II

Malgré la proximité et la facilité du voyage opéré par un temps radieux, je dois avouer que les amateurs et la librairie parisienne ne me firent guère concurrence le 27 mai 188.. au château d'Isgny, Le notaire, M* Grandcourt, de Varangeville, avait, je pense, maigrement fait sa publicité, car le monde des acquéreurs était clairsemé et plus particulièrement composé de curieux Dieppois et de Bibliophiles rouennais qui se disputèrent, avec un noble acharnement, les traités de Vénerie et les vieilles chroniques normandes portant la marque des anciens imprimeurs de Caen, d^Évreux, de Lisieux et de Rouen.

Sur le terrain littéraire et romantique, je vainquis sans péril et triomphai sans gloire. — Selon l'expression rustique, je réalisai toutes mes convoitises « pour un morceau de pain », et je revins au logis plus fier qu^Anaban, ayant dans ma valise plus de trente volumes extravagants, ruisselants d^inouisme, ténébreusement inconnus de tous, et que je me fis un plaisir dMnventorier avec un ronronnement de félin satisfait.

J^apportai dès lors une réelle arrogance vis-à-vis de ces mêmes co-Bibliophiles qui m'avaient jadis si vertement raillé sans pitié, et je convoquai le ban et l'arrière-ban des Amis du XIX*, Tous s'en allèrent confondus, ayant mal au foie, criant vengeance contre les bibliographes et les historiens de la révolution littéraire de i83o. La beauté incomparable des frontispices de Célestin Nanteuil, de Tony Johannot et d^Eugène Lami leur glissa dans la bile Tencre amère de l'envie, et je bus vraiment du lait durant un moment, à la vue de ces damnés de l'Enfer des Bibliofols qui se tordaient devant les couvertures immaculées, les épreuves sur chine et les marges à pleines barbes, sans une tare ni une piqûre dans la pâte du papier ; ils maniaient les exemplaires avec rage, râlant d'une voix rauque qui m'apostrophait : UAnimal veinard! et non coupé^ par-dessus le marche'! — Pendant six mois ce fut une apothéose.

Les libraires de la jeune Bibliophilie pschuteuse se succédèrent dans mon cabinet apportant, avec l'espérance de cessions possibles, toutes les séductions et tous les transformismesdes Jupiters mythologiques; portefeuilles nourris comme pour une foire aux bestiaux, offres d'échanges, tantalismes d'ouvrages du siècle dernier, dessins originaux. Que sais-je encore? — J'apprenais que le petit B... agonisait de dépit, que le vieux K... jaunissait dans l'attente, que le gros M. avait jure de compléter ses Naateuil par les tnîens, et je demeurais fier comme Albion et inexpugnable comme elle sur mon Ilot d'exemplaires uniques.

Peu à peu cependant l'effervescence se calma, il y eut armistice, et la feinte indifférence des combattants me semble aujourd'hui si pénible, mon abandon de bibliophile si amer après les branle-bas de naguère, que je me suis juré de réveiller de nouveau les hostilités en démasquant très ouvertement ainsi que des batteries mes principales richesses au monde des curieux, en ce moment en pleine accalmie.

De ce sentiment de combativité provient le récit qui précède et le catalof;ue sommaire que je vais exposer aux yeux allumés des Romanti-coUtres. — J'aime assez à tisonner l'envie, ù m'éclairer du reflet de ses flammes et k écouter la musique par pétarades de ses étincelles. — En avantdonc ! Que l'esprit d'As-selineau me seconde! Voici la nomenclature des Romantiques inconnus du château d'Isgny.

" Les Gondoles du cœur ou les Bercements de l'Amour, poésies, par Joseph d'Ortigues.

Paris , Eugène Renduel ; Vignette non «ignfe pour

i83i. In-8° de vi et 295 p. i'aihée 00 « metod- ad «ocinx — Très beau frontispice de

Célestin Nanteuil, en double état sur chine ; couverture bleu d'eau, avec vignette sur bois représentant une gondole fermée; pour épigraphe, ces vers sur le gondolier :

Un beau chant, alterné comme une âûte antique,

S'en vient saUir votre &me et voua enlive aux cieui;

Vous pensez que ce chant, cet air mélodieux

Est le reflet naïf de quelque Ame plaintive,

Qui ne pouvant le jour, dans la ville craintive,

Épancher à loisir le flot de ses ennuis,

Par la douceur de l'air et la beauté des nuits

S'abandonne sans peine A la musique folle,

Et, la rame i la main, doucemeol *e console.

A. B. Exemplaire à toutes marges :

' Les Crinières romantiques ou les Lions de Parts, par Abel Hugo. Paris, Persan ; 181Î. ln-18 de 3i2 p. Exempl, broché, avec portraits de Nodier, Guiraud, Ancelot, A. Soumet, etc. (de toute fraîcheur).

3' Tiberge (Abbé), — Un Bal ehej ta Reine Amélie, roman, par l'auteur d'Une Fille de joie. i vol. in-8° (Imprimerie Cassegraîn, au Marais}. Paris, Dumonti i83i. Superbe frontispice d'Eugène Lami, représentant un bal k la Cour, avec les portraits distincts des membres de la famille royale. Vignette non signée sur le titre. Broché, non coupé,

4» La Fille d'Opkélie ou le Fantôme d'Elseneur, par Alphonse Giraud. i vol.

EBORDieTACITURAIE

«CI ^TRANGLEiriV lè^tnd» dit ^l'" SÈècie.

in-8* de 418 p., impression gothique. Paris, Eugène Renduel; i83i. —Frontispice de Célestin Nanteuil, le plus beau connu, dont nous donnons la reproduction. Épreuve sur chine volant. Très bel exemplaire avec sa couverture originale. Sur le titre, un château en ruine et ces mots de Shakespeare formant épigraphe: — «Ne soupirez plus, femmes! ne soupirez plus! les hommes furent toujours trompeurs, un pied dans ta mer, l'autre sur le rivage. Constants en une chose : jamais 1

5* Les Tortures de Don Juan ou la Kicttme iM/.?mm«,contes par Paul Foucher. Paris, G. Barba; i832. 1 vol. in-S" de iv et 147 p. Frontispice gravé sur

ROMANTIQUES INCONNUS ' (Pac-iimilé d'une eau-fone de Céldtîn Nanteuil)

bois, non signé. — Sur le tilreen épigraphe : Il n'j^ eut jamais de séducteurs, toujours des hommes séduits.

6* L'Armagnac noire, légendes de la vieille France, par Emesl Fouinet. In-8*, Paris, SiWestre; i832. Lithographie de Jehan Parlin. — Sur le titre, cachet de cabinet de lecture. La couverture manque.

7* La Mansarde du Proscrit ou les Veillées de Montmartre, par P.-L. Jacob, Bibliophile, i vol. in-iï. Paris, Delaunay; iSSy. Exemplaire relié et rogné. Eje dono du Bibliophile Jacob à M. de Salvandy.

8* La Grisette des Lilas, par Louis

Huart. Paris,AbelLedoux;i833.

1 vol. in-8°, avec vignettes sur

chine, de Boisselat. — Broché

dans un étui de percaline. —

Exemplaire aussi frais que possible. .,,_..-Caen 9* La Chasteté des Muses, poésies Ky

par M. de Tercy, auteur de la

Prière dusoir. i vol. in-8° de 204 p. Paris, Cabassol; 1839. — Vignettede

Camille Rogier, gravée par Cherrier. Couverture rose tendre sans fleuron.

Broché, d'une belle conservation.

lo" Le Pont de la Vie, par le baron de Lesser. Délicieuse vignette de Tony Johannot, gravée par Thompson. 1 vol, in-8°. Paris, Giraudat; 18Î9. — Roman très curieui et dramatique, dont Bou-chardy s'est inspiré pour l'un de ses principaux drames. Relié avec dos en maroquin anglais.

Il" La Lyre du Diable, poésies infernales, par Henri Berthoud, 1 vol. in-8° de 367 p. Paris, Ledrain; i8a7. Joli frontispice compose par Pétrus Ringard. Exemplaire intact avec sa couverture rouge et noire. — Nous Vign«ie« do Gigoux poar le» reproduisons l'étonnant frontispice

DTE>K»iHi n« l'aib&vi. jg Péttus Ringard.

12' Les Orgies d'Héliogabale, contes féroces, par Jules de Saint-Félix, i vol. in-8°. Paris, Pelicier; 1838. Ravissante vignette de E. Watlier, formant cul-de-lampe. — Exemplaire cartonné, non rogné.

13° Le Boucher de Béihune, roman, par de Saint-Mégrin (?). a vol. in-S". Paris, Busquin-Desessart ; 1834. Ouvrage des plus curieux, orné d'un saisissant frontispice d'une rare beauté d'exécution et non signé, mais qu'on pourrait attribuer à Delacroix dans sa première manière. Exemplaire avec sa couverture. — Épigraphe du titre : Du sang t du sang! du sang ! à la brute altérée!

a en gravure hors teste la reproduction du frontispice.

14° Les Cendres de la Passion, poésies, par Philothée O'Neddy, avec un portrait de l'Auteur de Feu et flammes. Paris, imprimerie de Dondey-Dupre'; i83i. I vol. in-S' de SgS p., avec une épître dédicatoire au lecteur en forme de rondeau. — Seul portrait connu de Théophile Dondey. Sur le faux titre, ces vers du catéchisme bousingot de Philothée l'hîrsute : Amour, enihouiiasme, étude, poëilet C'eitliqu'en votre extase, océan d'ambroisie,

5e miraient nos âmei de feu ! C'est là que je saurais, Fort d'un génie étrange. Dans la création d'un bonheur sans mélange, Être plus artiitt que Dieu.'.'!

15° Monsieur Joseph ou la Pudeur alarmée, par l'auteur de Madame Putîpkar

(Petrus Borelj.i vol.petit in-8°cavalier. Paris, Eugène Renduel ; 1839. Imprimerie de Terzuolo. Vignettes sur bois de Louis Boulanger. Frontispice d'Eugène Lami, gravé par Porret, — Sur les deux couvertures, l'épigraphe choisie par le Lycanthrope est : Madame !

Madame! que faites-vous? — Superbe exemplaire sur papier jonquille.

16" Les Frissons du tombeau ou les Résurrections, contes funèbres, par Charles de Lourcy. Cherbourg, chez Al-cide Lebieu ; 1829. Frontispice non signé, à la manière noire, t vol. in-t8. État de neuf.Contes très étranges,qui révèlent un réel talent de styliste coloré et vibrant. — Nous reproduisons le frontispice.

17° Les Larmes de l'Athée ou le Vtgnttt«a de Glgam pour k fili de cromwill. Retour au Crucifix, roman tumultueux et moral, par M. *'*. Paris, Ladvocat; i833. 1 vol. in-8* de 338 p. — L'auteur inconnu de cet étonnant torrent d'idées blasphématoires et recueillies pourrait bien Stre Regnier-Destourbel, dont on retrouve plus d'une analogie de style. Cet ouvrage mériterait une étude; c'est le livre de la plus grande véhémence romantique que nous connaissions jusqu'ici.

18" Edgard le Taciturne ou l'Étrangleur de femmes, légende du xi' siècle, par Julius Sorel. Illustration de Tony Johannot, gravée par Porret. Paris, Desessart; iS32. 3 vol. in-8* raisin.

Genre troubadour et Anne Radcliffe. — Ces deux volumes brochés. Légères mouillures sur le faux titre du tome 11.

19' Aima et Clodamir, par M. Bouchardat. Romande 293 p. in-12. Caen; iSa?, Vignette de Colin, litho-graphiée par Bertrand, Rue froide. Petit roman vertueux, sentimental et très dessus de pendule. Genre Restauration, à peine éclairé par l'aurore du Romantisme.

20° Crânes et Tibias, poésies chrétiennes, par Jean Po-lonius, avec un dessin de Carolus Marchenoir, lithographie de Motte. Paris, Curmer; 1829. i vol. in-S". — Sur le faux titre, un scoliaste a écrit ; » L'auteur de ces poésies est étranger, mais son style n'en est pas moins élégant, et beaucoup de nationaux envieraient sa pureté. »

21" Les Souterrains de l'Abbaye, par Alphonse Brot. Paris, Auguste Labot;

iS35. 1 vol. petit in-8°. Illustration de Gigoux,gravée par Porret, — Roman humide et sternutatoire, ainsi que son titre l'indique. Exemplaire dont la couverture est maculée d'un cachet singulier sur lequel on Ut : Bibliothèque du Bagne.

22'* Les Amours d'un Squelette, poésies d'outre-tombe, par Timoléon AubterneL Vignette lithogrephiée par Porret. i vol, in-12. Paris, Pelicier; 1827. Ce livre est dédié à Dorothée "' avec les vers s

Ah 1... ma ttammc reisemble à la lampe des mont;

Sans fin comme elle, et comme elle invliible, Rien ne pourra Téteindre; aux souci*, aux remords,

Son triste feu survit inextinguible.

Un souvenir de toi, «oili ce que ma tombe

Veut pour relique* et pour toui ornementa.

Mai* ton oubli!... mon cœurl ce penser *uccombe. Lui qui brava la vie et set tourments.

23" Le Dernier des Mérovingiens, tragédie en cinq actes, en vers, par Charles Huret. Paris, Tenré; i833. In-8^ Grande lithographie de A. de Pujol. Drame shakespearien, formidablement sanguinaire, où tous les personnages meurent assassinés les uns par les autres. Le héros, Méruald, succombe le dernier. Après avoir, durant cinq actes, perpétré les crimes les plus noirs, il s'écrie, blessé à mort, avant la chute du rideau : rai fauché tous les miens ; ô gerbes magnifiques! Leurs têtes, lourds épis, reposent pacifiques Et je vais m'endormir : Deus sit cum iUis! Calme comme Bacchus dans son dégobiiiis.

24'* Edith, la Belle au cou de cygne^ ou le chant d'Hastiïtg, poème, par Ulric Guttinguer. Composition de Deveria, gravée par Brevière. Paris, Charles

Gosselin; i83o. i vol. in-8<>. Au crayon, sur les gardes, se trouve écrite cette réflexion : ce Poème assez fade et nébuleux de Tami auquel Alfred de Musset adressa tant de charmants vers. — On sent que Fauteur, en appliquant son talent à ce sujet septentrional, a rendu sa muse poitrinaire et défaillante. »

25. Le Fils de Cromwelly ou la Galerie de Whitehall, drame en cinq actes, en vers, par M. d'Épagny. Vignette de Gi-goux sur le titre, i vol. in-8". Paris, chez Bossange père ; 183o. Exemplaire en très bel état, non rogné ni piqué.

Sur la première page, on a collé cet extrait de journal : a L'intrigue de ce drame est trop compliquée pour que nous puissions l'analyser ici; le Fils de Cromwell a réussi au Théâtre-Historique; cependant, il a été interrompu par suite de la fermeture du théâtre, et n'a pas été repris. »

26. Les Fiancés de Devonshire^ conte, par Victor Boreau. Vignette de Louis Boulanger sur le titre. Paris, chez Hivert,quai des Grands-Augustins ; in-8".

27** Les Ruines du Château ou les Charmes de la solitude y roman, par Albert Desbordeliers. Paris, Louis Janet; i83o. i vol. in-12. Joli petit frontispice signé de Devéria, gravé par Quarteley. La première page s'ouvre par ces vers :

Salut, murs que couronne et la ronce et le lierre ! L'homme ne voit en vous qu'un vain amas de pierre Qu'habite le reptile et que ronge le temps ; Mais le sage, à qui Dieu révèle sa pensée, Voit dans tous vos débris la piété tracée En caractères éclatants.

Oh ! comme dans cet lieux, torique régne 1' Le voyageur bercé par le bruit monotone DeadépouilleadesbDlaquijoDchenlIe vallon, Aime à livrer ion tmeauz aombret rCrerle*, S'il voit le jour s'enfuir et les feuilles âétries Suivre le *ol de l'aquilon !

Exemplaire sur papier vert pâle, non rogné.

28» Le Cimetièredes Damnés, roman Scandinave, par le comte Gaspard de Pons.

1 vol. în-18, avec, vignette non signée, Paris, Ambroise Dupont; i83i.

Légende véritablement trop mortuaire et qui décèle chez son auteur une nécrophilie déréglée et incurable.

Admirable lithographie frontispice non signée , représentant des squelettes et des potences. — On la trouvera reproduite dans ce catalogue. 29° Macias l'Enamoradù ou Amour et Destinée, par Ferdinand Denis.

A Saragosse (?), chez

Luiz Gaspar y Pelez ;

1834. In-i6 de 400 p.

— Le lieu d'impression nous semble devoir être une supercherie. Il est bon de la signaler à M. Gustave Brunet, de Bordeaux, qui vient de terminer le supplément au Barbier et au Quérard.

3o° Soûlas et Plaisir, Rondeaux et Ballades, Parangon des Poésies du bon vieux temps, par M. de Baour-Lormian. 1 voL in-S" de 296 p. Impression gothique, dans un encadrement ogival de style feuillu. Paris, Gosselin; i832.

Poésies remplies des images éclatantes chères à Baour-Lormïan, qui fut un M. de Jouy rongé par les vers. Ce ne sont que « globes d'albâire, «cheveux que des lis teint l'éclat argenté i, palais de porphyre i, > vierges de lumière et réseaux d'ébéne de la nuit s. Genre éminemment Pompier, mais le plus curieux de tous les Baour-Lormian comme note exaspérée de la métaphore.

Tels sont les trente volumes qu'il me fut donné d'acquérir au Château de mon défunt compagnon de natation, Bernard d'Isgny. Je puis affirmer que ces trente exemplaires sont absolument uniques, ayant depuis de longs mois remué en vain la Bibliothèque nationale, l'Arsenal, Carnavalet et lu tous les catalogues à prix marqués et autres bibliographies et Bépenoires mis en circulation publique et privée. Tous les limiers de la librairie mis en marche active, toutes les demandes en forme de desiderata insérées dans les publications les plus répandues n^ont servi jus-

Lithographie. Froniiip[cc Donaignt du ciMinèKi DB> DXMHil.

qu^ici qu^à me confirmer plus amplement de Tétat unique et mystérieux de mes Romantiques inconnus. C'est en vain que j'ai fait réclamer en vedette, dans les feuilles curieuses de France et de Tétranger, des frères jumeaux de ces enfants égarés, c'est inutilement que de vive voix |'ai fanfare leurs louanges-, ces merles blancs n'ont point de semblables. Je ne saurais dire évidemment par quelles aventures bibliolithiques ils sont ainsi solitaires; je ne veux point m'aviser de penser qu'ils aient été faits pour le plaisir de feu Bernard d'Isgny, ou qu^ils soient les seuls survivants de ces lots innombrables de livres qui, si j'en crois Frédéric Soulië, éuient, vers 1S40, immergés par milliers en haute mer pour désencombrer les éditeurs. — Ils sont uniques! uniques! uniques! Je le puis proclamer. — Aussi je songe avec une morgue très castillane à l'ahurissement des bibliographes futurs, lorsque ces ouvrages singuliers apparaîtront dans ma vente post mortem avec des demi-reliures genre Thouvenin, exécutées par le maître Cuzin, ou vêtus de plein cuir ciselé avec des rinceaux et des rosaces cathédralesques, exécutés par les plus habiles relieurs faussaires de cette époque. — Quel tapage, alors, mes amis, chez la gent bouquinière! — La Bibliographie des ouvrages illustrés du xix" siècle sera toute à refaire, et l'âme de Jules Brivois hurlera plaintive, lointaine et désespérée dans les profondeurs inconcevables de TEnfer des Bibliophiles.

Vignette de LouU BouUngsr pour Ici

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