28 Une échappatoire

Vêtu de son seul pantalon, Mat finissait un petit en-cas – juste après le petit déjeuner, un peu de jambon, trois pommes, du pain et du beurre – lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit pour laisser passer Nynaeve, Egwene et Elayne. Alors que les trois femmes lui souriaient, Mat se leva, prêt à se mettre en quête d’une chemise, mais il se ravisa dans l’instant et se rassit. Après tout, si elles avaient voulu épargner leur pudeur, les trois grâces auraient pu frapper !

Cela dit, le jeune homme se réjouit de les voir. Au début, en tout cas.

— Tu as l’air bien plus en forme, dit Egwene.

— Oui, comme si tu avais passé un mois à manger et à te reposer, renchérit Elayne.

Nynaeve posa une main sur le front du convalescent. D’abord réticent, Mat se détendit très vite. Depuis sa nomination, elle faisait ça à tout le monde, dès qu’il y avait un problème…

Oui, mais chez nous, elle était la Sage-Dame. À l’époque, elle ne portait pas cette fichue bague.

Le mouvement de recul du jeune homme ne lui ayant pas échappé, Nynaeve eut un sourire pincé.

— Pour moi, tu pètes le feu, mon garçon ! N’en as-tu pas assez d’être cloîtré ? Avant, tu ne supportais pas de rester deux jours enfermé.

Mat regarda le dernier trognon de pomme, estima qu’il l’avait assez rongé et le reposa sur l’assiette. Tenté de lécher le jus, sur ses doigts, il se retint à cause de ses trois visiteuses.

Elles le regardaient toujours, souriant de plus belle. Se surprenant à tenter d’élire la plus jolie du trio, Mat dut s’avouer vaincu. Si elles n’avaient pas été qui elles étaient – et surtout, ce qu’elles étaient – il leur aurait volontiers demandé à toutes les trois de danser avec lui une gigue ou une farandole. Au pays, il avait souvent gambillé avec Egwene – et même avec Nynaeve, un jour qui semblait désormais très lointain.

— Une jolie fille, gigue gentille ! Deux jolies filles, et la maison vacille ! Trois jolies filles, et il vaut mieux que tu files ! (Mat adressa à Nynaeve un sourire au moins aussi matois que celui qu’elle affichait.) Mon père adorait ce proverbe. Nynaeve, vous mijotez quelque chose, ça se voit. On dirait un gros matou qui a repéré un pinson coincé dans un buisson d’épineux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’être le pinson…

Le sourire de l’ancienne Sage-Dame se volatilisa. Et celui de Mat aussi. Remarquant les mains toutes plissées des trois femmes, il se demanda pourquoi elles avaient l’air de trop faire la vaisselle. La Fille-Héritière d’Andor ne récurait sûrement pas les casseroles, et il voyait mal Nynaeve se coltiner cette corvée, même si elle s’était toujours occupée seule de son ménage, à Champ d’Emond. Les trois femmes portaient une bague au serpent, désormais. Une nouveauté, et pas une surprise très agréable.

Par la Lumière ! des choses pareilles arrivent de temps en temps… Au fond, ce ne sont pas mes affaires, et c’est tout ce qu’il y a à dire. Ça ne me regarde pas, un point c’est tout !

Egwene secoua la tête, mais c’était plus à l’intention de ses compagnes qu’à celle du jeune homme.

— Je vous avais bien dit qu’il fallait être directes ! Quand il l’a décidé, Mat est têtu comme une mule et plus rusé qu’un chat. Ne plisse pas le front comme ça, mon garçon ! Tu sais que j’ai raison…

— Silence, Egwene ! intervint Nynaeve. Mat, nous voulons te demander une faveur, c’est vrai, mais ça ne veut pas dire que ta santé ne nous intéresse pas. C’est tout le contraire, et tu le sais très bien, sauf si tu as envie de te montrer encore plus borné que d’habitude. Alors, comment vas-tu ? Si je me réfère à notre précédente rencontre, je maintiens que tu pètes le feu. On croirait qu’un mois s’est écoulé, pas deux jours…

— Je suis prêt à courir deux lieues puis à danser la gigue ensuite.

L’estomac de Mat grommela, lui rappelant que le déjeuner n’était pas pour tout de suite. Il fit mine de l’ignorer, et espéra que ses visiteuses n’avaient pas entendu. De fait, il se sentait aussi bien que s’il avait passé un mois à manger et se reposer. Et il était affamé comme si son dernier repas remontait à la veille.

— Une faveur ? Quelle faveur ? demanda-t-il, soupçonneux.

Si sa mémoire ne le trompait pas, Nynaeve ne demandait pas de faveur. Elle disait aux gens ce qu’ils devaient faire, et ils avaient intérêt à s’exécuter.

— Je voudrais que tu portes une lettre pour moi…, dit Elayne avant que Nynaeve ait pu ouvrir la bouche. Une lettre pour ma mère, à Caemlyn. (Elle sourit, creusant une fossette dans sa joue.) Je te serais vraiment très reconnaissante, Mat.

La lumière du jour qui entrait à flots par les fenêtres ouvertes fit danser une multitude de reflets dans les magnifiques cheveux de la Fille-Héritière.

Je me demande si elle aime danser…

Quelle idée incongrue, en un moment pareil !

— Ce n’est pas très difficile, mais ça fait un long voyage… Qu’est-ce que j’y gagnerai ?

À la réaction d’Elayne, Mat songea que le coup de la fossette avait rarement dû échouer, dans sa vie.

Outragée, elle se redressa, le menton fièrement pointé. Mat crut presque voir le haut dossier d’un trône, derrière elle.

— Es-tu un sujet loyal d’Andor ? Ou refuses-tu de servir le Trône du Lion et la Fille-Héritière ?

Mat se contenta de ricaner.

— Je t’ai dit que ce truc-là ne marcherait pas non plus avec lui, soupira Egwene.

Elayne eut une moue désabusée.

— Tenter le coup ne coûtait rien… Sur les gardes, à Caemlyn, ça réussit chaque fois. Tu as dit que si je souriais…

La Fille-Héritière s’interrompit, consciente qu’elle risquait de gaffer.

Que lui as-tu raconté, Egwene ? Que je deviens gâteux dès qu’une fille me sourit ?

Hors de lui, Mat parvint pourtant à garder l’apparence d’un calme… souverain.

— J’aurais aimé qu’il suffise de te demander, Mat, dit Egwene, mais tu ne fais jamais rien pour rien, pas vrai ? Si on ne te force pas, il n’y a rien à attendre de toi.

— Je veux bien danser avec vous deux, répondit le jeune homme, souriant, mais pas question de jouer les messagers.

Un instant, il crut qu’Egwene allait lui tirer la langue.

— Si nous revenions à notre plan d’origine ? proposa Nynaeve d’une voix bien trop calme pour ne pas être menaçante.

Ses deux compagnes ayant acquiescé, l’ancienne Sage-Dame dévisagea Mat. Pour la première fois, elle ressemblait à ce qu’elle était à Champ d’Emond – une femme autoritaire dont le regard paralysait ses victimes, sa natte évoquant la queue d’un chat prête à zébrer l’air…

— Matrim Cauthon, tu es encore plus grossier que dans mon souvenir… Avec ta longue maladie, tout ce temps où mes amies et moi t’avons pouponné comme un bébé dans ses langes, j’ai failli oublier que tu es un rustre. Mais même un butor devrait faire montre d’un minimum de gratitude. Et ne parles-tu pas sans arrêt de visiter le monde et de voir les grandes villes ? Tu crois que Caemlyn est un lieu-dit ? Nous t’offrons une occasion de réaliser tes rêves, de témoigner ta reconnaissance à tes bienfaitrices et d’aider l’une d’entre elles.

Nynaeve sortit de sous sa cape une feuille de parchemin pliée et scellée – un cachet en cire jaune et en forme de lilas.

— Que pourrais-tu vouloir de plus, Matrim Cauthon ?

Mat regarda la missive avec une certaine mélancolie. Il se souvenait vaguement d’avoir traversé Caemlyn en compagnie de Rand, dans un passé qui lui semblait très lointain. Il n’était pas ravi de refuser d’y retourner, mais c’était la bonne décision.

Quand on danse la gigue, on s’amuse bien mais il faut payer tôt ou tard les musiciens.

Considérant ce qu’était devenue Nynaeve, plus il tarderait à payer et plus la note risquait d’être salée.

— Nynaeve, je ne peux pas…

— Comment ça, tu ne peux pas ? Es-tu un homme ou une lavette ? Tu as une chance d’aider la Fille-Héritière, de voir Caemlyn et probablement de rencontrer la reine, et tu ne peux pas ? Quand je demande ce que tu pourrais vouloir de plus, je suis sérieuse. N’essaie pas de nous couler entre les doigts comme de la graisse sur un grill, Matrim Cauthon ! Aurais-tu changé au point d’aimer tout ce que tu vois autour de toi ?

Nynaeve brandit la main gauche devant le visage du jeune homme, lui écorchant presque le nez avec son anneau.

— Mat, s’il te plaît ? soupira Elayne.

De son côté, Egwene regardait son ami d’enfance comme s’il venait de lui pousser les cornes d’un Trolloc.

Mat se tortilla sur sa chaise.

— Ai-je dit que je ne veux pas ? Je ne peux pas, comprenez-vous ? La Chaire d’Amyrlin a fait en sorte que je ne puisse pas quitter cette fichue… hum… cette île charmante. Libérez-moi de ce poids, et je livrerai ta lettre entre mes dents, Elayne.

Les trois amies se regardèrent. Pas pour la première fois de sa vie, Mat se demanda si les femmes pouvaient communiquer par télépathie. En tout cas, elles avaient toujours semblé capables de lire ses pensées aux moments les plus inopportuns.

Mais pas cette fois, quoi qu’elles aient décidé après leur conciliabule muet. Non, pas cette fois !

— Explique-toi, dit Nynaeve. Pourquoi la Chaire d’Amyrlin voudrait-elle te retenir ici ?

Mat haussa les épaules, soutint le regard de l’ancienne Sage-Dame et la gratifia de son plus beau sourire désolé.

— Parce que j’ai été malade pendant longtemps. Avant de me laisser partir, elle veut être sûre que je ne crèverai pas dans un coin comme un chien. Ce qui n’est pas mon intention, bien sûr… Mourir, je veux dire…

Nynaeve plissa le front, rejeta sa natte dans son dos, puis saisit soudain la tête du jeune homme entre ses mains.

Par la Lumière ! le Pouvoir ! pensa Mat, terrorisé.

Mais Nynaeve le lâcha si vite qu’il se demanda si c’était du lard ou du cochon.

— Que m’avez-vous fait ?

— Pas le dixième de ce que tu mériterais, je parie… Mat, tu es solide comme un taureau. Peut-être un peu moins fort que tu en as l’air, mais en pleine forme.

— C’est ce que j’ai dit, non ? (Mat essaya de sourire, mais il eut l’impression d’avoir au mieux produit un rictus.) Nynaeve, elle vous ressemble. Je parle de la Chaire d’Amyrlin. Comme vous, elle domine les autres malgré sa petite taille, et elle les malmène…

Voyant Nynaeve froncer les sourcils, Mat décida de ne pas s’engager davantage sur cette voie. Au fond, tant qu’il parvenait à éviter de parler du Cor de Valère avec les trois femmes, rien ne pouvait clocher. Il se demanda vaguement si elles savaient…

— Cela dit, les Aes Sedai veulent me garder à cause de la dague. Pour comprendre comment elle a agi, je suppose… Vous savez comment sont ces femmes !

Une fine plaisanterie qui ne fit pas mouche du tout.

Quel crétin ! Elles veulent devenir des Aes Sedai, et moi, je leur balance une idiotie pareille ! Que la Lumière me brûle ! j’en fais trop comme d’habitude… Bon sang ! je donnerais cher pour que Nynaeve cesse de me regarder comme ça ! Bien, attention à ce que je raconte !

— La Chaire d’Amyrlin a fait en sorte que je ne puisse pas traverser un pont ou embarquer sur un bateau sans son autorisation. Vous comprenez ? Je ne refuse pas de vous aider : ça m’est impossible !

— Tu porteras la lettre si nous te faisons sortir de Tar Valon ? demanda Nynaeve.

— Rendez-moi ma liberté et je porterai Elayne sur mon dos jusqu’à Caemlyn !

Cette fois, ce fut Elayne qui fronça les sourcils. Et Egwene secoua la tête, comme si le jeune homme, décidément, n’en loupait jamais une. Bien trop souvent, les femmes manquaient tragiquement de sens de l’humour.

Nynaeve fit signe à ses compagnes de la suivre jusqu’à une fenêtre, où elles tournèrent le dos à Mat pour tenir une de ces messes basses dont le sexe faible était si friand.

Mat crut entendre Egwene affirmer « un seul suffira, si nous restons ensemble », mais ça ne l’éclaira pas beaucoup. En tout cas, les trois femmes semblaient vouloir passer outre les ordres de leur dirigeante, et ça, c’était époustouflant – et peut-être un rien présomptueux.

Si elles réussissent, je porterai leur fichue lettre. Et même entre les dents, comme je l’ai dit.

Sans y penser, Mat prit un trognon de pomme et le mordit à belles dents. Très vite, il recracha dans l’assiette les pépins horriblement amers.

Les trois femmes revinrent vers lui. Egwene lui tendant une feuille de parchemin, il la regarda soupçonneusement, puis s’en empara et la déplia. En lisant, il commença à fredonner sans s’en apercevoir.

« Tout ce que fait la personne porteuse de ce document est couvert par mon autorité, consécutivement à des ordres que j’ai donnés. J’entends qu’on ne lui fasse pas obstacle et qu’on lui obéisse.

Siuan Sanche

Gardienne des Sceaux

Flamme de Tar Valon

Et Chaire d’Amyrlin »

Le cachet de cire blanche arborant la Flamme de Tar Valon laissait peu de doutes sur l’authenticité du document.

S’avisant qu’il fredonnait Une poche pleine d’or, Mat s’arrêta net.

— C’est sérieux ? Vous n’avez pas… Comment avez-vous eu ça ?

— Ce n’est pas un faux, dit Elayne, si c’est ce qui t’inquiète.

— Qu’importe comment nous l’avons eu ! ajouta Nynaeve. C’est un vrai sauf-conduit, et c’est tout ce qui doit t’intéresser. Je ne le montrerais pas partout, si j’étais toi, de peur que la Chaire d’Amyrlin le reprenne, mais avec ça, sortir de Tar Valon par terre ou par le fleuve sera un jeu d’enfant. Et en échange de ta liberté, tu as promis de porter cette lettre…

— Considérez qu’elle est déjà entre les mains de Morgase, dit Mat.

Il aurait volontiers relu le sauf-conduit, mais il se résigna à le poser provisoirement sur la missive d’Elayne.

— Vous n’auriez pas une pièce ou deux, en plus du document ? Une pièce d’argent ? D’or, peut-être… Je dois avoir assez pour le bateau, mais il paraît que la vie est très chère, quand on descend le fleuve.

Nynaeve parut surprise.

— Tu n’as pas d’argent ? Après avoir plumé Hurin tous les soirs, du moins tant que tu étais en état de jouer aux dés. Et pourquoi la vie augmenterait-elle en aval d’ici ?

Primo, on jouait pour pas grand-chose, Hurin et moi, et après quelques défaites, il n’a même plus voulu parier de l’argent. Secundo, vous n’écoutez pas ce que racontent les gens, mes dames ? Il y a une guerre civile au Cairhien, et les choses ne vont guère mieux à Tear. Selon les rumeurs, une chambre d’auberge à Aringill coûte plus cher qu’un bon cheval à Deux-Rivières.

— Nous sommes trop occupées pour prêter attention aux racontars, éluda Nynaeve.

Puis elle échangea avec ses amies des regards inquiets qui ne manquèrent pas d’intriguer Mat.

— Aucune importance, dit-il, je me débrouillerai.

Dans les auberges, près des docks, on devait jouer gros. Une nuit à lancer les dés, et il aurait de quoi embarquer au matin, avec en prime une bourse bien pansue.

— Remets la lettre à la reine Morgase, Mat, dit Nynaeve. Et ne dis à personne que tu la détiens…

— J’ai dit que je le ferais, ça ne suffit pas ? Vous me prenez pour un parjure ?

Le foudroyant du regard, Nynaeve et Egwene rappelèrent au jeune homme qu’il n’avait pas toujours été très rigoureux sur ce plan-là, à Champ d’Emond.

— Par le Sang et… Je tiendrai parole !

Les trois femmes tinrent un moment compagnie à Mat. Egwene et Elayne prirent place sur le lit, Nynaeve annexa le fauteuil et le jeune homme resta sur son tabouret. La conversation tourna essentiellement sur Champ d’Emond. Du coup, Mat eut rapidement le mal du pays. Très mélancoliques, Egwene et Nynaeve parlaient comme si elles pensaient ne jamais revoir leur terre natale. Voyant leurs yeux s’embuer, Mat tenta de passer à autre chose, mais elles s’entêtèrent, évoquant des connaissances communes, des fêtes comme Bel Tine ou le Jour du Soleil, des bals organisés au moment des vendanges ou des pique-niques organisés à l’occasion de la tonte des moutons.

Elayne donna à Mat des informations sur Caemlyn, en particulier au sujet du palais royal et des personnes à contacter lorsqu’il y serait. De temps en temps, par réflexe, elle adoptait des postures qui incitaient à l’imaginer avec une couronne sur la tête.

Au bout du compte, lorsque les trois femmes se levèrent pour partir, leur hôte regretta que le temps ait passé si vite.

Se sentant soudain très mal à l’aise, il se leva aussi et s’éclaircit la voix.

— En fait, c’est vous qui me faites une faveur… (Il désigna le sauf-conduit.) Et même une grosse faveur ! Je sais que vous serez bientôt des Aes Sedai, toutes les trois, et que toi, Elayne, tu monteras un jour sur le trône d’Andor. Mais quoi qu’il arrive, si vous avez besoin d’aide, appelez-moi et je viendrai. Vous pouvez compter sur moi.

» Hum ? J’ai dit quelque chose de drôle ?

Elayne dissimulait son sourire derrière sa main et Egwene ne se donnait même pas cette peine.

— Non, Mat, dit gentiment Nynaeve. (Mais elle aussi avait du mal à se retenir d’éclater de rire.) Tu as simplement confirmé une de mes observations sur les hommes…

— Mais pour comprendre, il faut être une femme, crut bon d’expliquer Elayne.

— Fais bon voyage, mon ami, dit Egwene. Et n’oublie pas : si une femme a besoin d’un héros, elle le veut aujourd’hui, pas demain ou dans une semaine.

La jeune femme sortit en gloussant et ses deux compagnes lui emboîtèrent le pas.

Une fois la porte refermée sur elles, Mat songea qu’une de ses observations venait également d’être confirmée : les femmes étaient décidément bizarres, et ça devait bien faire cent fois qu’il en avait la démonstration.

Ses yeux se posant sur la table, il étudia le mystérieux mais inestimable document signé par la Chaire d’Amyrlin. Du baume à son cœur, comme une bonne flambée en hiver. D’allégresse, le jeune homme fit quelques cabrioles sur son tapis à fleurs.

Voir Caemlyn et rencontrer une reine. Un beau programme, non ?

Sans que tu le saches, ta propre main me libère de ton joug, Chaire d’Amyrlin. Et de celui de Selene, par la même occasion.

— Vous ne m’aurez jamais ! Vous m’entendez, toutes les deux ? Vous ne prendrez jamais Mat Cauthon dans vos filets !

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