27.

Jason prit le micro et appuya sur l’interrupteur. Il se demandait ce qu’il fallait dire. Existait-il des conventions pour les conversations par radio ? Si oui, il ne les connaissait pas.

Il dit :

— Ici Jason Whitney, de la planète Terre. Êtes-vous toujours là ?

Il attendit et, après un silence, une voix répondit :

— Jason qui ? Déclinez votre identité, s’il vous plaît.

— Jason Whitney.

— Whitney. Êtes-vous un être humain, ou bien un autre robot ?

— Je suis humain, dit Jason.

— Avez-vous qualité pour parler ?

— Je suis le seul qui puisse le faire. Je suis le seul être humain ici.

— Le seul…

— Il y a d’autres humains. Guère nombreux. Nous sommes peu. Pour l’instant, les autres ne sont pas ici.

La voix était étonnée, mais elle dit :

— Oui, nous comprenons. On nous a dit qu’il y avait peu d’humains. Quelques hommes seulement et quelques robots.

Jason retint son souffle, réprimant les questions qui lui montaient aux lèvres. Comment saviez-vous ? Qui vous a dit qu’il y avait des humains ? Certainement pas, John. Et si qui que ce soit de ceux qui se trouvaient dans les étoiles avait trouvé les Autres, il se serait dépêché d’apporter la nouvelle sur Terre aussi vite que possible, exactement comme John l’avait fait. Personne n’aurait trouvé les Autres, n’aurait parlé avec eux avec insouciance, sans venir rapporter la nouvelle à la Terre.

Devait-il leur laisser savoir que leur venue était attendue ? se demanda-t-il. Quelque chose comme : « Comment se fait-il que cela vous ait pris si longtemps, nous vous attendions bien plus tôt ? » Cela les surprendrait, exactement comme il avait été surpris. Mais il contint son désir, il ne pouvait rien leur dire maintenant. Cela pouvait être un avantage pour la Terre s’ils ne savaient pas.

— Nous ne nous attendions pas à trouver un faisceau directionnel, ni une radio, dit la voix. Évidemment, une fois que nous avons trouvé le faisceau…

— Nos robots utilisent la radio pour communiquer, dit Jason.

— Mais, le faisceau…

— Je ne vois pas pourquoi nous discuterions, dit doucement Jason. D’autant plus que je n’ai aucune idée de qui vous êtes.

— Mais, le faisceau…

— Juste au cas où quelqu’un nous rendrait visite, dit Jason. Cela ne prend que peu de peine de le maintenir opérationnel. Maintenant, identifiez-vous, je vous prie. Dites-moi qui vous êtes.

— Nous avons vécu sur Terre autrefois, dit la voix. Nous en avons été enlevés il y a longtemps. Et maintenant, nous revenons.

— Alors, vous devez être les Autres, dit calmement Jason. Nous nous sommes demandé, toutes ces années, ce qui pouvait vous êtres arrivé.

— Les Autres ?

— C’est comme cela que nous vous avons appelés. Si vous êtes bien ceux qui ont disparu de la Terre.

— Nous le sommes.

— Eh bien, je vous souhaite la bienvenue, dit Jason.

Il se sourit tranquillement à lui-même. Comme s’ils avaient juste traversé la route pour rendre visite à des amis et qu’ils rentraient en retard. Ils n’avaient pas pu s’attendre à cela. Ils s’étaient plus probablement attendus à une explosion de joie à l’idée qu’ils avaient retrouvé le chemin de la Terre, à l’idée que les pauvres créatures qui avaient été laissées en arrière allaient enfin, après tant d’années, être à nouveau réunies avec d’autres membres de leur race.

— Nous nous attendions à être obligés de vous chercher, dit la voix. En fait, nous craignions de ne pas arriver à vous trouver.

Jason eut un petit rire :

— Cette peur vous a été épargnée. Venez-vous nous rendre visite ? Je ne vois pas bien comment vous y arriverez, nous n’avons pas d’aire d’atterrissage.

— Nous n’en avons pas besoin. Nous allons faire descendre un engin avec deux hommes. Il peut atterrir n’importe où. Continuez simplement à faire fonctionner le faisceau, l’engin le suivra.

— Il y a un champ de maïs près de la maison, dit Jason. Vous le reconnaîtrez aux gerbes de maïs. Pourrez-vous vous débrouiller comme cela ?

— Très bien.

— Quand pouvons-nous compter sur vous ?

— Au point du jour.

— En ce cas, nous tuerons le veau gras, dit Jason.

La voix eut une pause d’inquiétude.

— Vous ferez quoi ? demanda-t-elle.

— Cela n’a pas d’importance, c’est un proverbe, dit Jason. À bientôt.

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