27. SAMEDI 5 MAI, 04 H 05


Stéphane courait, toussait, crachait, la main sur la gorge. Devant lui, des ombres s’engouffraient dans les escaliers en criant. Partout, la fumée roulait. Un monstre gris de colère, affamé, rampait sous les portes et défiait l’espace.

Stéphane se dirigeait dans le sens opposé à celui des autres hommes. Il fonçait vers le feu.

Il enjamba un sac de cuir, ramassa une écharpe noire qu’il se plaqua sur le nez. Devant lui, une salle. Vitre en plexiglas, large miroir et une grande feuille blanche scotchée au mur, recouverte d’inscriptions.

Lorsqu’il voulut entrer dans la pièce, une main lui agrippa le col.

— Qu’est-ce que tu fous ! On dégage, merde ! hurla une voix à son intention.

Stéphane se retourna. Tout se brouillait, les perspectives s’embrumaient, fondaient comme des mirages. La fumée opaque pénétrait ses narines, sa bouche, lui brûlait les yeux. Le feu rugissait.

— Quelques minutes ! s’écria Stéphane. Juste quelques minutes à l’intérieur ! Il doit savoir ! On doit lui expliquer !

— Dans quelques minutes, il sera trop tard ! Tu vas brûler vif ! On n’a pas le temps ! Allez !

— Non !

— Allez !

Stéphane lança un dernier regard vers la salle et finit à regret par suivre le flux de ceux qui s’échappaient. Il discerna à peine, dans ce ballet de terreur, une paire de gros rangers noirs.

Il se laissa aspirer par les escaliers, chancelant. Tout se mit brusquement à rétrécir autour de lui.

Puis le noir. Le noir complet.


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