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Lorsque Everard ressortit, Pum l’attendait, bien entendu. Le garçon courut à sa rencontre.

« Où mon glorieux maître souhaite-t-il aller aujourd’hui ? roucoula-t-il. Son serviteur l’y conduira avec joie. Peut-être désire-t-il rendre visite à Conor, le facteur d’ambre.

— Hein ? » Le Patrouilleur ouvrit de grands yeux étonnés. « Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de rencontrer cette personne ? »

Pum lui adressa un regard dont la déférence ne parvenait pas à dissimuler la vivacité. « Mon seigneur n’a-t-il pas déclaré que telle était son intention lorsqu’il se trouvait à bord du navire de Mago ?

— Comment le sais-tu ? demanda sèchement Everard.

— Eh bien, j’ai cherché des membres de son équipage, j’ai engagé la conversation avec eux et j’ai fait appel à leurs souvenirs. Non que ton humble serviteur veuille se mêler de ce qu’il n’est pas censé savoir. Si j’ai commis quelque transgression, je me prosterne devant toi et implore ton pardon. Mon seul but était d’en apprendre davantage sur les projets de mon maître afin de faire de mon mieux pour en favoriser l’avancement. » Pum conclut cette tirade par un sourire positivement insolent.

« Oh ! je vois. » Everard tira sur sa moustache et jeta un regard autour de lui. Personne à portée de voix. « Eh bien, sache que cette histoire n’était qu’un leurre. Les affaires qui m’amènent ici sont d’une tout autre nature. » Ce que tu as sûrement deviné, vu mon empressement à venir chez Zakarbaal, plus le fait que j’ai logé chez lui. Ce n’était pas la première fois, loin de là, qu’il constatait que les hommes et les femmes de son passé pouvaient être aussi intelligents que ses contemporains, voire que leurs descendants.

« Ah ! des affaires de la plus haute importance, assurément. Les lèvres de ton serviteur sont scellées, ô maître.

— Mes intentions n’ont rien d’hostile, je tiens à ce que tu le comprennes. Sidon est l’amie de Tyr. Disons que je participe à un effort destiné à promouvoir une entreprise d’envergure.

— Accroître les échanges commerciaux avec le peuple de mon maître ? Ah ! mais, dans ce cas, tu souhaites sûrement rencontrer ton compatriote Conor, non ?

— Non ! » Everard se rendit compte qu’il venait de crier. Il maîtrisa son irritation. « Conor n’est pas mon compatriote, pas de la façon dont Mago est le tien. Mon peuple n’a pas vraiment de patrie. En outre, il est peu probable que Conor et moi parlions le même langage. »

Très peu probable, en effet. Everard avait dû assimiler bien trop d’informations sur la Phénicie pour s’encombrer l’esprit de matières celtiques. L’instructeur électronique s’était contenté de lui inculquer les notions nécessaires pour passer pour un Celte dans un milieu qui ignorait presque tout de ce peuple – du moins l’espérait-il.

« Pour aujourd’hui, reprit-il, j’ai seulement l’intention de me promener dans la cité, pendant que Zakarbaal s’emploie à m’obtenir une audience avec le roi. » Sourire. « Et pourquoi ne m’en remettrais-je pas à toi, mon garçon ? »

Pum eut un rire cristallin. Il tapa dans ses mains. « Ah ! que mon seigneur est sage ! Quand le soir tombera, il reconnaîtra sans peine que je l’ai conduit aux plaisirs et, oui, au savoir qu’il recherchait dans ces murs, et peut-être que... que, dans sa magnanimité, il daignera consentir quelque largesse à son guide. »

Everard sourit de toutes ses dents. « Eh bien, en avant pour la visite guidée. »

Pum mima la timidité. « Pourrions-nous commencer par gagner la rue des Tailleurs ? Hier, j’ai pris la liberté de me commander une nouvelle tenue, qui devrait être prête à présent. Une dépense considérable pour un jeune nécessiteux comme moi, en dépit de la munificence dont témoigne son maître, car la rapidité d’exécution s’ajoute à la qualité du matériau. Mais il n’est pas convenable que le serviteur d’un aussi grand maître soit vêtu de guenilles comme celles-ci. »

Everard poussa un gémissement, quoiqu’il n’eût pas besoin de regarder à la dépense. « Je vois. Och ! je vois même très clair. Que tu en sois réduit à acheter toi-même ta vêture, voilà qui est une offense à ma dignité. Eh bien, allons-y, et c’est moi qui délierai ma bourse pour que tu sois paré des plus beaux atours qui soient. »

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