Holden se figea et regarda le sang s’échapper du cou de Shed pour ensuite être aspiré comme de la fumée dans un ventilateur d’échappement. Les sons du combat diminuèrent à mesure que l’air s’échappait de la pièce. Ses tympans vibrèrent puis une douleur aiguë les assaillit, comme si quelqu’un les perçait avec des pics à glace. Tout en se démenant pour ouvrir son harnais de sécurité, il regarda en direction d’Alex. Le pilote criait quelque chose, mais le son ne portait pas dans l’air raréfié. Naomi et Amos avaient déjà quitté leurs sièges anti-crash, donné une poussée du pied et ils volaient à travers la pièce vers les deux trous. Amos avait un plateau-repas en plastique dans les mains, Naomi un classeur blanc grand format. Holden les regarda fixement pendant une demi-seconde avant de comprendre. Le monde autour de lui se rétrécit, sa vision périphérique s’obscurcit et se piqueta d’étoiles.
Quand enfin il se fut libéré de ses sangles, Amos et Naomi avaient déjà recouvert les trous avec leurs rustines improvisées. La pièce était emplie d’un sifflement strident tandis que l’air cherchait à sortir malgré ces bouche-trous imparfaits. La vision d’Holden revint progressivement à la normale avec l’élévation de la pression atmosphérique. Il haletait et avait du mal à retrouver son souffle. Quelqu’un remonta lentement le volume sonore environnant, et les cris de Naomi devinrent audibles :
— Jim ! Le casier d’urgence !
Elle désignait le petit panneau rouge et jaune sur la cloison près de son siège anti-crash. L’expérience acquise durant des années à bord se fraya un chemin malgré la dépressurisation et l’anoxie, et il arracha l’attache de fermeture et ouvrit le compartiment. À l’intérieur se trouvait le kit d’aide de premiers secours marqué du vieux symbole de la croix rouge, une demi-douzaine de masques à oxygène, et un sac scellé contenant des disques de plastique rigide attachés à un pistolet à colle. Il prit le tout.
— Seulement le pistolet, lui cria Naomi.
Il n’aurait pu dire si sa voix lui paraissait lointaine à cause de l’air raréfié ou à cause de ses tympans abîmés par la baisse de pression.
Il tira le pistolet du sac et le lui lança. Elle étala immédiatement un filet de colle d’obturation sur le pourtour de son classeur. Puis elle projeta le pistolet vers Amos, lequel le saisit avec aisance et appliqua le même traitement autour du plateau-repas. Le sifflement cessa, pour être remplacé par celui, plus discret, du système atmosphérique qui travaillait à rétablir la pression ambiante. Quinze secondes.
Tout le monde se tourna vers Shed. Sans l’effet induit par le vide, son sang se déversait à l’extérieur en une sphère rouge en flottaison juste au-dessus de son cou, pareille à une ébauche hideuse de bande dessinée remplaçant sa tête.
— Bordel de merde, chef, dit Amos en se détournant de l’infirmière pour fixer Naomi. Qu’est-ce que…
Il ferma les mâchoires avec un claquement sec et secoua la tête.
— Projectile magnétique, dit Alex. Ces vaisseaux ont des canons électromagnétiques.
— Des appareils de la Ceinture avec des canons électromagnétiques ? répliqua Amos. Ils se sont constitué une putain de flotte et personne ne m’en a rien dit ?
— Jim, la coursive à l’extérieur et la cabine de l’autre côté sont toutes les deux dans le vide, fit Naomi. L’intégrité de la navette est compromise.
Holden allait répondre quand il remarqua le dossier que Naomi avait fixé sur la brèche. La couverture blanche était frappée de la mention FRM – PROCÉDURES D’URGENCE. Il dut réprimer un rire qui aurait certainement très vite tourné à l’hystérie.
— Jim ? fit Naomi, d’un ton inquiet.
— C’est bon, Naomi, affirma-t-il, et il prit le temps d’une profonde inspiration. Combien de temps tiendront ces rustines ?
Elle eut un mouvement des mains signifiant qu’elle n’en savait trop rien, puis entreprit de ramener sa chevelure en arrière et de l’attacher avec un élastique rouge.
— Plus longtemps que nous n’aurons de l’air. Si tout ce qui est autour de nous se trouve dans le vide, ça signifie que cette cabine est alimentée uniquement par les bonbonnes d’urgence. Pas de recyclage. J’ignore quelles réserves sont allouées à ce genre d’espace, mais ça n’excédera sûrement pas deux ou trois heures.
— Ça nous ferait presque regretter de ne pas avoir enfilé ces putains de combinaisons, hein ? lâcha Amos.
— Ça n’aurait rien changé, répondit Alex. Nous serions venus ici en combinaison, ils nous les auraient retirées.
— On aurait pu essayer, argumenta Amos.
— Bah, si tu veux remonter le temps et faire différemment, ne te gêne pas.
— Eh ! dit Naomi sèchement, mais elle n’ajouta rien d’autre.
Personne ne parlait de Shed. Ils faisaient leur possible pour ne pas poser les yeux sur le corps. Holden se racla la gorge pour attirer l’attention de tous, puis il flotta jusqu’au siège de Shed, ce qui poussa les autres à regarder dans cette direction. Il s’immobilisa un instant, laissant tout le monde bien voir le cadavre décapité, puis il tira une couverture du compartiment situé sous le siège et en enveloppa le corps en le maintenant avec les sangles du harnais.
— Shed a été tuée. Nous sommes en grand danger. Nous disputer ne prolongera pas d’une seule seconde notre espérance de vie, dit-il en dévisageant chacun un par un. Qu’est-ce qui pourrait améliorer nos chances ?
Personne ne répondit. Holden se tourna vers Naomi.
— Qu’est-ce que nous pouvons faire immédiatement qui augmentera nos chances de survie ? insista-t-il.
— Je vais voir si je peux atteindre la réserve d’air d’urgence. Cette pièce est conçue pour accueillir six personnes, et nous ne sommes que… que quatre. Je vais peut-être réussir à réduire le débit pour en allonger la durée.
— Bien. Merci. Alex ?
— S’il y a d’autres personnes que nous, elles vont chercher les survivants. Je vais cogner contre la cloison. Ils n’entendront rien dans le vide, mais s’il y a d’autres cabines avec de l’air, le son se propagera dans le métal.
— Bonne idée. Je refuse de croire que nous soyons les seuls survivants sur ce vaisseau, dit Holden avant de s’adresser au mécanicien : Amos ?
— Laissez-moi vérifier le panneau comm. Je pourrai peut-être contacter la passerelle, ou le centre de contrôle des avaries, ou… bordel, quelqu’un.
— Merci. J’aimerais beaucoup faire savoir à l’extérieur que nous sommes toujours là, dit Holden.
Chacun se mit au travail tandis qu’il restait à flotter auprès de Shed. Naomi entreprit d’ouvrir les panneaux d’accès dans les cloisons. Mains pressées contre un siège pour prendre appui, Alex s’étendit sur le plancher et se mit à donner des coups de pied dans la cloison. À chaque impact de ses bottes, la pièce vibrait légèrement. Amos sortit un outil multifonction de sa poche et commença à démonter le panneau comm.
Quand il fut sûr que tous étaient occupés, Holden posa une main sur l’épaule de Shed, juste sous la tache de sang de plus en plus large qui imbibait la couverture.
— Je suis désolé, murmura-t-il au cadavre.
Ses yeux le brûlaient, et il les pressa avec l’articulation de ses pouces.
L’unité comm pendait au bout de ses fils quand elle bourdonna une fois, bruyamment. Amos poussa une exclamation et donna une poussée assez forte pour l’envoyer planer à travers la pièce. Holden le stoppa et se fit mal à l’épaule en essayant d’arrêter l’élan du mécano terrien de cent vingt kilos. La comm résonna une nouvelle fois. Holden lâcha Amos et se dirigea vers le panneau. Un affichage jaune brillait à côté du bouton blanc de l’unité. Il enfonça la touche. Le système émit un crachotement et la voix du lieutenant Kelly retentit :
— Éloignez-vous du sas, nous entrons.
— Agrippez quelque chose ! cria Holden aux autres, et lui-même saisit une sangle d’un des sièges qu’il enroula autour de sa main et de son avant-bras.
Quand le sas s’ouvrit, il crut que tout l’air allait être violemment aspiré hors de la pièce. Il y eut simplement un craquement sonore, et la pression baissa un peu pendant une seconde. Dans le conduit à l’extérieur, d’épaisses feuilles de plastique avaient été appliquées contre les parois, créant un sas adapté aux circonstances. Les cloisons de la nouvelle chambre tendaient dangereusement vers l’extérieur à cause de la pression d’air, mais elles tenaient bon. Le lieutenant Kelly et trois de ses Marines en combinaison de combat pressurisée exhibaient un armement suffisant pour mater quelques conflits mineurs.
Ils se déployèrent rapidement dans la cabine, l’arme prête, et refermèrent le sas. L’un d’eux lança un sac volumineux en direction d’Holden.
— Cinq combis. Enfilez-les, ordonna Kelly.
Son regard s’attarda sur la couverture ensanglantée recouvrant Shed, puis sur les deux rustines improvisées.
— Des pertes ?
— Notre toubib, Shed Garvey, répondit Holden.
— Ouais, quelle importance, hein ! dit Amos d’une voix forte. Qui c’est, les enfoirés dehors qui canardent votre vaisseau ?
Naomi et Alex restèrent silencieux mais sortirent les combinaisons du sac et les distribuèrent.
— Je ne sais pas, répondit le lieutenant. Mais nous quittons les lieux immédiatement. J’ai reçu l’ordre de vous conduire sur un appareil de secours. Nous disposons de moins de dix minutes pour atteindre le hangar, prendre possession d’un vaisseau et nous éloigner de la zone de combat. Dépêchez-vous de vous habiller.
Holden passa sa combinaison tout en réfléchissant aux implications qu’entraînait cette évacuation d’urgence.
— Lieutenant, est-ce que le Donnager est en perdition ?
— Pas encore. Mais nous avons subi un abordage.
— Alors pourquoi partez-vous ?
— Nous sommes en train de perdre.
Kelly ne tapa pas du pied d’impatience pendant qu’ils vérifiaient l’hermétisme de leurs combinaisons, mais c’était seulement parce que les Marines avaient enclenché leurs semelles magnétiques, Holden l’aurait parié. Dès que tous eurent signalé être prêts, le lieutenant effectua un rapide contrôle de la liaison radio entre eux, puis il les précéda dans le conduit. Avec huit personnes à l’intérieur, dont quatre en combinaison renforcée de combat, le mini-sas était plutôt exigu. Kelly tira un poignard d’un étui de poitrine et éventra la barrière de plastique d’un coup rapide. Derrière eux l’écoutille se referma brutalement, et l’air dans le conduit s’évanouit dans un froissement muet de feuilles de plastique. Kelly fonça en avant, les autres derrière lui.
— Nous nous dirigeons le plus vite possible vers les ascenseurs, dit le lieutenant par le système radio. Ils sont bloqués à cause de l’alarme déclenchée lors de l’abordage, mais on peut forcer les portes d’un d’entre eux, et nous descendrons en flottant dans la cage pour rejoindre le hangar. Si vous apercevez des intrus, ne ralentissez pas. Nous nous en occuperons. Continuez d’avancer sans jamais vous arrêter. Compris ?
— Compris, lieutenant, dit Holden. Pourquoi vous ont-ils abordés ?
— Le centre de commande et d’information, expliqua Alex. C’est le Saint-Graal. Les codes, les procédures de déploiement, l’unité centrale informatique, la totale. Investir le CCI d’un navire amiral, c’est le rêve érotique de tout stratège.
— Assez de bavardage, dit Kelly.
— Ce qui signifie qu’ils vont faire sauter le centre plutôt que laisser ça arriver, non ? demanda Holden sans tenir compte du lieutenant.
— Ouais, répondit Alex. Procédure standard en cas d’abordage. Les Marines tiennent la passerelle, le CCI, la salle des moteurs. Si l’un de ces trois points stratégiques passe aux mains de l’ennemi, les deux autres sont détruits. Et le vaisseau se transforme en une jolie étoile pendant quelques secondes.
— Procédure standard, gronda Kelly. Vous parlez de mes amis.
— Désolé, lieutenant, dit Alex. J’ai servi sur le Bandon. Ne croyez pas que je prends la situation à la légère.
Ils tournèrent à un coude de la coursive et les ascenseurs leur apparurent, au nombre de huit et tous verrouillés. Les lourdes portes pressurisées s’étaient refermées dès la première brèche dans la coque du navire.
— Gomez, la dérivation, dit Kelly. Mole, Dookie, surveillez ces coursives.
Deux des Marines se mirent en position pour couvrir les accès. Le troisième s’approcha des portes d’un ascenseur et entreprit une opération complexe sur le panneau de contrôle. Holden fit signe à son équipage de se placer contre la cloison, à l’abri de tirs éventuels. Sous ses pieds, le pont vibrait doucement par intermittence. Les vaisseaux ennemis ne devaient plus tirer, maintenant que leurs unités d’attaque étaient à bord. Il s’agissait sans doute de tirs d’armes de petit calibre et d’explosions légères. Mais tandis qu’ils se tenaient là, immobiles dans le calme parfait du vide, tout ce qui arrivait prenait un caractère distant, irréel. Holden dut admettre que son esprit ne fonctionnait pas comme il aurait dû. Réaction au traumatisme. La destruction du Canterbury, la mort d’Ade et de McDowell. Et maintenant Shed. C’était trop pour lui. Il lui semblait s’éloigner de plus en plus de ce qui se passait autour de lui.
Il se tourna vers Naomi, Alex et Amos. Son équipage. Ils lui rendirent son regard. Leurs visages étaient livides et fantomatiques dans l’éclairage intérieur verdâtre derrière la visière. Gomez leva un poing en signe de victoire quand les battants extérieurs pressurisés s’ouvrirent, révélant la double porte de l’ascenseur. Kelly fit signe à ses hommes.
Celui nommé Mole fit demi-tour et il commençait à marcher vers l’ascenseur quand son visage se désintégra en un jet de morceaux de verre et de sang de la taille de petits galets. Son torse et la paroi de la coursive derrière lui s’évanouirent en une centaine de petites détonations accompagnées de bouffées de fumée. Son corps tressauta et oscilla sur place, rivé au planché par les semelles magnétiques de ses bottes.
L’impression d’irréalité qui habitait Holden fut balayée par l’adrénaline. Les tirs rapides déchiquetant la paroi et le corps du Marine provenaient de projectiles explosifs. Les cris des autres Marines et de l’équipage d’Holden saturèrent aussitôt le canal comm. Sur sa gauche, il vit Gomez qui ouvrait les portes de l’ascenseur, révélant le vide du puits au-delà.
— À l’intérieur ! beugla Kelly. Tout le monde à l’intérieur !
Holden resta en arrière et poussa Naomi puis Alex dans la cage d’ascenseur. Le dernier Marine – celui que le lieutenant avait appelé Dookie – cala son arme sur le tir automatique et arrosa une cible qu’Holden ne pouvait voir, après le coude de la coursive. Quand son arme fut vide, il mit un genou au sol et éjecta le chargeur dans le même temps. Presque trop vite pour qu’Holden suive le mouvement des yeux, il décrocha un chargeur plein de son harnais et l’enclencha. Moins de deux secondes après avoir été à court de munitions, il s’était remis à tirer.
Naomi cria à Holden de les rejoindre dans la cage d’ascenseur, et soudain une poigne de fer agrippa son épaule, l’arracha du sol malgré ses bottes magnétiques et le précipita dans le puits sombre.
— Vous vous ferez tuer quand vous aurez un autre baby-sitter que moi, aboya le lieutenant.
Ils descendirent en rebondissant contre les parois en direction de l’arrière du vaisseau. Holden ne cessait de regarder en arrière les portes ouvertes qui s’éloignaient de plus en plus.
— Dookie ne nous suit pas, remarqua-t-il.
— Il couvre nos arrières, répliqua Kelly.
— Alors autant nous magner, ajouta Gomez. Que ça veuille dire quelque chose.
En tête du groupe, le lieutenant saisit un barreau scellé dans la paroi du puits et s’arrêta brusquement. Les autres l’imitèrent.
— Notre accès est ici. Gomez, vérification. Holden, voilà le plan : nous allons prendre une des corvettes dans le hangar.
L’idée parut sensée à Holden. Un appareil de classe corvette était une frégate légère. Vaisseau d’escorte dans la Flotte, c’était l’unité la plus petite équipée d’un propulseur Epstein. Elle serait assez rapide pour rejoindre n’importe quel point du système solaire et distancer la plupart des menaces. Son rôle secondaire étant celui d’un torpilleur, elle aurait donc de quoi se défendre. Holden acquiesça dans son casque à l’adresse de Kelly et lui fit signe de continuer. Le lieutenant attendit que Gomez ait fini d’ouvrir les portes de l’ascenseur et qu’il soit passé dans le hangar.
— Bon, j’ai la carte et le code d’activation qui nous permettront d’entrer dans la corvette et de la mettre en marche. Je vais m’élancer droit sur elle, alors vous avez intérêt à tous me coller aux fesses. Vérifiez que vos semelles magnétiques sont désactivées. Nous allons donner une poussée sur la paroi et voler jusqu’à l’appareil. Visez juste, ou vous raterez la balade. Tout le monde est avec moi ?
Réponses affirmatives de tous.
— Remarquable. Gomez, c’est comment, dehors ?
— Mauvaise nouvelle, lieutenant : une demi-douzaine d’intrus surveillent les appareils dans le hangar. Ils sont lourdement armés, avec tout l’équipement pour manœuvrer par zéro g. Du costaud, répondit le marine à voix basse.
Les gens murmuraient toujours quand ils se cachaient. Enveloppé dans sa combinaison pressurisée et entouré par le vide, Gomez aurait pu allumer un feu d’artifice à l’intérieur de sa tenue sans que personne n’entende rien, mais il murmurait.
— Nous fonçons jusqu’à l’appareil et nous tirons pour nous ouvrir un passage, décida Kelly. Gomez, j’amène les civils dans dix secondes. Tir de couverture. Balancez les dragées en vous déplaçant. Essayez de leur faire croire que vous êtes un petit commando à vous tout seul.
— Vous m’avez appelé “petit”, monsieur ? répondit le marine. J’ai déjà six futurs trous-du-cul morts dans le viseur.
Holden, Amos, Alex et Naomi suivirent Kelly hors de la cage d’ascenseur et dans le hangar. Ils firent halte derrière un tas de caisses peintes d’un vert militaire. Holden risqua un coup d’œil par-dessus et repéra instantanément les intrus. Deux groupes de trois, un grimpé sur le Knight, l’autre sur le pont en dessous de la navette. Ils portaient tous des tenues noir terne. Holden n’en avait encore jamais vu de semblables.
Kelly pointa un doigt sur eux et tourna la tête vers Holden. Celui-ci acquiesça. Le lieutenant désigna alors une frégate noire trapue, à environ vingt-cinq mètres, à mi-chemin entre leur groupe et le Knight. Il leva une main doigts ouverts, qu’il replia un à un pour le compte à rebours. À deux, la pièce fut envahie d’un déluge lumineux digne d’une discothèque : Gomez venait d’ouvrir le feu à dix mètres d’eux. Sa première salve abattit deux intrus juchés sur le sommet de la navette qui chutèrent rudement au sol. Un battement de cœur plus tard, une autre rafale était tirée à cinq mètres de l’endroit où Holden avait vu la première. Il aurait pu jurer qu’il y avait deux Marines en action.
Kelly replia le dernier doigt de sa main, planta fermement ses pieds contre le mur et donna une poussée violente orientée vers la corvette. Holden attendit qu’Alex, Amos et Naomi aient fait de même. Quand enfin il se mit en mouvement Gomez arrosait l’ennemi d’une position différente des deux premières. Au niveau du pont, un des intrus pointa vers ce tireur une arme de gros calibre. Gomez et la caisse derrière laquelle il s’abritait disparurent dans un geyser de débris et de flammes.
Ils avaient presque atteint la corvette et Holden commençait à y croire lorsqu’un trait de fumée stria le hangar pour croiser la trajectoire de Kelly. Le lieutenant fut pulvérisé dans un éclair éblouissant.