Les noms des canaux

Laestrygon, Antaeus, Cimmeria, Hyblaeus, Scamander, Pandoraea, Fretum, Hiddekel. Phison, Protonius, Python, Argaeus.

Des noms presque uniquement grecs, latins et hébreux. Certains traduisent des caractéristiques réelles, visibles de la Terre à l’aide de télescopes primitifs : les grands volcans, Hellas et Argyre, les grands canyons, le sol sombre de Syrtis, les calottes polaires mouvantes.

Idalius, Heliconius, Oxus, Hydroates.

Mais les lignes. Les lignes qui reliaient tout. Même à l’époque, on savait que des lignes illusoires apparaissaient entre les taches sombres vues au télescope. C’était un problème d’optique, de vision. Pour qu’on puisse voir une ligne sur Mars, à l’aide d’un de ces télescopes, il aurait fallu qu’elle ait une largeur minimale d’une centaine de kilomètres, on le savait déjà à l’époque. Et pourtant, ces noms. Nous voulons de la vie. Nous voulons vivre.

Cadmus, Érigone, Hebrus, Ilisus.

Si stupide. Mais moi aussi je vis sur un monde que j’aime.

Pyriphlegeton, Memnonia, Eumenides, Ortygia.

Je vis sur le fond plat d’une grande vallée, entre des montagnes visibles presque tous les jours, de chaque côté, une petite, tout près, à l’ouest, une grande, plus loin, à l’est. Une vallée, à perte de vue, du nord au sud. Une vallée aussi large qu’un canal martien.

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