51

À plusieurs reprises, je fus sur le point d’aborder le sujet avec elle. Mais je m’en abstenais. Je n’osais pas franchir le pas. Vous pourrez si vous le voulez mesurer ma sincérité d’après mon hésitation ; quelle était la pureté de ma nouvelle croyance, pourriez-vous demander, si j’estimais ma sœur par le lien au-dessus d’une telle communion des âmes ? Mais je ne chercherai pas à prétendre qu’il y avait de la logique dans mes pensées. Ma libération des tabous était un acte de volonté, et non le résultat d’une évolution naturelle, et il me fallait constamment lutter contre les vieilles habitudes de notre tradition. Bien que parlant en termes de « je » et de « moi » avec Schweiz et les autres avec qui j’avais partagé la drogue, je n’étais jamais à l’aise en le faisant. Des vestiges des liens que j’avais brisés continuaient à m’enserrer. Je regardais Halum et je savais que je l’aimais ; je me répétais que le seul accomplissement possible de cet amour était la jonction de mon âme avec la sienne, et je me disais qu’entre mes mains j’avais la poudre qui permettrait ce miracle. Et je n’osais pas. Et je n’osais pas.

Загрузка...