Le modèle que développe Sharon pour son multivers a été bricolé puis refait à neuf il y a bien des années pour mon récit également intitulé « Eifelheim » (Analog, novembre 1986), qui a inspiré les passages contemporains de ce roman. Mohsen Janatpour, aujourd’hui enseignant au San Mateo College, en Californie, m’a été d’une aide précieuse, et l’espace de Janatpour est nommé en son honneur.
Ces derniers temps, les théories portant sur une vitesse de la lumière variable (VLV) ont fait l’objet de débats animés parmi les cosmologues. L’un de leurs plus chauds partisans est João Magueijo, dont l’ouvrage Plus vite que la lumière (Dunod) constitue une excellente introduction au sujet ainsi qu’un récit passionnant sur le travail des physiciens. J’ai été ravi de découvrir en le lisant qu’il daignait examiner le modèle « Kaluza-Klein » que Mohsen et moi avions imaginé durant les années 80, bien que ce soit pour le réfuter. J’ai quand même décidé de le conserver – parce que.
En toute rigueur, je me dois de préciser que la diminution de la vitesse de la lumière semble effectivement s’expliquer par un changement dans les méthodes de mesure. Les théories VLV s’intéressent seulement à un changement postérieur au big bang, afin de trouver une solution plus élégante que celle des inflatons. L’inflaton, qui n’est là que pour sauvegarder les apparences de la théorie et disparaît de l’univers dès qu’on n’a plus besoin de lui, n’aurait jamais reçu l’imprimatur de Buridan, et Occam, en le découvrant, aurait hurlé à la multiplication des entités. Les théories VLV résolvent d’élégante façon les « problèmes cosmologiques » au moyen de boucles de rétroaction qui opèrent les réglages de l’univers par homéostasie. Nul besoin de nouvelles entités.
Lors de notre dernière rencontre, Mohsen et moi avons également évoqué la quantification du décalage vers le rouge. Certains physiciens la perçoivent, d’autres non. Les données sont les mêmes. On peut l’expliquer en supposant que le temps est quantifié tout autant que l’espace. Comme j’avais déjà inventé le « chronon » pour mon récit de 1986, cette histoire de décalage vers le rouge tombait à pic. Si tout cela est avéré, il va nous falloir à nouveau repenser l’univers.