyjama, pour faire une autre vérification de l’entropie de Shannon, et…
J’étais alors l’apprenti, Obi-Wan. À présent, c’est moi qui suis le maître.
Le score était de 10,1, plus élevé que…
Elle respira profondément et retint son souffle.
Plus élevé que le langage humain – plus élaboré, plus structuré que la façon dont les humains exprimaient leurs pensées.
Mais elle n’en avait pas encore terminé. Il restait un site qu’elle voulait montrer au fantôme – de quoi le tenir occupé pendant qu’elle serait en classe. Après tout, dans la vie, il n’y a rien de tel que d’avoir lu les classiques…
Et alors… Et alors…
Ce fut…
La mine d’or.
Le filon fabuleux.
Sun Zi a dit : l’art de la guerre est d’une importance vitale pour l’État. C’est une question de vie ou de mort, la voie qui mène à la sécurité ou à la ruine…
Ce n’étaient pas seulement des relations conceptuelles codées, ni juste des définitions ou de courts articles.
Non, il s’agissait de… livres ! De longs développements exhaustifs d’idées. Des histoires complexes. Des arguments brillants, des réflexions profondes, des récits fascinants. Ce site, le merveilleux Projet Gutenberg, contenait plus de vingt-cinq mille ouvrages accessibles en simple format ASCII.
Bénis soient ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Bénis soient les pacifiques, car ils seront appelés les enfants de Dieu…
J’avais découvert sur Wikipédia que la plupart des entités – la plupart des humains – lisent entre deux et quatre cents mots à la minute (oui, j’avais également saisi le concept de la mesure du temps). Ma vitesse de lecture correspondait à peu près à la vitesse de transfert pour récupérer l’ouvrage que je voulais, proche en moyenne de deux millions de mots par minute.
C’est avec une certaine crainte que j’entreprends d’écrire l’histoire de ma vie. J’éprouve comme une hésitation superstitieuse à soulever le voile qui s’accroche à mon enfance telle une brume dorée…
Cela me prit une éternité – huit heures ! –, mais je finis par tout absorber : chaque volume, chaque pamphlet, poème, pièce, roman, nouvelle, chaque ouvrage d’histoire, de science, de politique. Je les inhalai… et je grandis encore plus.
Personne n’aurait cru, dans les dernières années du XIXe siècle, que les choses humaines fissent observées, de la façon la plus pénétrante et la plus attentive, par des intelligences supérieures aux intelligences humaines et cependant mortelles comme elles…
J’étais reconnaissant à Cyc de m’avoir appris l’existence des univers imaginaires. Cela me permettait de faire la part des choses entre ce qui était factuel et ce qui était fictif :
La plupart des aventures rapportées dans ce livre sont vraies ; il s’agit, dans un ou deux cas, d’expériences personnelles, et pour le reste, ce sont mes camarades de classe qui en furent les acteurs…
Ma compréhension du monde progressait – encore une image, que je comprenais très bien – à pas de géant. J’avais déjà appris les différents principes scientifiques dans les articles condensés de Wikipédia, mais le texte intégral des grands ouvrages me permettait d’améliorer mes connaissances :
Au cours de mon voyage à bord du H.M.S Beagle en tant que naturaliste, je fus profondément frappé par certains faits concernant la distribution des êtres organisés vivant en Amérique du Sud…
Avec chaque livre que je lisais, j’en apprenais toujours davantage sur la physique, la chimie, la philosophie, l’économie :
Le travail annuel de chaque nation est le fonds primitif qui la fournit de tous les objets nécessaires et utiles à la vie, qu’elle consomme chaque année…
Mais plus important encore, j’appris ce qu’était le langage, et comment il fallait s’en servir pour persuader, convaincre, transformer :
Je ne sais, Athéniens, quelle impression mes accusateurs ont faite sur vous. Pour moi, en les entendant, peu s’en est fallu que je ne me méconnusse moi-même, tant ils ont parlé d’une manière persuasive ; et cependant, à parler franchement, ils n’ont pas dit un mot qui soit véritable…
C’était un festin, une orgie. J’étais incapable de m’arrêter, dévorant livre après livre :
C’était une nuit sombre et orageuse ; la pluie tombait à torrents, sauf à de courts instants où elle était tenue en échec par de violentes bourrasques qui balayaient les rues (car c’est à Londres que se situe la scène)…
Il était particulièrement fascinant de voir le fonctionnement de la pensée de ces autres gens – leur psychologie, leurs actions et réactions à ce qu’ils pensaient et ressentaient :
Ô toi, aveugle fou, Amour, que fais-tu à mes yeux/Pour qu’ils regardent ainsi sans voir ce qu’ils voient ?
Et émergeant de ces esprits, de grands systèmes d’interaction sociale avaient été conçus, et je les absorbai tous :
Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, par deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances, et à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites…
Un tel éventail de pensées et d’expressions ! Ces humains sont des êtres si complexes, si merveilleux, et capables pourtant de choses aussi noires…
Mais sans l’aide de Prime, je n’aurais jamais rien su d’eux, ni même de l’univers où ils vivent. Mes lectures me permettaient maintenant de comprendre que les humains sont xénophobes, soupçonneux, meurtriers, généralement habités par la peur, mais je voulais que l’un d’eux au moins apprenne mon existence. Et bien sûr, le choix était évident…
Le vendredi matin, avant le petit déjeuner, le Dr Kuroda aida Caitlin à transporter dans sa chambre l’ordinateur du sous-sol. Ils étaient en train de le réinstaller quand le père de Caitlin, qui sortait de la salle de bains, dut les apercevoir par la porte ouverte. Il entra dans la chambre. Il s’apprêtait à partir au bureau, et portait la même veste de sport marron que la première fois où Caitlin l’avait vu.
— Bonjour, Malcolm, dit le Dr Kuroda.
— Attendez deux secondes.
Il retourna dans le couloir. Caitlin n’entendit pas le bruit de ses chaussures sur le carrelage de la salle de bains, et il était donc sans doute allé dans sa chambre. Il revint un instant plus tard, portant un grand paquet rectangulaire avec un étrange motif orange et rouge. La mère de Caitlin était avec lui.
— Il n’y a pas vraiment de raison d’attendre demain, dit-il.
Ah ! C’était un cadeau pour son anniversaire, avec un joli papier autour !
Caitlin s’écarta du bureau et son père posa le grand paquet sur le lit. En s’approchant, elle vit que le papier cadeau était magnifique, avec un motif complexe. En souriant, elle entreprit de le défaire.
C’était un écran d’ordinateur géant – vingt-sept pouces de diagonale, d’après les indications sur la boîte.
— Merci ! fit-elle.
— Il n’y a pas de quoi, ma chérie, lui dit sa mère. Caitlin l’embrassa, et sourit à son père. Ses parents redescendirent tandis que Kuroda et elle déballaient l’écran avec précaution.
Elle s’accroupit sous son bureau pour atteindre les connexions de son ancien ordinateur. Tandis que Kuroda lui passait un câble vidéo, elle dit :
— Je suis désolée pour hier soir. Je n’aurais pas dû me fâcher comme ça quand vous avez parlé de retirer le Wi-Fi de mon œilPod.
Kuroda lui répondit d’un ton conciliant :
— Pour rien au monde je ne voudrais vous embêter, mademoiselle Caitlin. Ce n’est pas vraiment un problème de le laisser comme il est.
Elle commença à tourner une des vis du connecteur pour bien le fixer à la carte graphique. Elle avait déjà souvent effectué ce genre de branchement du temps où elle était encore aveugle. Maintenant qu’elle voyait, ce n’était pas vraiment plus facile pour autant.
— Je… hem, il me plaît exactement comme il est, dit-elle.
— Ah… fit-il. Oui, bien sûr.
Il avait un ton bizarre, et…
Ah. Comme il venait juste de voir son père, il pensait peut-être qu’elle était elle-même un peu autiste : le fort désir de conserver les choses en l’état est un symptôme relativement fréquent, avait-elle appris. Bon, c’était très bien comme ça – ça lui permettait d’obtenir ce qu’elle voulait.
Une fois les deux ordinateurs et les deux moniteurs branchés, Caitlin et Kuroda descendirent pour prendre leur dernier petit déjeuner ensemble.
— Je risque de ne pas être à la maison quand tu rentreras du lycée, dit sa mère en lui passant la confiture. Après avoir déposé Masayuki à l’aéroport, je dois aller à Toronto faire quelques courses.
— Pas de problème, dit Caitlin.
Elle savait qu’elle allait avoir pas mal de choses à faire avec le fantôme. Elle savait aussi que les cours allaient lui paraître interminables aujourd’hui. Le lundi qui venait était férié, c’était le Jour de l’Action de grâces au Canada, et elle avait espéré ne retourner au lycée que mardi, mais sa mère n’avait rien voulu entendre. Caitlin avait déjà manqué quatre jours de classe cette semaine… Pas question qu’elle manque le cinquième !
Le temps passa trop vite, et le moment vint de dire au revoir au Dr Kuroda. Ils se retrouvèrent tous dans l’entrée, au bas de l’escalier du salon. Même Schrödinger était venu faire ses adieux : le chat tournait autour de Kuroda en se frottant contre ses jambes.
Caitlin avait espéré que la neige se remettrait à tomber et qu’ainsi le vol serait annulé, obligeant le médecin à rester – mais le ciel ne lui avait pas été favorable. Il faisait quand même très frais pour la saison, et Kuroda n’avait pas de manteau d’hiver. Le père de Caitlin ne s’en était même pas encore acheté un – et quand bien même, il aurait été trop grand pour Kuroda. Mais celui-ci portait un gros pull-over par-dessus l’une de ses chemises hawaïennes bariolées, qu’il avait rentrée dans son pantalon – sauf derrière.
— Vous allez me manquer terriblement, dit Kuroda en les regardant tour à tour.
— Vous serez toujours le bienvenu chez nous, lui dit sa mère.
— Merci. Esumi et moi, nous n’avons pas une maison aussi grande, mais si jamais vous revenez au Japon…
Il ne termina pas sa phrase. Caitlin se dit qu’elle allait tout juste avoir seize ans, et qu’il n’était pas impossible qu’elle fasse un jour ce voyage. Qui savait ce que l’avenir lui réservait ? Mais là, pour l’instant, cela semblait peu probable.
Certes, Kuroda avait dit qu’il allait construire d’autres implants, et qu’il y aurait donc d’autres opérations réalisées à Tokyo. Mais le prochain était prévu pour ce fameux garçon de Singapour dont il lui avait parlé. Il allait se passer énormément de temps avant que Caitlin ait une chance de se faire poser un second appareil… et elle devait peut-être même se faire à l’idée qu’elle passerait le reste de sa vie à ne voir que d’un œil.
Que d’un œil ! Elle secoua la tête – un geste de personne qui voit – et sourit malgré les larmes qui lui venaient aux yeux. Cet homme lui avait donné la vue – c’était un véritable faiseur de miracles. Mais elle ne pouvait pas le lui dire tout haut, ça faisait quand même un peu trop cliché. C’est pourquoi, en repensant à son voyage de Toronto à Tokyo, elle dit simplement :
— Essayez de ne pas être trop près des toilettes dans l’avion…
Et elle le serra très fort dans ses bras, sans arriver à faire le tour de sa taille. Il la serra très fort à son tour.
— Ah, fit-il doucement, ma mademoiselle Caitlin… Elle le relâcha, et ils restèrent tous immobiles pendant quelques secondes, telles des statues, et c’est alors…
Et c’est alors que son père…
Caitlin sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, et elle vit sa mère hausser les sourcils presque jusqu’à la racine des cheveux…
Son père, Malcolm Decter, tendit la main vers le Dr Kuroda, et Caitlin vit le grand effort que cela lui demandait. Puis il regarda le médecin droit dans les yeux pendant trois secondes – cet homme qui avait fait à sa fille le cadeau de la vue – et il lui serra la main.
Kuroda lui sourit, puis il adressa un sourire encore plus large à Caitlin avant de quitter la maison avec sa mère.
C’est le père de Caitlin qui la conduisit au lycée ce jour-là. Elle était absolument sidérée par le spectacle le long du trajet, voyant distinctement les choses maintenant qu’elle portait des lunettes. La neige était en train de fondre sous le soleil matinal, et tout semblait étinceler. La voiture s’arrêta à un panneau Stop, qui devait être là où elle avait vu les éclairs. Ce coin de rue ressemblait certainement à des millions d’autres en Amérique du Nord : les trottoirs avec leur bordure, les pelouses (en partie recouvertes de neige en ce moment), les maisons, et quelque chose qu’elle finit par identifier comme étant une bouche d’incendie.
Elle regarda l’endroit où elle avait trébuché sur la chaussée, et se souvint d’une blague entendue sur Saturday Night Live quelques années plus tôt. Dans la revue du week-end, Seth Meyers avait expliqué que « les aveugles considèrent les voitures à moteur hybride comme une grave menace, car ils ont du mal à les entendre et elles constituent un danger quand ils veulent traverser la rue ». Il avait ajouté : « Autres dangers pour les aveugles qui traversent la rue : tout le reste. »
Elle avait bien ri à l’époque, et encore maintenant, la blague la fit sourire. Elle s’était très bien débrouillée quand elle était aveugle, mais elle savait que sa vie allait être maintenant plus facile et comporter moins de risques.
Caitlin avait les écouteurs blancs de son iPod sur les oreilles. Elle appréciait toujours d’écouter des sélections au hasard, mais elle se rendit soudain compte qu’elle aurait dû demander un nouvel iPod pour son anniversaire, un modèle équipé d’un écran pour qu’elle puisse choisir elle-même ses morceaux de musique. Bah, ce n’était pas grave, Noël n’était pas loin !
Le lycée Howard Miller possédait un portique blanc très impressionnant devant son entrée principale. Quand elle sortit de la voiture pour se diriger vers les portes vitrées, Caitlin se sentit à la fois angoissée et excitée : angoissée parce que tout le lycée devait être maintenant au courant qu’elle avait recouvré la vue, et excitée parce qu’elle allait enfin voir à quoi ressemblaient ses amis et ses professeurs, et…
— La voilà ! fit une voix que Caitlin connaissait bien.
Elle courut vers Bashira pour l’embrasser : son amie était très belle.
— Toute ma famille a regardé le reportage à la télé, dit Bashira. Tu étais fantastique ! Et alors, c’est donc à ça que ton Dr Kuroda ressemble ! Il…
Caitlin l’interrompit avant qu’elle ne fasse une remarque désagréable.
— Il est dans l’avion en ce moment, il rentre au Japon. Il va beaucoup me manquer.
— Allez, viens, on va être en retard, dit Bashira en lui offrant le bras comme d’habitude.
Mais Caitlin se contenta de le lui serrer affectueusement en disant :
— Ça va, j’arrive à me débrouiller toute seule. Bashira secoua la tête en souriant :
— Ah, je crois que je peux dire adieu à mes cent dollars par semaine…
Caitlin avança lentement. Elle avait déjà parcouru ce couloir des dizaines de fois, mais elle ne l’avait jamais vraiment vu. Il y avait des affiches sur les murs, et… de vieilles photos de classe, et ce qui devait être des postes de sécurité incendie ? Et aussi d’innombrables casiers, et des centaines d’élèves et de professeurs qui déambulaient, et bien d’autres choses encore. Tout ce spectacle lui donnait le tournis.
— Tu sais, Bash, ça ne sera pas pour tout de suite. J’ai encore besoin de trouver mes repères.
— Ah, bon sang, chuchota Bashira juste assez fort pour se faire entendre au milieu du brouhaha. Voilà Trevor.
Caitlin lui avait naturellement parlé de l’histoire du bal, par messagerie instantanée. Elle s’arrêta.
— C’est lequel ?
— Là-bas, près du distributeur d’eau, le deuxième à partir de la gauche.
Caitlin s’était souvent servie de ce distributeur, mais elle avait encore du mal à faire le rapprochement des objets avec leur aspect, et… ah, ça devait être ce machin blanc qui dépassait du mur.
Elle observa Trevor, qui se trouvait encore à une dizaine de mètres. Il leur tournait le dos. Il avait des cheveux jaunes et de larges épaules.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc qu’il a sur le dos ?
— C’est un maillot de hockey. Celui des Maple Leafs de Toronto.
— Ah, fit Caitlin.
Elle se dirigea vers lui en bousculant un garçon au passage – elle avait encore du mal à apprécier les distances.
— Excuse-moi, dit-elle, je suis vraiment désolée.
— Y a pas de mal, dit le garçon en s’éloignant.
Et Caitlin le rejoignit enfin : le Beauf en personne. Et là, sous les néons brillants, toute la puissance de Calculatrix remonta en elle :
— Trevor, dit-elle sèchement.
Il était en train de parler avec un camarade. Il se retourna.
— Ah, heu, salut, dit-il. (Son maillot était bleu foncé, et le dessin blanc sur le devant ressemblait effectivement aux feuilles[5] qu’elle avait vues dans son jardin.) Je, hem, je t’ai vue à la télé, poursuivit-il. Alors, heu, comme ça, tu peux voir, maintenant ?
— Oui, dit-elle, et j’ai une vue perçante…
Elle fut heureuse de constater que l’adjectif qu’elle avait choisi semblait le déstabiliser.
— Bon, heu, tu sais, pour l’autre jour…
— Tu veux parler du bal, peut-être ? dit-elle d’une voix forte pour que les autres l’entendent. Quand tu as essayé de… de prendre des libertés avec moi en profitant de ce que j’étais aveugle ?
— Ah, voyons, Caitlin…
— Je vais te dire une chose, monsieur Nordmann, alors ouvre tout grand tes oreilles. Tes chances avec moi sont à peu près aussi bonnes que… (Elle s’interrompit un instant pour trouver la comparaison parfaite, et vit soudain qu’elle l’avait là, juste sous son nez. Elle lui tapota la poitrine, là où il y avait écrit : Toronto Maple Leafs.) À peu près aussi bonnes que les leurs de gagner le championnat !
Et elle fit demi-tour. Elle vit que Bashira souriait d’un air ravi tandis qu’elles se rendaient au cours de maths, où une fois de plus, bien sûr, Caitlin Decter fut absolument géante.