L’amiral Ávila arriva au point de contrôle du musée et consulta sa montre.
Pile à l’heure !
Il présenta sa carte d’identité. Pendant une minute, son pouls s’accéléra — on ne trouvait pas son nom sur la liste. Enfin, le vigile le repéra. Tout en bas. Un ajout de dernière minute. On le laissa entrer.
Le Régent avait fait ce qu’il fallait.
Comment ? Cela restait un mystère. La soirée était privée, et les invités triés sur le volet.
Ávila se dirigea vers le détecteur de métaux. Il déposa dans le panier son téléphone puis, avec précaution, son gros rosaire.
Surtout pas de gestes brusques !
Le garde lui fit signe de franchir le portique et tira à lui le panier.
— Qué rosario tan bonito, déclara l’employée en admirant la chaîne de perles, rehaussée d’une grosse croix de métal.
— Gracias, répondit Ávila.
Fabrication maison !
Ávila passa la sécurité sans incident. Il récupéra son téléphone et son rosaire, qu’il glissa délicatement dans sa poche, avant de se présenter au second poste de contrôle où on lui donna un curieux audio-guide.
Je ne suis pas là pour faire du tourisme, songea-t-il. J’ai du travail !
Il jeta l’écouteur dans la première poubelle qu’il trouva dans le hall.
Le cœur battant, il chercha un endroit tranquille pour contacter le Régent et lui annoncer qu’il était dans la place.
Pour Dieu, la patrie et le roi ! Mais surtout pour Dieu.
Au même instant, au milieu du désert dans la région de Dubaï, le vénérable ouléma Syed al-Fadl agonisait au milieu des dunes. Il ne pouvait aller plus loin.
Sa peau, brûlée par le soleil, était parsemée de cloques, sa gorge était en feu. La tempête de sable avait fait rage pendant des heures, mais il avait continué d’avancer. À un moment, il avait cru entendre le vrombissement de buggies dans l’erg, alors que ce n’était que le vent. Il ne croyait plus que Dieu le sauverait. L’espoir s’était envolé depuis longtemps. Les vautours ne tournoyaient plus au-dessus de sa tête. Ils marchaient à ses côtés.
Le grand Espagnol qui l’avait kidnappé la nuit dernière n’avait pas dit un mot, ou si peu, quand il l’avait emmené dans l’immensité du désert. Après une heure de route, il avait ordonné au vieil homme de soixante-dix ans de descendre de voiture et l’avait abandonné dans l’obscurité, sans vivres.
Le ravisseur n’avait rien dit sur son identité ni donné la moindre explication. Le seul indice, c’était l’étrange marque que l’homme avait dans la paume de sa main droite — un symbole mystérieux :
Pendant des heures, al-Fadl avait erré dans les dunes, appelant en vain à l’aide. Totalement déshydraté, perdu dans la nuit, le vieil ouléma s’effondra. Il sentit son cœur le lâcher. Une dernière fois, il se posa la question qui le hantait.
Qui pouvait vouloir sa mort ?
Et tout à coup, la réponse lui apparut.