Une autre confidence

Notre deuxième rencontre, Ombe, était plus pittoresque.

Je t’avais aperçue à travers la vitre au bar d’un troquet proche de la place Simard. Tu étais perchée sur un tabouret, perdue dans d’insondables pensées. L’automne avait commencé à frapper les trois coups contre les arbres qui jaunissaient à vue d’œil. Tu portais un débardeur noir. Le noir va bien aux blondes, je trouve. J’avais pris mon courage à deux mains et j’étais entré.

Tu avais mis un moment à sortir de ta rêverie, un autre pour me reconnaître. Sans te demander la permission, je m’étais assis sur un tabouret, en face, et j’avais commencé à te parler, très vite, de tout et de rien, parce que je me sentais mal à l’aise. Tu faisais cet effet à tout le monde.

Tu attirais, puis tu mettais mal à l’aise et après on t’évitait. Sauf moi. Au contraire, il faut avouer que c’est plutôt toi qui m’évitais ! Cette fois-là, tu m’avais laissé m’enferrer dans mon inepte bla-bla, bafouiller sans rien dire, un sourire ironique au coin des lèvres. Quand je m’étais tu, enfin, tu avais poussé un soupir. Tu t’étais levée et tu étais partie, me laissant en plan, avec cette simple phrase : « Moi, c’est Ombe. Enchantée ».

Ça en aurait refroidi plus d’un !

Mais pendant que je te parlais, je t’observais. Et une certitude s’était imposée à moi, tandis que je gravais chaque trait de ton visage dans ma mémoire : on ne s’était pas rencontrés par hasard…

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