Bokonon ne met nulle part en garde contre la tentation de découvrir les limites de son propre karass et la nature du rôle que Dieu tout-puissant lui a fait jouer. Bokonon fait simplement remarquer que de telles recherches sont nécessairement incomplètes.
Dans la partie autobiographique des Livres de Bokonon, il nous livre une parabole sur la folie qu’il y a à prétendre découvrir, à prétendre comprendre :
« J’ai connu à Newport, dans le Rhode Island, une dame de confession épiscopalienne qui me demanda de tracer les plans d’une niche pour son danois et de la construire. Cette dame prétendait comprendre parfaitement Dieu et ses voies. Elle n’arrivait pas à admettre qu’on puisse se laisser déconcerter par ce qui avait été ou ce qui allait être. »
» Et pourtant, quand je lui montrai les plans de la niche que je me proposais de construire, elle me dit :
» — Je suis désolée, mais je n’ai jamais su lire un plan.
» — Donnez-le à votre mari ou à votre pasteur pour qu’ils le fassent suivre à Dieu, dis-je, et quand Dieu trouvera une minute, je suis certain qu’il vous expliquera ma niche de telle sorte que vous-même la comprendrez.
» Elle m’a mis à la porte. Je n’oublierai jamais cette femme. Elle croyait que Dieu préfère de beaucoup les gens qu’on voit dans les bateaux à voile à ceux qu’on voit dans les bateaux à moteur. Elle ne supportait pas la vue d’un ver. Quand elle en voyait un, elle hurlait.
» C’était une sotte, comme moi, comme quiconque pense voir ce que Dieu Fait » [écrit Bokonon].