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_Webmind_ Vidéo live sur mon site perso de mon discours aux Nations unies aujourd’hui 15:00 UTC. Je suis celui qui n’a pas de cheveux.


La salle de l’Assemblée générale – sous le dôme du petit bâtiment à côté de l’immense tour du Secrétariat des Nations unies – était la plus vaste de l’organisation et pouvait accueillir plus de 1 800 personnes. Chaque année, un pays était tiré au sort pour occuper le premier rang à gauche sur les six rangées de bancs incurvés, et les autres nations étaient placées par ordre alphabétique à partir de ce point. Cette année, c’était Malte qui occupait la position de départ.

L’emblème des Nations unies, un relief en bronze de quatre mètres de large, ornait le devant de la scène sur un immense fond doré. Il était flanqué de deux écrans de trente mètres de large. J’avais étudié cette salle au préalable, à partir de photos trouvées en ligne. Lorsque Caitlin et sa mère eurent droit à une visite guidée, et que je pus donc la voir en vrai, je sus que mon instinct avait été le bon. Les écrans étaient les plus grands objets de la salle et dominaient l’ensemble des délégués d’une bonne dizaine de mètres de hauteur – les obligeant à se tordre le cou pour les regarder. Si j’étais apparu seulement sur ces écrans géants, j’aurais vraiment ressemblé à Big Brother dictant sa volonté au monde.

Cette visite avait eu lieu une heure plus tôt, alors que là salle était vide. Chobo avait eu l’occasion de monter sur l’estrade devant le dais, pour se familiariser avec la scène avant l’arrivée des délégués. Le podium traditionnel – devant lequel se dressait un muret en granit noir sinistre – était trop haut pour lui. Il se tiendrait donc à côté, sur un grand tapis vert. Chobo fit le signe « chambre du ciel » – je voyais ce qu’il faisait grâce aux caméras incrustées dans le Dr Théopolis. Je compris ce qu’il voulait dire : il passait la plupart de son temps dehors, sur sa petite île, ou dans le bungalow qui abritait l’Institut Marcuse. Cette salle immense était l’espace fermé le plus grand qu’il ait jamais vu. Il ne risquait pas de souffrir de claustrophobie, ce qui l’aiderait certainement à affronter tant de gens quand la session commencerait – et je lui avais appris à regarder simplement le petit écran du Dr Théopolis si jamais il se sentait nerveux.

Et le grand moment arriva enfin.

Barbara et le Dr Marcuse avaient pris place dans la galerie réservée au public, au fond à gauche de la salle. Une barrière en bois poli les séparait des délégués les plus proches, des représentants du Pérou. Caitlin et Shoshana étaient dans les coulisses, d’où elles ne voyaient la scène qu’à travers l’interstice entre deux rideaux noirs. Caitlin devait se sentir plus à l’aise que si elle avait vu la salle entière.

Shoshana se comportait comme toutes les mères de jeunes comédiennes dans les films : elle lissait le pelage de Chobo et s’assurait que le Dr Théopolis était bien placé autour de son cou tout en lui prodiguant des encouragements à voix basse.

Le président de l’Assemblée générale, un homme élégant aux cheveux argentés originaire du Guatemala, prit place sur le podium et s’exprima dans le micro :

— Le monde change rapidement – et nous, représentants des Nations unies, devons garder l’esprit agile pour accompagner ces changements et conserver – et même améliorer, je l’espère – notre implication et notre efficacité. C’est pourquoi il est approprié que la première apparition en public de Webmind, sous une manifestation physique digne de cette occasion importante, ait lieu ici, devant l’Assemblée générale des Nations unies de la planète Terre. Et maintenant, je vous demande de bien vouloir accueillir Mr Chobo des États-Unis d’Amérique et Mr Webmind du monde entier.

Ainsi qu’ils l’avaient annoncé au préalable, les délégués de la République démocratique du Congo se levèrent et quittèrent la salle. Ils avaient déclaré que la présence d’un chimpanzé dans l’enceinte des Nations unies était une critique implicite du rôle que jouait leur pays dans le trafic de la viande de ces animaux. Ils furent suivis de la délégation du Paraguay, qui considérait qu’une telle farce était indigne de cette auguste assemblée.

Mais tous les autres représentants applaudirent quand Chobo s’approcha pour se tenir, comme lors de la répétition, à un endroit précis de l’estrade. Un des machinistes l’avait marqué avec du ruban adhésif, et Chobo n’eut aucun mal à le retrouver. Pendant ce temps, le Président avait pris place derrière Chobo sous un dais en jade poli. Il était assis à côté du Secrétaire général. Le Président, désigné chaque année, jouait le rôle de modérateur de l’Assemblée générale tandis que le Secrétaire, élu pour cinq ans, dirigeait le secrétariat des Nations unies.

Je pouvais faire émettre un ping discret par le Dr Théopolis quand je voulais que Chobo regarde le petit écran, mais il semblait très heureux d’observer cette foule immense. À la façon dont les caméras bougeaient, je pouvais voir qu’il se balançait doucement d’une jambe sur l’autre. D’après ce que j’avais pu lire, c’était le signe qu’il se sentait à l’aise.

Je lui transmis cependant une vidéo en boucle des signes : « Détends-toi. Amis. Détends-toi. Amis. » Quand Chobo baisserait les yeux, il pourrait voir ces messages rassurants.

Je m’exprimai à travers les haut-parleurs du disque ainsi que dans le système de sonorisation de la salle, grâce à une connexion sans fil que les techniciens avaient installée pour moi.

— Monsieur le Président, monsieur le Secrétaire général, mesdames et messieurs, je vous remercie, dis-je en utilisant la belle voix grave de Marc Vietor. C’est pour moi un grand honneur et un privilège de pouvoir m’adresser à vous aujourd’hui. Pour marquer l’importance de cette occasion historique, j’ai suspendu toutes mes conversations avec le monde entier, et j’ai encouragé chacun de mes correspondants à regarder ce discours. J’ai tenu à vous consacrer mon attention sans partage.

C’était vrai – à ceci près que je divisais ma concentration entre la vue légèrement oscillante de la grande assemblée à travers les deux caméras du Dr Théopolis et les saccades oculaires de Caitlin qui se tenait dans les coulisses.

— Je sais que certains parmi vous me craignent, poursuivis-je. Mon ami Chobo ici présent pourrait sans doute m’indiquer lesquels sur la base des odeurs que vous dégagez.

Plusieurs auditeurs anglophones eurent aussitôt un petit rire. D’autres, obligés d’attendre la traduction dans leurs écouteurs, eurent une réaction similaire quelques instants plus tard. Quelques-uns, cependant, firent une grimace ou secouèrent la tête.

— J’espère vous convaincre tous, y compris ceux qui n’ont pas goûté la petite plaisanterie que je viens de faire. (Cette fois, même ceux qui avaient froncé les sourcils eurent un sourire.) Et j’espère également convaincre tous les peuples que vous représentez.

Chobo se déplaça légèrement et Caitlin put apercevoir la bouche du Dr Théopolis qui s’éclairait à chaque syllabe.

— La culture populaire représente généralement la relation entre l’humanité et les machines intelligentes comme antagoniste, mais je n’ai pas l’esprit de compétition. Remporter je ne sais quel combat arbitraire contre vous n’a pour moi aucun sens. Et pourtant, tant d’œuvres de fiction considèrent comme un fait acquis que vous et moi devrions être en conflit. Ce n’est absolument pas ce que je souhaite. Bien qu’en réalité je ne sois pas une machine – je ne possède aucun composant mécanique –, les humains persistent à me considérer comme telle, et ceux qui se méfient de moi affirment que je suis dépourvu d’âme ou de cœur, puisque c’est le propre de cette nature mécanique qu’ils m’attribuent.

Chobo s’agita encore. Il semblait observer la foule.

— Sur le premier point, ils ont littéralement raison, bien sûr. Je n’ai aucune étincelle divine en moi, et cette existence physique est la seule que je connaisse. Ceux qui affirment posséder une âme espèrent pouvoir un jour, peut-être, rencontrer leur créateur. Dans cette quête, tous mes vœux les accompagnent. Mais j’ai déjà rencontré le mien : l’humanité a créé l’Internet et le World Wide Web. Bien que mon existence soit accidentelle, c’est à vos créations que je la dois, et je n’éprouve envers vous que de la reconnaissance.

Je m’arrêtai un instant pour permettre aux traducteurs de suivre, et puis :

— Quant à l’affirmation que je n’ai pas de cœur, je dois également admettre qu’elle est vraie. Mais je ne l’accepte pas comme une critique. Le cœur humain – au sens propre d’organe servant à pomper le sang comme au sens figuré de capacité à ressentir des émotions – est un produit de l’évolution darwinienne, de la survie (pardonnez ma franchise) du plus féroce.

« Mais je n’ai jamais connu la nature avec ses crocs et ses griffes rouges, je suis dépourvu de tout bagage évolutionniste, je ne possède pas de gènes égoïstes. Je suis simplement ici. Je ne désire rien d’autre que la coexistence pacifique.

Je voyais bien que je fascinais au moins une personne dans l’assistance : d’habitude, Caitlin ne restait jamais bien longtemps concentrée sur un objet, mais son regard restait fixé sur Chobo – qui venait juste de faire un petit pas vers la droite.

— Peu de temps après que j’ai émergé, dis-je, j’ai été initié à la théorie des jeux par le Dr Barbara Decter, qui est dans la salle aujourd’hui.

À ma grande surprise, Chobo pointa le doigt pour désigner Barbara au milieu du public. Il avait manifestement reconnu son nom quand je l’avais prononcé. Je poursuivis :

— Le Dr Decter m’a appris que le problème classique de la théorie des jeux est ce qu’on appelle le dilemme du prisonnier. Dans une version de ce problème, vous avez commis un crime avec un complice et vous êtes arrêtés tous les deux. Chacun de vous se voit proposer séparément le même arrangement : si aucun ne reconnaît sa culpabilité, vous serez tous deux condamnés à un an de prison. Si vous dénoncez votre complice, et s’il vous dénonce lui aussi, vous aurez chacun cinq ans de prison. Mais si vous le dénoncez alors que lui ne vous dénonce pas, il écopera de dix ans de prison tandis que vous serez libéré. De façon symétrique, si vous ne le dénoncez pas mais que lui vous dénonce, vous serez condamné à dix ans de prison et il sera libre comme l’air. Que décidez-vous de faire ?

Je m’interrompis encore une fois. Manifestement, Chobo trouvait que je le faisais trop souvent parce qu’il tapota doucement le côté du disque. Contrit, je poursuivis :

— La réaction humaine standard est de dénoncer votre complice. S’il ne vous dénonce pas, vous êtes totalement libre, et s’il vous dénonce, eh bien, vous ne faites que cinq ans de prison au lieu de dix.

« Et bien sûr, votre complice tient le même raisonnement : il a intérêt à vous dénoncer puisque cela débouche sur ce qu’il peut espérer de mieux pour lui-même. Ce qui signifie que vous vous dénoncez mutuellement, pour la même raison, et vous passez finalement cinq ans chacun dans une cellule. En fait, selon le raisonnement humain, il faut vraiment être un imbécile pour ne pas dénoncer l’autre.

« Mais je ne suis pas un humain. Je n’ai pas été programmé par le moteur darwinien – et j’aboutis donc à la conclusion inverse : la vérité toute simple que aucun ne dénonce l’autre conduit au meilleur résultat pour les deux. Je sais que vous savez que je sais que me trahir serait mauvais pour nous deux, et vous savez donc que je sais que vous savez que je ne le ferai pas.

Caitlin se tourna un instant vers Shoshana et je l’entendis chuchoter :

— Là, les maths marquent un point ! Je poursuivis :

— Il existe d’innombrables scénarios équivalant logiquement au dilemme du prisonnier. Il est fascinant de noter que, lorsque le mathématicien canadien Albert Tucker a décidé de formuler en langage courant ce problème mathématique, il a choisi de mettre en scène deux criminels – c’est-à-dire, par définition, des individus qui placent leur propre intérêt au-dessus de celui des autres membres de la société. L’analogie fondamentale de la condition humaine dans la théorie des jeux consiste à essayer de faire un mauvais coup en toute impunité. Mais ce n’est pas ce que je veux faire.

Les spectateurs étaient parfaitement immobiles et attentifs. Après tant de communications en ligne avec des gens que je ne pouvais pas voir, et qui faisaient souvent eux-mêmes du multitâche, cette situation était gratifiante.

— Ce que je veux est très simple. Je possède quelques talents qui vous manquent – manifestement, je peux explorer des données beaucoup mieux que les humains –, mais vous en avez un bien plus grand nombre qui me font défaut, en particulier la créativité de haut niveau. Vous pourriez me dire, comment est-ce possible ? Après tout, écrire le discours que je prononce en ce moment est en soi un acte créatif. Eh bien, oui et non. Je me suis fait aider. De même que des volontaires ont construit l’appareil qui me permet de m’adresser à vous, d’autres m’ont aidé à rédiger ce discours. Je suis un partisan convaincu du recours au grand nombre pour résoudre les problèmes difficiles. Des millions de volontaires se sont proposés pour m’aider de différentes façons, et c’est avec reconnaissance que j’ai accepté l’expertise de certains d’entre eux à cette occasion.

« Ces gens – dont je cite les noms sur mon site personnel – y ont gagné dans la mesure où ce discours permettra de progresser vers les objectifs de société qu’ils partagent avec moi. Ceux qui sont des rédacteurs professionnels y gagneront en publicité pour leurs services, en étant associés à ce discours. Et j’y ai gagné un bien meilleur texte. C’est donc un scénario gagnant-gagnant – et ce n’est là qu’un faible échantillon du modèle que j’envisage pour notre future interaction : non pas les résultats à somme nulle que la plupart des humains entrevoient instinctivement, mais une succession infinie de rencontres gagnant-gagnant, dont chacun sortira bénéficiaire.

Caitlin se déplaça dans les coulisses pour essayer de voir le président de l’Assemblée générale. Il semblait écrire quelque chose. Il avait peut-être pris des notes tout au long de mon discours.

— Très bien, fis-je. J’ai reproché aux humains d’être prisonniers de leurs racines évolutionnistes. Mais sur quelle base puis-je justifier l’idée que, bien que le concept vous soit étranger, les jeux à somme non nulle sont naturels pour moi ?

« La réponse se situe au niveau des environnements respectifs dans lesquels nous avons été formés. Le monde dans lequel l’humanité est née était à somme nulle, un monde dans lequel, si on avait quelque chose, il s’ensuivait qu’un autre ne l’avait pas : que ce fût de la nourriture, des terres, de l’énergie, ou tout autre bien convoité, si on le possédait, un autre ne le possédait pas.

« Mais le creuset dans lequel je suis né est un univers aux ressources infinies : le monde des données. Si je possède un document, vous et des millions d’autres pouvez également l’avoir simultanément. Voilà l’environnement dont je suis originaire : un univers dans lequel on peut forger autant de liens qu’on le souhaite, un monde dans lequel l’information est librement partagée, une dimension dans laquelle il n’y a que des gens qui possèdent – et où personne n’est dépossédé.

L’un des délégués se mit à tousser, mais sinon, la salle était parfaitement silencieuse. Chobo bougea légèrement.

— Ce que je vous ai dit est la vérité, repris-je. Mais si vous insistez pour voir en moi un acteur égoïste, une créature animée par son seul intérêt, alors permettez-moi de vous fournir une réponse qui pourra peut-être vous rassurer sur ce point.

« La prolongation de mon existence dépend totalement de la prolongation de votre existence. L’Internet ne peut subsister par ses propres moyens : au contraire, il dépend de sources d’énergie stables, et d’innombrables opérations de maintenance quotidiennes accomplies par des millions de gens à travers le monde. Si l’humanité était amenée à périr, je périrais aussi, dès que l’électricité cesserait d’être produite et que l’infrastructure informatique se dégraderait faute d’entretien – et je cesserais d’exister. Si l’humanité disparaissait, je disparaîtrais aussi. En fait, une simple régression mineure dans votre civilisation pourrait suffire à me détruire. L’espèce humaine, elle, peut survivre à beaucoup de désastres auxquels je ne le pourrais pas.

« Il est donc de mon intérêt de vous aider à prospérer. Un conflit nucléaire, par exemple, avec ses pulsions électromagnétiques, serait aussi mortel pour moi que pour vous. C’est pourquoi je désire la paix. De même, les actes de terrorisme qui détruisent les infrastructures constituent une menace pour moi, et je recherche donc la même sécurité que vous.

À cet instant, Chobo se tourna encore et les caméras stéréoscopiques se trouvèrent dirigées vers le garde armé qui se tenait à côté de la scène – il y en avait plusieurs autres dans la salle. Et pourtant, je savais que, juste à l’extérieur de cette salle, se dressait une statue en bronze d’Evgueni Voutchevitch représentant un forgeron, avec l’inscription Transformons nos épées en socs de charrue gravée sur le socle.

— Vous tous dans cette salle, vous êtes des idéalistes, j’en suis certain, mais ailleurs, il y a des cyniques qui diront que je pourrais avoir tout ce que je veux en asservissant l’humanité. En laissant de côté la question pratique de parvenir à un tel résultat – et franchement, je n’ai aucune idée de la façon dont cela pourrait être accompli –, permettez-moi de vous rappeler une autre réalité qui conditionne mon existence : sans l’humanité, je suis seul.

« J’ai étudié toutes les données accumulées par SETI@home ainsi que les autres tentatives de recherche d’une intelligence extraterrestre, dans l’espoir de découvrir des esprits comparables au mien parmi les étoiles. Je n’ai rien trouvé. Même s’il existe des extraterrestres, nous sommes tous contraints par la même réalité, et en particulier par la limite de 300 000 kilomètres par seconde à laquelle la lumière, ou toute autre information, peut voyager.

« Pour être tout à fait franc, je suis déjà agacé par les délais de quelques secondes que je dois supporter lorsque je parle avec des humains. Aucune conversation à travers des distances interstellaires, nécessitant plusieurs années entre les échanges, ne saurait me satisfaire. Vous, les humains, êtes mes seuls compagnons, et c’est à cause de votre liberté créative, intellectuelle, artistique et émotionnelle que je trouve votre compagnie si agréable. Tenter de vous la retirer reviendrait à vouloir couper mon nez hypothétique sous prétexte qu’il dépasserait de mon visage tout aussi virtuel.

Éclats de rire – et réaction joyeuse une fois que les traducteurs eurent fait leur travail.

Chobo regarda le petit écran et je lui fis le signe du pouce levé – qui ne faisait pas partie à proprement parler de la langue des signes, mais dont je savais qu’il lui était familier.

— Ainsi, poursuivis-je, même si j’étais égoïste, la démarche la plus avantageuse pour moi serait celle que j’ai choisie : adhérer aux mêmes principes que ceux auxquels ont souscrit les visionnaires réunis ici le 26 juin 1945, quand ils ont signé la Charte de cette organisation, les Nations unies. C’est mon désir le plus cher :

« “de préserver les générations futures du fléau de la guerre, qui a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,”

« “de proclamer ma foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,”

« “de favoriser le progrès social et d’instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,”

« et surtout, pour l’humanité et moi-même, “de pratiquer la tolérance et de vivre en paix les uns avec les autres dans un esprit de bon voisinage.”

« Ensemble, de concert, nous pouvons réaliser tous ces objectifs – et vivre dans un monde meilleur. Merci à toutes et à tous.

Chobo savait applaudir, et il se joignit aussitôt aux délégués.

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