23. VENDREDI 4 MAI, 22 H 02


— J’ai besoin que tu m’expliques ce que tu nous racontais, il y a quelques années. Tu sais, ta conception des voyages dans le temps.

— T’es devenu fan de H. G. Wells ?

— Pas vraiment.

Jacky Duval était un type allumé des neurones, chercheur au CNRS et spécialisé dans l’élaboration de matériaux et d’études structurales, à des échelles nanoscopiques. Avec ses machines ultraperfectionnées, lui et son équipe pouvaient par exemple construire une crémaillère moléculaire à base de moteurs protéiques, cent mille fois plus petite que le diamètre d’un cheveu. Pour l’instant, ces exploits ne servaient à rien, mais Jacky était persuadé qu’à l’avenir, on utiliserait les crémaillères en microchirurgie et dans de nombreux domaines de pointe.

— C’est pour un film ? demanda le physicien.

— Un film, oui. Le film de ma vie, pour ainsi dire.

Jacky vivait place de Clichy, à Paris, dans un appartement rempli de livres, de revues, de composants électroniques et d’oscilloscopes. Quand Stéphane avait sonné, il était en train de fixer des condensateurs sur une plaquette.

— Encore quelques secondes, si tu permets, dit-il en reposant son fer à souder.

— Tu fabriques quoi ?

— Un tue-insectes électronique. C’est pour ma sœur.

— Et ça fonctionne vraiment ?

— Si tu vaporises en plus de la bombe insecticide, oui.

Les deux hommes se connaissaient depuis le collège, et se revoyaient régulièrement. Stéphane trouvait souvent des idées de monstres en observant des bactéries, des poux, des microbes avec les microscopes ultrapuissants du laboratoire de son ami.

Jacky finit par ôter ses lunettes à verres grossissants avant d’en chausser d’autres, à monture design noires. Le seul objet à la mode dans cet appartement.

— Tu as l’air bizarre, constata-t-il. La sale tête d’un gars insomniaque. Tu es sûr que ça va ?

— Tu n’aurais pas un verre à me proposer ?

— Whisky ?

— Au moins…

Jacky sortit une bouteille de J&B et en versa une belle dose dans un verre à moutarde, orné de dessins de Goldorak. Jacky ne buvait jamais, ne sortait jamais, ne mangeait jamais au resto, et ça se voyait.

— Tu débarques chez moi à 22h00. Que se passe-t-il ? Des soucis avec Sylvie ? Trop de boulot ?

— Oui, c’est ça. Trop de boulot.

Le scientifique baissa un peu le front.

— Excuse-moi si je ne suis pas venu te voir depuis… l’hôpital. Mais…

— Toi aussi, trop de boulot. Il n’y a pas de lézard.

Les récipients tintèrent. Whisky contre eau.

— Écoute celle-là, annonça Jacky. Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche. C’est bon, non ?

— Ouais. Et toi, tu fais partie de quelle catégorie ?

— J’en sais rien, à vrai dire. Je cherche encore ce qu’il y a à trouver.

Stéphane avala son alcool d’un trait. Il n’avait pas vraiment envie de rire.

— Parle-moi des voyages dans le temps, comme tu le faisais avant.

— L’histoire qui donnait mal au crâne à tout le monde ?

— Non, je ne veux pas de l’approche physique, de ces bla-bla de continuum espace-temps, de chat de Schrôdinger, de puits quantiques ou de je ne sais quoi. Je veux ta… ta conception d’un point de vue… simplifié. Partons du principe qu’un homme voit son double évoluer dans le futur, mais quelques minutes seulement, par l’intermédiaire de rêves.

— Il fait comment, il tombe dans un vortex ? Il chevauche une étoile filante ?

— Je suis sérieux, Jacky.

Le physicien agita son verre d’eau comme s’il s’agissait d’un bon cognac.

— Beaucoup de choses ont changé depuis l’école, tu sais. L’esprit se rationalise tellement quand on grandit. Les courbes se transforment en droites, les arcs-en-ciel deviennent des phénomènes de diffraction, et une étoile, un objet céleste rayonnant de l’énergie par nucléosynthèse. C’est presque dommage.

Stéphane désigna la chaîne en or que son interlocuteur portait autour du cou.

— Et ta médaille, tu la mets encore ? Dieu habite toujours dans ta maison, non ?

Jacky réajusta rapidement le col de sa vieille chemise à carreaux, presque gêné.

— Dieu ne m’aide pas beaucoup, en ce moment.

— Mais avant, tu me parlais toujours des destins tracés à l’avance, de…

— Je crois toujours que la science se contente de découvrir ce qui doit être découvert, que le hasard n’est qu’un fourre-tout et n’existe que pour expliquer ce qui nous échappe encore. Mais, bon sang, tout est fichtrement bien caché dans la nature. Et ça me donne vraiment du fil à retordre, j’en… j’en passe des nuits blanches. C’est terrible… cette envie de découvrir, d’avancer pour mieux reculer, ça tourne presque à l’obsession. Plus on trouve, et plus il y a à chercher.

Jacky ne semblait pas au mieux de sa forme non plus. Les cernes sous ses yeux le prouvaient.

Il reposa son verre d’un coup sec.

— Et toi ? Même après tous tes soucis, tu continues à penser qu’on peut changer son destin ? Qu’on peut… empêcher les événements qui doivent se produire de se produire ?

— J’en suis persuadé. Aujourd’hui, plus que jamais.

— Aïe, aïe, aïe…

— Mais ça va bien, je te le garantis, répliqua Stéphane avec un sourire forcé. Parle-moi de mon exemple, je t’en prie.

Jacky soupira, un peu las.

— D’accord, d’accord… Bon… Prenons ton cas précis, et déclinons les différentes possibilités. Un truc bien simple, pour que tu comprennes.

— Sympa de penser à mon petit cerveau.

— Alors, imaginons que… qu’on t’ait enfermé dans un entrepôt. On t’annonce que pour en sortir, tu dois trouver la clé de la porte, cachée quelque part à l’intérieur. On t’enferme, là maintenant, le 4 mai 2007, dans cet entrepôt. OK ?

— OK.

— Au bout d’une semaine, le 11 mai 2007, tu es toujours enfermé à l’intérieur parce que tu n’as toujours pas trouvé la clé. Ce toi-là, on va l’appeler Tofur. Comme « Toi futur ».

Stéphane sentait un espoir monter en lui, comme si Jacky allait apporter des réponses à l’impossible.

— Allons-y pour Tofur, répliqua-t-il avec un léger entrain.

Jacky se mit à arpenter son salon, comme il le faisait quinze années plus tôt, sur la pelouse du lycée. Certaines choses évoluent, vieillissent avec le temps, mais d’autres jamais.

— Supposons qu’un observateur extérieur ait la possibilité de revenir dans le passé. Il existe donc un autre toi, le « Toi présent », Tosent, qui vient d’être enfermé dans ce même entrepôt, avec le même challenge. Le 4 mai 2007.

— Tu veux dire… Quelqu’un de différent de Tofur ?

— Tosent n’est rien d’autre que le Tofur du 4 mai 2007.

— D’accord, d’accord.

— Tosent se met à chercher la clé, mais l’observateur extérieur sait qu’il ne la trouvera pas, puisque Tofur cherche encore. Toujours OK ?

— Logique. Tofur n’a pas déniché la clé, donc Tosent ne la trouvera pas non plus, puisque Tosent et Tofur forment la même personne, avec les mêmes pensées, les mêmes réactions. Aucune raison que cela change.

— Exactement. Puis arrivent ces rêves « prémonitoires » chez Tosent. D’un coup, une nuit, Tosent rêve de Tofur. Dans son rêve, Tosent voit Tofur passer à côté de la clé ! Celle-ci est à proximité d’une grosse caisse blanche, au fond de l’entrepôt ! Tosent la voit, mais pas Tofur !

Stéphane se reversa un doigt de whisky dans son verre à moutarde et en avala deux petites gorgées.

— Et donc, en se réveillant, Tosent va chercher la caisse blanche, trouver la clé et immédiatement sortir de l’entrepôt ! Et là, que se passe-t-il ?

Jacky leva l’index.

— Arrivent enfin les choses intéressantes. A ce niveau, différentes options. Premièrement, en effet, Tosent, au réveil, se sert de son rêve pour trouver immédiatement la clé et sortir de l’entrepôt. Il rentre chez lui et s’endort. Il rêve alors à nouveau de Tofur. Et là, que voit-il ? Tofur, toujours en train de chercher dans l’entrepôt ?

Stéphane buvait ses paroles. Le cas décrit par son ami correspondait exactement au sien. Il répondit :

— Non, je ne crois pas. Son… destin a changé puisque… Tosent a trouvé la clé.

Jacky se laissa choir dans un sofa et rejeta la tête vers l’arrière, avant de se redresser.

— Ah oui ? Et tu crois que Tofur s’est soudainement téléporté pour se retrouver dans une situation totalement différente ? Dans son passé à lui, il n’a pas trouvé la clé ! À cause de ce rêve, le futur de Tosent change, mais le passé de Tofur, lui, ne peut pas changer, puisqu’il s’est déjà produit ! Tofur continuera à chercher !

Stéphane plissa les yeux, tandis que Jacky poursuivait son explication :

— Tu ne saisis pas bien, et tu as raison. Car avec ce cas, nous sommes en plein paradoxe, quelque chose de physiquement insoluble qui conduit aux pires incohérences si on exclut la théorie des mondes parallèles.

— Des incohérences du genre ?

— Du genre, tu existes avant que ta mère te mette au monde. Ou encore, tu es plus âgé que ton père. Pire, tu te croises toi-même dans la rue.

— Et avec la théorie des mondes parallèles ?

— Ce n’est que du bla-bla, je n’y crois pas.

Il marqua une hésitation.

— Avec ces paradoxes, tu comprends pourquoi la conception spirituelle des voyages temporels est si difficile à aborder, si l’on reste trop cartésien, trop proche de la ligne scientifique.

— Et si l’on s’éloigne d’une pensée cartésienne ?

Jacky secoua la tête.

— L’autre solution ne te plairait pas, comme elle ne plairait pas à la communauté scientifique. C’est la mienne, celle de certains philosophes, et je n’aime pas en parler.

Stéphane s’approcha de lui.

— Vas-y quand même.

Jacky ne se fit pas prier plus longtemps.

— Quoi que l’on fasse, on ne peut jamais modifier le futur, même avec la connaissance des événements à venir. S’ils doivent se produire, alors ils se produiront, au détail près. Tu connais peut-être l’exemple que donnait Leibniz, qui a développé une pensée très intéressante concernant la contingence et la nécessité... Pour ce philosophe, puisque César devait devenir empereur, il était nécessaire qu’il franchisse le Rubicon. Et donc, bien que cet événement, en lui-même, puisse ne paraître que contingent, il était bien, en fait, nécessairement contenu dans la notion même de César.

Stéphane se sentit mal à l’aise face à cette conception, comme si tout était écrit sans que nous puissions rien y faire. Il se rappelait du coup de frein, dans le virage. En voulant éviter Gaëlle, il l’avait tuée. Peut-être était-il inscrit qu’elle devait mourir, et rien ne pouvait l’empêcher. Il songea aussi au film Destination finale, à ces jeunes qui ne peuvent échapper à la mort, parce qu’il s’agit là de leur destin.

Il essaya néanmoins de contrer Jacky, histoire de se rassurer :

— Mais… Tosent a vu où était la clé, dans le rêve ! À côté d’une grosse caisse blanche ! En se réveillant, il a juste à la récupérer et sortir ! Et donc, il ne peut pas continuer à errer dans l’entrepôt une semaine plus tard !

— Et si la clé, en réalité, se trouvait à côté d’une grosse caisse noire, et non d’une blanche ?

— Je… Je ne comprends pas bien.

— Imagine qu’après deux jours d’enfermement, avant que Tosent rêve, Tofur découvre la clé. Elle est à côté d’une grosse caisse noire. Il la ramasse et, tout heureux, fonce vers la sortie. Sauf que, sur son trajet, il s’emmêle les pieds dans une corde et se heurte la tête. La clé glisse de ses mains, et se retrouve à côté d’une grosse caisse blanche. Le choc fait perdre la mémoire à Tofur. Il ne sait donc plus ce qu’il fait là, et dans ton rêve, tu le vois simplement errer, passer à côté de la clé sans l’apercevoir.

En te réveillant, tu crois que la clé est près de la caisse blanche, mais non, puisque à l’origine, elle était près de la caisse noire ! A ton tour, tu te mets à chercher, comme Tofur. Ton rêve ne t’a servi à rien, il t’a même trompé, en quelque sorte, parce que tu ne possédais pas tout le contexte et la bonne fenêtre d’observation. Tu ne trouveras alors la clé que quand Tofur l’avait trouvée, exactement au même moment, et au même endroit. Et tu courras, et tu te prendras aussi les pieds dans la corde. Tout se reproduira à l’identique, avec ou sans rêve. Et ainsi de suite. Nous marchons sur un anneau de Mœbius.

— Un quoi ?

Jacky sourit et mima le symbole de l’infini avec la main. Une espèce de huit torsadé et couché.

— Une curiosité mathématique qui ne possède qu’un seul bord, un chemin dont tu ne peux plus te sortir une fois que tu as mis le pied dessus. Sans cesse, tu emprunteras le même trajet, quoi que tu fasses, encore et toujours. L’éternel recommencement.

— Tout ce que tu me racontes est sacrément tiré par les cheveux.

— Absolument pas. Et pour répondre à la question que tu es venu me poser, il y a une autre théorie, tout aussi valable. Celle de la goutte d’eau dans le fleuve.

Stéphane soupira.

— Explique…

— Qu’on ajoute ou qu’on enlève une goutte d’eau du Rhône, on ne change en rien l’allure du fleuve, il se jettera toujours en Méditerranée. Si ce fleuve symbolise ton destin, que tu ôtes ou retires des actes, la ligne directrice restera toujours la même, les événements qui devaient se produire, se produiront. C’est peut-être le point de vue le plus plausible, puisqu’il laisse encore place au hasard et d’une certaine façon à la liberté. Pour en revenir à notre cas, supposons que la clé soit effectivement près, au départ, de la caisse blanche, et que Tofur ne la remarque pas. Après ton rêve, tu te réveilles, te précipites vers la caisse blanche, et trouves la clé !

— On est d’accord ! Là, mon destin va forcément changer, grâce au rêve !

— Désolé, mais pas sa ligne directrice. Parce que en allant chercher l’objet de ta délivrance, tellement impatient, tu vas te prendre les pieds dans cette fameuse corde, te cogner la tête et… oublier où se trouvait la clé ! La goutte d’eau, c’est ta légère amnésie, qui, dans ce cas, n’est pas arrivée à Tofur, je te l’accorde. Le Rhône, c’est que tu erreras toujours dans cet entrepôt, quoi que tu fasses.

— Non, non… Impossible…

Jacky se releva brusquement, en riant.

— Ah oui ? Et tu préfères quoi alors, le paradoxe ? Tu sais, le paradoxe, il vaut franchement mieux que ça n’existe pas, parce que là…

Il mima une explosion et ajouta :

Hasta la vista, baby. Se faire téléporter ou désintégrer, ça doit sacrément faire mal.

Jacky frotta ses lèvres charnues d’un geste nerveux.

— Le pire, vois-tu, c’est que les voyages dans le temps existent, au niveau quantique, de même que la téléportation. Et la théorie de la relativité montre bien que le temps se dilate lorsqu’on approche la vitesse de la lumière. La preuve avec les satellites GPS, dont le temps d’horloge s’écoule moins vite que sur Terre. Si nous étions dans ces satellites, nous vieillirions moins vite que sur notre bonne vieille planète, de quelques microsecondes par jour ! D’un point de vue scientifique, le voyage dans le temps est possible. Tout comme il est impossible, puisque à ce jour, aucune particule ne se déplace plus vite que la lumière.

— Visiblement mes rêves, eux, y parviennent.

Stéphane ne savait plus quoi penser. D’ici quelques jours, à en croire ses cauchemars, toutes les polices de France allaient le rechercher. On le suspecterait du meurtre d’une gamine qu’il ne connaissait même pas. Pouvait-il laisser se produire une horreur pareille sans rien faire ? Sans essayer d’y changer quelque chose ?

Il se redressa, les yeux dans le vague. Il pouvait agir sur son destin. Empêcher tout cela de se réaliser. Mais si, en voulant intervenir, il se prenait les pieds dans cette fameuse corde ? Le coup de frein, devant la borne N16… Le signal d’alarme, pour éviter que le train déraille… La mort horrible de Ludivine Coquelle…

Vouloir éviter son futur ne suffisait-il pas à le créer ?

Que faire alors ? Agir ou ignorer les rêves ?

« Ignorer les rêves ».

Il sortit soudain son carnet avec excitation.

— « Ignorer les rêves » ! Il… Il s’adressait à moi en écrivant sur les murs de l’hôtel ! Bon sang ! Le… Stéphane du futur, il…

Il se rappela soudain du son de la radio, de la télé, poussé à fond. Des inscriptions notées à la craie, à la cave, durant le tout premier rêve. Des messages au marqueur, sur les murs. « Noël Siriel ». « Tes messages BP 101 ». Des signes évidents qui montraient que le Stéphane du futur cherchait à communiquer, par tous les moyens.

Stéphane attrapa la bouteille et se servit généreusement. Le goulot claquait sur les bords du verre.

— Il… Il a conscience que je suis là, que je rêve de lui ! Il met la radio ou la télé à fond pour s’assurer que je l’entende ! Il… Il m’adresse des messages sur les murs ! Putain, Jacky, ce moi futur, il essaie de me parler, de me prévenir de quelque chose !

Le physicien se gratta les cheveux et considéra Stéphane avec un air sceptique.

— T’avais déjà picolé avant de venir ici ?

Stéphane ne tenait plus en place, il se mordillait le poing.

— Ça veut dire qu’il est peut-être différent de moi, et qu’il existe physiquement dans le futur. Il… attend peut-être que… que je lui fasse un signe, que je lui réponde.

Il piocha un marqueur noir dans une boîte à crayons.

— J’embarque ça, si tu veux bien.

— Ah ouais, dans ton film, ton héros veut répondre à son « lui futur » en écrivant sur les murs, c’est ça ? Et tu crois que les mots vont traverser le temps et apparaître comme par magie ?

— Exactement.

— Non, non. Comme je te disais, les paradoxes n’exis…

— Si, ils existent. Ces fichus paradoxes temporels existent. Je veux encore croire qu’on est libre de faire ce qu’on veut, et qu’on peut modifier son destin. Je ne marcherai jamais sur un anneau de Mœbius, je ne suis pas un mouton.

— Tu sais, le destin est coriace, il ne se laissera pas faire.

— Moi non plus, je ne me laisserai pas faire.

Très vite, il griffonna quelque chose sur un papier et le tendit à Jacky.

— Merci Jacky, je dois me mettre en route, c’est super important.

Le chercheur s’empara de la note.

— 4-5-19-20-9-14 ? C’est quoi ?

— Certainement les numéros du tirage du loto de mercredi prochain. Pour te remercier.

— Superbe cadeau, merci. Rassure-toi, côté humour, tu n’as rien perdu. Pas une miette.

— Si j’ai un conseil à te donner, joue-les.

— Il n’y a pas de risque. Je ne joue jamais au loto.

Alors qu’il sortait déjà, Stéphane répliqua :

— Pour cette fois, tu feras sûrement une exception. J’en suis même persuadé. Parce que c’est sans doute là ton destin.


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