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Le sentier menant au terrain de chasse partait juste derrière le palais royal et atteignait en cinq lacets une profonde crevasse latérale dans la paroi rocheuse, invisible du village ; de là, il continuait de s’élever en sinuant, jusqu’à ce qu’apparaisse le sommet de l’abrupt. Ce sentier ressemblait beaucoup à celui qui conduisait à la caverne où étaient retenus les otages, raboteux, rocailleux et étroit, mais pas tout à fait aussi escarpé. Harpirias trouva l’ascension beaucoup moins pénible, malgré la neige des jours précédents, qui n’avait que très peu fondu et rendait la marche plus délicate qu’elle ne l’eût été autrement.

Le groupe des chasseurs était composé de douze hommes. Toikella ouvrait la voie, le grand prêtre Mankhelm à ses côtés, suivi de six robustes villageois portant le matériel et des sortes d’emblèmes sacrés, contenus dans un coffre en bois peint. Harpirias s’était fait accompagner de Korinaam pour lui servir d’interprète et il avait été autorisé à emmener deux des Skandars, probablement comme porteurs, bien qu’ils n’eussent rien à porter.

Cette partie du sommet de l’escarpement était plus haute et irrégulière que celle qu’Harpirias avait vue précédemment. Au lieu de s’achever en une large plate-forme, elle semblait mener à une suite de corniches se succédant vers le nord et formait une sorte de plateau en pente et accidenté, certainement les pâturages des animaux que le roi était venu chasser.

Ils firent une longue halte au sommet de l’à-pic proprement dit, à l’endroit de la rupture de pente, là où la paroi rocheuse cessait de suivre une ligne verticale pour devenir relativement plate, avant d’amorcer sa montée chaotique vers le nord. De cet endroit, le village était encore visible – à peine, loin en contrebas –, mais il échapperait bientôt à la vue.

C’est là que le roi se dépouilla de ses vêtements et se tint immobile et silencieux, nu comme un ver, manifestement insensible au froid, le regard fixé devant lui, tandis que Mankhelm accomplissait une longue suite de rites. Le prêtre disposa solennellement sur le sol des brindilles, des brins d’herbe séchée, de petits bouts de cuir de couleur et y mit le feu ; il fit trois petits tas de cailloux et se pencha pour marmonner des paroles inaudibles ; il ouvrit une cruche de bière, à moins que ce ne fût un alcool plus fort, et aspergea les quatre points cardinaux.

Le rituel atteignit son point culminant quand l’un des porteurs défit une couverture de fourrure retenue par une forte lanière de cuir et en sortit une lance à la hampe d’une longueur et d’une grosseur étonnantes, terminée par une grande pointe triangulaire faite de pierre blanche à l’aspect vitreux, tranchante comme un rasoir. Il tendit l’arme colossale à Mankhelm, qui la souleva à deux mains et la passa cérémonieusement à Toikella. Harpirias vit avec stupéfaction le roi nu brandir la grosse lance très haut au-dessus de sa tête et l’agiter furieusement à trois reprises, comme s’il voulait intimider les dieux, avant de lancer un long cri de guerre qui se répercuta et roula dans la montagne avec une telle force qu’Harpirias s’attendit à voir des rochers et des quartiers de roche s’effondrer autour d’eux.

Et nous sommes à Majipoor, songea-t-il, en l’an treize du pontificat de Taghin Gawad !

L’écho du cri de Toikella mourut. Le roi se rhabilla ; les porteurs saisirent la lance cérémonielle et la replacèrent dans sa gaine de fourrure ; le grand prêtre Mankhelm dispersa ses tas de cailloux d’un coup de pied et écrasa du talon les débris calcinés d’herbe et de bois. Le rite qui venait d’être célébré était maintenant terminé. Ils étaient prêts, semblait-il, à passer à la chasse.

— Regardez, fit Eskenazo Marabaud.

Le Skandar montrait une corniche éloignée. Harpirias mit sa main en visière pour se protéger de l’éclat du soleil, mais sa vue n’était pas aussi perçante que celle d’Eskenazo Marabaud et il ne remarqua rien d’anormal sur les hauteurs.

Mais, à l’évidence, le roi Toikella, qui avait aussi regardé dans la direction indiquée par le bras du Skandar, distingua quelque chose. Fixé avec raideur dans une curieuse attitude, les jambes très écartées, la tête rejetée en arrière, il scruta la corniche avec une profonde concentration. Au bout d’un moment, un long cri de rage étranglé sortit de sa gorge.

— Que voyez-vous ? demanda Harpirias à Eskenazo Marabaud.

— Des silhouettes. Qui se déplacent, tout là-haut.

— Je ne les vois pas.

— Regardez mieux, prince. Là-bas. Là-bas, sur cette corniche.

Harpirias plissa les yeux. Tout ce qu’il vit fut des amas de rochers éboulés. Il lança un coup d’œil en coin à Korinaam. Le Changeforme fouillait du regard la haute saillie rocheuse avec la même attention que le roi, et il tremblait. Il avait les mains serrées derrière le dos et ses bras, de l’épaule au poignet, frémissaient et ondulaient comme deux serpents agités.

Enfin, Harpirias discerna ce que les autres voyaient : une file de minuscules silhouettes sombres, au nombre de huit ou dix, sortant comme des gnomes diaboliques d’anfractuosités cachées de la roche et grimpant vers une sorte d’amphithéâtre naturel, juste au-dessous du point le plus élevé de la corniche. Il était plus facile de les distinguer maintenant. Minces, les membres allongés, presque filiformes – très différents dans leur apparence des Othinor solidement charpentés.

Toikella montra les deux poings en grommelant quelque chose.

Que dit-il ? demanda Harpirias à Korinaam.

Il dit : « Ennemis… ennemis… »

— À votre avis, ce sont eux qui ont balancé les hajbaraks dans le village ?

— C’est possible, répondit le Changeforme. Comment voulez-vous que je le sache ?

Il parlait d’une voix ténue, lointaine, sans détacher les yeux des silhouettes se déplaçant sur les hauteurs. Ses mains étaient encore nouées dans son dos et il n’avait pas cessé de trembler.

Le roi en fureur sortit de son immobilité. Il fit signe aux membres de sa tribu de le suivre et se lança à l’assaut de la pente. Il n’y avait plus trace de sentier sur cette vaste rocaille pentue, pleine de caillasse et parsemée de gros rochers. Trébuchant, s’aidant des mains pour garder l’équilibre, s’agrippant aux fissures de la roche, tombant à la renverse pour se relever aussitôt, Toikella avançait comme un homme possédé des esprits malins. C’était comme s’il avait voulu empoigner les intrus à main nue et les précipiter du haut de la montagne. Mankhelm et les porteurs Othinor grimpaient derrière lui, pas très loin.

Harpirias n’avait pas d’autre option que de les suivre. Il eût été assurément fort imprudent de se trouver séparé en pleine montagne du roi et de son escorte.

Quand il eut fait une centaine de pas, il se retourna et constata que Korinaam ne l’avait pas accompagné. Le Métamorphe demeurait immobile en contrebas, comme perdu dans des rêves, la tête levée vers les silhouettes sur la haute corniche.

Furieux, Harpirias le héla.

— Korinaam ? Korinaam ! Restez près de moi !

— Oui… J’arrive… j’arrive.

Harpirias attendit qu’il le rattrape. Les Skandars avaient pris de l’avance.

De l’endroit où il se trouvait, il distinguait plus nettement les créatures de la corniche. Elles s’étaient placées sur une ligne, juste au bord du vide, et exécutaient une danse échevelée, balançant la tête de droite et de gauche, agitant leurs longs bras maigres, levant haut les genoux : une danse diabolique et frénétique exprimant la dérision et le mépris. Elles défiaient Toikella de venir les chercher.

Mais Toikella n’avait aucune chance de les atteindre. Après avoir grimpé un peu plus haut, Harpirias découvrit un ravin aux versants raides qui les séparait de la saillie suivante. Toikella et ses hommes s’y étaient engagés, mais, à en juger par la forte inclinaison, il leur faudrait toute la journée pour descendre la pente raide et escalader l’autre versant.

De fait, les Othinor avaient déjà rebroussé chemin. La mine sombre, l’air abattu, ils apparurent l’un après l’autre, d’abord la tête, puis les épaules et le reste du corps, à mesure qu’ils remontaient le versant du ravin.

Harpirias leva de nouveau les yeux vers les danseurs au bord du vide. Ils avaient disparu, du moins c’est ce qu’il lui sembla ; puis il aperçut, un peu plus à gauche, leurs silhouettes se découpant sur le ciel lumineux tandis qu’ils galopaient sur l’arête de la corniche.

Qu’est-ce que cela signifiait ? À l’évidence, ils couraient maintenant à quatre pattes, comme des loups, alors que, quelques instants plus tôt, ils avaient indubitablement forme humaine.

Un groupe de Changeformes ? Ici ?

— Qu’en pensez-vous, Korinaam ? Sont-ils de votre race ? Se pourrait-il que des Piurivars vivent dans ces montagnes ?

Mais, pour toute réponse, Korinaam haussa les épaules et secoua la tête. L’identité des créatures de la corniche le laissait, en apparence, totalement indifférent. Il paraissait épuisé par l’ascension. Il avait le regard vitreux, ses frêles épaules s’affaissaient, son souffle n’était plus qu’un halètement rauque.

Pendant les heures qui suivirent, il n’y eut pas d’autre apparition des mystérieuses créatures des hauteurs. Elles s’étaient montrées, avaient exécuté leur danse moqueuse et s’étaient évanouies. Mais cet étrange incident assombrit les chasseurs tout le reste de la journée. Toikella marchait devant, escaladant les saillies rocheuses dans un silence glacial, plongé dans de noires ruminations. Aucun des autres Othinor n’ouvrait la bouche. Accompagné de Korinaam et des Skandars, Harpirias les suivait, ne comprenant rien à ce qui s’était passé.

Ils apercevaient des animaux sur les plateaux, entre les crêtes – à longs poils noirs, de grande taille, semblait-il, se déplaçant lentement sur les terrains caillouteux, broutant l’herbe rare qui poussait en rases touffes gris-vert. Étaient-ce des hajbaraks ? Korinaam n’en était pas sûr et les Othinor restaient d’humeur maussade et renfermée. Quoi qu’il en fût, les animaux demeuraient hors d’atteinte et s’éloignaient en voyant approcher Toikella.

L’air fraîchit au fil de la journée ; il devint franchement piquant. Le haut plateau désolé qu’ils traversaient était gris et morne. Harpirias sentait son moral baisser d’heure en heure. Cela ne ressemblait en rien aux chasses qu’il avait connues sur le Mont du Château. De joyeux divertissements bien éloignés de cette longue et ennuyeuse marche.

Il commençait à paraître probable que la chasse sacrée durerait plusieurs jours, au bas mot. Une perspective vraiment peu réjouissante.

À l’approche du soir, un animal imprudent surgit inopinément entre deux blocs de pierre rose, au beau milieu du groupe des chasseurs. Une bête de taille moyenne, pelage grisâtre et miteux, grosse tête et corps efflanqué, museau allongé et baveux, déplaisantes griffes crochues : un carnassier, se nourrissant de charognes, à en juger par son aspect. Un des serviteurs du roi brandit le bâton qu’il tenait, cherchant à écraser l’animal comme de la vermine ; mais Toikella s’élança aussitôt en poussant un rugissement de fureur. Saisissant le bâton au vol, il l’arracha des mains de l’homme qu’il bouscula et écarta sans ménagement. Puis il tira la courte épée qu’il portait à la taille, retenue par une courroie, et la plongea dans le ventre de l’animal interdit.

La bête blessée eut un mouvement de recul, se dressa sur ses pattes de derrière et essaya vainement d’atteindre Toikella avec ses griffes. Le roi écarta la patte d’un geste plein de désinvolture et porta un second coup, puis un troisième ; l’animal émit un gémissement étouffé et s’affaissa sur le flanc. Des flots de sang rouge verdâtre jaillirent en bouillonnant de ses blessures.

Le roi adressa sèchement quelques mots à Mankhelm. Le prêtre prit aussitôt un récipient de cuir noir dans le coffre peint et le plaça sous les jets de sang, jusqu’à ce qu’il soit plein. Il le tendit ensuite au roi ; puis, s’agenouillant, Mankhelm entreprit d’écorcher l’animal mourant, encore agité de soubresauts.

— Que se passe-t-il ? demanda, à voix basse, Harpirias à Korinaam.

— Je ne sais pas très bien. Mais il s’agit d’une sorte de rite sacrificiel, c’est évident.

— Le roi n’est-il pas censé chasser le hajbarak pendant cette expédition ?

— Peut-être a-t-il décidé que cet animal ferait l’affaire.

De fait, cela semblait être le cas. Le prêtre avait fini d’écorcher l’animal – enfin mort – et commençait à le découper avec l’efficacité de celui qui a une longue pratique des offrandes sacrificielles, disposant les morceaux de-ci de-là, les cuisses d’un côté, le cœur de l’autre, différents autres organes un peu plus loin. Harpirias ne put s’empêcher d’admirer la dextérité dont Mankhelm faisait montre pour dépouiller et découper l’animal. Quand il eut terminé, le prêtre se releva et plaça la dépouille humide sur les larges épaules de Toikella, utilisant pour la maintenir une lanière de cuir ornée de perles, dont il entoura le cou du roi. La tête de l’animal, encore attachée à la peau, pendait dans le dos de Toikella ; les yeux, fixes et vitreux, semblaient regarder au loin.

Ce qui suivit fut répugnant, même pour quelqu’un d’aussi habitué aux scènes sanglantes de la chasse que l’était Harpirias. Toikella leva au ciel le récipient de cuir noir, rempli de sang, et le présenta solennellement aux quatre points cardinaux ; puis il en engloutit le contenu en quatre ou cinq gorgées. Après quoi, il se laissa tomber à genoux et dévora le cœur cru, encore fumant, de l’animal. Il tendit un morceau qui devait être le foie à Mankhelm, qui, après en avoir mangé une partie, le posa sur une pierre plate, manifestement choisie pour faire office d’autel. Le roi divisa le reste de la viande, donna à chacun de ses hommes un bout saignant, puis se tourna vers Harpirias pour lui en offrir un.

Harpirias le considéra d’un air ébahi.

— Prenez-le, souffla Korinaam. Mangez-le.

— Mais c’est cru.

— Vous êtes invité à prendre part à l’un des rites les plus sacrés de leur peuple, répliqua le Changeforme avec un regard noir. Peut-être le plus sacré de tous. Le roi vous fait une faveur insigne. Prenez. Mangez.

Harpirias acquiesça d’un air renfrogné. Tembidat, songea-t-il, je te revaudrai tout ça ! La viande était dure et filandreuse, elle avait un goût de charogne. Harpirias réussit à l’avaler, mais il faillit vomir. Toikella le regarda déglutir avec une satisfaction évidente et lui donna une grande tape entre les omoplates, quand il eut terminé.

L’honneur de partager la viande sacrée fut épargné aux compagnons d’Harpirias. Ils ne semblèrent pas s’en trouver malheureux.

Il y eut ensuite des chants, suivis de l’incinération rituelle des parties intactes du corps de l’animal. Le reste de la carcasse fut simplement poussé dans le ravin le plus proche. Puis le roi parla brièvement à ses hommes qui se mirent aussitôt à ranger le matériel de chasse.

— Alors ? demanda Harpirias. La chasse est terminée ?

— C’est ce que le roi vient de décréter, répondit le Changeforme. Il ne veut pas se donner la peine de poursuivre un hajbarak. Cet animal a été officiellement choisi comme sacrifice de l’été et la chasse est terminée pour cette année.

— Il est perturbé par ces créatures qu’il a vues danser sur la corniche, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’il a abrégé les choses.

— Très probablement.

— Qui étaient ces créatures, Korinaam ? De quelle race étaient-elles ?

— Aucune idée, répondit le Métamorphe, les lèvres pincées.

Il détourna la tête. La question semblait le peiner.

— Ah ! reprit-il, nous sommes sur le point de nous remettre en route, à ce qu’il semble. Nous allons redescendre vers le village maintenant.

— Maintenant ? Mais la nuit va tomber !

— Peu importe, il semble que nous repartons. Cela ne faisait aucun doute. L’imposante silhouette du roi Toikella, toujours revêtu de la peau de l’animal, était déjà à une bonne distance, en direction de l’endroit où commençait le sentier menant au village. Harpirias ne put qu’emboîter le pas aux chasseurs, bien que le crépuscule se fît rapidement nuit et qu’il lui parût périlleux à l’extrême de chercher à rejoindre à une heure si tardive le sentier gelé et pierreux. Parviendraient-ils seulement à l’atteindre avant qu’il ne fît nuit noire ? Ou leur faudrait-il traverser le plateau au terrain traître et accidenté, sans voir où ils allaient ?

Il pressa le pas pour rattraper les Othinor, partis à grandes enjambées.

Pas un seul mot ne fut prononcé au long de la descente. Le roi était d’une humeur si noire que ses hommes restaient à distance respectueuse. De toute évidence, la chasse n’avait pas été un succès, loin de là, même si Toikella en avait décidé autrement.

La descente, à la seule clarté d’un unique croissant de lune, fut lente et très pénible. Le sentier était presque invisible ; seul l’instinct pouvait guider Toikella dans le choix du bon chemin, parmi la multitude de possibilités qui se présentaient dans la semi-obscurité. Au milieu de la nuit, un vent froid et âpre, soufflant du sommet, commença à leur cingler le dos. Harpirias se demanda si les violentes rafales n’allaient pas les pousser hors du sentier et les précipiter à flanc de montagne, jusqu’à l’esplanade du village où leurs corps s’écraseraient comme ceux des hajbaraks. Il frissonna, concentra son attention et posa le pied, à chaque pas, avec un soin exagéré.

L’aube s’était levée quand ils arrivèrent au pied de la paroi rocheuse. Épuisé par les efforts de la nuit, Harpirias gagna directement sa chambre et s’enfouit au plus profond de la pile de fourrures.

En s’installant, il se demanda encore une fois quelles étaient ces créatures qui avaient nargué le roi des Othinor du haut de la corniche. Sans doute celles qui avaient tué les animaux sacrés et précipité les cadavres dans le vide. Il se passait assurément des choses très étranges : mais quoi ? Quoi ?

Il n’avait pas de réponse à cette question. Quel que fût le mystère qui planait sur la tribu, il lui était absolument impossible de le percer.

Malgré les fourrures, Harpirias ne pouvait s’empêcher de frissonner. Les bruits matinaux du village qui s’éveillait lui parvenaient étouffés par les murs de glace. Mais ni le froid ni le bruit ne le dérangèrent longtemps. Il était recru de fatigue. Il ramena les genoux sur sa poitrine, ferma les yeux et, en quelques instants, sombra dans un profond sommeil.

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