On raconte qu’en des temps reculés certains avaient le don d’obtenir de la Lumière un pouvoir surhumain, le saidin pour les hommes ou saidar pour les femmes. À ces élus était donné le nom d’Aes Sedai.
En ces temps-là, le Seigneur de l’Ombre voulant imposer sa suprématie au monde entier, les Aes Sedai s’unirent pour le combattre sous la conduite d’un des leurs, surnommé le Dragon. Ils parvinrent à sceller sur le Ténébreux la porte d’un cachot, aux confins des terres du nord dans le Shayol Ghul.
Alors ses amis et alliés prirent leur revanche en provoquant chez leurs vainqueurs une folie meurtrière qui ravagea le monde. Les siècles s’écoulèrent ; les ruines furent en partie relevées. Seules restèrent des femmes élues capables de posséder le don, mais à la puissance limitée, car le saidin leur manquait. Ainsi, famines, guerres ou cataclysmes apparaissaient aux peuples comme l’œuvre des Amis de l’Ombre, des jalons préparant une nouvelle offensive destinée à assurer le triomphe final du Ténébreux.
La légende disait que le Dragon renaîtrait pour délivrer de l’Ombre la terre des hommes. Au fil des ans, de faux Dragons se levèrent, avides de conquêtes, semeurs de mort et de misère. Ainsi devait en aller le monde tant que durerait la rivalité entre l’Ombre et la Lumière.
Au pays des Deux Rivières, on est sceptique devant ce passé tumultueux qui s’estompe en une histoire plus légendaire que véridique. Les ménestrels en colportent encore les épisodes de cité en village ; encore se montrent-ils bien rares dans cette région fort isolée, qui vit au rythme des traditions.
L’hiver n’a pas tout à fait battu en retraite, et les loups rôdent encore, que déjà s’annonce Bel Tine, la fête du premier jour du printemps. Le cœur léger, Rand al’Thor accompagne son père, Tam, qui part livrer au bourg du Champ d’Emond cidre et eau-de-vie promis pour les festivités à l’aubergiste et maire, Maître al’Vere.
Rand, âgé de dix-huit ans, osera-t-il demander une danse à Egwene, fille cadette de Bran al’Vere, sa camarade d’enfance, tout comme l’espiègle Mat Cauthon et le sérieux apprenti forgeron Perrin Aybara ? Un sentiment de malaise interrompt ses réflexions lorsqu’il aperçoit dans la forêt un cavalier en manteau noir qui les suit. Tam regarde à son tour, mais la route est déserte.
S’agit-il d’une illusion ? Pourtant Mat, Perrin, d’autres encore, ont entrevu le cavalier mais, malheureusement, aucun de leurs aînés. Ce souci s’efface à l’arrivée de deux étrangers, la Dame Moiraine accompagnée du guerrier Lan, et du ménestrel Thom Merrilin.
On attend encore Padan Fain le colporteur, avec son arsenal de feux d’artifice, et cette fête de Bel Tine sera la plus belle de mémoire d’homme. Mais Fain apporte aussi la nouvelle d’une guerre dans le Ghealdan, causée par l’apparition d’un Dragon réincarné. Le bourg entre en effervescence, et Tam et Rand décident de s’en retourner à la ferme, abrégeant les réjouissances de circonstance en cette dernière Nuit de l’Hiver.
Dans la nuit, des Trollocs, géants mi-hommes mi-bêtes, attaquent la ferme. Rand en tue un avec l’épée de Tam, qui porte la marque du héron, celle d’un maître ès armes. Rand emporte son père, blessé, à travers la forêt où ils évitent un Myrddraal à la tête d’une colonne de Trollocs. Arrivé au bourg, Rand tente de faire soigner Tam par Nynaeve, la « Sagesse » du village, mais la blessure dépasse sa science et Moiraine devra s’en charger.
Moiraine est une Aes Sedai. Elle guérit Tam et convainc Rand que c’est lui, ainsi que ses amis d’enfance Mat Cauthon et l’apprenti-forgeron Perrin Aybara, que cherche le cavalier sans visage au manteau noir. L’unique moyen de sauver leur bourg natal de la destruction est de fuir à Tar Valon, la cité forte des Aes Sedai, seules capables de s’opposer aux séides du Ténébreux.
Grâce à Moiraine et à ses pouvoirs, le groupe surmonte danger après danger, franchit en bac la rivière Taren, sort indemne de la ville de Baerlon, patrouillée par les fanatiques Enfants de la Lumière, puis se réfugie pour une nuit dans la cité maudite de Shadar Logoth où la moindre pierre renferme les germes du mal. Malgré les recommandations de Moiraine, Mat y subtilise un poignard orné de rubis. Alors surviennent des Trollocs.
Poursuivis par ces géants cruels, harcelés par les maléfices de Mashadar, le Mal incarné, les compagnons se dispersent à la hâte. Thom, Rand et Mat parviennent à fuir en bateau sur l’Arinelle. Moiraine et Lan sont rejoints par Nynaeve, décidée à ramener au Champ d’Emond les trois jeunes dont elle estime, en tant que « Sagesse », avoir la garde. Egwene et Perrin, eux, traversent l’Arinelle à la nage, puis errent dans ce qu’ils pensent être la direction de Caemlyn, capitale du Royaume d’Andor et étape sur la route de Tar Valon. Ils croisent heureusement le chemin d’Élyas Mâchera, l’Homme aux Loups, qui offre de leur servir de guide avec sa meute. Tous savent qu’ils ont une chance de se retrouver à Caemlyn.
Au port fluvial de Pont-Blanc survient un Myrddraal, toujours sur la piste de ses proies. Thom Merrilin se sacrifie pour que Rand et Mat puissent lui échapper et continuer vers Caemlyn. Pendant ce temps, Perrin et Egwene ont fait la connaissance des Tuatha’ans, qu’on appelle le Peuple Voyageur. Et Moiraine tente toujours de les rattraper.
À Pont-Blanc, Moiraine et ses compagnons découvrent des traces du Ténébreux : incendies et rixes font peser une atmosphère lourde sur la ville. De leur côté, Élyas, Perrin et Egwene sont pourchassés par une nuée de corbeaux noirs, serviteurs du Ténébreux. Ils leur échappent en se réfugiant dans un stedding, village d’Ogiers, géants bâtisseurs et planteurs de forêts. Perrin se découvre la faculté de communiquer avec les loups. Les Enfants de la Lumière capturent Perrin et Egwene, qu’ils prennent pour des Amis de l’Ombre et veulent emmener à Amador, place forte des Blancs Manteaux, pour les juger.
Sur la route de Caemlyn, Rand et Mat vont de ferme en village, gagnant leur pain en jouant de la musique dans les auberges. À trois reprises, les serviteurs de l’Ombre tentent de s’emparer d’eux mais échouent. Ba’alzamon le Ténébreux apparaît dans leurs cauchemars et tente de les soumettre à sa volonté. L’épée ornée du héron que porte Rand attire convoitises et curiosité, et ce n’est qu’arrivés à Caemlyn, cité grandiose bâtie par les Ogiers, qu’ils peuvent trouver un répit en se fondant dans la foule nombreuse qui vient voir le « faux Dragon », un nommé Logain.
À l’auberge de Maître Gill, la Bénédiction de la Reine, où Thom Merrilin leur avait fixé rendez-vous, Rand et Mat apprennent que la Reine Morgase soutient les Aes Sedai et en a une pour conseillère, Élaida, de l’Ajah Rouge. Cela provoque des antagonismes au sein de son royaume, en particulier avec les Enfants de la Lumière, farouchement opposés aux Aes Sedai. Rand fait la connaissance de Loial, un Ogier haut de trois mètres qu’il prend d’abord pour un Trolloc. Loial a quitté son stedding pour voir le monde. Grand connaisseur du passé, il déclare à Rand que celui-ci est Ta’veren, un personnage essentiel du Dessin des Ères, comme le furent avant lui Lews Therin Telamon, dit le Dragon, ou Artur Aile-de-Faucon. Moiraine, Lan et Nynaeve arrivent près du camp des Enfants de la Lumière et Lan fait évader Perrin et Egwene.
À Caemlyn, la tension monte. Un mystérieux mendiant cherche à contacter Rand et Mat. Rand grimpe sur les remparts du palais pour apercevoir Logain, le « faux Dragon », prisonnier et en cage, que des Gardes de la Reine et des Liges emmènent auprès de Morgase. Il tombe de son perchoir et choit dans le jardin de la Reine, où il est recueilli par la princesse Élayne et son frère Gawyn. Le prince Galad, aîné des enfants royaux, survient et veut le livrer aux gardes mais Élayne insiste pour accompagner Rand auprès de la Reine. Le fait que Rand soit un berger des Deux-Rivières intrigue la Reine Morgase et alarme Élaida, l’Aes Sedai. Celle-ci proclame que la souffrance et la division vont s’abattre sur le monde et que Rand sera au cœur de cette épreuve. Il constitue, dit-elle, un danger terrible, mais la Reine le libère néanmoins, au nom de la justice.
De retour à l’auberge, Rand raconte sa mésaventure à Loial. Moiraine et ses compagnons surviennent. Mat, qui est possédé par le mal dont est imprégné le poignard volé à Shadar Logoth, tente de tuer Moiraine. Maîtrisé, il est à demi guéri de son envoûtement par l’Aes Sedai.
Les Trollocs et les Évanescents s’assemblent aux portes de Caemlyn avec l’intention d’entrer dans la ville à la recherche de Rand. Moiraine annonce qu’il faut aller à Fal Dara, près de l’Œil du Monde « qui a été créé en vue de la plus grande nécessité que le monde aura à affronter ». Ils devront passer par les Voies. Les Voies sont des chemins secrets hors du temps qui autrefois furent offerts aux Ogiers par les Aes Sedai. Mais le saidin, le pouvoir qui servit à créer les Voies, ayant été contaminé par le Ténébreux, elles sont dangereuses à utiliser. Il n’y a pourtant pas d’autre choix, car Moiraine déclare que Rand, Mat et Perrin sont tous Ta’veren et doivent se rendre au plus vite auprès de l’Œil du Monde. Leur première étape sera la cité forte de Fal Dara.
Les compagnons, guidés par Loial, passent par une porte secrète souterraine d’une maison de Caemlyn et pénètrent ainsi dans les Voies. Ils franchissent plusieurs ponts et évitent des Trollocs ainsi que la menace invisible du Vent Noir. Ils ressortent au Shienar, à la frontière de la Grande Désolation. À Fal Dara, le Seigneur Agelmar les accueille dans sa forteresse. Tandis que le groupe se rend auprès de l’Œil du Monde, Agelmar part livrer une grande bataille aux Demi-Hommes et aux Trollocs à la Brèche de Tarwin. Un étrange prisonnier a été capturé à Fal Dara, en qui Rand reconnaît le mendiant de Caemlyn, et le colporteur Padan Fain, qui se révèle un limier du Ténébreux dont la mission est de traquer Rand.
Les compagnons se mettent en route vers l’Œil du Monde, à travers la Grande Dévastation, échappant de peu aux créatures horribles qui y rôdent. Ils parviennent au domaine de l’Homme Vert, créature de légende faite de matière végétale, qui les guide vers leur but.
Au bord de la surface limpide de l’Œil du Monde, source de saidin, Rand et ses amis sont confrontés à deux des Réprouvés, ces paladins de l’Ombre emmurés avec le Ténébreux, nommés Aginor et Balthamel, qui les attaquent aussitôt. L’Homme Vert tente de s’interposer, et Balthamel et lui s’entre-tuent. Rand fait appel à la Lumière pour anéantir Aginor. Il se retrouve soudain au-dessus du champ de bataille où s’affrontent l’armée d’Agelmar et celle des Trollocs, face à Ba’alzamon, qui tente de le soumettre. Appelant à son aide la Lumière, Rand provoque la mort de ce qu’il croit être le Ténébreux.
Ses compagnons ont récupéré au fond de l’Œil du Monde la bannière de Lews Therin, le Dragon, ainsi qu’un coffret qui renferme le Cor de Valère, instrument magique dont le son doit, d’après les légendes, appeler hors de la tombe les héros du passé.
Moraine, blessée, doit se reposer à Fal Dara avant de regagner Tar Valon avec Mat, pour achever de l’arracher à l’emprise du mal de Shadar Logoth, ainsi que Nynaeve et Egwene, les deux jeunes femmes qui veulent devenir Aes Sedai. Quant à Rand, Ta’veren se découvrant avec un pouvoir capable de tout anéantir, il songe à fuir loin de ceux qu’il aime.