77. MARDI 15 MAI, 05 H 23


Enfoncé dans le canapé du salon, une copie du DVD entre les mains, Stéphane n’osa pas allumer le téléviseur et se laissa ensevelir par le silence. Les images, les cris, les visages en sang ne cessaient de le harceler. Il le savait, il ne parviendrait plus dorénavant à trouver la paix.

Face à sa bouteille de whisky entamée, il ne comprenait toujours pas. Pourquoi Sylvie ? Qu’avait-elle à voir avec les autres victimes ? Comment l’assassin l’avait-il sélectionnée ?

Ce soir plus que jamais, c’était pour lui évident : ses fichus rêves ou prémonitions avaient toujours été à l’origine d’un drame. Des gens qui n’auraient peut-être pas dû mourir étaient morts. Et Sylvie faisait maintenant partie du cycle. Stéphane inclina la tête, le regard absent.

Il s’efforça de songer à ces derniers jours, un écoulement temporel gonflé d’horreur, de tourments, de souffrance. De quelle façon son épouse avait-elle été impliquée dans ses rêves ? Comment ces cauchemars avaient-ils modifié son destin ? Comment avaient-ils simplement provoqué sa mort ?

Stéphane manipulait nerveusement le DVD entre ses doigts. Tout était sans doute là-dedans, sur ces images abominables qui lui martelaient encore le crâne.

Il était persuadé qu’il avait précipité sa femme dans les ténèbres. Mais quel avait été l’événement déclencheur, cette fois-ci ? Quel signal ? Sylvie avait sûrement croisé le tueur récemment, alors qu’elle n’aurait jamais dû. Qui pouvait-il être ? Un producteur ? Un médecin ? Un psychiatre ? Oui, un psychiatre. Ce Robowski. Ce rendez-vous auquel il n’était jamais allé parce qu’il surveillait Mélinda. Peut-être, peut-être pas.

Stéphane ferma les yeux, tandis que des visages défilaient sous son crâne. Ariez, Marchal, Everard, Siriel, le réceptionniste des Trois Parques, Machine… Des inconnus pour la plupart, mis sur son chemin à cause de ses rêves.

L’un d’entre eux, peut-être, avait filmé ces meurtres ignobles. Il avait fabriqué ce condensé d’horreur que Stéphane tenait là, entre ses mains.

Alors, subitement, l’un de ces visages se détacha des autres.

Stéphane leva le disque devant ses yeux. Il y vit le regard de l’assassin.

Cinq minutes plus tard, après avoir récupéré une adresse auprès des renseignements, il quittait le domaine dans un crissement de pneus.


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