Je demandai au chauffeur qui étaient les Cent Martyrs de la Démocratie. Je remarquai que le boulevard que nous suivions s’appelait boulevard des Cent Martyrs de la Démocratie.
Le chauffeur m’apprit que dans l’heure qui avait suivi l’attaque de Pearl Harbor. San Lorenzo avait déclaré la guerre à l’Allemagne et au Japon.
Pour combattre dans le camp de la démocratie, San Lorenzo avait levé cent hommes, qui s’étaient embarqués sur un bateau en partance pour les Etats-Unis, où ils devaient être armés et entraînés.
Le bateau avait été coulé par un sous-marin allemand juste à la sortie du port de Bolivar.
— Sésame issié, dit-il, elé sam artière n’deledem okra-zy.
(C’est ça, monsieur, avait-il dit en dialecte, les Cent Martyrs de la Démocratie.)