25

Pour la centième fois, il fit le tour de la pièce, tapant sur les murs.

— Si on trouve lequel est le mur extérieur, dit-il à Rowan, on pourra peut-être y faire un trou.

— Avec quoi ? Nos ongles ? Et si on est au troisième étage ? Tu veux bien t’asseoir, s’il te plaît ? Tu me rends folle !

— Il faut qu’on sorte.

— Il faut qu’on attende. Lilly pense à nous. Elle fera quelque chose.

— Quoi ? Et comment ?

Il détailla leur petite chambre à coucher. Elle n’avait rien d’une prison. Ce n’était qu’une chambre munie d’une salle de bains. Pas de fenêtre, ce qui signifiait qu’elle se trouvait sous terre ou dans une section interne de la maison. S’ils étaient sous terre, faire un trou dans le mur ne changerait pas grand-chose à leur situation… mais s’ils émergeaient dans une autre pièce, les possibilités fleurissaient. Derrière la porte, étaient postés deux gardes armés de neutralisateurs. La nuit précédente, ils les avaient attirés dans la chambre. Une première fois en prétextant un faux malaise, ensuite pour un malaise tout à fait réel : son agitation frénétique avait provoqué une nouvelle crise de convulsions. Les gardes leur avaient donné la trousse médicale de Rowan. Ce qui ne lui avait pas été d’un grand secours dans la mesure où la jeune femme en réponse à ses incessantes demandes d’action avait menacé de lui administrer un sédatif. Les gardes n’avaient même pas écouté ses promesses de récompense s’ils les laissaient partir.

— Survivre, s’enfuir, saboter, récita-t-il. (C’était devenu une litanie dans sa tête.) C’est le devoir d’un soldat.

— Je ne suis pas un soldat, fit Rowan en frottant ses yeux cernés. Vasa Luigi ne va pas me tuer et, s’il avait voulu te tuer, il l’aurait fait hier. Il n’est pas comme Ryoval, il ne joue pas avec ses proies. (Elle se mordit la lèvre, regrettant peut-être cette dernière phrase.) Ou peut-être qu’il va nous laisser tous les deux seuls là-dedans jusqu’à ce que je te tue.

Elle roula sur le lit et s’enfouit la tête sous l’oreiller.

— Tu aurais dû faire s’écraser notre vedette.

Un bruit sortit de sous l’oreiller : un gémissement ou un juron. Il avait probablement mentionné ce regret un peu trop souvent.

Quand la serrure de la porte cliqueta, il fit volte-face comme s’il venait de poser le pied sur une braise.

Un garde les salua poliment.

— Avec les compliments du baron Bharaputra, ma’ame, monsieur, voudriez-vous vous préparer à partager son dîner ? Nous vous accompagnerons dès que vous serez prêts.


Ils montèrent. Leur chambre se trouvait effectivement sous terre. La salle à manger des Bharaputra possédait de grandes baies vitrées donnant sur un jardin clos, couvert de gel. Un garde costaud était posté à chaque sortie. Le jardin miroitait dans le crépuscule. Ils étaient ici depuis une journée jacksonienne entière : vingt-six heures et quelques minutes. Vasa Luigi se leva à leur entrée et renvoya les gardes, leur donnant l’illusion d’un repas privé.

La salle à manger était décorée avec style : des divans individuels devant des tables basses étaient disposés en arc de cercle devant les baies vitrées. Une femme qu’il reconnut sans mal était assise dans l’un des divans.

Sa chevelure blanche était striée de noir et relevée en nattes complexes autour de son crâne. Des yeux sombres, une peau d’ivoire creusée de fines rides… une Durona. Une autre. Elle portait un superbe chemisier de soie vert pâle qui évoquait, sûrement pas par hasard, la teinte des blouses de la clinique Durona et un pantalon délicat couleur crème. Le Dr. Lotus Durona, baronne Bharaputra, avait des goûts de luxe et les moyens de les satisfaire.

— Rowan, ma chérie.

Elle tendit une main comme pour un baisemain.

— Lotus, fit sèchement Rowan.

Lotus sourit et transforma son geste en une invitation à s’asseoir. Ce qu’ils firent.

Lotus toucha un panneau de contrôle et une fille vêtue de soie marron et rose – les couleurs de Bharaputra – fit son entrée et servit les boissons. Elle se présenta tout d’abord devant le baron et lui fit une révérence, les yeux baissés. Elle aussi était très familière, grande et souple, des cheveux noirs, fins et raides flottant dans une queue de cheval sur son dos… Quand elle arriva devant la baronne, elle osa lever un instant les yeux : ils s’ouvrirent comme des fleurs au soleil, brillants de joie. Devant Rowan, elle parut ébahie et perplexe. Rowan lui rendit son regard, tout aussi étonnée. Lorsque la fille la quitta, la surprise avait laissé la place à l’horreur.

Quand elle s’inclina devant lui, elle se figea.

— Vous… ! murmura-t-elle, stupéfaite.

— Allons, Lilly ma chérie, ne reste pas plantée là comme ça, dit la baronne gentiment.

Elle quitta la pièce, d’une démarche soyeuse, non sans leur avoir lancé un dernier regard par-dessus son épaule.

— Lilly ? s’étrangla Rowan. Tu l’as appelée Lilly ?

— Une petite vengeance.

Rowan était outrée.

— Comment as-tu osé ? Sachant ce que tu es ? Sachant ce que nous sommes ?

La baronne haussa les épaules.

— Qui peut préférer la mort à la vie ? Ou pire… laisser Lilly choisir pour nous ? L’heure de la tentation n’a pas encore sonné pour toi, Rowan, ma chère sœur. Repose-toi la question dans vingt ou trente ans quand tu sentiras ton corps pourrir autour de toi. Tu verras alors comme la réponse est simple.

— Lilly t’aimait comme une fille.

— Lilly m’utilisait comme une domestique. De l’amour ? (La baronne gloussa.) Ce n’est pas l’amour qui unit le troupeau Durona. C’est la crainte des prédateurs. Sans les dangers extérieurs, les nécessités économiques, il n’y aurait pas de coins assez reculés dans la galaxie pour que nos chers frères et sœurs s’y éparpillent. Il en va de même avec la plupart des familles.

Rowan encaissa. Elle semblait malheureuse mais elle ne nia pas.

Vasa Luigi s’éclaircit la gorge.

— Cela dit, Dr. Durona, vous n’auriez pas à vous expatrier aux confins de la galaxie pour trouver votre place. La maison Bharaputra serait heureuse d’utiliser vos talents et votre formation. Vous disposeriez même d’une forme d’autonomie. On vous confierait par exemple la tête d’un département. Et plus tard, qui sait… une division entière.

— Non. Merci, cracha Rowan.

Le baron haussa les épaules. La baronne semblait-elle vaguement soulagée ? Il intervint dans la conversation.

— Baron… était-ce vraiment un commando de Ryoval qui a enlevé l’amiral Naismith ? Savez-vous où ils l’ont emmené ?

— Tiens, tiens, voilà une question intéressante, murmura Vasa Luigi en le dévisageant. J’ai essayé d’entrer en contact avec Ry toute la journée, sans succès. Je suis persuadé que là où se trouve Ry, se trouve aussi votre clone-jumeau… Amiral.

Il respira profondément.

— Pourquoi croyez-vous que je suis l’amiral, monsieur ?

— Parce que j’ai rencontré l’autre. Dans des circonstances révélatrices. Je ne pense pas que le véritable amiral Naismith permettrait à son garde du corps de lui donner des ordres… Pas vous ?

Quelque chose cognait dans sa tête.

— Que va lui faire Ryoval ?

— Vraiment, Vasa, on ne va pas… discuter de cela à table, reprocha la baronne. (Elle l’examina avec curiosité.) D’ailleurs… qu’est-ce que cela peut vous faire ?

— Miles, qu’as-tu fait de ton petit frère ?

La citation, venue de nulle part, lui était tombée de la bouche. Incertain, il se toucha les lèvres. Rowan le fixait. Lotus aussi.

Vasa Luigi reprit la parole.

— Pour répondre à votre question, amiral, tout dépend si Ry est parvenu aux mêmes conclusions que moi. Si c’est le cas… il ne fera probablement pas grand-chose. Sinon, ses méthodes dépendront de votre clone-jumeau.

— Je… ne comprends pas.

— Ryoval va l’étudier. En faire un sujet d’expérience. Ses actes découleront de son analyse de la personnalité du sujet.

Cela n’avait pas l’air trop terrible. Il s’imagina des tests écrits avec le choix entre différentes réponses. Curieux.

— À sa manière, Ry est un artiste, continuait le baron. Il parvient à créer des effets psychologiques tout à fait extraordinaires. Je l’ai vu transformer un ennemi juré en esclave absolument dévoué à sa personne, prêt à lui obéir au doigt et à l’œil. Le dernier qui a tenté de l’assassiner et qui a eu l’infortune d’être pris vivant s’est retrouvé à servir à boire lors des petites soirées privées de Ryoval : il supplie chaque invité de lui demander quelque chose, n’importe quoi.

— Et qu’as-tu demandé ? s’enquit sèchement la baronne.

— Du vin blanc. C’était avant nous, mon amour. Mais j’ai observé. Cet homme était conscient de ce qui lui arrivait. Je n’ai jamais vu un regard aussi hanté.

— Envisagez-vous de me vendre à Ryoval ? demanda-t-il lentement.

— S’il me fait la meilleure offre, amiral. Vous et votre clone-jumeau avez effectué un raid sur mes terres. J’ignore encore si vous étiez son complice. Quoi qu’il en soit, cette petite aventure a coûté très cher à ma maison. (Ses yeux étincelèrent.) Sans parler de l’affront personnel. Je ne vais pas me fatiguer à me venger sur un cryoamnésique mais je veux annuler mes pertes. Si je vous vends à Ry, vous serez incroyablement mieux puni que je ne pourrai le faire. Ry sera ravi d’avoir la paire. (Vasa Luigi soupira.) La maison Ryoval, je le crains, restera toujours une maison mineure tant que Ry privilégiera sa gratification personnelle à ses profits. C’est une honte. Avec ses ressources, je pourrais faire tellement mieux.

La fille revint leur servir quelques hors-d’œuvre et rafraîchir leurs boissons. Quand elle s’esquiva, le regard de Vasa Luigi la suivit. La baronne, le remarquant, plissa les yeux. Lorsqu’il se retourna vers eux, elle contemplait son verre.

— À propos d’offre, pourquoi ne pas contacter les Mercenaires Dendariis ? proposa-t-il.

Oui ! Si Bharaputra leur proposait un échange, les Dendariis viendraient immédiatement en discuter avec lui. Avec un canon à plasma. Une offre qu’on Peut difficilement refuser, non ? Ce jeu ne durerait pas très longtemps. Difficile à Bharaputra de le mettre aux enchères sans révéler qu’il le détenait et alors… et alors… et alors… Quoi ?

— À défaut d’autre chose, ajouta-t-il, vous pourrez les utiliser pour faire monter les prix avec Ryoval.

— Je crains que leurs ressources ne soient trop limitées. Et pas disponibles ici.

— Ils étaient ici. Hier.

— Une simple équipe d’agents en mission. Pas de navires. Pas de renforts. Je crois savoir qu’ils n’ont révélé leur identité qu’afin d’obtenir une conversation avec Lilly. Mais… j’ai des raisons de croire qu’il y a un autre joueur dans cette partie. Quand je vous regarde, quelque chose me démange. Je suis soudain pris de la curieuse envie de me contenter de la modeste commission d’un intermédiaire et de laisser Ryoval s’occuper d’offres trop conséquentes.

Le baron ricana.

Des offres trop conséquentes ? Oh… des gens avec des canons à plasma. Il essaya de ne pas réagir.

— Ce qui, reprit Vasa Luigi, nous ramène à la question originelle… Quel est l’intérêt de Lilly dans tout ça ? Pourquoi Lilly t’a-t-elle demandé de ressusciter cet homme, Rowan ? Et d’ailleurs, comment Lilly l’a-t-elle récupéré avant des tas de gens mieux équipés et mieux informés ?

— Elle ne m’a rien dit, dit Rowan, affable. Mais j’ai été ravie d’avoir cette occasion d’affiner ma technique. Grâce à l’excellent travail de votre sécurité, il était un véritable défi médical.

La conversation prit un tour médicotechnique entre Lotus et Rowan, puis plus décousu quand la jeune clone vint leur servir la suite du repas. Rowan se débrouillait intelligemment pour ne pas répondre aux questions du baron. Quant à lui, personne ne s’attendait qu’il sache quoi que ce soit. Le baron Bharaputra ne semblait pas pressé. Visiblement, il se préparait à jouer un jeu d’attente. Le dîner terminé, les gardes les escortèrent jusqu’à leur chambre qui se trouvait au bout d’un couloir muni de portes toutes identiques : sans doute les quartiers réservés aux serviteurs de visiteurs importants.

— Où sommes-nous ? demanda-t-il d’une voix sifflante à Rowan dès que la porte se referma derrière eux. Tu le sais ? Est-ce le quartier général de Bharaputra ?

— Non. Sa résidence principale est encore en travaux. Un raid aurait provoqué pas mal de dégâts, ajouta-t-elle, hargneuse.

Il fit lentement le tour de la pièce sans toutefois se remettre à cogner sur les murs, au grand soulagement de Rowan.

— Je viens de penser… que s’évader n’est pas le seul moyen de s’enfuir. On peut se débrouiller pour que quelqu’un vienne nous chercher. Dis-moi… Chez qui serait-il le plus difficile de venir chercher un prisonnier : chez Fell, chez Bharaputra ou chez Ryoval ?

— Oh… je pense que ce serait chez Fell. Il a plus de soldats et plus d’armes. Ryoval serait le plus facile. Ryoval est vraiment une maison mineure mais il est si vieux qu’il a droit aux honneurs d’une grande maison, par habitude.

— Donc… si on veut un allié plus fort et plus méchant que Bharaputra, il faut s’adresser à Fell ?

— Si on veut.

— Il faut que nous nous adressions à Fell.

— Comment ? Nous ne pouvons même pas sortir de cette chambre.

— La chambre, oui, il faut sortir de cette chambre. Mais il ne sera pas nécessaire de sortir d’ici. Si l’un d’entre nous pouvait se retrouver devant une comconsole pendant quelques minutes. Pour appeler Fell ou quelqu’un. Pour dire au monde que c’est Vasa Luigi qui nous détient. Voilà qui ferait bouger les choses.

— Il faut appeler Lilly, fit Rowan avec obstination. Pas Fell.

J’ai besoin de Fell. Lilly ne peut pas monter une opération contre Ryoval. Voilà qui ouvrait une déplaisante alternative : les intérêts du Groupe Durona et les siens pouvaient être divergents. Il voulait une faveur de Fell que Lilly cherchait à fuir. Par ailleurs, Fell n’avait pas grand-chose à gagner dans un raid contre Ryoval. Sinon démolir un rival et assouvir une vieille haine. Mmouais…

Il erra jusque dans la salle de bains et se contempla dans le miroir. Qui suis-je ? Un petit homme bizarre, maigre, pâle, hagard, avec des yeux désespérés et une tendance à faire des crises de convulsions. Si seulement il pouvait deviner qui était son clone-jumeau, il s’identifierait par élimination. Lors de leur rencontre désastreuse la veille, il lui avait bien semblé qu’il était l’amiral Naismith. Mais Vasa Luigi n’était pas un imbécile et Vasa Luigi était convaincu du contraire. Il devait être soit l’un soit l’autre. Pourquoi ne parvenait-il pas à se décider ? Si je suis Naismith, pourquoi mon frère s’est-il fait passer pour moi ?

À ce moment précis, il découvrit pourquoi ils appelaient ça une cascade.

C’était comme de se retrouver sous une chute d’eau, sous les chutes d’une rivière qui vidait un continent, des tonnes d’eau l’écrasant, le mettant à genoux. Il émit un faible miaulement et s’écroula, les bras noués autour de la tête, les yeux crevés de douleur et la terreur coincée dans la gorge. Il se mordit les lèvres pour ne produire aucun son qui attirerait l’attention inquiète de Rowan. Il avait besoin d’être seul pour ça. Oh oui !

Pas étonnant si je ne devinais pas. J’essayais de choisir entre deux réponses fausses. O Mère. O P’pa. O sergent. Votre petit a vraiment merdé cette fois-ci. Vraiment merdé. Le lieutenant Miles Vorkosigan se tordait sur le carrelage et hurlait en silence. Non, non, non, oh… Merde !

Elli…

Bel, Elena, Taura…

Mark… Mark ? Ce type costaud, menaçant, maître de lui-même, déterminé avait été Mark ?

Il ne se souvenait absolument pas des circonstances de sa mort. Se touchant avec crainte la poitrine, il chercha des traces de… quoi ? Il ferma les yeux, essayant de se rappeler ses derniers moments. Le raid sur le complexe médical de Bharaputra, oui. Mark avait provoqué une catastrophe. Non, Mark et Bel. Et il était descendu du ciel pour leur tirer les couilles de la broyeuse. Un vrai délire mégalomaniaque. Pour montrer à Mark comment les vrais experts s’y prenaient, pour arracher ces enfants-clones à Vasa Luigi qui l’avait offensé… et les ramener à Mère. Foutaises, qu’est-ce que ma mère sait de tout ça maintenant ? Rien, il l’espérait. Curieusement, ils se trouvaient encore tous sur l’Ensemble de Jackson. Combien de temps avait-il été mort… ?

Où diable est la SecImp ?

Enfin, ceux qui ne sont pas en train de se rouler par terre dans cette salle de bains, bien sûr ?

Aïe, aïe, aïe…

Et Elli. Je vous connais, ma’ame ? lui avait-il demandé. Il aurait mieux fait de se bouffer la langue.

Rowan… Elli. Ça se comprenait, d’une certaine manière. Son amante était une femme intelligente, grande, les cheveux et les yeux sombres. La première chose qui s’était présentée à son réveil à son esprit confus avait été une femme intelligente, grande, les cheveux et les yeux noirs. C’était une erreur très naturelle.

Il se demanda si Elli allait accepter cette explication. Son goût pour les femmes musclées risquait de lui coûter très cher. Il ravala un rire désespéré.

Il se coinça dans sa gorge. Taura, ici ? Ryoval le savait-il ? Savait-il quelle jolie main griffue avait détruit ses banques de gènes quatre ans auparavant ? Ou bien blâmait-il simplement "l’amiral Naismith" ? Ses séides avaient pris Mark pour l’amiral. Ryoval en ferait-il autant ? De toute manière, Mark lui dirait sûrement qu’il était le clone. Merde, c’est ce que je lui dirais si j’étais à sa place. Où était Mark ? Que lui arrivait-il ? Pourquoi s’était-il offert en… rançon à la place de Miles ? Mark n’était pas cryoamnésique lui aussi ? Non, Lilly avait dit que les Dendariis, les clones et "l’amiral Naismith" s’étaient tous échappés. Alors, pourquoi étaient-ils revenus ?

Pour venir te chercher, amiral Grossemerde.

Et ils avaient foncé tête la première sur Ryoval, grâce à lui.

La cryoamnésie était une bénédiction. Il avait envie de la retrouver.

— Tu vas bien ? s’inquiéta Rowan depuis l’autre pièce.

Elle vint jusqu’à la porte de la salle de bains et le vit sur le sol.

— Oh non ! Une nouvelle convulsion ? (Elle s’agenouilla à ses côtés, ses longs doigts cherchant déjà d’éventuels dégâts.) Tu t’es cogné à quelque chose ?

— Euh… euh…

Je ne vais pas me fatiguer à me venger sur un cryoamnésique, avait dit Vasa Luigi. Il valait donc mieux le rester encore un petit moment. En tout cas, jusqu’à ce qu’il ait une meilleure prise sur les événements. Et sur lui-même.

— Je crois que je vais bien.

Il la laissa le remettre au lit, lui caresser les cheveux. Désemparé, il la fixait entre ses paupières mi-closes, faisant semblant de céder à la fatigue qui suivait toujours les convulsions. Qu’ai-je fait ?

Que vais-je faire ?

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