17

Ils émergèrent au-dessus d’une grande plaine hérissée de fumées. Le ciel, rose, était traversé d’artères palpitantes qui lui donnaient un aspect sinistre. Sur l’horizon, au-delà de montagnes basses mais nettement découpées, se dressaient trois piliers de feu et de suie.

Ils descendaient rapidement. Au-dessous d’eux voltigeaient des insectes scintillants. Corson, éberlué, reconnut des chevaliers en armure ballottés sur des montures caparaçonnées. La lance pointée par-dessus l’oreille du cheval, ils chargeaient de hautes herbes. Un frémissement agita cette savane. Des Indiens se dressèrent en poussant des cris rauques, le chef couronné de plumes, et décochèrent une volée de flèches. Les chevaux se cabrèrent et une mêlée s’engagea que déjà l’hipprone, glissant en oblique, laissait de côté. Le faisceau presque invisible d’un gaser déchira l’air. L’hipprone fit un écart dans le temps et dans l’espace. Les montagnes changèrent légèrement de place. La plaine était déserte, cette fois, et parsemée de cratères. De lourds grondements dessinaient des collines de bruit. Mais le ciel n’avait pas changé d’aspect.

Un mouvement attira l’attention de Corson. À quelques centaines de mètres une masse monstrueuse se déplaçait lentement. Seul son dessin géométrique trahissait sa nature mécanique. Un char, le plus grand que Corson ait jamais vu. Un cratère semblable à ceux qui défonçaient le terrain semblait s’ouvrir au beau milieu de sa coque. Mais ce n’était qu’un trompe-l’œil. Il sembla à Corson que l’engin se déplaçait vers une butte qui pouvait receler des fortifications ou être elle-même un appareil. Accroché au flanc de l’hipprone, il se sentait terriblement vulnérable. Il eût préféré mettre pied à terre, chercher un abri dans ce terrain labouré. Un objet noir, lenticulaire, tournant sur son bord tranchant comme une faux, se détacha de la butte et fonça vers le char, décrivant une courbe compliquée. Il attaqua la paroi du char comme eût fait une lame de scie circulaire. Des étincelles géantes jaillirent. L’engin explosa sans causer de dégâts apparents au char. Une balafre brillante, rectiligne, là où le métal avait été mis à nu, était la seule trace de l’agression. Le char poursuivait sa route, invincible.

Puis, sans prévenir, la surface grêlée s’entrouvrit, céda comme une trappe sous le poids du char qui s’inclina. Il cracha des prolongements qui tentèrent de prendre appui sur le bord opposé de la crevasse. Mais en vain. Il essaya de faire machine arrière, patina, glissa inexorablement vers le gouffre. Sur ses flancs, des diaphragmes s’ouvrirent et vomirent en bon ordre des silhouettes humaines, à peine visibles dans leurs treillis caméléons dont la couleur changeait avec celle du sol. Elles lancèrent des grenades dans le gouffre. La fissure cracha des explosions, des flammes, de la fumée noire. La trappe s’affaissa un peu plus, puis s’immobilisa. Mais la pente était trop forte et la surface trop lisse pour que le char parvienne à la remonter. Il acheva de déraper, bascula sur le bord de la trappe et se coinça dans la crevasse, presque vertical. Ses machines, jusque-là silencieuses, rugirent désespérément. Puis s’arrêtèrent. Quelques hommes l’abandonnèrent encore et rejoignirent les premiers qui s’efforçaient de regagner la plaine. Des fusées jaillirent en faisceau de la butte et s’écrasèrent tout autour du char, formant une nappe continue de flammes où des hommes se consumèrent instantanément. Les survivants disparurent dans le paysage bouleversé.

Au total, une trentaine de secondes. L’hipprone avait déjà laissé sur sa gauche la butte forteresse. Il volait si bas qu’il devait sauter un à un les mouvements du terrain. Il se posa à l’abri d’une crête.

Corson hésita. Il était incapable de diriger l’hipprone. Il était prêt à faire confiance à l’instinct de conservation du Monstre qui les mettrait hors de portée, dans le temps et dans l’espace, d’une agression brutale. Mais l’hipprone pouvait avoir d’une attaque une idée très différente de celle de ses cavaliers. Il pouvait ne pas chercher à se soustraire à une nappe de gaz acides qui détruiraient les combinaisons. Il risquait d’errer à l’aventure.

Corson décida de profiter du calme relatif. Il se libéra, aida Antonella.

Le terrain. Des rochers avaient dévalé le coteau et formaient à son pied un abri précaire. Corson prit Antonella par la main et se mit à courir. À mi-chemin, il vit une fleur rouge naître dans la plaine. Il se plaqua au sol, entraînant Antonella, et, roulant sur eux-mêmes, ils atteignirent le creux, entre la base du coteau et les rochers. Le projectile frappa le coteau d’un coup de marteau cyclopéen. Quand la poussière retomba, Corson vit que l’hipprone avait disparu.

— Pas une charge atomique, dit-il.

Il risqua un œil sur la plaine.

— Aergistal. Ça m’a tout l’air d’être un champ de bataille. Le plus grand de tous les champs de bataille.

Antonella se frottait le visage, gris de poussière.

— Mais qui se bat ? Et contre qui ?

— Pas la moindre idée, dit Corson. Tout cela me paraît complètement absurde.

Ni plus ni moins que n’importe quelle guerre. Du moins une guerre ordinaire signifiait-elle des camps bien définis, une ou deux technologies cohérentes. Ici, tout le monde semblait se battre contre tout le monde. Pourquoi des chevaliers en armure affrontaient-ils des Indiens ? Où se cachaient les villes, les empires qui soutenaient de tels affrontements et qui devaient en constituer l’enjeu ? Que celait ce ciel rose et palpitant, vaguement répugnant, impitoyablement semblable à lui-même, dépourvu de soleils et de satellites ? L’horizon lui-même paraissait faux, repoussé à l’infini comme si la surface d’Aergistal n’était qu’un plan immense. Et s’il s’agissait d’une planète géante, pourquoi la gravité était-elle normale ou proche de la normale ?

— L’air paraît bon, dit Corson après avoir jeté un coup d’œil aux analyseurs disposés sur sa manche. Il ôta son casque, emplit ses poumons. L’air était frais, sans odeur. Un souffle de vent lui caressa le visage.

Il se risqua de nouveau à passer la tête par-dessus l’abri des rochers. Jusqu’aux versants des montagnes lointaines, la plaine paraissait également désolée. Des touffes de fumée, ici et là. Un éclair accrocha son regard et, instinctivement, il se laissa couler au plus bas du creux. Il n’y avait devant eux aucun endroit où ils puissent aller.

— Il faut passer la crête, dit-il. Peut-être tomberons-nous sur…

Il n’avait aucun espoir de tomber sur un allié, ni même sur un être raisonnable. Ils étaient pris dans le piège de la guerre, d’une guerre inimaginable.

Un point noir venait d’apparaître dans le ciel. Il laissait derrière lui des traînées de fumée et traçait ainsi des signes dans le ciel. La première série de symboles se révéla indéchiffrable. Dans la seconde, Corson crut vaguement reconnaître des caractères cyrilliques. La troisième fut uniquement composée de points. Il n’eut pas besoin d’attendre que l’appareil eût achevé sa mission pour lire la dernière.


BIENVENUE EN AERGISTAL


Le point noir disparut rapidement derrière la crête, tandis que les symboles et les lettres dérivaient paresseusement vers les montagnes.

Corson haussa les épaules.

— Allons-y, dit-il.

Aussi vite qu’ils purent, ils gravirent le versant abrupt. Corson passa prudemment la tête par-dessus la crête, tous les muscles du dos contractés à l’idée qu’il formait une belle cible. Stupéfait, il faillit lâcher prise. L’autre versant descendait en pente douce jusqu’à une plage parfaitement rectiligne. Une mer bleue, absolument calme, s’étendait à l’infini. À quelques encablures du rivage, une douzaine de navires à voile échangeaient des boulets de canon. Une coque démâtée brûlait. Sur la plage, à quelques centaines de mètres, deux camps militaires se faisaient face. Les tentes de l’un étaient bleues, celles de l’autre, rouges. Des oriflammes saluaient le vent. Entre les deux bivouacs, des rangées de soldats habillés de couleurs vives, alignés comme à l’exercice, se faisaient face et tiraient alternativement. Quoiqu’il fût trop loin pour en être sûr, Corson crut voir, sporadiquement, des silhouettes tomber. Il entendait le roulement des salves, les cris hachés des officiers, le son des trompettes et, de temps à autre, le grondement profond des canons des navires.

Il regarda vers l’intérieur du pays et vit émerger d’une cuvette qui la mettait à l’abri des vues des deux camps, une énorme chose grise, molle, presque sphérique. Une baleine échouée ?

Tout près d’eux, à une centaine de mètres au plus, en arrière du camp bleu, un homme écrivait paisiblement, assis derrière une table de bois. Il portait un bicorne bleu nuit frappé d’une cocarde blanche, une bizarre redingote blanche et bleu ciel relevée d’épaulettes et de soutaches d’or, et l’extrémité du fourreau d’un grand sabre attaché à sa ceinture reposait sur le sol.

Corson passa la crête et se dirigea vers l’écrivain. Celui-ci tourna la tête quand ils ne furent plus qu’à quelques mètres de lui et dit calmement, sans montrer ni surprise ni peut :

— Vous voulez vous engager, jeunes gens ? La prime vient d’être augmentée. J’ai pour mission de vous remettre cinq écus francs avant de vous faire endosser un bel uniforme.

— Je n’ai… commença Corson.

— Je vois, vous mourez d’envie de servir le bon roi Victor le Barbu. La chère est bonne, l’avancement rapide. La guerre durera bien un siècle ou deux et vous pouvez espérer finir maréchal. Quant à la dame, elle aura bien du succès auprès de nos lurons et je lui prédis une fortune rapide.

— Je voudrais seulement savoir où se trouve la ville la plus proche, dit Corson.

— Minor, je crois, dit l’homme, juste devant nous à vingt ou trente lieues, que nous irons prendre dès que nous aurons défait ces drôles en rouge. Je confesse que je n’y suis jamais allé et c’est bien normal puisque c’est une ville ennemie. Mais la promenade vaudra la peine. Allons, venez me mettre une signature ici, si vous savez écrire, afin que les choses soient faites dans les règles.

Et il fit sonner des rondelles de métal jaune qui éveillèrent un vague souvenir dans la mémoire de Corson. Il estima qu’il devait s’agir de monnaie, Antonella lui serrait nerveusement le poignet.

Sur la table, devant l’homme, de part et d’autre d’un grand registre, gisaient deux curieuses armes de poing que Corson aurait aimé examiner de plus près.

— Et ces navires ? demanda-t-il, désignant la haute mer.

— Ah ça, mon ami, rien à voir avec nous. Chacun mène sa guerre, ici, sans trop s’occuper du voisin. Jusqu’à ce qu’on ait défait son adversaire. Alors, on engage ses survivants et on s’en cherche un autre. Vous-mêmes, vous êtes en déroute, n’est-ce pas ? Jamais vu d’uniformes comme les vôtres.

— Nous ne désirons pas nous engager, dit fermement Corson. Nous voudrions seulement… travailler quelque part.

— Alors je dois tâcher de vous convaincre, mes amis, dit l’homme, car c’est là mon métier et mon intérêt.

Il saisit ses armes et les braqua sur Corson.

— Veuillez m’inscrire ici votre nom avant que je me fâche et vous retienne votre prime.

Corson jeta Antonella à terre. D’un coup de pied, il renversa la table. Mais son adversaire, sur ses gardes, avait bondi en arrière et pressé ses détentes. Une détonation assourdit Corson en même temps qu’il crut recevoir un violent coup de poing sur le bras gauche. Il perçut presque aussitôt une sorte de crachement. L’une des deux armes n’avait pas dû fonctionner normalement.

Corson se lança en avant, dans l’épaisse fumée. L’homme au bicorne avait jeté ses pistolets et s’efforçait de tirer son sabre. Corson fut cette fois plus rapide que lui. Sautant par-dessus la table renversée, il l’atteignit d’un coup de pied au foie et presque simultanément porta une manchette à la tempe. Sans trop de force. Il ne voulait pas tuer. L’homme s’effondra, les mains crispées sur son ventre.

Corson porta sa main droite à son biceps gauche, s’attendant à la retirer pleine de sang. Mais la combinaison avait fait dévier le projectile. Corson faillit se mettre à rire. Il s’en tirerait avec un énorme bleu. Il pivota sur ses talons et son sourire se figea. La détonation avait attiré l’attention, dans le camp. Un petit détachement s’élançait dans leur direction.

Corson remit Antonella sur ses pieds et l’entraîna. Puis il se ravisa, revint en arrière, ramassa le sabre que son adversaire avait laissé tomber et se mit à courir, forçant Antonella à presser l’allure. Ils n’avaient pas le choix de la direction. La seule ouverture les menait à cette cuvette où ils avaient aperçu la forme grotesque que Corson avait prise pour la dépouille d’une baleine.

Détonations. Des projectiles sifflèrent à leurs oreilles. Heureusement leurs poursuivants ne prenaient pas le temps de viser ou cherchaient seulement à les intimider. De toute évidence, ces armes ne possédaient pas de servomire, et lorsque la fusillade s’interrompit, Corson se dit avec étonnement, qu’elles n’étaient pas non plus automatiques et qu’il fallait un certain temps pour les recharger.

Tout essoufflés, ils gravirent le versant extérieur de la cuvette. Ils passèrent la crête. Le creux, un ancien cratère, était beaucoup plus vaste et plus profond que Corson ne s’y était attendu. La baleine était une sphère énorme de tissu caoutchouté. Un filet l’emprisonnait. Elle flottait dans l’air et tirait sur une grosse corde qui l’amarrait à un rocher. Une nacelle d’osier, à demi couchée sur le sol, pendait en dessous. Un homme en pantalon rouge et en vareuse, le chef coiffé d’une sorte de toque, s’affairait à régler toute une robinetterie. Sa peau était du plus beau noir.

Il sourit de toutes ses dents en voyant approcher Antonella et Corson. Son sourire disparut lorsque son regard se porta sur le sabre que Corson tenait à la main. Il esquissa un mouvement vers un fusil, dont le canon dépassait du bord de la nacelle, mais Corson, du plat de son sabre, l’en empêcha.

— Nous sommes poursuivis, dit Corson. Cet appareil peut-il nous emporter tous les trois ?

— Le règlement interdit… commença le Noir.

Il jeta un coup d’œil anxieux à Corson, puis un autre au bord de la cuvette où des têtes coiffées de bicornes commençaient à apparaître. « Je crois qu’on ferait mieux de se tirer », conclut-il.

Il sauta dans la nacelle, imité de Corson et d’Antonella, et entreprit de balancer précipitamment par-dessus bord des sacs de sable. La nacelle quitta le sol et se mit à osciller dangereusement.

— Couchez-vous dans le fond ! cria Corson à Antonella. Puis, voyant que le Noir perdait un temps précieux à s’efforcer de délier le cordage, il donna sur le filin tendu un grand coup de lame. Des torons cédèrent. Un second coup entama l’âme du câble. Une brusque poussée de vent fit le reste. Le ballon, soudain libéré, monta comme une fusée. Des coups de feu claquèrent, mais les balles passèrent trop bas. Le temps que les armes fussent rechargées, les fugitifs avaient pris trop d’altitude pour être atteints par le tir imprécis des sbires de Victor le Barbu.

Corson s’agrippa au bord de la nacelle et se releva. La brutalité du départ l’avait jeté sur le plancher d’osier tressé, qui craquait de façon inquiétante. Il lança un regard au Noir en pantalon rouge qui s’accrochait des deux mains aux suspentes et déposa son sabre au fond de la nacelle. Puis il aida Antonella à se redresser.

— Quel que soit votre camp, dit-il au Noir, je vous remercie de vous être trouvé là. Je me nomme Corson. Je faisais partie de l’équipage du…

Il s’interrompit. Absurde d’évoquer ici l’Archimède, croiseur spatial de ligne engagé dans la guerre entre la Terre et Uria… En vérité, il était un soldat sans armée et sans cause, un soldat perdu. Et n’eût été l’énorme champ de bataille d’Aergistal, il aurait même oublié qu’il avait été soldat.

— Je suis le zouave Touré, dit le Noir. Maréchal des logis et pour le moment aérostier dans un régiment de transmissions. Mon ballon était initialement captif, mais, à la suite d’un tir heureux ou malheureux de l’adversaire, il a cessé de l’être. J’ai aussi un diplôme d’infirmier. Et je…

Il hésita.

— Et… insista Corson, sans brutalité.

— Vos tenues me rappellent quelque chose. Je n’ai pas toujours été aérostier. J’ai été ingénieur. Et pilote d’hélicoptère. C’est d’ailleurs pour ça qu’on m’a confié ce ballon.

Il se mit à rire.

— J’ai dit que je connaissais quelque chose à l’aéronautique. Il me paraissait préférable de me trouver au-dessus de la mêlée. Et vous, de quelle guerre venez-vous ?

Corson hésita à son tour.

— D’une guerre interplanétaire, dit-il au bout d’un moment. Mais je ne suis pas venu directement ici.

— Une guerre interplanétaire, dit Touré, pensif. Alors, vous devez venir d’une époque bien postérieure à la mienne. On commençait tout juste à s’intéresser à l’espace, de mon temps. Je me souviens encore du jour où le premier homme est arrivé sur Mars. Un événement…

Il pointa le menton vers Antonella.

— Et elle ? Elle vient de la même guerre que vous ?

Corson secoua la tête.

— Antonella vient d’une époque pacifique.

Le visage du Noir se ferma.

— Alors, elle ne devrait pas être ici, dit-il catégoriquement.

— Pourquoi ?

— Il n’y a dans cet univers que des guerriers, des soldats, des gens qui ont été déclarés criminels de guerre pour une raison ou pour une autre. Moi, j’ai balancé des roquettes sur un village où il n’y avait que des civils, quelque part en Europe, dans une île qui s’appelait et s’appelle peut-être encore la Sicile. Je ne dis pas que je savais ce que je faisais, mais je ne dis pas non plus que je l’ignorais. C’est ça, la guerre.

Une question traversa l’esprit de Corson.

— Vous parlez pangal. Je croyais que le pangal n’était pas en usage avant la conquête des étoiles.

— Ce n’est pas ma langue maternelle. Je l’ai appris ici. Tout le monde parle pangal en Aergistal, avec quelques variantes.

— Et quelle était votre langue maternelle ?

— Le français.

— Ah bon, dit Corson. Le mot ne lui disait rien.

Son esprit fourmillait d’énigmes. Elles pouvaient attendre. Le ballon avait vogué jusque-là le long du rivage, mais il manifestait une fâcheuse tendance à dériver vers la haute mer. Et l’océan plat, devant eux, s’étendait à l’infini.

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