CHAPITRE X

Le lendemain matin, Alan ouvrit les yeux de bonne heure, mais c’était Ratt’, et non Hawkes qui l’avait tiré du sommeil. Le petit extraterrestre babillait à son oreille.

Alan, les yeux encore gonflés de sommeil, s’assit et cligna des paupières.

— Oh ! C’est toi ? Je pensais que tu avais entamé une grève de la conversation !

— Je n’avais aucune envie de dire quoi que ce soit, alors je la bouclais ! Mais à présent, et avant que ton nouvel ami se réveille, je désire te dire quelques mots.

Tout au long de la soirée précédente, le Bellatricien était resté muet, cramponné à l’épaule d’Alan comme un bon petit animal familier, mais lèvres scellées.

— Bon, eh bien, vas-y, dis ce que tu as à dire.

— Je n’aime pas ce type-là, ce Hawkes. J’ai dans l’idée que si tu le suis, tu vas foncer tête baissée dans une montagne d’embêtements !

— Mais, il va juste m’emmener à l’Atlas pour rencontrer Steve !

— Tu peux très bien te rendre à l’Atlas tout seul, maintenant qu’il t’a fourni toute l’aide dont tu avais besoin.

Alan secoua la tête.

— Je ne suis plus un bébé, Ratt’. Je peux très bien veiller sur ma petite personne tout seul, sans ton aide.

La petite créature des étoiles haussa les épaules.

— Fais comme bon te semble ! Mais je te préviens d’une chose, Alan : je regagnerai le Valhalla, que ce soit avec ou sans toi. Je n’aime pas la Terre, pas plus que Hawkes. Garde ça bien présent à l’esprit.

— Mais qui donc a prétendu que je restais là ? Ne m’as-tu pas entendu parier contre Max que je rentrerai ?

— Si, si, j’ai entendu ! Mais moi, je dis que ce pari, tu vas le perdre. Je prétends que ce Hawkes va t’embobiner avec ses beaux discours, pour que tu restes, et si j’avais un quelconque besoin d’argent, je miserais tranquillement sur Hawkes gagnant !

Alan éclata de rire.

— Tu crois me connaître mieux que moi-même. Je n’ai jamais, pas un seul instant, tu m’entends, songé à abandonner le vaisseau.

— T’ai-je jamais été de mauvais conseil ? Je suis bien plus âgé que toi, Alan, et dix, peut-être même vingt fois plus futé. Je vois très bien dans quoi tu t’engages, et…

— Gna, gna, gna… ! trancha grossièrement Alan, soudain furibond ! Tu es pire qu’une vieille bonne femme sénile ! Tu ne pourrais pas retomber dans ton mutisme d’hier soir et me ficher la paix, non ? Je sais parfaitement ce que je fais, et quand j’aurai besoin de ton avis, je te le demanderai !

— Très bien ! Fais comme tu l’entends, répondit Ratt’ avec, dans la voix, des inflexions affectueusement réprobatrices.

Alan se sentit immédiatement tout honteux d’avoir ainsi rabroué le petit extraterrestre, mais il ne savait comment faire pour s’excuser intelligemment. De plus, le sermon de Ratt’ l’avait effectivement exaspéré. Tous deux étaient ensemble depuis bien trop longtemps. Le Bellatricien s’imaginait sans doute qu’il avait toujours dix ans et qu’il fallait constamment veiller sur lui.

Il roula sur lui-même et replongea dans le sommeil.

Une heure plus tard, environ, il fut à nouveau réveillé, mais par Hawkes cette fois. Il s’habilla et ils prirent leur petit déjeuner, composé de vrais aliments et non de synthétiques, cuisinés par le servochef de Hawkes. Puis, ils se mirent en route pour le Casino Atlas, au coin de la 68e Avenue et de la 423e Rue, dans la ville haute de York. Il était 13 27 lorsqu’ils sortirent de chez Hawkes, et celui-ci certifia à Alan que Steve serait déjà au « travail » : la plupart des joueurs pour qui ça ne marchait pas trop bien, entamaient leur tournée des maisons de jeu au tout début de l’après-midi.

Ils empruntèrent le Métro, remontant vers le centre ville, qu’ils dépassèrent pour atteindre les faubourgs de haut York. Au terminus de la 423e Rue, ils regagnèrent l’air libre, et d’un bon pas, traversèrent les petites rues populeuses en direction de la 68e Avenue.

À un bloc d’immeubles de leur destination, Alan repéra le clignotement d’une enseigne aux lettres rougeâtres : « CASINO ATLAS ». Un autre néon, plus petit, indiquait que le cercle appartenait à la catégorie C, ce qui autorisait les joueurs les plus médiocres à venir profiter de l’établissement.

Plus ils se rapprochaient, plus le jeune Spacio se sentait dévoré d’impatience. C’était avant tout dans le but de retrouver Steve qu’il avait pénétré dans la cité terrienne.

Des semaines durant, il s’était projeté dans la tête le film de leurs retrouvailles. Et il était sur le point de le voir devenir réalité.

L’Atlas ressemblait à cet autre cercle où Alan avait eu l’algarade avec un pubrob’. Les fenêtres en étaient assombries et un robot bleu luisait à l’entrée, harcelant les passants pour qu’ils entrent tenter leur chance. Alan se passa la langue sur les lèvres ; il se sentait comme engourdi et glacé intérieurement. « Il ne va pas être là, pensait-il. Il ne va pas y être…»

Hawkes sortit une liasse de billets de banque de son portefeuille.

— Tiens ! Voilà deux cents crédits à dépenser aux tables, pendant que tu examineras les gens. Moi, je dois rester là, à l’entrée. Ça ferait un chahut de tous les diables si jamais une série A s’avisait, ne serait-ce que de mettre les pieds dans une maison comme l’Atlas.

Alan lui adressa un sourire crispé. Finalement, il préférait que Hawkes n’ait pas le droit de l’accompagner. Il voulait résoudre le problème tout seul, pour une fois. De plus, il ne souhaitait franchement pas voir Hawkes assister à sa première rencontre avec Steve, de quelque manière qu’elle se déroule.

Enfin, si Steve était bien là, évidemment.

Il acquiesça d’un hochement de tête nerveux et gagna la porte. Le pubrob’ lui envoya immédiatement son caquetage aux oreilles :

— Entrez donc, monsieur, entrez. Ici, cinq crédits peuvent vous en rapporter cent. C’est par ici, monsieur, entrez, entrez donc !…

— J’arrive, murmura Alan.

Il franchit le faisceau de la cellule photo-électrique et pénétra dans le casino. Un second robot glissa aussitôt vers lui, observant son visage.

— Vous êtes ici dans un établissement de classe C, monsieur. Si votre carte est d’une catégorie supérieure, il vous est impossible de jouer chez nous. Verriez-vous un inconvénient à me montrer votre carte, monsieur ?

— Je n’en ai pas : je suis débutant, non classé – c’était ce que Hawkes lui avait conseillé de dire – j’aimerais avoir une table où je sois seul, je vous prie.

On le mena jusqu’à une table à gauche de la cabine du croupier. L’Atlas était incomparablement plus crasseux que le cercle de série A qu’il avait visité la veille au soir ; les panneaux électroluminescents grésillaient et l’éclairage vacillant qu’ils dispensaient faisait naître ici et là des ombres diffuses et tremblotantes. Il tombait au beau milieu d’une partie ; des silhouettes absorbées étaient courbées vers leurs écrans respectifs, s’escrimant à modifier équations et diagrammes.

Alan glissa une pièce de cinq crédits dans la fente ; en attendant que le coup se termine et qu’en commence un nouveau, il observa les autres clients. Dans cette demi-pénombre, il était difficile de distinguer les traits des visages. Il aurait sans doute quelques problèmes pour reconnaître Steve.

Une odeur musquée flottait lourdement dans la pièce, douce et âcre à la fois, finalement assez déplaisante. Il se souvint de l’avoir déjà sentie auparavant et tenta de se rappeler où… Oui ! C’était la nuit précédente, à l’autre cercle ; il avait remarqué une légère senteur insolite, et Hawkes lui avait expliqué qu’il s’agissait des effluves d’une certaine cigarette de stupéfiant. Ici, dans l’air vicié de la maison de jeu, elle se faisait lourde et écœurante.

Les joueurs fixaient les schémas lumineux leur faisant face avec un regard d’une intensité presque hystérique. Alan laissait ses yeux courir de l’un à l’autre. Un chauve dont le crâne brillait comme de l’or au sein de l’obscurité, se tordait les mains, en proie aux affres angoissantes de l’indécision. Un jeune homme svelte, aux yeux rêveurs, se cramponnait frénétiquement aux côtés de sa table tandis que les chiffres entamaient une spirale ascendante. Une grosse femme, qui allait vers ses cinquante ans, absolument hébétée par la complexité du jeu, s’était désespérément effondrée au fond de son siège.

Au-delà, il ne pouvait plus rien distinguer. D’autres joueurs étaient assis de l’autre côté de l’estrade ; peut-être Steve se trouvait-il parmi eux, mais il était strictement interdit à quiconque de se promener entre les rangées de tables à la recherche d’un certain joueur.

Le timbre retentit, marquant la fin du tour.

— Le numéro 322 gagne cent crédits, brama le croupier.

L’homme qui jouait à la table 322 s’avança péniblement vers l’estrade pour recevoir son gain. Il avait une curieuse démarche chaloupée et traînait les pieds ; son corps était agité de soubresauts nerveux. Contre ceux-là aussi, Hawkes l’avait mis en garde. C’étaient les drogués à cette poudre qu’on appelait la « poussière de rêve ». Aux derniers stades de l’intoxication, ils n’étaient plus que de vagues fantômes, des caricatures qui n’avaient plus d’humain que leur enveloppe corporelle, qui étaient pratiquement incapables de se déplacer sur leurs deux jambes. Celui-là prit ses cent crédits et regagna sa table sans même l’ombre d’un sourire. Alan frissonna et détourna les yeux. Décidément, la Terre n’était pas un monde bien joli. Il y faisait bon vivre si on nageait dans le sens du courant, comme Hawkes, mais pour un gagnant comme Hawkes, combien se débattaient contre le flot sans seulement parvenir à l’étaler, puis se faisaient balayer par le torrent de la « poussière à rêves » ou bien encore… ?

Steve ! Il balaya la rangée de tables pour apercevoir Steve.

Et puis, l’écran s’illumina, et pour la première fois, il jouait.

Il établit un schéma expérimental : des rayures dorées voletaient d’un bord à l’autre de l’écran, parcourues d’éclairs rouges et bleus. Le premier chiffre fut alors proclamé. Alan l’intégra en toute hâte et réalisa qu’il venait de construire un diagramme absolument lamentable de bout en bout. Il l’effaça totalement de son écran et programma une nouvelle équation, fondée sur le chiffre annoncé. Il était parfaitement conscient d’être très en retard sur les autres joueurs.

Pourtant il s’y accrocha tout au long des minutes qui s’écoulaient inexorablement. Des ruisselets de sueur lui dégoulinaient sur le visage et dans le cou. Il était à mille années-lumière de posséder l’élégante précision, la sûreté tranquille de Hawkes avec les touches de contrôle de l’écran. C’était un jeu ardu pour les débutants… Peut-être, par la suite, acquerrait-il quelques-uns des automatismes, mais pour l’instant…

Sporadiques, les instructions chiffrées tombaient.

— Douze treizièmes sur 78 !

Alan manipula les contrôles pour corriger son diagramme. Il commençait à comprendre l’attrait irrésistible que ce jeu exerçait sur les Terriens ; il exigeait une telle concentration, une attention si exclusivement focalisée sur lui qu’il ne laissait pas une seconde pour penser à autre chose. Penser et jouer en même temps était impossible. Ce jeu offrait donc une échappatoire sans faille aux impitoyables réalités de l’existence sur Terre.

— Six cent douze sigma cinq !

Alan rectifia de nouveau son schéma. Il était tendu mais sentait que la victoire était toute proche. Bientôt, les raisons de sa présence dans le cercle s’évanouirent à la frontière de sa conscience. Oublié, Steve ; seul comptait, dorénavant, l’écran, les lumières clignotantes, le jeu…

Cinq nouveaux nombres furent annoncés avant que le gong ne retentisse, proclamant que le diagramme gagnant avait été découvert. La foudre tombant à côté d’Alan ne lui eût pas produit un effet plus violent. Il avait perdu. Aucune autre pensée ne parvenait à traverser sa conscience : il avait perdu !

Le vainqueur était le jeune homme aux yeux rêveurs, à la table 166. Il encaissa ses gains sans mot dire et reprit sa place. À la seconde même où Alan produisait une nouvelle pièce de cinq crédits pour s’engager dans la partie suivante, il réalisa ce qui était en train de lui arriver.

Il s’était complètement laissé posséder par la fascination et la tension nerveuse du jeu. Il était en train d’oublier Steve, ainsi que Hawkes qui l’attendait dehors.

Il se rejeta en arrière dans son siège, et, s’étirant au maximum, détailla l’alignement des joueurs, aussi loin que pouvait porter son regard. Par là, aucune trace de Steve. Donc, il devait se trouver de l’autre côté du croupier. Alan résolut de faire de son mieux pour gagner ; il aurait ainsi une chance d’aller jusqu’à l’estrade et d’examiner la seconde partie de la salle.

Mais le jeu était bien trop rapide pour lui ; au onzième chiffre, il commit une erreur de programmation et dut, épouvanté, se rendre à l’évidence : son schéma s’écartait de plus en plus des coordonnées successivement annoncées. Il se battit comme un beau diable pour corriger ses erreurs, mais, déjà, il avait irrémédiablement perdu. Ce fut le joueur de la table 217, de l’autre côté, qui gagna. C’était un géant au visage hâve, à la puissante carcasse de docker, et qui rit de bonheur en ramassant son argent.

Trois nouveaux coups se déroulèrent ; si Alan voyait incontestablement son habileté se développer, la victoire s’obstinait à lui échapper. Il se rendait parfaitement compte de sa déroute, mais restait totalement impuissant à l’empêcher ; il était incapable d’établir une extrapolation prévisionnelle. Hawkes, lui, avait le don d’imaginer les modifications probables de son diagramme deux ou trois coups à l’avance. Les possibilités d’Alan se limitaient à travailler sur ce qu’il avait sous les yeux ; il n’arrivait jamais à construire mentalement le rapide enchaînement de supputations qui l’aurait amené à la victoire. Il avait déjà passé presque une heure dans ce casino, sans aucun résultat.

Un autre tour vint et s’acheva de la même manière…

— La table 111 se fait la banque pour cent cinquante crédits ! beugla le croupier.

Alan souffla un peu en attendant d’apercevoir l’heureux gagnant venant empocher ses gains.

Celui-ci atteignit bientôt l’estrade au centre de la salle, sous le regard d’Alan. C’était un grand gars assez jeune – peut-être trente ans – les épaules tombantes et les yeux ternes, comme si leur propriétaire était absent. Son visage rappelait quelque chose à Alan…

Steve !

Sans ressentir la moindre exaltation, maintenant que ses recherches avaient atteint leur but, Alan se coula hors de son siège et franchit la distance le séparant du croupier, pour ensuite longer l’allée s’étirant de l’autre côté. Steve avait déjà repris sa place, table 111. Alan parvint à sa hauteur à l’instant où le timbre déclenchait une nouvelle partie.

Steve était voûté sur son écran, et se livrait à des calculs enragés. Alan lui tapota l’épaule.

— Steve ?

Sans même relever les yeux, Steve jeta, d’une voix tranchante.

— Foutez-moi le camp, qui que vous soyez. Vous ne voyez pas que je suis occupé, non ?

— Steve, je…

Un robot avait déjà glissé vers Alan et l’empoignait fermement par le bras.

— Il est interdit de distraire l’attention des joueurs lorsqu’ils sont en lice, monsieur. Je me vois dans l’obligation de vous mettre à la porte de l’établissement !

Alan se libéra sèchement de l’étreinte du robot, et se pencha sur Steve. Il lui saisit l’épaule et le secoua énergiquement pour tenter de libérer son esprit de l’emprise qu’exerçait sur lui l’écran scintillant.

— Steve, regarde-moi, bon sang ! C’est moi, Alan ! Ton frère !

Steve gifla la main d’Alan comme s’il se fût agi d’une manche. Le jeune homme voyait d’autres robots qui convergeaient vers lui de plusieurs points de la salle. Dans moins d’une minute, ils l’auraient éjecté avec perte et fracas.

Jouant son va-tout, il agrippa l’épaule de Steve et le fit pivoter sur son siège. Steve proféra un juron puis tomba dans un silence ahuri.

— Tu te souviens de moi, Steve ? Ton frère, Alan !… Ton jumeau, avant !

Steve avait visiblement changé. Ses longues boucles épaisses n’étaient plus que souvenir. Il paraissait avoir poussé comme une asperge et son teint était plus mat. De petites rides s’étiraient sur son front et entouraient ses yeux enfoncés. On voyait qu’il avait un peu engraissé et ses traits exprimaient une douloureuse lassitude. Observer son visage, pour Alan, c’était comme se regarder dans un miroir déformant doué d’un humour cynique. Son expression ne poussait vraiment pas à sourire.

Un rauque murmure franchit ses lèvres :

— Alan ?

— Oui, moi !

Alan sentait la poigne solide des robots. Il se débattit pour se libérer et vit que Steve tentait de dire quelque chose, mais ne trouvait pas ses mots. Il était terriblement pâle.

— Lâchez-le ! prononça-t-il enfin. Il… il ne m’ennuyait pas !

— Il doit être expulsé ! C’est le règlement !

La figure de Steve se plissa sous l’effet de ses émotions contradictoires.

— Bon, très bien ! Dans ce cas, nous partirons tous les deux.

Les robots relâchèrent Alan qui se frotta les bras d’un air maussade. Côte à côte, ils remontèrent l’allée et sortirent.

Dehors, Hawkes attendait toujours.

— Eh bien ! je vois que ça y est ! Tu l’as retrouvé !… Tu y as mis le temps !

— M… Max, voici mon frère, Steve Donnell. (La voix d’Alan tremblait de tension nerveuse retenue.) Steve, je te présente un ami à moi, Max Hawkes.

— Pas besoin de me le présenter ! répondit Steve d’une voix plus grave et plus dure que dans le souvenir d’Alan. Il n’y a pas un joueur qui ne connaisse Hawkes. Il est le Meilleur.

Sous la chaude lumière du soleil, Steve paraissait encore plus âgé que ses vingt-six ans réels. Aux yeux d’Alan, il avait tout à fait l’air d’un type à qui la vie n’a pas ménagé les coups de pieds en vache, quelqu’un qui n’avait pas encore baissé totalement les bras, mais qui était conscient que l’avenir n’avait pas grand-chose à lui promettre.

Et, en plus, il semblait dévoré de honte. Ce feu follet familier qui illuminait autrefois son regard s’était éteint.

Tranquillement, Steve déclara :

— Bon ! D’accord, Alan. Tu as fini par me dénicher. Alors, maintenant, traite-moi de tous les noms que tu voudras, mais laisse-moi retourner à mes affaires. Figure-toi que je ne m’en tire pas aussi bien que ton ami Hawkes, et il se trouve que j’ai besoin de beaucoup d’argent, et le plus vite possible.

— Je ne suis pas venu pour te juger, Steve. Allons quelque part où nous puissions discuter. Nous avons un tas de choses à nous dire.

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