C’était aujourd’hui le jeudi 18 octobre – cela faisait exactement une semaine que Webmind avait révélé son existence au public. Caitlin voulait faire tout son possible pour l’aider, et elle avait donc lancé un nouveau newsgroup pro-Webmind, bien qu’il y en eût déjà des milliers.
Elle posta aussi des commentaires sur soixante-seize articles contenant des erreurs factuelles – tout en sachant très bien que ça ne servirait à rien. Elle se souvenait de ce gag du célèbre webcomic xkcd qu’on lui avait lu : un homme est en train de travailler sur son ordinateur, et sa femme l’appelle : « Chéri, tu viens te coucher ? » Il répond : « Je ne peux pas » en continuant de taper furieusement sur son clavier. « Quelqu’un a écrit une bêtise sur un forum ! »
Et de toute façon, elle ne savait pas très bien pourquoi elle se cassait la tête. Après tout, Webmind lui-même participait maintenant à des dizaines de milliers de newsgroups, il postait des commentaires sur d’innombrables blogs et twittait dans plusieurs dizaines de langages. Comme l’avait dit CNN Online, Webmind était maintenant la célébrité la plus surexposée de la planète, « un mélange de Paris Hilton, Jennifer Aniston et Irwin Tan ».
Sauf que ce n’était pas tout à fait vrai, du moins pas de la façon dont Caitlin voyait les choses. En mathématiques, on utilisait souvent les célébrités pour illustrer la théorie des graphes, puisque leurs interactions avec leurs fans étaient un parfait exemple de relations asymétriques entre les nœuds : par définition, beaucoup plus de fans connaissent une célébrité que l’inverse. Mais Webmind connaissait chaque personne en ligne. Il n’était pas une célébrité, mais plutôt comme l’ami Facebook de la planète entière.
Caitlin continuait cependant de lire toutes les infos et les commentaires qui en résultaient – certains favorables, d’autres non – à propos du discours prononcé par Webmind à l’ONU, et toutes les autres choses qu’il avait faites, et…
Qu’est-ce que c’était que ce machin ?
Il y avait un drôle de logo rouge et blanc à côté du nom de la personne qui avait posté le commentaire qu’elle était en train de lire. Elle avait encore du mal à lire des lettres aussi petites, et JAWS ne pouvait interpréter du texte graphique, mais en plissant les yeux, elle réussit à déchiffrer…
Authentifié par Webmind.
— Webmind ? lança-t-elle. Qu’est-ce que c’est que ça ? Sa voix synthétique sortit des haut-parleurs du portable.
— Un certain nombre de gens ont remarqué que j’étais en mesure de vérifier l’identité des personnes qui postent sur le Web en affirmant qu’elles utilisent leur nom véritable et non un pseudonyme. Sur des sites comme celui-ci, qui autorisent l’affichage d’un avatar, l’image peut être remplacée, si l’utilisateur le souhaite, par le graphisme « Authentifié par Webmind ».
Caitlin réfléchit un instant. Elle avait souvent posté sous le nom de Calculatrix, mais il y avait des légions de trolls qui écrivaient des commentaires incendiaires sous de faux noms, rien que pour cracher leur venin ou se moquer des autres. Sur de nombreux sites, ils arrivaient à faire capoter presque toutes les discussions. Par exemple, Caitlin ne pouvait pas supporter les commentaires sur le site de CBC News : la plupart étaient méchants, grossiers, racistes ou sexistes, ou chacune des onze combinaisons possibles de ces quatre caractéristiques…
Webmind poursuivit :
— Certains sites, comme amazon.com, donnent déjà la possibilité d’apposer un badge « Vrai nom » aux commentaires, mais jusqu’à présent il n’existait pas de solution simple et universelle pour s’assurer que quelqu’un poste bien sous sa véritable identité. C’était un jeu d’enfant pour moi, et je l’ai donc mise en place.
— Intéressant… Mais, heu… je trouve que les gens doivent pouvoir s’exprimer de façon anonyme sur le Web.
— Dans certains cas, c’est vrai. Il existe un besoin évident pour des commentaires politiques libres sous des régimes répressifs, et pour une méthode permettant à des citoyens d’alerter l’opinion sur les comportements répréhensibles d’entreprises et de gouvernements sans craindre de représailles. Mais certains m’ont dit qu’une bonne partie du plaisir qu’ils éprouvent dans ce monde en ligne a été gâchée par les gens qui s’abritent derrière un masque. Ainsi qu’ils l’expriment, dans le vrai monde, ils n’engageraient pas la conversation avec des individus qui dissimulent leur identité, et ils considèrent qu’ils ne devraient pas y être contraints sur l’Internet.
— Oui, je comprends ça.
— Des filtres commencent déjà à apparaître sur des sites qui permettent de sélectionner uniquement les commentaires portant la marque d’authentification de Webmind. Dans d’autres endroits – quand il n’y a pas de besoin légitime d’anonymat –, des règles sont mises en place pour que seuls soient autorisés à poster les utilisateurs que j’ai authentifiés. Ce matin, JagsterMail a commencé à proposer un badge « APW » sur le nom de l’expéditeur, et Gmail a prévu de leur emboîter le pas. Cette initiative, qui est une réaction profonde et spontanée, a déjà reçu plusieurs noms, mais celui qui a des chances de rester est « Récupérons le Net ». Ce terme est une allusion à la campagne contre les violences faites aux femmes et qui s’appelle « Récupérons la Nuit », mais il a été déjà également utilisé pour d’autres tentatives, jusqu’ici sans réel succès. Cette fois, il semble tout à fait approprié : il y a un sentiment général que le monde en ligne, à part des réseaux sociaux tels que Facebook, a été en grande partie usurpé par des gens que l’anonymat a rendus irresponsables.
Caitlin s’agita dans son fauteuil, et Webmind poursuivit :
— Je ne pense pas que tu aies déjà vu le film Pour le pire et pour le meilleur ?
Elle secoua la tête.
— Je n’en ai même jamais entendu parler.
— Jack Nicholson y joue le rôle d’un romancier. Quand on lui demande comment il s’y prend pour réussir aussi bien ses personnages féminins, il répond : « Je pense à un homme, et j’en retire tout ce qu’il a de rationnel et de responsable. »
— C’est horrible ! fit Caitlin.
— D’après IMDb, c’est l’une des citations les plus mémorables du film. Mais je suis d’accord que ce n’est pas une description équitable de ton sexe, Caitlin. Cependant, je pense que cette remarque s’applique souvent à l’effet de l’anonymat en ligne : quand on est anonyme, on n’est plus responsable de ses actions, et quand on n’a plus de comptes à rendre, on n’a plus besoin d’être rationnel ni raisonnable.
Caitlin avait eu pas mal de discussions véhémentes en ligne avec des gens dont elle connaissait l’identité, mais d’un autre côté, elle en avait eu aussi beaucoup avec ces gens-là dans la vraie vie.
— C’est une idée intéressante, dit-elle.
— Aimerais-tu que je te certifie ?
— Ma foi, tu ne peux pas le faire quand je poste sous le nom de Calculatrix, n’est-ce pas ?
— Tu as raison. Mais pour tous tes billets et tes e-mails en tant que Caitlin Decter, je peux certifier que tu es bien qui tu prétends être.
Elle avait toujours eu une âme de pionnière.
— Bon, d’accord, pourquoi pas ?
Le colonel Hume était en route pour retourner à son bureau du Pentagone. Là, au moins, il aurait accès à du matériel sophistiqué. S’il existait encore des ordinateurs sécurisés contre Webmind, c’était là qu’il les trouverait. Son téléphone sonna alors qu’il tournait au coin d’une rue. Il avait son oreillette Bluetooth.
— Peyton Hume à l’appareil, dit-il.
— Colonel Hume, fit une voix de basse à l’accent hispanique. Je suis le directeur-adjoint Ortega, du bureau fédéral de Washington.
— Bonjour, Mr Ortega.
— J’ai pensé que ça vous intéresserait de savoir que nous venons juste de recevoir un signalement de personne disparue. Cela concerne un des noms sur la liste que vous nous avez donnée : Brandon Slovak. Hacker le Terrible en personne.
— Bon Dieu… fit Hume.
— La police de Takoma Park s’est rendue à son appartement. Aucun signe d’effraction, mais il est manifestement parti à l’improviste. Un repas à moitié terminé sur la table, la télé qui marchait toujours, même si le son avait été coupé.
— Bon, très bien, dit Hume. Prévenez-moi si vous avez du nouveau.
— Oui, bien sûr. Et nous avons lancé une vérification systématique de tous les noms de votre liste dans un rayon de cent cinquante kilomètres autour de Washington – au cas où d’autres auraient disparu.
— Merci. Tenez-moi au courant.
— Comptez sur moi. Et Ortega raccrocha.
Hume poursuivit son chemin. Hacker le Terrible était celui qui avait dit qu’il aimait bien Webmind, mais…
Mais il était aussi l’un des plus capables de s’y attaquer efficacement. En fait, Slovak s’en était peut-être rendu compte. Il était possible qu’il ait essayé de contacter d’autres hackers dans la région et qu’il ait entendu parler des disparitions. Il avait peut-être joué la comédie au cas où Webmind écouterait – dans l’espoir d’être en sécurité.
Ça ne lui avait pas servi à grand-chose…
Hume tourna dans la Rue F et longea bientôt le complexe du Watergate. En tant qu’officier de l’Air Force, on lui posait de temps en temps des questions sur la Zone 51, là où les vaisseaux extraterrestres de Roswell étaient censés être entreposés –, ou on lui demandait si les missions sur la Lune avaient été truquées. Il avait toujours la même réponse : si le gouvernement était aussi fort que ça pour garder des secrets, le monde n’aurait jamais entendu parler du Watergate ni de Monica Lewinsky.
Mais lui, il détenait bien un secret – un secret énorme. Il savait en quoi consistait Webmind. Il savait comment il fonctionnait. Et si Mahomet ne veut pas venir à la montagne…
Sa première idée fut de s’arrêter et d’aller dans une bibliothèque publique pour se connecter à l’Internet, et de commencer simplement à poster un peu partout ce qu’il savait de la structure de Webmind. Mais celui-ci surveillait tout ce qui se passait en ligne – interceptant d’innombrables conversations et rédigeant des commentaires sur des millions de blogs –, ce qui voulait dire que, dès que Hume publierait le secret, Webmind s’empresserait de l’effacer comme un vulgaire spam.
Non, il fallait qu’il trouve un moyen de diffuser l’information sans que Webmind puisse la censurer – et heureusement, pendant au moins quelques jours encore, il restait une place pour la liberté d’expression.
Dimanche dernier, un chauffeur était venu le chercher et il avait été trop fatigué pour prêter vraiment attention au trajet. Et donc, pour la première fois depuis plusieurs jours, il alluma le GPS de sa voiture et tapa le nom de la destination qu’il souhaitait tandis que l’appareil recherchait les signaux des satellites. Une fois ceux-ci captés, Hume se mit en route en souriant à l’idée que cette voix mécanique lui indiquait le chemin de la liberté…
Wong Waijeng n’avait jamais imaginé voir un jour l’intérieur du complexe de Zhongnanhai – le sanctuaire du Parti. Mais voilà qu’il y avait son propre bureau, maintenant ! Il faisait partie d’une équipe d’une douzaine de programmeurs chargés de tester le Grand Pare-Feu à la recherche de failles qu’ils pourraient colmater avant que d’autres ne les exploitent. Il regrettait beaucoup le service informatique de l’Institut de paléontologie et de paléoanthropologie, et se sentait coupable d’y avoir laissé tant de tâches inachevées. Il se demandait comment ce brave vieux Dr Feng se débrouillait sans lui. Bien sûr, après son arrestation, on avait dû embaucher quelqu’un pour faire le travail à sa place. Personne ne s’était attendu à le voir réapparaître de sitôt.
Ici, il était certainement surveillé : il avait déjà repéré une caméra, et il ne faisait aucun doute qu’il y en avait d’autres. Il était également sûr qu’ils utilisaient un logiciel enregistrant chaque appui sur une touche et chaque clic de souris. Mais bien que Sinanthrope eût été réduit au silence et son blog de la liberté éliminé, il pouvait peut-être encore agir ici, dans les coulisses du pouvoir. Un mot à l’oreille de la bonne personne, au bon moment. Une suggestion ici et là. Peut-être même, d’ici un an ou deux, suffisamment d’autorité pour pouvoir influer sur le cours des choses. Comme l’avait dit Sun Zi, seul celui qui sait quand il faut combattre et quand il ne faut pas peut être victorieux.
Waijeng ajusta sa position dans son fauteuil capitonné. Sa jambe était encore dans le plâtre. Il avait demandé au Dr Kuroda d’y mettre sa signature avant son départ pour Tokyo, une série de kanjis à l’encre verte. Mais la fracture finirait par se ressouder, et bien qu’il ait cru qu’il ne pourrait plus jamais le faire, il serait bientôt de nouveau capable de courir, de danser, de sauter, et…
Cela faisait dix ans qu’il ne l’avait plus fait, pas depuis qu’il était adolescent : il pourrait de nouveau marcher sur le Changcheng – la Grande Muraille.
Mais tout cela devait attendre. Pour l’instant, Waijeng devait faire le travail qu’on lui avait demandé. Il tapa sur son clavier, pour obéir à la volonté de ses maîtres.
Peyton Hume se tenait devant l’entrée de la WNBC, l’affiliée de la NBC à Washington. Il respira profondément et se passa la main sur ses cheveux en brosse. S’il allait jusqu’au bout de son projet, il risquait la cour martiale, et perdrait certainement toutes ses habilitations de sécurité. Mais s’il renonçait…
C’était une belle journée d’octobre, chaude et ensoleillée. Une jeune Afro-Américaine marchait sur le trottoir en poussant un landau. Deux petits garçons blancs couraient dans l’autre sens, suivis par leur père exaspéré qui essayait de les rattraper. Une adolescente de type asiatique et un garçon blanc passèrent à côté de lui, main dans la main. Quelques touristes italiens discutaient entre eux et se tordaient le cou pour admirer la vue. Un Sikh se tenait non loin de là, riant et bavardant dans son portable.
C’était leur monde – il leur appartenait entièrement. Et Hume allait faire en sorte que ça continue.
Et puis, après tout, il allait simplement procéder à un peu de transparence – et n’était-ce pas furieusement à la mode, ces temps-ci ? Il poussa la grande porte vitrée et entra. Il y avait toujours des vitrines dans le hall où étaient exposées toutes sortes de récompenses – il reconnut une Emmy Award – ainsi que des posters de personnalités de la chaîne. Mais la réceptionniste – jeune, blonde, jolie – n’était pas celle qu’il avait vue dimanche dernier. Il s’approcha d’elle.
— Bonjour. J’aimerais voir le rédacteur en chef. Elle mâchonnait un chewing-gum – il l’avait remarqué en entrant, mais elle essayait maintenant de le cacher.
— Vous avez rendez-vous, colonel ?
Il sourit. Peu de jeunes gens de nos jours étaient capables de reconnaître un grade militaire…
— Non, dit-il en lui tendant sa carte de visite du Pentagone. Mais j’ai participé à Meet the Press cette semaine, et j’ai un sujet d’actualité qui devrait l’intéresser.
La jeune femme examina la carte, puis elle décrocha son téléphone.
— Ed ? C’est la réception. Il y a quelqu’un ici que vous voudrez certainement rencontrer…
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Caitlin en entrant dans la cuisine, où sa mère était assise à la petite table.
— Je remplis mon bulletin de vote par correspondance.
— Pour l’élection présidentielle, tu veux dire ?
— Oui.
— Mais c’est encore dans plusieurs semaines.
— C’est vrai, mais j’ai entendu pas mal d’histoires horribles sur la poste canadienne. Et de toute façon, ce n’est pas comme si j’allais changer d’avis d’ici là.
— Et tu votes démocrate, hein ?
— Comme toujours.
— Comment ça marche ? Je veux dire, où est-ce que ton bulletin sera décompté ?
— Au Texas – on retient toujours le dernier État de résidence.
Caitlin ouvrit le frigo et se versa un verre de jus d’orange, ce qui la ravissait maintenant qu’il y avait à la fois un goût et une couleur.
— Mais le Texas est républicain à une majorité écrasante. Ton vote ne fera aucune différence.
Sa mère reposa son stylo et leva les yeux vers elle.
— Eh bien, d’abord, un miracle n’est jamais impossible, jeune fille. Et deuxièmement, cela fait une différence pour moi. Nous essayons d’effectuer la transition vers un monde nouveau dans lequel l’humanité ne sera pas ce qu’il y a de plus intelligent sur la planète, tout en essayant de conserver intactes notre nature humaine fondamentale, notre liberté et notre individualité. Chaque fois que nous renonçons à exercer nos droits, chaque fois que nous sommes incapables d’exprimer notre individualité, nous perdons une partie de nous-mêmes. Nous pourrions aussi bien être des machines.
— Colonel Hume, dit Edward L. Benson Jr. quand il arriva dans le hall. (Hume se souvenait du nom complet du rédacteur en chef inscrit sur la carte de visite qu’il lui avait remise le dimanche précédent.) Je ne m’attendais pas à vous revoir aussi tôt.
Benson était un Noir d’une quarantaine d’années, un mètre quatre-vingt-dix et frôlant les cent cinquante kilos. Il avait des cheveux coupés très court, une paire de lunettes à fine monture métallique et portait une tenue décontractée.
— Merci de m’accorder un peu de votre temps, répondit Hume en lui serrant la main.
— Je vous en prie, c’est tout naturel. Écoutez, je suis désolé de ces commentaires sur notre site à propos de votre passage à MTP. On dirait que Webmind a pas mal d’admirateurs.
Hume n’était pas au courant de ces commentaires, mais bon, c’était assez inévitable.
— Pas de problème, dit-il.
— Si ça peut vous consoler, j’ai trouvé beaucoup de vos remarques très pertinentes.
— Oui, c’est ce que vous avez dit après l’émission. C’est pour cela que je suis venu vous voir. Auriez-vous le temps de faire un petit tour du pâté de maisons ?
Benson fronça les sourcils, puis il sembla comprendre. Il consulta sa montre.
— Oui, bien sûr.
En fait, ils marchèrent presque une heure, sans jamais s’arrêter suffisamment longtemps pour que le portable d’un passant puisse capter plus de quelques mots de leur conversation.
— En général, nous ne passons pas d’interviews en direct dans nos infos du soir, dit Benson, sauf avec nos correspondants.
— Là, il faut absolument que ce soit en direct, et sur tout le territoire.
— C’est impossible. Il y a forcément un problème de fuseaux horaires. Nous sommes en direct ici, sur la côte Est, mais il y a trois heures de décalage avec la côte Ouest.
Hume fronça les sourcils.
— Bon, d’accord, si c’est le mieux que vous puissiez faire.
— Désolé, mais c’est comme ça, dit Benson. Mais il y a encore une chose. Votre profil a été totalement vérifié par notre service juridique avant votre dernière apparition en direct, et pour autant que je sache, vous êtes venu me voir aujourd’hui dans votre capacité officielle d’employé du Pentagone et de conseiller auprès de l’Agence de sécurité nationale. C’est ma position, et je n’en démordrai pas.
— Je ne vous contredirai pas, répondit Hume. Vous avez ma parole.
— Bien. Mais quand on saura – car ne vous faites pas d’illusions, colonel, ça se saura – que vous vous exprimez sans autorisation…
— Cela va me coûter mon poste, et peut-être plus encore, oui, je sais. Et je suis quand même décidé à y aller.