VI

Les yeux de Kerian croisèrent ceux de la serveuse. Elle allait parler quand le regard d’avertissement de Bueren Rose, aussi soudain qu’un éclair dans un ciel d’été, l’en dissuada.

L’instant suivant, Kerian remarqua qu’il y avait uniquement des Qualinestis – à part Stanach.

Indifférent au silence, le nain traversa la salle et gagna une table déjà occupée par un couple d’elfes, qui le saluèrent d’un signe de tête. De cuir vêtus, portant chacun un carquois dans le dos et leur arc à portée de main, c’étaient vraisemblablement des chasseurs. Sous le manteau vert posé près d’eux, une épée dépassait...

La chasseuse invita Stanach à s’asseoir. Son compagnon remplit une chope de bière qu’il poussa vers lui. Quand les yeux de l’elfe croisèrent ceux de Kerian, sa bouche s’assécha.

Elles s’étaient souvent rencontrées au centre de Qualinost, dans le quartier résidentiel où se dressaient la demeure de Rashas et le palais royal. Nayla Epinefeu... Avant l’arrivée de Béryl, son père et ses frères étaient membres des Gardiens de la Forêt et de l’armée du roi. Ils avaient combattu aux côtés du prince Porthios, avant d’être victimes de la sanglante révolution...

Quand le compagnon de Nayla se tourna, Kerian le reconnut aussi. Charretier de son état, Haugh Daguebiche approvisionnait les meilleures auberges et tavernes de Qualinost.

Leurs regards se croisèrent. L’expression de Haugh ne changea pas. Quand il détourna les yeux, personne n’aurait pu deviner qu’il avait reconnu Kerian.

Suivant son exemple, elle passa près de leur table sans un regard.

Ces trois-là la connaissaient et feignaient d’ignorer qui elle était, alors que les autres clients avaient les yeux rivés sur elle...

Assis dans un coin, un elfe observait la nouvelle venue. À la table voisine, deux femmes échangeaient des murmures. Près de là, un autre elfe élégamment vêtu, qui dînait avec sa femme et ses deux filles, la regarda, puis détourna les yeux.

Une des gamines montra Kerian du doigt.

— Maman, que fait une servante loin de son maître ?

Kerian rougit.

À son ton impérieux, l’enfant appartenait à la noblesse de Qualinost. Stanach tournait le dos, mais la jeune elfe sauvage le vit redresser la tête pour écouter – comme tout le monde.

La mère fit taire l’enfant, qui voulut protester. Sa sœur lui flanqua un coup de pied sous la table, et son père lui intima le silence d’un regard sévère.

Matée, la petite attaqua son assiette de gibier et de légumes.

Kerian se tourna vers Bueren Rose, qui lui fit un signe presque imperceptible de la tête avant de crier une commande aux cuisines. La voix désincarnée de son père, Jale, lui répondit. Bueren ouvrit la porte pour répéter sa commande, et des effluves de soupe, de ragoût, de légumes, de viande rôtie et de pain chaud envahirent la salle.

La faim noua l’estomac de Kerian.

Un des chiens leva la tête et agita la queue. Nayla et Haugh feignirent de s’intéresser au seul contenu de leur assiette.

Stanach avait le nez dans sa chope.

Les trois elfes installés au bar coulèrent des regards en biais à la jeune elfe. Des chasseurs aux vêtements tachés de sang frais... L’un d’eux posa quelques pièces sur le comptoir et sortit. Les deux autres connaissaient Kerian – assez pour avoir à l’occasion échangé quelques nouvelles avec elle.

Aujourd’hui, ils la traitaient avec tant de froideur !

— Bonjour, Bueren, souffla Kerian. Que se passe-t-il ? Un kender aurait reçu un meilleur accueil...

Bueren Rose hocha la tête.

— Si tu étais un kender, nous aurions été plus heureux de te voir... Es-tu à la recherche d’Iydahar ?

Kerian acquiesça. Rose s’essuya le front et repoussa sous son fichu rouge des mèches de cheveux à la blondeur tirant sur le roux. Puis elle tira une chope de bière et la posa sur le comptoir.

— C’est ce que je pensais... Depuis quelque temps, les gens sont étranges. Les choses aussi... La forêt est... perturbée. La route fourmille de chevaliers. Comment as-tu réussi à les éviter ?

De la mousse sur la lèvre supérieure, l’agréable amertume de la bière dans la bouche, Kerian pesa ses mots avec soin.

— J’ai vu une patrouille, un peu plus tôt...

— Il y en a bien d’autres, qui se croisent sans cesse sur la route de Qualinost.

Près de l’âtre, un chien se leva, renifla son compagnon, puis s’étira. L’autre grogna. Nayla claqua des doigts. Les deux bêtes se recouchèrent aussitôt.

Bueren alla poser trois assiettes devant Nayla, Haugh et Stanach, et revint vers son amie.

— Que fais-tu ici, dans cet accoutrement ?

Ignorant la question, Kerian sortit la pièce en bronze de sa poche et la posa sur le comptoir.

— Je prendrai la même chose qu’eux.

Bueren lui fit un clin d’œil.

— Range ça, Keri. Je t’apporte à manger.

— Mais...

— Pas de mais ! Assieds-toi.

Rose disparut dans la cuisine et en ressortit avec un bol de soupe de carotte, une assiette de gibier arrosé de sauce épicée, un pot de beurre et une grosse tranche de pain complet. Elle posa le tout devant Kerian et lui tendit des couverts.

— Restaure-toi... Nous parlerons plus tard.

Kerian obéit. Le cliquetis des couverts et les rares murmures, à la table de Nayla, de Haugh et de Stanach, ou à celle des fillettes, troublaient à peine le silence. La jeune elfe sentait des regards rivés dans son dos, comme un avertissement.

À la lumière de l’âtre, entourée des appétissants fumets et des activités familières de Bueren Rose, Kerian mangea de bon appétit. La soupe et le gibier étaient délicieux. Elle tartina une bonne couche de beurre sur son pain. Sa faim calmée, elle se découvrit très fatiguée.

Tout son corps lui faisait mal. Les muscles de ses épaules et de sa nuque semblaient de plomb. Ceux de ses reins protestaient au moindre mouvement... Et l’odeur âcre de sa propre transpiration offensait ses narines délicates.

Le cœur lourd, Kerian eut soudain la nette impression d’être très loin de chez elle. En réalité, elle était à une journée de marche de Qualinost... Mais se voir traitée comme une étrangère au sein d’un village qu’elle connaissait pourtant si bien, et lorgnée avec suspicion dans une taverne où elle avait toujours été chaleureusement accueillie... Voilà qui changeait tout !

Quand Kerian croisa le regard d’un chasseur, il détourna les yeux.

Bueren Rose alluma les torches. Ses parents l’avaient baptisée Abuerenalanthaylagaranlindal – Rose de la Fin de l’Été. Une jolie fille, mince et souriante, aux cheveux bouclés... Depuis l’enfance, ses amis l’appelaient Bueren Rose : Rose d’Été.

Un elfe accoudé au comptoir lui murmura quelque chose. Son compagnon l’attira contre lui. Elle rit et se pencha pour lui souffler des paroles à l’oreille.

Surpris, il la lâcha, et elle s’éloigna en riant.

La lumière orangée chassa les ombres. La nuit tombait. La salle sembla rapetisser.

À Qualinost, Gilthas dînait, sans doute avec sa mère. À leur table, couverte d’argenterie et de bougeoirs en or, ils buvaient un vin au bouquet délicat dans des verres en cristal. Bientôt, Gilthas s’excuserait et retournerait dans ses appartements. Il prendrait sa plume, un encrier et un parchemin. Et toutes les questions, les peurs, les espoirs et les défis de son étrange règne deviendraient des strophes mélancoliques...

... Jusqu’à l’arrivée de Kerian.

Qui étouffa ses regrets. Elle avait choisi. Et advienne que pourrait !

Le silence propre aux convives rassasiés et heureux s’installa. Puis le père indiqua à sa famille que le repas était terminé. La mère essuya la bouche des fillettes, leur soufflant de plier leurs serviettes. Le père souleva une des gamines dans ses bras, et sa femme prit l’autre par la main. Les enfants ravies babillèrent comme des écureuils. Tout bas, leur père les rappela à la bienséance.

Bueren s’accouda au comptoir.

— Eh bien ? Kerian inspira à fond.

— Hier, sur le pont est de Qualinost, les chevaliers ont planté les têtes de treize elfes au bout d’autant de piques. Quatre étaient des Qualinestis.

Bueren pâlit.

— On dit des neuf autres, des Kagonestis, que c’étaient des hors-la-loi qui s’attaquaient aux caravanes de Béryl... Et si le calme n’est pas rétabli, ça continuera...

— Dieux, ayez pitié de nous ! souffla Bueren.

— Connaissais-tu... ?

— Un de ces hors-la-loi ? Nos clients sont d’honnêtes gens. Ils ne se mêlent pas aux bandits... Mais je suis contre de tels châtiments ! As-tu entendu les étranges histoires qui circulent parmi les chasseurs ? Tu as peut-être remarqué... ce qui arrive à la forêt ?

— Oui.

— Ces deux-là, au comptoir, affirment qu’ils ont senti quelque chose... d’anormal. Une sorte de...

Elle secoua la tête, ne trouvant pas ses mots.

— Je sais, Bueren. Je l’ai senti aussi. En fait, ce phénomène m’a privé de mes sens ! Je ne voyais plus et je n’entendais plus... (Elle montra ses mains écorchées.) Je suis tombée – sur des pierres ! – et je n’ai rien senti. Dans la forêt, Bueren, j’ai subitement perdu mes facultés... L’espace de quelques instants...

Elle faillit se tourner vers Stanach pour qu’il confirme son témoignage.

— Bueren, j’ai... Une ombre m’a touchée. À la réflexion, je crois que la forêt elle-même est atteinte par ce phénomène.

La serveuse hocha la tête.

— Les gens du coin disent la même chose. Au début, ils croyaient que les chevaliers étaient responsables... mais les humains n’aiment pas plus ça que nous. Certains... (Rose baissa les yeux)... accusent les Kagonestis.

Du coin de l’œil, Kerian vit un des chasseurs se lever et poser de l’argent sur le comptoir.

— Je vous reverrai à mon prochain passage, Bueren Rose, dit-il.

Bueren le salua et lui souhaita bonne chance.

— Père a un stock de noix pour les farces. Nous vous achèterons les faisans et les grouses que vous attraperez, Kaylt.

— Entendu. (Le regard du chasseur glissa sur Kerian.) Prenez soin de vous, Rosie.

Kaylt et son compagnon sortirent. Narines frémissantes, les chiens se levèrent, puis approchèrent. Stanach avait posé sur le sol deux assiettes contenant les reliefs du repas. La queue frétillante, ils n’en firent qu’une bouchée.

Bueren ramassa les assiettes vides.

— Keri, les elfes sauvages... Nous n’avons pas revu ton frère depuis un an. Les Kagonestis ne sont plus les bienvenus à Sliathnost. Les gens rendent les tribus responsables de ce qui arrive à la forêt.

Les tribus...

Kerian secoua la tête.

— Les Kagonestis ? Comment...

Des éclats de voix retentirent devant la taverne. Un ordre claqua comme un coup de fouet et le silence revint. Un courant d’air charria une odeur de chevaux... et de sang.

Près de la cheminée, les chiens repus grognèrent, les poils dressés. Le compagnon de Nayla les fit taire.

La porte s’ouvrit à la volée.

Leur visière baissée, trois chevaliers poussèrent une prisonnière devant eux. Les poings liés, les cheveux collés sur son front par la sueur et le sang, l’elfe portait une tenue de chasseur et une ample chemise en coton déchirée en deux sur ses seins. De ses poings ligotés, elle tenait maladroitement les pans du vêtement devant sa nudité. Son beau visage était couvert d’ecchymoses et de coupures.

À la lumière des torches, Kerian vit des tatouages kagonestis typiques sur son cou, sa gorge, ses épaules et ses seins.

Bueren toucha le bras de Kerian.

— Chut ! souffla-t-elle. Un geste ou un mot de travers, et tu entraîneras sa mort. Puis notre mort à tous !

Les deux chiens ne quittaient pas les chevaliers des yeux. L’elfe debout près de la fenêtre et les deux villageois échangèrent un regard, puis payèrent leur écot et se glissèrent comme des ombres derrière les humains.

— Messires, dit Bueren, impassible, que puis-je vous apporter à boire et à manger ?

Le plus grand chevalier retira son casque, dévoilant un crâne chauve luisant de sueur. Son visage balafré respirait la cruauté et ses yeux étaient aussi froids que la pierre.

Il poussa la prisonnière qui, tombée à genoux, resta à quatre pattes, tête basse.

Sa respiration était entrecoupée de râles sourds.

Bueren serra le bras de Kerian.

Les autres chevaliers enlevèrent leurs casques. L’un était jeune, les cheveux noirs, l’autre, d’âge moyen avec une barbe rousse. Ils avaient en commun un air implacable. Avant la Guerre du Chaos, les Chevaliers de Takhisis admettaient seulement des nobles dans leurs rangs. Ce genre de brute épaisse n’aurait pas été jugé digne de nettoyer leurs écuries...

Les Chevaliers Noirs ? Des guerriers impitoyables jadis au service de la Reine des Ténèbres et de sa Vision, certes. Mais des chevaliers avant tout, attachés à la noblesse et à la vertu.

Aujourd’hui, en ces temps si troublés où même les dieux n’étaient plus de ce monde, les Chevaliers de Néraka acceptaient tous ceux qui se présentaient. On murmurait même que des demi-ogres portaient l’armure noire.

— Messire Egil, dit Bueren, se forçant au calme, nous ne vous avions plus revus depuis longtemps. Voulez-vous vous installer à cette table, au milieu ? Je vous apporte à boire...

— De la bière ! brailla Cheveux Noirs.

— De l’alcool nain ! grogna Barbe Rousse.

Près de l’âtre, Stanach ne broncha pas, mais Kerian crut voir étinceler du mépris au fond de ses yeux noirs pailletés de bleu.

— Et elle ? ajouta Bueren en désignant la prisonnière.

Distraitement, Egil flanqua un coup de pied à sa victime. Cheveux Noirs l’imita avec un plaisir évident. Empoignant la corde, Barbe Rousse traîna l’elfe jusqu’à la table. Il avait de petits yeux porcins.

— Cette pute n’aura rien ! grogna-t-il à l’adresse de Bueren. Ni eau, ni nourriture. Elle m’a mordu, la chienne ! Personne ne doit l’approcher.

Cheveux Noirs, qui bavait de concupiscence, s’essuya les lèvres. Kerian eut envie de vomir quand le regard de l’homme se posa sur elle.

Bueren lui flanqua un coup de coude.

— Eh, n’as-tu pas entendu ? Ils ont faim ! Va dire à mon père que nous avons des clients. Trois assiettes bien garnies.

En cuisine, Jale, que Kerian connaissait aussi bien que sa fille, prétendait être un peu sourd. En réalité, il entendait tout ce qui se passait dans sa taverne.

Le visage luisant de sueur, il lui tendit un plateau.

— Va les nourrir avant qu’il n’y ait du grabuge...

Kerian prit le plateau lesté d’assiettes fumantes.

— Minute !

Jale retira le couteau de la ceinture de la jeune elfe et lui posa un torchon blanc sur l’épaule – la panoplie indispensable des serveuses d’un bout à l’autre de Krynn.

Imitant Bueren, Kerian poussa la porte de la hanche et porta le plateau dans la salle. Elle posa une assiette devant chaque chevalier. Déjà bien éméchés, ils menaient grand tapage. Kerian supporta leurs commentaires grivois et réussit à garder son sang-froid quand Barbe Rousse lui passa un bras autour de la taille. Elle se dégagea. Par bonheur, il prit pour de la gêne le rouge qui monta aux joues de la belle.

Egil se curait les dents de la pointe de sa dague.

Cheveux Noirs s’humecta les lèvres.

— Approche, ma poule, ordonna Barg, le type à la barbe rousse.

Le cadet du trio eut un rictus pervers.

Egil bâilla.

— Non ! haleta la prisonnière.

Kerian se retourna.

— Ferme-la ! lança Barg.

Un pichet vide atterrit soudain sur le sol.

Kerian bondit pour le ramasser. Stanach leva sa main droite aux doigts crochus.

— Ce maudit pichet m’a échappé, fit le nain avec dégoût. (Il lorgna deux serviettes tachées de sauce, sur la table. Irrité, il ajouta :) Débarrassez-moi de ça !

Kerian prit les serviettes... et faillit faire tomber le couteau caché entre elles. Les yeux ronds, elle se répandit en excuses.

— Il vous faut autre chose... ? demanda-t-elle au nain et à ses compagnons.

Stanach l’ignora.

Haugh souffla qu’il était fatigué et comptait se retirer bientôt.

Kerian n’écouta plus. Elle avait une arme. Et elle pouvait s’éclipser par la cuisine... Le nain et ses compagnons venaient de lui tendre une main secourable pour la sortir de ce pétrin.

Chargée du pichet et des serviettes au précieux contenu, Kerian passa à côté de la prisonnière... et laissa tomber une des serviettes, comme par inadvertance.

Elle se baissa pour la ramasser et, presque joue contre joue avec la prisonnière, elle souffla :

— Pas un mot... Suivez-moi.

Kerian l’attrapa par le poignet et la mit debout.

— Hé ! cria Barg.

Les genoux de la captive se dérobèrent. Kerian la rattrapa alors qu’Egil jurait et que Cheveux Noirs hurlait :

— Barg, tuez-les !

Brillante et encore tachée de sang, la lame d’un couteau jeta des éclairs à la lumière des flammes de l’âtre. Trois chaises tombèrent à la renverse.

Kerian poussa sa compatriote vers une porte latérale en contournant Nayla et Bueren Rose. Une main de fer lui saisit l’épaule, assez fort pour y laisser des marques. Jouant du couteau, Barg lui égratigna le bras quand elle se dégagea d’une secousse.

Le chevalier la rattrapa en l’enlaçant par la taille pour la serrer douloureusement contre sa cotte de mailles. Puis il pressa sa lame sur sa gorge.

Bueren hurla, et son père sortit de la cuisine.

— Laissez-la-moi ! cria Cheveux Noirs.

Barg s’esclaffa. Kerian ne bougeait plus. Cachée par l’autre serviette, elle serrait sa propre lame. Du coin de l’œil, elle vit la prisonnière, dans un triste état, et croisa son regard, d’où toute lueur de défi n’avait pourtant pas disparu...

Battue, maltraitée, peut-être même violentée, l’inconnue ne s’avouait toujours pas vaincue.

Le sang de Kerian s’embrasa. Vive comme l’éclair, elle se contorsionna et flanqua un coup de genou dans l’entrejambe du chevalier.

Barg brailla. L’elfe sauvage se dégagea, reprit la prisonnière par le poignet et la tira vers elle.

Une main de fer se posa sur l’épaule de Kerian, qui sentit l’haleine chaude de Barg.

— Non ! cria la captive.

Kerian se baissa pour se dégager. Le chevalier resserra sa prise. Rugissant de douleur, l’elfe leva sa lame et frappa.

L’acier s’enfonça dans la chair, entre deux côtes, avant de racler contre un os.

Stupéfait, Barg s’écroula.

Ses compagnons jurèrent.

Kerian bondit vers la sortie, entraînant la prisonnière vers la liberté.

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