VII

Comme Kerian devait rapidement l’apprendre, la prisonnière s’appelait Ayensha, du Vol de l’Aigle...

Les deux elfes fuyaient dans la nuit, poursuivies par des cris furieux.

— Au nord ! hurla Cheveux Noirs.

— Au sud ! ordonna Egil.

Kerian trébucha et Ayensha l’aida à se relever. Au pied de la colline, des torches brillaient comme des étoiles rouges.

— Continue de courir ! (Ayensha poussa Kerian.) Sers-toi de tes mains et de tes yeux !

Frissonnant dans la brise fraîche, elle resserra les pans de sa chemise déchirée.

Elles s’enfoncèrent dans la forêt ténébreuse. Kerian se prenait sans cesse les pieds dans les pierres ou les racines. L’air vif ravivait ses écorchures et ses coupures. L’entaille laissée par le couteau de Barg, au bras droit, la lançait.

À la lueur des torches, Egil et ses hommes cherchèrent au sud, puis au nord, avant de se réunir devant la taverne.

— Mettons autant de distance que possible entre eux et nous ! lança Ayensha.

— Pourquoi ? haleta Kerian. Ils n’oseront pas nous suivre dans la forêt. Leurs chevaux ne graviront pas cette pente dans le noir.

— Non...

Adossée à un arbre, Ayensha tremblait. La sueur lui collait les cheveux sur le crâne et ruisselait sur son visage.

Pas seulement la sueur..., constata Kerian.

Des larmes sillonnaient les joues maculées de terre et de sang d’Ayensha, qui ne semblait pas en être consciente.

Ses yeux brillaient d’une détermination désespérée.

— Allons-y, dit-elle en s’écartant du tronc.

Kerian détesta un peu plus l’obscurité à chaque pas. Fille de la ville, elle était habituée à une nuit apprivoisée par les torches et la lumière des habitations.

Mais l’ombre reprenait ses droits.

Ayensha, elle, avait des yeux de chat. Ceux de la nuit, pour reprendre une expression des elfes sauvages... Dans son enfance, en Ergoth, Kerian avait eu ce don.

Elle tomba, le souffle coupé. Une douleur aiguë remonta le long de son bras droit, qui recommença à saigner.

— Debout ! fit Ayensha entre ses dents serrées. Kerian obéit, et elles continuèrent. À chaque chute,

Kerian réprimait ses cris de douleur, consciente de ne pas avoir le choix. La nuit hostile était devenue un cercle infernal de douleur et de colère. Puis, avec l’épuisement, vint l’engourdissement des sens.

Surprise, Kerian vit une lueur argentée danser entre des arbres sans pouvoir s’en expliquer l’origine.

— La lune..., souffla Ayensha. (Elle leva les yeux vers la lumière.) Grâce vous soit rendue, dieux, où que vous soyez...

À la faveur du croissant de lune, le monde apparut comme par magie. Les fugitives étaient loin du village. Dans ces collines, on trouvait plus de rochers que d’arbres. Certains formaient des abris naturels.

Lèvres pincées, la mine blafarde, Ayensha s’arrêta.

— Assieds-toi, chuchota Kerian en la guidant vers de grosses pierres plates.

Soupirant, Ayensha ferma les yeux.

Kerian s’appuya au tronc d’un grand sapin, l’odeur de sève lui remémorant sa terre natale. La respiration saccadée, elle frémissait d’épuisement.

— Ayensha, où allons-nous ?

— Nulle part... Mais cette nuit, nous ne fuirons pas plus loin. (L’elfe inspira doucement, puis s’écarta de la pierre.) Dormons. Ensuite, nous aviserons.

Une chouette ulula le staccato étrange du rapace en chasse. Ailes déployées, elle s’envola d’un arbre voisin. Kerian entendit une petite créature plonger dans les fourrés, puis un cri strident éclata.

La chouette reparut dans le ciel nocturne, un lapin entre ses serres.

À cette vision, la jeune elfe eut la gorge nouée.

— Viens, dit Ayensha. (Elle désigna une formation constituée par trois rochers.) Aide-moi.

Kerian passa le bras de sa compagne autour de ses épaules. Les derniers pas leur parurent les plus durs.

Les deux plus hauts rochers, accolés l’un à l’autre, formaient comme un seuil sans porte.

Quand Kerian voulut s’y faufiler, Ayensha l’arrêta. Surprise, elle vit de la pitié dans son regard.

— Vérifie s’il n’y a pas de renard ou de lynx à l’intérieur, ajouta Ayensha en s’écartant.

D’avis qu’il n’y avait pas de danger, Kerian porta néanmoins la main au manche en os de son couteau – celui que le nain lui avait remis en douce – , et le tira de son étui. Elle se demanda ce qu’étaient devenus Stanach et ses compagnons.

— Attends ici...

Elle ramassa des cailloux et les jeta un par un dans l’abri. L’oreille tendue, elle entendit le vent souffler...

Les elfes sondèrent l’obscurité du regard. La petite grotte sentait les feuilles mortes et la terre, et la lumière de la lune filtrait par des fissures. Dès que ses yeux y furent accoutumés, Kerian aida Ayensha à s’installer puis sortit ramasser une brassée de branches mortes. Elle la fit s’allonger dessus. Épuisée, Ayensha était néanmoins à l’abri du vent.

Un bon début.

Elle resta recroquevillée sur sa douleur. Une seule fois, des sanglots étouffés lui échappèrent.

Une main compatissante sur l’épaule de sa compagne, Kerian écoutait le vent. Avec un nouvel ululement, la chouette fondit sur une autre proie. La jeune elfe retint son souffle. Enfin, ses battements de cœur calmés, elle capta le son qu’elle espérait entendre : le chuchotement d’un filet d’eau courant sur de la pierre...

— Ayensha, murmura-t-elle, reste allongée. Je reviens tout de suite.

Kerian trouva de l’eau derrière leur abri : une source qui miroitait au clair de lune. Elle nettoya ses plaies puis porta à Ayensha, dans ses mains en coupe, une eau pure et fraîche au goût minéral. En deux allers et venues, elle eut étanché la soif de sa compagne. Elle s’intéressa ensuite à ses blessures. Ayensha avait au moins une côte cassée. Kerian reconnut, imprimée en noir sur sa cage thoracique, l’empreinte d’une botte ferrée. Elle espéra qu’aucun organe vital n’avait été endommagé.

— Sombres brutes ! maugréa-t-elle, ulcérée, en aidant Ayensha à se rallonger.

— Je suis contente que tu aies tué ce salaud de Barg...

Oui, je l’ai tué, pensa Kerian, choquée de l’avoir fait si facilement et d’éprouver si peu de regrets.

Ayensha ferma les yeux et s’abandonna au sommeil.

Kerian la veilla. Dans la petite grotte, au clair de lune, il lui semblait avoir quitté Qualinost depuis une éternité... Tous ses muscles lui faisaient mal.

Je ne pourrai jamais rentrer à la maison.

Kerian avait tué un Chevalier de Néraka. Elle croyait encore sentir son sang couler sur ses mains et le long du manche en os de son couteau...

L’elfe s’assit sur le seuil de l’abri. Le vent s’insinuait entre les pierres, les petites bêtes se faufilaient dans les buissons... Immobile, elle écouta un renard laper de l’eau. Dès qu’elle tira sa lame de l’étui, histoire de voir si elle pouvait le surprendre, il disparut dans les fourrés.

Elle porta la main à la chaîne en or, autour de son cou, et la sortit de sous sa tunique. La lune se refléta sur la topaze de Gil... Des larmes lui inondèrent les joues. Paupières baissées, elle revit les vagues, le littoral... La brise forestière devint alors le ressac. Et la sève de pin toutes les merveilleuses senteurs de son enfance...

Tortue, lui avait dit jadis Iydahar, un bras passé autour de ses épaules, nous ne pourrons jamais rentrer chez nous, mais nous serons toujours ensemble. Toujours...

Pourtant, il avait choisi les montagnes et les forêts afin de se battre pour un prince qui avait perdu sa couronne. Elle était devenue la servante de seigneurs qui avaient cédé leur royaume aux chevaliers... Devant cette décision, Dar n’avait pas caché son mépris. Mais il ignorait qu’elle avait pour amant le roi en personne...

Dar, que penserais-tu de moi aujourd’hui, si tu l’apprenais ?

Selon Bueren Rose, personne n’avait revu Iydahar depuis un an. Où était-il ?

Ayensha se rassit. La respiration laborieuse, elle demanda de l’eau. Buvant lentement, elle interrogea Kerian, qui lui parla de ce qu’elle avait laissé derrière elle – en passant certaines choses sous silence.

— Je te remercie, dit enfin Ayensha, appuyée à la roche. Que comptes-tu faire, maintenant ?

Kerian réfléchit.

— Je suis partie de Qualinost pour retrouver mon frère, Iydahar des Balbuzards Blancs – le nom de notre tribu quand nous vivions en Ergoth...

Ayensha avoua n’avoir jamais entendu parler des Balbuzards Blancs, ni d’Iydahar.

— Est-il un serviteur, comme toi ?

— Non. Il ne l’a jamais été. Mes parents et lui ont toujours vécu libres. Mon frère et Dallatar, notre père, ont combattu pour le prince Porthios.

Ayensha chercha en vain une position plus confortable.

— Tu devrais retourner à Qualinost, Kerian. La vie est dure, dans la forêt.

— Elle l’est aussi dans la cité. Qualinost compte quatre ponts, chacun faisant face à un point cardinal. Les Gardiens de la Forêt y patrouillaient régulièrement et égrenaient les heures du haut des tours de guet... « Tout va bien à l’est ! Le sud est sûr ! L’ouest est aux aguets ! Nous voyons tout ce qui bouge au nord ! »

Elle prit une profonde inspiration, puis rouvrit les yeux. Tout près d’elle, le visage Ayensha était pâle comme une morte.

— Aujourd’hui, tout ne va pas bien à l’est... Eamutt Thagol a hérissé de piques le pont d’argent et a planté dessus des têtes tranchées...

Ayensha changea de nouveau de position.

— Une des victimes était ma cousine, Ylania des Balbuzards Blancs.

La douleur fit hoqueter Ayensha.

— Je ne la connaissais pas non plus.

Une chouette passa devant leur abri.

— Mais un membre de ta tribu l’avait peut-être rencontrée... Permets-moi de t’accompagner.

Ayensha eut un rire amer.

— À ta guise. Mais ne m’en veux pas si ce que tu découvriras te déplaît.

Elle se rallongea.

Kerian veilla toute la nuit.


Gilthas versa du miel sur son croissant fourré à l’abricot. Puis il savoura l’odeur de la pâtisserie, du thé à la menthe et des fraises à la crème fraîche... Par les portes ouvertes, les effluves du jardin envahissaient la petite salle à manger.

L’automne ? Le temps du départ, de l’abandon ou du changement...

Toutes les pensées du jeune monarque volaient vers Kerian.

Quelle entêtée ! Il n’aurait pas dû la laisser partir mais tout faire pour la retenir.

Bien avant d’être son amant, il était son suzerain !

Laurana versa de l’eau glacée dans un verre en cristal. La carafe tinta contre le bord du verre, émettant une note très pure.

Quelle entêtée ! Il aurait dû interdire à Kerian de fuir, lui ordonner de renoncer à une quête vouée à l’échec... Iydahar était capable de se débrouiller tout seul !

— Si tu avais ordonné à Kerian de rester, dit Laurana en prenant un croissant fourré à la pêche, tu l’aurais perdue aussi sûrement que si tu l’avais exilée.

Que sa mère exprime tout haut ce qu’il pensait tout bas n’étonna nullement Gilthas. Souvent, cet esprit d’à-propos l’horripilait, comme en cet instant. Mais ce n’était pas nouveau... Depuis toujours, Laurana lisait dans les pensées de son fils.

Souriant, elle beurra son croissant.

Gilthas se dit qu’elle avait parlé d’un ton un rien acerbe. La reine-mère appréciait Kerian – sans se départir d’un brin de circonspection à son égard. Certaines formes de respect tenaient parfois de la plus élémentaire prudence...

— Mère, dit Gilthas, les nouvelles que Rashas a daigné me communiquer ne présentent évidemment aucun intérêt. La nuit fut calme, si on excepte une altercation mineure dans une taverne, près du pont ouest, où les chevaliers vont boire. Dans les campagnes, on continuera d’allumer des feux de joie. Rashas s’en réjouit moins que le peuple.

Laurana releva la tête. La brise matinale ébouriffait ses cheveux dorés.

— Mère...

— Écoute, l’interrompit Laurana, une main levée.

Le chant des oiseaux couvrait presque le brouhaha de la cité et les voix du jardinier et de son apprenti, occupés à tailler les rosiers.

Gilthas fronça les sourcils. Sa mère posa un index sur ses lèvres.

Il entendit des griffes cliqueter sur le sol de marbre du patio. Deux chiens apparurent, jetant de longues ombres derrière eux... Soudain, l’une d’elles sembla prendre vie sous les yeux du roi pour devenir...

... Nayla Epinefeu, un agent de Laurana.

Epinefeu et Haugh Daguebiche s’absentaient de la capitale des mois entiers. Avec d’autres, ils étaient les yeux et les oreilles de la reine-mère hors du Qualinesti. Bref, ses loyaux guerriers et ses hérauts.

— Nayla..., dit Laurana.

Epinefeu renvoya ses chiens, qui sortirent dans le jardin. Ses longs cheveux blonds nattés balayaient sa magnifique chute de reins. Dénoués, ils devaient la couvrir comme un voile lustré.

Nayla fit la révérence devant Gilthas.

— Bonjour, Votre Majesté... (Elle se tourna vers Laurana.) Altesse, je suis rentrée plus tôt que prévu, laissant à Haugh le soin de continuer notre mission. Tout se passe bien.

Aussi lisse qu’un lac qu’aucune brise ne ridait, Laurana resta impassible.

— Tu reviens par des moyens inhabituels, Nayla. Pourquoi ?

L’agent sortit de la poche de sa jupe une bourse en cuir. Elle contenait une émeraude en forme de feuille à demi pliée. Epinefeu la donna à Laurana.

— Majesté, merci de m’avoir permis d’utiliser ce talisman. Il fonctionne bien. (Elle hésita, puis se tourna vers Gilthas.) Sire, j’apporte des nouvelles... Bien que j’ignore les tenants et les aboutissants de l’affaire, vous comprendrez, je l’espère, que je vous les transmette sans la moindre arrière-pensée...

Perplexe, Gilthas fronça les sourcils.

— Tu peux parler librement.

Se fiant à son propre instinct en la matière, l’espionne se redressa.

Le roi garderait-il vraiment son calme en apprenant...

— Sire, au cours de ma mission, j’ai été témoin d’un incident à la Taverne du Lièvre et du Chien de Chasse.

Le cœur de Gil bondit dans sa poitrine.

— Haugh et moi y dînions quand une elfe sauvage prisonnière de chevaliers est entrée. (Elle regarda la reine-mère.) Altesse, les rumeurs sont fondées. Il se passe des choses bizarres dans la forêt.

Gil se pencha vers Epinefeu.

— Que veux-tu dire ?

— Majesté, soudain, c’est comme si on vous ensorcelait. Le voyageur qui ne quitte pas la route n’a rien à craindre. Mais dans les bois... On dirait une magie propre à étouffer les sens. Dans les villes et les villages, il se murmure que c’est l’œuvre des Kagonestis. Vrai ou pas, Sire, j’en connais uniquement les effets. (Elle marqua une pause.) Mais je désirais vous parler de l’elfe sauvage...

— Celle du Lièvre et du Chien de Chasse, dit Gil d’une voix un peu tremblante.

Si sa mère et Nayla s’en aperçurent, elles n’en laissèrent rien paraître.

— Il s’agit de Kerianseray, Votre Majesté, une servante du sénateur Rashas. Vous la connaissez, je crois, et les nouvelles ne sont pas bonnes.

— Parle ! répondit Gilthas.

— Alors que nous dînions, trois chevaliers sont arrivés avec une prisonnière en piteux état. Elle avait manifestement été maltraitée. Leur chef était Egil Galaria, un des hommes de Thagol.

— Parle-moi de Kerianseray.

— Sire, il y a eu une altercation. J’ignore comment Kerian s’y est prise, mais elle a libéré la prisonnière et elles ont fui ensemble.

Un sourire flotta sur les lèvres du roi. Son cœur se gonfla de fierté.

— En prenant la fuite, elle a tué un chevalier. Quand Thagol l’apprendra...

Elle n’eut pas à terminer sa phrase.

— Merci, Nayla, dit le roi après un long silence. J’apprécie la peine que tu t’es donnée pour m’informer. (Il posa sur elle un regard absent.) Et ta discrétion, car tu dois te poser des questions sur la servante de Rashas et l’intérêt que je lui porte...

Nayla s’inclina de nouveau. Ses grands yeux verts pétillaient.

— Non, Votre Majesté, je vous l’assure. J’ose espérer que vous m’honorerez toujours de votre confiance... Et pour toute chose, vous savez que le cœur de Haugh et le mien ne font qu’un.

Gilthas le savait. Il n’avait pas connu les Gardiens de la Forêt, cette ancienne légion qui était le bouclier et l’épée du royaume... Le destin avait exigé qu’il démobilise cette vaillante armée, au nom d’une paix précaire pour son royaume et son peuple.

Gilthas vit briller dans les pupilles de l’agent Epinefeu une loyauté indéfectible que peu de gens, à part les rois, connaissaient jamais.

Il congédia Nayla, après l’avoir de nouveau assurée de sa gratitude, et se tourna vers sa mère.

— Mon fils, murmura Laurana, il semble que ta Kerian soit devenue l’ennemie de ton ennemi...

— En effet, et sa tête sera mise à prix comme celle de son frère... C’est une idiote impétueuse et bornée !

Avec un léger sourire, Laurana leva un sourcil ironique. Gilthas se rappela – un peu tard – que son père avait coutume de dire la même chose de son épouse...

Laurana savoura son croissant fourré à la pêche.

— Laissons à Nayla le temps de se reposer et de se restaurer, puis nous tâcherons de retrouver Kerian avant Thagol.

À ces mots, le regard du Général Doré s’embrasa.


La nouvelle reçue par la famille royale était déjà connue dans le plan mi-magique mi-onirique que les Chevaliers du Crâne avaient le pouvoir d’arpenter. Thagol empruntait des voies dangereuses oscillant entre songe et conscience, à l’écoute des œuvres de la mort – cris, gémissements et sanglots... L’oreille tendue, il perçut une acceptation douce-amère. Dans son âme glacée, une noire symphonie s’éleva.

Il sut l’instant précis où la mort emporta Barg, ce pourceau qui, en des temps meilleurs, n’aurait pas été autorisé à nettoyer les écuries du plus humble des Chevaliers de Takhisis...

Il sut qui le tuait – une servante de la maison du sénateur Rashas. Kerianseray... Il goûta l’agonie de Barg, connut l’amertume de son trépas, sentit la lame glisser entre ses côtes, perforer son cœur... Et le sang jaillir, telle de la glace.

Au moment où Nayla se présentait devant Laurana et Gilthas, Thagol rencontrait le sénateur Rashas.

Puis il passa en revue sa garnison au complet.

Les hommes n’avaient qu’une préoccupation : bien se tenir devant le Chevalier du Crâne. Ils osaient à peine respirer sous leur armure. Une malheureuse goutte de sueur risquait d’attirer son attention...

Sans ménagement aucun, Thagol s’« adressa » à ses recrues. Il leur ordonna de ramener l’elfe Kerianseray à Qualinost pour y être mise à mort. Cette directive passa directement de son esprit aux leurs. Les chevaliers découvrirent l’objet de leur mission, puis virent le corps de leur camarade, comme s’il était étendu à leurs pieds.

Dix d’entre eux se portèrent volontaires. Thagol leur ordonna de prendre chacun quatre hommes supplémentaires et de patrouiller le long des routes.

Il annonça ensuite que les gardes seraient doublées et qu’aucune sentinelle ne devrait plus rester devant sa porte.

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