Prologue

Ombe ne mentait pas. On vole littéralement.

Plus de feux, plus de panneaux, juste les lumières de la ville qui se confondent dans une grande traînée lumineuse.

Et le rugissement du moteur.

Je me cramponne, les deux bras autour de sa taille.

Je ne peux m’empêcher de respirer son odeur, près de son cou. Ce n’est pas du parfum mais une fragrance naturelle. Un mélange de mousse et d’herbe brûlée, de pierre chauffée au soleil et d’eau de rivière.

C’est délicieux.

Mon cœur s’affole tandis que je me contrains au calme.

Le mot « sœur » m’est venu naturellement, tout à l’heure. Il s’est imposé à moi comme une évidence. Il me paraissait le plus adapté, le plus juste pour décrire ce que je ressens au fond de moi depuis ce soir – depuis toujours ?

— C’est le plus beau Noël de ma vie ! je hurle contre son casque.

— Hein ? Je n’entends pas ! répond-elle en penchant la tête.

— Non, rien !

Et pour moi, seulement pour moi, je chante à tue-tête les paroles des Doors qui disparaissent dans la nuit, emportées par le vent de la course :

« Take a long holiday

Let your children play

If ya give this man a ride

Sweet memory will die

Killer on the road, yeah[1] »

Загрузка...