Frank a le mot de la situation

Du coup, nous eûmes tous envie de vomir.

Newt avait certainement eu la réaction qui s’imposait.

— Je suis on ne peut plus d’accord, lui dis-je. (Et je jetai hargneusement à Angela et à Frank :) Maintenant que nous avons l’opinion de Newt, j’aimerais savoir ce que vous avez à dire, vous deux.

— Erk ! fit Angela, la langue hors de la bouche.

Elle se faisait toute petite et sa peau avait pris la couleur du mastic.

— Erk, hein ? (Je me tournai vers Frank.) C’est également votre sentiment général ?

Lèvres retroussées, mâchoire crispée, Frank respirait à petits coups en sifflant entre ses dents.

— Comme le chien, murmura le petit Newt, les yeux baissés sur von Kœnigswald.

— Quel chien ?

Frank répondit à voix basse, presque inaudible. Mais l’acoustique était si bonne dans cette pièce aux murs de pierre que nous entendîmes son chuchotement aussi clairement qu’un carillon de cristal.

— La veille de Noël, quand papa est mort.

Newt se parlait à lui-même. Et quand je lui demandai de me raconter l’histoire du chien le soir où son père était mort, il leva la tête vers moi comme si je venais de m’introduire dans un rêve qu’il faisait. Il me tenait pour étranger au débat.

En revanche, son frère et sa sœur faisaient partie de son rêve. Et il parla à son frère dans ce cauchemar.

— C’est toi qui lui en as donné… Alors, c’est ainsi que tu as déniché cette sinécure ? Que lui as-tu dit ? Que tu avais quelque chose qui battait la bombe à hydrogène ?

Frank ne releva pas la question. Il regardait attentivement à travers la pièce, en notant tous les détails. Il desserra les dents, les fit claquer rapidement en cillant à chaque claquement. Ses couleurs lui revenaient. Puis il retrouva la parole.

— Écoutez, dit-il, il faut nettoyer ce merdier.

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