Chez les Decter, le samedi matin, la tradition était de manger des crêpes et des saucisses. Maintenant qu’ils habitaient Waterloo, les saucisses étaient évidemment des Schneider, et le sirop était du véritable sirop d’érable que la mère de Caitlin se procurait chez les Mennonites de St Jacob, la ville voisine.
— Je suis debout depuis cinq heures du matin, dit le père de Caitlin alors qu’ils commençaient à manger.
— Cinq heures du matin, ça existe ? plaisanta Caitlin.
— J’ai aménagé un espace de travail pour le professeur Kuroda et toi, poursuivit-il.
— Merci, docteur Decter, dit Kuroda qui semblait soulagé – apparemment, tout le monde se préoccupait de la vertu de Caitlin, sauf le Beauf !
Mais bon, ce serait sans doute plus confortable de travailler en bas que dans sa chambre.
— Ah, je vous en prie ! s’exclama sa mère. Vous logez chez nous, appelez-le donc Malcolm !
Son père ne fit aucun commentaire pour approuver ni désapprouver cette déclaration, remarqua Caitlin. Il ajouta simplement :
— J’ai acheté un nouvel ordinateur chez Future Shop, hier. Il est installé en bas pour vous deux. Je l’ai connecté au réseau de la maison.
— Merci, dit Caitlin. Et j’ai aussi du nouveau pour vous… J’ai vu les éclairs, hier soir.
Les réactions furent simultanées. Son père, très factuel : « Oui, ta mère me l’a dit. » Et Kuroda, abasourdi : « Vous avez vu les éclairs ? »
— Absolument, répondit Caitlin.
— Que… quel aspect avaient-ils, pour vous ? demanda Kuroda.
— Des lignes en zigzag sur un fond sombre. Des lignes brillantes – blanches, c’est ça ? Très nettes sur un fond parfaitement noir.
Kuroda était manifestement impatient d’examiner les données provenant de l’œilPod : il ne reprit que deux crêpes.
Depuis trois mois qu’ils avaient emménagé ici, Caitlin n’était allée que trois ou quatre fois dans le sous-sol, essentiellement pendant le mois d’août qui avait été étonnamment chaud et humide – presque autant qu’au Texas. Il y avait fait beaucoup plus frais (et c’était encore le cas en ce moment), et bien que sa mère se plaignît que ça manquait de lumière – il n’y avait apparemment qu’une ampoule au plafond –, cela ne gênait pas du tout Caitlin.
— Alors, dit-elle à Kuroda, comment ça se présente ?
— Heu, que voulez-vous dire ?
— La pièce où nous sommes, pouvez-vous me la décrire ?
— Eh bien, c’est un sous-sol non aménagé, comme vous le savez sans doute. Des panneaux d’isolation apparents, un sol en béton. Il y a un vieux poste de télévision – à tube cathodique – et quelques rayonnages de bibliothèque. Et votre père a installé le nouvel ordinateur sur une table métallique pliante, poussée contre le mur du fond en face de l’escalier. L’ordinateur est une minitour reliée à un écran plat. Il y a une petite fenêtre au-dessus de la table et deux fauteuils à roulettes qui m’ont l’air très confortables.
— Génial ! Je me demande où il a récupéré les fauteuils.
— Ils portent un logo – ça ressemble à la lettre grecque pi.
— Ah, il les a empruntés à son bureau. Et puisqu’on parle de bureau, si on se mettait au travail ?
Kuroda la guida jusqu’à l’un des fauteuils et s’installa dans l’autre. Caitlin l’entendit grincer légèrement.
— Bien, dit-il. Je vais me connecter à l’un de mes serveurs. Je voudrais examiner les données que vous leur avez transmises pendant l’orage – pour voir si nous pouvons isoler ce qui a fait réagir votre cortex visuel primaire.
Elle l’entendit pianoter, et elle se rendit compte qu’elle avait oublié de mentionner quelque chose au petit déjeuner.
— Après les éclairs, dit-elle, le webspace a eu l’air différent.
— Différent de quelle façon ?
— Avant, il était sombre. Disons noir, sans doute.
— Et maintenant ?
— Maintenant, il est, hem, plus clair ? J’arrivais à y distinguer des détails.
— Des détails ?
— Oui, comme… comme… (Elle s’efforça de trouver le rapprochement. Elle avait vu quelque chose de ce genre, mais… ah, ça y est !) Comme un échiquier.
Caitlin possédait un échiquier pour aveugles, avec des cases rehaussées en alternance et des pièces comportant une initiale en braille. Elle y jouait parfois avec son père.
— Mais, poursuivit-elle, pas tout à fait pareil. Il y a bien des cases claires et des cases foncées, mais elles ne sont pas disposées de la même façon que sur un échiquier. Et puis, il semble y en avoir à l’infini.
— De quelle taille sont-elles ?
— Elles sont minuscules. Si elles étaient encore plus petites, je ne crois pas que je pourrais les voir. En fait, je ne peux pas jurer qu’elles sont carrées, mais elles étaient serrées les unes contre les autres, et elles formaient des lignes et des colonnes.
— Et il y en avait des milliers ?
— Des millions. Peut-être même des milliards. Il y en avait absolument partout.
Kuroda essaya de rester calme.
— Vous savez, la vision humaine est constituée de pixels, comme dans une image informatique. Chaque axone du nerf optique fournit un élément de l’image. La plupart des gens n’en sont pas conscients, mais avec une vision suffisamment concentrée et en regardant un mur blanc, certaines personnes parviennent à les distinguer. Votre cerveau traite des informations provenant du Web comme si elles venaient de votre œil : il est possible qu’il soit câblé pour les voir comme un maillage de pixels aux limites extrêmes de résolution, mais…
Il s’arrêta. Au bout de dix secondes, elle le relança :
— Mais ?
— Ma foi, je réfléchis, tout simplement. Vous avez décrit des cercles, que nous considérons comme des sites web, et des droites qui les relient, représentant sans doute des hyperliens. Et voilà : c’est le World Wide Web, n’est-ce pas ? Dans sa totalité. Mais alors, qu’est-ce qui pourrait bien constituer l’arrière-plan du Web ? Je veux dire, dans la vision humaine, le…
— Ne dites pas ça.
— Je vous demande pardon ?
— La « vision humaine ». Ne dites pas ça. Je suis humaine.
Elle l’entendit respirer fortement.
— Je suis terriblement désolé, mademoiselle Caitlin. Puis-je parler de « vision normale » ?
— Oui.
— Très bien. Dans la vision normale, l’arrière-plan est… ma foi, imaginez les confins de l’univers quand vous regardez le ciel la nuit. Mais qu’est-ce que ça pourrait être pour le Web ?
— Un rayonnement de fond ? proposa-t-elle. Un peu comme le rayonnement cosmique ?
Kuroda resta silencieux un instant, puis il lui demanda :
— Quel âge avez-vous, déjà ?
— Hé, dit-elle, mon père est physicien, après tout !
— Oui, eh bien, le rayonnement cosmique est uniforme dans toutes les directions, à une fraction de degré près.
Mais ce que vous voyez est tacheté de noir et blanc, m’avez-vous dit ?
— Oui. Et ça bouge tout le temps.
— Pardon ?
— Ça bouge, ça change. Je ne vous l’avais pas dit ?
— Non. Que voulez-vous dire par là, plus précisément ? Caitlin sentit quelque chose se frotter contre ses jambes… ah, Schrödinger ! Elle le prit sur ses genoux.
— Les carrés sombres deviennent clairs, et les clairs deviennent sombres, dit-elle.
— À quelle fréquence ?
— Oh, c’est très rapide. C’est ce qui donne une impression de chatoiement.
Les ressorts du fauteuil de Kuroda grincèrent quand il se leva. Elle l’entendit s’éloigner, puis revenir vers elle, et recommencer… Il arpenta ainsi la pièce un moment, puis il dit finalement :
— Non, c’est impossible…
— Qu’est-ce qui est impossible ?
Il fit comme s’il n’avait pas entendu la question.
— À quel niveau de détail avez-vous pu voir les cellules individuelles ?
Caitlin caressa Schrödinger derrière les oreilles.
— Les cellules ?
— Je voulais dire les pixels. Jusqu’à quel point avez-vous pu les distinguer ?
— C’était très difficile.
— Pourriez-vous réessayer ? En réactivant maintenant le mode duplex de votre œilPod ?
Elle fouilla dans sa poche pour en sortir son appareil en s’efforçant de ne pas flanquer Schrödinger par terre. Elle appuya sur le bouton de sélection, et l’œilPod émit son petit bip aigu habituel, auquel Schrödinger répondit par un miaulement de surprise, et…
Et une fois de plus, le Web se déploya devant elle.
— Arrivez-vous à voir l’arrière-plan, en ce moment ? demanda Kuroda.
— Oui, si je me concentre suffisamment.
Il eut l’air surpris.
— Vous êtes en train de loucher. Elle haussa les épaules.
— Ça m’aide. Mais enfin, oui, en faisant un gros effort, j’arrive à me concentrer sur un petit groupe – quelques centaines de carrés de côté.
— Très bien. Avez-vous un jeu de Go ?
— Quoi ?
— Hem, bon… avez-vous de l’argent ? Elle plissa les yeux d’un air soupçonneux.
— Cinquante dollars, quelque chose comme ça, mais…
— Non, non. Des pièces de monnaie ! Avez-vous des pièces ?
— Sur ma commode, dans un bocal.
Elle mettait de l’argent de côté pour aller voir Lee Amodeo avec Bashira, quand elle donnerait son concert au Centre in the Square.
— Parfait, parfait. Ça ne vous ennuie pas si je vais les chercher ?
— Je peux le faire moi-même. C’est chez moi, ici.
— Non, prenez le temps de regarder le Web, pour voir si vous réussissez à distinguer plus de détails dans l’arrière-plan. Je reviens tout de suite.
Kuroda n’aurait jamais pu s’approcher de quelqu’un par surprise. Caitlin l’entendit bien avant qu’il ne soit revenu dans la pièce, puis il y eut un grand bruit de pièces déversées sur la table, et encore plus de bruit quand il entreprit apparemment de les trier.
— Très bien, dit-il. Voici un petit tas de pièces identiques. Pouvez-vous les disposer selon le dessin que vous voyez ? Posez-en une pour chaque tache claire, et laissez un espace équivalent pour chaque tache sombre.
Caitlin repoussa doucement Schrödinger de ses genoux et fit pivoter son fauteuil pour se mettre face à la table.
— Je vous l’ai dit : ça change tout le temps.
— Oui, oui, mais… (Il soupira bruyamment.) J’aimerais bien qu’il y ait un moyen de les photographier, ou au moins de ralentir la perception que vous en avez, et… (Il sembla s’animer.) Mais ce moyen existe, bien sûr !
Elle l’entendit se déplacer, puis il y eut un bruit de clavier.
— Qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-elle.
— Je suis en train d’interrompre le flux de données de Jagster, pour vous repasser uniquement la dernière itération, en boucle. Comme ça, vous aurez une sorte de…
— D’arrêt sur image ! s’écria Caitlin quand sa vision se figea.
Elle était ravie de pouvoir appliquer un autre de ces concepts dont elle n’avait jamais pu voir la concrétisation.
— Exactement. Et maintenant, pouvez-vous reproduire ce que vous voyez avec les pièces ?
— Une toute petite partie.
Et elle se mit à déplacer les pièces de monnaie. C’étaient des pièces de dix cents. Au bout d’un moment, elle en mit une de côté.
— Une pièce américaine, dit-elle.
Après toutes ces années à lire en braille, elle faisait facilement la différence entre la reine Elisabeth et Franklin Roosevelt.
Elle construisit une matrice de cases pleines et de cases vides, en comptant les pièces à mesure qu’elle les plaçait.
— Voilà, dit-elle, c’est fait. Huit dollars et quatre-vingt-dix cents.
— Complètement aléatoire, dit Kuroda d’un air déçu.
— Non, pas tout à fait. Regardez ce groupe de cinq pièces, ici. (Elle n’avait aucun mal à garder en tête la matrice qu’elle avait formée, et elle posa le doigt sur le groupe en question.) C’est le même que cet autre groupe, là, mais tourné de quatre-vingt-dix degrés à droite.
— C’est exact, dit-il très excité. On dirait la lettre L.
— Et celui-là est pareil, ajouta Caitlin, mais tête-bêche.
— Excellent !
— Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
— Je ne suis pas sûr à cent pour cent, dit-il. Pas encore. Tenez, concentrez-vous encore sur la même zone de votre vision. Je vais rafraîchir les données transmises à votre implant, juste une fois… et voilà, c’est fait.
— O.K. C’est complètement différent, maintenant.
— Pouvez-vous me le reconstituer avec les pièces ?
— Je ne suis même pas sûre de regarder au même endroit que tout à l’heure, dit-elle. Mais allons-y quand même.
Elle réorganisa les pièces, et pour bien montrer que non seulement le dessin avait changé, mais que le nombre de carrés noirs et blancs était modifié, elle ajouta :
— Six dollars et vingt cents. (Un petit silence.) Ah ! Cette fois, il y a trois groupes de cinq pièces comme celui de tout à l’heure.
— Et à des endroits différents, dit Kuroda.
— Mais qu’est-ce que ça veut dire, tout ça ?
— Eh bien, cela peut paraître absurde, mais je crois qu’il s’agit d’automates cellulaires.
— Des automates comment ?
— Ah, mais je croyais que vous étiez fille de physicien, dit-il.
Mais Caitlin sentit bien à sa voix qu’il la taquinait. Elle sourit.
— Ma foi, c’est ce que je croyais. Et puis, s’ils sont cellulaires, il faudrait que je sois aussi la fille d’un biologiste !
— Non, non, ce ne sont pas des cellules biologiques. Ce sont des cellules au sens informatique du terme : une cellule est une unité élémentaire de stockage dans la mémoire d’un ordinateur, c’est-à-dire qu’elle contient strictement une unité d’information.
— Ah…
— Et un automate est quelque chose qui se comporte, ou qui réagit, d’une façon mécanique et prévisible. Ainsi, les automates cellulaires sont des groupes d’unités d’information qui réagissent d’une façon spécifique à leur environnement. Par exemple, prenez une grille de carrés noirs et blancs. Chaque carré est une cellule, d’accord ?
— Oui.
— Et sur un damier infini, chaque carré a huit voisins, n’est-ce pas ?
— Oui, c’est vrai.
— Maintenant, imaginons que vous disiez à chaque carré, si tu es noir et si trois au moins de tes voisins sont blancs, alors deviens blanc à ton tour. Ce genre d’instruction s’appelle une règle. Et si vous continuez d’appliquer cette règle, des choses étranges se produisent. Bien sûr, si vous vous concentrez sur un seul carré, vous le verrez simplement osciller entre le noir et le blanc. Mais si vous observez l’ensemble de la grille, vous commencerez à distinguer des motifs, des groupes de carrés qui semblent se déplacer, en forme de croix, par exemple, ou des carrés vides à l’intérieur, ou encore des formes en L comme celle que nous avons ici. Ou encore des amas de cellules qui changent de forme à chaque étape, et qui, au bout d’un certain nombre d’étapes, retrouvent leur forme d’origine mais se sont déplacées au cours du processus. On dirait presque que ces formes sont vivantes.
Elle entendit son fauteuil grincer. Il poursuivit :
— Je me souviens de la première fois que j’ai vu les automates cellulaires de Conway, dans son « jeu de la vie ». J’étais jeune étudiant à l’époque. Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est que ce sont des représentations de données que l’observateur interprète comme des structures spéciales. Par exemple, ces formes en L, qu’on appelle des « vaisseaux spatiaux », des formes qui conservent leur cohésion et qui volent à travers la grille. Eh bien, ces vaisseaux n’ont pas d’existence réelle, rien ne bouge vraiment et le vaisseau que vous voyez à droite de la grille est complètement différent dans sa composition de celui que vous avez vu à gauche au départ. Et pourtant, nous considérons que c’est le même.
— Mais à quoi servent-ils ?
— Vous voulez dire, à part épater les étudiants ?
— Oui, c’est ça.
— Ma foi, dans la nature…
— On en trouve dans la nature ?
— Oui, en bien des endroits. Tenez, il existe une espèce d’escargot dont la coquille comporte des motifs qui suivent strictement les règles des automates cellulaires.
— Non, vraiment ?
— Oui. Il possède des petits excréteurs qui crachent ou non le pigment en fonction du comportement des excréteurs voisins.
— C’est cool !
— Oui, comme vous dites. Mais ce qui est vraiment « cool », c’est qu’il y a des automates cellulaires dans le cerveau.
— Non, vraiment ? répéta-t-elle.
— En fait, on en trouve dans toutes sortes de types de cellules, mais on les a particulièrement étudiés dans le tissu nerveux. Les cytosquelettes des cellules – leur échafaudage interne – sont constitués de longs filaments appelés des microtubules, et chaque composant d’une microtubule, une protéine qu’on appelle la tubuline dimère, peut se présenter sous deux états distincts. Et ces états passent par des permutations comme s’il s’agissait d’automates cellulaires.
— Mais pourquoi ça fonctionne comme ça ?
— On n’en sait rien. Mais il y a des gens, dont en particulier… ah, mais votre père le connaît peut-être ? Roger Penrose ? C’est un physicien célèbre, lui aussi, et avec son collègue Hameroff, il pense que ces automates cellulaires sont la véritable cause de la conscience de soi.
— Génial ! Mais pourquoi ?
— Eh bien, Hameroff est un anesthésiologiste, et il a montré que lorsque des gens sont endormis pour une opération, leurs tubulines dimères basculent dans un état neutre – au lieu que certaines soient noires, disons, et d’autres blanches, toutes deviennent grises. Et là, la conscience s’efface. Quand les tubulines recommencent à se comporter comme des automates cellulaires, la conscience revient.
Caitlin se dit qu’il faudrait qu’elle fasse des recherches là-dessus dans Google.
— Mais si l’escargot a ses petits robinets à pigment, et le cerveau ses machins choses, là…
— Des tubulines dimères, précisa Kuroda.
— Bon, admettons que ces tubulines dimères clignotent dans le cerveau. Mais alors, qu’est-ce qui clignote dans l’arrière-plan du webspace ?
Elle imagina Kuroda haussant les épaules. Cela semblait aller naturellement avec le ton de sa voix.
— Des bits d’information, j’imagine. Par définition, ils ont la valeur zéro ou un, éteint ou allumé, blanc ou noir, selon la façon dont on veut considérer les choses. Et vous, vous les visualisez peut-être comme des carrés de deux couleurs différentes, juste à la limite de votre résolution mentale.
— Mais, hem, le Web est censé véhiculer les données sans les modifier, dit-elle. Quand un navigateur appelle une page web, une copie exacte est envoyée par le serveur où est hébergée la page. Il ne devrait pas y avoir de données qui changent.
— Non, dit Kuroda. C’est très mystérieux.
Ils restèrent assis en silence quelque temps, plongés dans leurs réflexions, jusqu’à ce que Caitlin entende le bruit de pas caractéristique de sa mère, suivi de :
— Hé, vous deux, que diriez-vous de manger un petit quelque chose ?
Le fauteuil de Kuroda grinça tandis qu’il se levait.
— Je réfléchis beaucoup mieux quand j’ai l’estomac plein, dit-il.
Vous devez réfléchir tout le temps… songea Caitlin, et elle sourit tandis qu’ils remontaient l’escalier.