15. Le paradis du soleil

Le jour suivant, par chance, les nuages d’orage s’interposèrent entre le soleil et lui, et l’air se rafraîchit sensiblement, descendant à trente-cinq degrés à midi. Les énormes bancs de cumulus noirs n’étaient qu’à cent cinquante mètres au-dessus de l’eau ; ils obscurcissaient le ciel comme une éclipse solaire, et Kerans reprit suffisamment vie pour mettre le moteur en marche et atteindre une vitesse de dix-huit kilomètres à l’heure. Se faufilant entre les îles, il se dirigeait vers le sud, suivant le soleil qui battait dans sa tête. Plus tard, dans la soirée, la pluie d’orage se déclencha et il se sentit assez bien pour se tenir debout sur une jambe, appuyé au mât, et laisser le jaillissement torrentiel frapper sa poitrine et arracher les lambeaux de tissu de sa veste. La première ceinture de nuages s’éloigna et la visibilité s’étendit. Il pouvait voir la rive sud de la mer, une ligne d’affreuses collines de boue, hautes de plus de cent mètres. Elles brillaient au-dessus de l’horizon dans la lumière spasmodique du jour, tels des champs d’or, les sommets de la jungle qui s’étendait derrière apparaissant au-dessus d’elles.

Il était encore à plusieurs centaines de mètres de la rive lorsque la réserve de carburant s’épuisa. Il démonta le moteur et le jeta dans l’eau, le regardant s’enfoncer au-dessous de la surface brune, dans un petit remous de bulles. Il ferla la voile et avança lentement, vent debout. Lorsqu’il atteignit la rive il faisait nuit, l’ombre s’étendait sur les grandes mares grises. Boitillant sur les hauts-fonds, il échoua le bateau puis s’assit, le dos appuyé à l’un des tonneaux. Il contempla l’immense solitude de la rive morte et sombra bientôt dans un sommeil épuisé.

Le lendemain matin, il démonta le bateau et transporta les morceaux un à un sur l’énorme talus couvert de vase, espérant découvrir une nouvelle étendue d’eau vers le sud. Autour de lui les grands talus ondulaient pendant des kilomètres, les dunes arrondies ponctuées de seiches et de nautiles. La mer n’était plus visible et il était seul avec ces objets inanimés, tels les débris d’une continuité évanouie, une dune suivant l’autre, tandis qu’il traînait les lourds tonneaux de deux cent cinquante litres de crête en crête. Le ciel au-dessus de lui était lourd et sans nuages, d’une impassible douceur bleue, évoquant plus le plafond intérieur d’une profonde psychose irrévocable que la sphère céleste pleine d’orages qu’il avait connue les jours précédents. À un moment donné, après qu’il eut déposé son fardeau, il tomba dans le creux d’une dune et trébucha dans les cuvettes silencieuses dont le sol était craquelé en plaques hexagonales, comme un homme endormi à la recherche de la porte invisible qui lui permettrait de sortir de son cauchemar.

Il abandonna finalement le bateau et s’éloigna en traînant la jambe, portant un petit paquet de provisions, regardant derrière lui les tonneaux qui s’enfonçaient doucement. Évitant soigneusement les sables mouvants entre les dunes, il s’avança vers la jungle lointaine où les spires vertes des grandes prèles et des fougères atteignaient plus de trente mètres de hauteur.

Il se reposa de nouveau, adossé à un arbre au bord de la forêt, et nettoya soigneusement son pistolet. Il entendait au-dessus de lui les chauves-souris pousser des cris aigus et plonger entre les troncs sombres dans le monde crépusculaire et infini qui recouvrait le sol de la forêt ; des iguanes grondaient et s’élançaient brusquement. Sa cheville était douloureuse et enflée ; l’extension continue de son muscle blessé avait étendu l’infection originaire. Il coupa une branche à l’un des arbres et s’avança en clopinant dans l’ombre.

La pluie recommença le soir, cinglant les immenses parapluies à trente mètres au-dessus de lui, la profonde obscurité percée seulement par les rivières d’eau phosphorescente qui s’abattaient sur lui. Ne voulant pas se reposer pendant la nuit, il pressa le pas, tirant sur les iguanes qui l’attaquaient, passant de l’abri d’un tronc massif au suivant. Çà et là, il découvrait une fissure dans le baldaquin au-dessus de lui et une pâle lumière illuminait une petite clairière où les ruines de l’étage supérieur d’un immeuble inondé se dessinaient à travers le feuillage, battu par la pluie. Mais les restes des constructions humaines se faisaient de plus en plus rares, les villes du sud étant absorbées par la boue qui montait et par la végétation.

Il avança pendant trois jours à travers la forêt, sans dormir, se nourrissant de baies géantes ; il coupa une grosse branche dont il se servit comme d’une béquille. À intervalles réguliers, il voyait à sa gauche le ruban argenté d’une rivière qui traversait la jungle, la surface troublée par la pluie ; mais les rives en étaient formées par de grands palétuviers et il était incapable de l’atteindre.

La traversée de la forêt fantasmagorique se poursuivit ainsi, tandis que la pluie frappait sans répit son visage et ses épaules. De temps en temps elle s’arrêtait brusquement et des nuages de vapeur remplissaient l’espace entre les arbres, stagnant au-dessus du sol détrempé comme un moutonnement diaphane, ne disparaissant que lorsque l’eau recommençait à tomber.

C’est au cours d’une de ces trêves qu’il grimpa en haut d’un escarpement qui se dressait au centre d’une grande clairière, espérant ainsi échapper au brouillard humide, et se retrouva dans une profonde vallée entre deux mares boisées. Recouvertes d’une végétation luxuriante, les collines s’arrondissaient au bord du val comme les dunes qu’il avait traversées plus tôt, l’enfermant dans un monde vert et ruisselant. De temps en temps, lorsque les brumes tourbillonnaient et se levaient, il pouvait apercevoir entre les crêtes la rivière qui traversait la jungle à quelques centaines de mètres de là. Le ciel humide était coloré par le soleil couchant et le pâle brouillard pourpre dessinait au loin la crête des collines. Se traînant sur l’argile du sol humide, il tomba soudain sur ce qui semblait être les vestiges d’un petit temple. Les montants penchés d’une porte s’ouvraient sur un demi-cercle de marches plates où cinq colonnes démolies constituaient une entrée en ruine. Le toit s’était écroulé et les murs latéraux n’existaient plus que sur quelques mètres. De l’autre côté de la nef, l’autel défoncé faisait face à une vue infinie sur la vallée où le soleil disparaissait doucement, son immense disque orange voilé par les brumes.

Caressant l’espoir de s’abriter là pour la nuit, Kerans remonta les bas-côtés et s’arrêta en entendant la pluie reprendre. Il atteignit l’autel et posa les bras sur la table de marbre à hauteur de sa poitrine, observant le disque contracté dont la surface se troublait de façon rythmée, comme des scories sur un récipient contenant un métal en fusion.

— Aah-ah !

Un cri faible, presque inhumain s’éleva doucement dans l’air humide comme le grognement d’un animal blessé. Kerans regarda rapidement autour de lui, en se demandant si un iguane ne l’avait pas suivi à l’intérieur des ruines. Mais la jungle, la vallée et toutes les pierres qui l’entouraient étaient silencieuses et immobiles et la pluie s’infiltrait par les fissures des murs en ruine.

— Aah-ah !

Cette fois-ci, le son venait de devant lui, quelque part en direction du soleil évanescent. Le disque avait battu de nouveau, appelant apparemment cette réponse étranglée, moitié protestation, moitié signe de gratitude.

Essuyant l’humidité de son visage, Kerans fit prudemment le tour de l’autel et recula avec un sursaut en manquant de trébucher sur les ruines d’un être humain appuyé à l’autel, la tête calée contre la pierre. Le son était manifestement venu de cette silhouette émaciée ; mais l’homme était si inerte et si noirci que Kerans pensa qu’il devait être mort.

Les longues jambes de l’homme, semblables à deux poteaux en bois carbonisé, étaient étendues, inutiles, devant lui, recouvertes de chiffons en lambeaux et d’écorce. Les bras et la poitrine creuse étaient vêtus de la même façon, le tout retenu par des petits morceaux de plantes grimpantes. Une barbe qui avait été luxuriante mais maintenant clairsemée, recouvrait la plus grande partie de son visage et la pluie tombait sur ses mâchoires creusées et saillantes, relevées vers la lumière qui faiblissait. Le soleil brillait encore par à-coups sur la peau nue du visage et des mains. Une de celles-ci, une serre verdâtre et squelettique, se leva soudain, comme une main sortie d’un tombeau et se dirigea vers le soleil, comme si elle le reconnaissait, puis retomba mollement sur le sol. Le disque battit de nouveau et une faible réaction apparut sur le visage. Les creux profonds qui entouraient la bouche et le nez, les joues caves qui collaient si étroitement à la grande mâchoire qu’elles ne semblaient laisser aucune place entre elles pour leur cavité buccale, se remplirent un instant comme si un unique souffle de vie était momentanément passé dans le corps.

Incapable de bouger, Kerans regarda le grand corps émacié posé sur le sol devant lui. L’homme n’était rien de plus qu’un cadavre ressuscité, sans vivres ni équipement, appuyé contre l’autel comme quelqu’un qu’on aurait sorti de sa tombe et abandonné là en attendant le jugement dernier.

Puis il réalisa pourquoi l’homme n’avait pu le voir. La boue et les cloques percées de la peau brûlée par le soleil qui entouraient les orbites les avaient transformées en cheminées noircies à la base desquelles une morne lueur purulente reflétait doucement le soleil éloigné. Les deux yeux étaient presque complètement obstrués par des cancers cornéens et Kerans se demanda s’il pouvait voir autre chose que le soleil couchant. Au moment où le disque disparut derrière la jungle devant eux et où l’obscurité s’étendit comme un drap mortuaire sur la pluie grise, l’homme redressa péniblement la tête comme s’il tentait de retenir l’image qui avait brûlé ses rétines jusqu’à les détruire, puis s’effondra sur le côté contre son oreiller de pierre. Des mouches commencèrent à grouiller sur le sol et à bourdonner au-dessus de ses joues ruisselantes.

Kerans se pencha pour parler à l’homme qui parut se rendre compte de son mouvement. Les yeux creux fouillèrent en aveugle le nuage profond qui s’étendait devant eux.

— Hé vous ! (La voix était un grincement faible.) Vous, là, soldat ! Approchez-vous ! D’où venez-vous ?

Sa main rampa sur l’argile pierreuse et humide comme un crabe, comme s’il cherchait quelque chose. Puis il se tourna vers le soleil évanoui, ignorant les mouches qui se posaient sur son visage et sa barbe.

— Il est encore parti ! Ah ! Il s’éloigne toujours de moi ! Aidez-moi à me lever, soldat ; nous allons le suivre. Maintenant, avant qu’il s’en aille pour toujours.

Il tendit sa serre vers Kerans, comme un voleur mourant. Puis sa tête s’affaissa de nouveau et la pluie coula sur son crâne noir.

Kerans s’agenouilla. Malgré les effets du soleil et de la pluie, ce qui restait du pantalon d’uniforme de l’homme prouvait qu’il s’agissait d’un officier. La main droite qui était restée fermée s’ouvrit alors faiblement. Dans la paume se trouvait un petit cylindre d’argent avec un cadran circulaire, une boussole de poche comme celles qu’on trouvait dans les trousses de secours des aviateurs.

— Hé, soldat ! (L’homme avait brusquement ressuscité, tournant sa tête aveugle vers Kerans.) Je vous donne l’ordre de ne pas me laisser ! Vous pouvez vous reposer maintenant pendant que je prends le tour de garde. Demain, nous partirons.

Kerans s’assit à côté de lui, défit son petit paquet et commença à essuyer la pluie et les mouches mortes sur la figure de l’homme. Prenant entre ses mains les joues ravagées comme s’il s’agissait d’un enfant, il dit doucement :

— Je suis Kerans, Hardman – le docteur Kerans. Je vais vous accompagner, mais pour le moment essayez de vous reposer.

Hardman ne réagit pas en entendant son nom ; ses sourcils se froncèrent doucement avec étonnement.

Tandis que Hardman s’adossait à l’autel, Kerans se mit à soulever quelques-unes des dalles craquelées du bas-côté avec son couteau pliant. Il ramena les pierres sous la pluie et construisit un abri grossier autour de la silhouette couchée sur le dos, bouchant les fissures avec des plantes grimpantes attachées au mur. Ainsi protégé de la pluie, Hardman s’agita un peu dans le recoin sombre mais sombra bientôt dans un sommeil superficiel, coupé çà et là de soupirs et de ronflements. Kerans repartit dans l’obscurité vers le bord de la jungle, cueillit une brassée de baies comestibles dans les arbres ; puis il retourna près de l’abri et s’assit à côté de Hardman jusqu’à ce que l’aurore pointe au-dessus des collines derrière eux.

Il demeura avec Hardman les trois jours suivants, lui faisant manger les baies et baignant ses yeux avec ce qui restait de pénicilline. Il consolida la hutte avec d’autres dalles et fabriqua une sorte de paillasse avec des feuilles pour qu’ils puissent dormir tous deux. L’après-midi et le soir, Hardman restait assis sur le pas de la porte, observant le soleil lointain à travers les brumes. Entre les orages, ses rayons lavés par la pluie allumaient des reflets étrangement intenses sur sa peau aux nuances verdâtres. Il n’avait pas reconnu Kerans et continuait à l’appeler soldat, sortant quelquefois de sa torpeur pour donner une série d’ordres sans suite au sujet du lendemain. Kerans prit progressivement conscience de ce que la vraie personnalité de Hardman était maintenant submergée, loin dans son esprit, et que son attitude extérieure et ses réactions étaient seulement un pâle reflet de celle-ci, recouvert par son délire et les symptômes de cette superposition. Kerans supposa qu’il avait perdu la vue un mois plus tôt et qu’il avait instinctivement rampé jusqu’au terre-plein sur lequel se trouvait la ruine. C’était de là qu’il pouvait le mieux percevoir le soleil, seule entité maintenant assez forte pour imposer son image sur les rétines défaillantes.

Le deuxième jour Hardman se mit à manger avec voracité comme s’il se préparait pour une autre marche dans la jungle ; à la fin du troisième jour il avait absorbé plusieurs branches de baies géantes. Les forces parurent revenir brusquement dans le grand corps meurtri et, dans le courant de l’après-midi, il parvint à tenir sur ses jambes, adossé au chambranle de la porte tandis que le soleil se couchait derrière les collines boisées. Kerans n’était pas sûr qu’il l’eût reconnu, mais le monologue d’ordres et d’instruction prit fin.

Kerans fut un peu surpris lorsqu’il se réveilla le lendemain matin de constater que Hardman était parti. Il secoua sa torpeur dans la mince lueur de l’aube et descendit en boitillant dans la vallée, vers la lisière de la forêt, là où un petit torrent se frayait un chemin vers la rivière lointaine. Il leva les yeux vers les rameaux sombres des fougères qui pendaient dans le silence. Il cria faiblement le nom de Hardman ; mais il n’eut pas de réponse parmi les troncs sombres, et il retourna à la hutte. Il accepta la décision de Hardman de s’éloigner sans explication, se demandant s’il rencontrerait ou non l’homme au cours de leur odyssée commune vers le sud. Aussi longtemps que ses yeux seraient assez forts pour percevoir les signaux distants transmis par le soleil et aussi longtemps que les iguanes ne flaireraient pas sa trace, Hardman avancerait, trouvant son chemin dans la forêt en tâtonnant, la tête dressée vers le soleil qui brillait entre les branches.

Kerans attendit deux jours de plus dans la hutte, pour le cas où Hardman déciderait de revenir, puis il reprit son chemin. Ses réserves de médicaments étaient maintenant épuisées et il n’avait plus qu’un sac de baies et le Colt dans lequel restaient deux balles. Sa montre marchait encore, et il s’en servait comme d’une boussole, tenant un compte précis des jours qui passaient en faisant une encoche chaque matin dans sa ceinture.

Il parcourut la vallée, pataugeant dans le ruisseau peu profond avec l’espoir d’atteindre les rives de la rivière lointaine. De grosses pluies d’orage battaient par intermittence la surface de l’eau, mais elles semblaient maintenant se concentrer en quelques heures au cours de l’après-midi et de la soirée.

Lorsque le cours de la rivière l’obligea à avancer pendant plusieurs kilomètres vers l’ouest pour atteindre ses rives, il abandonna sa tentative et pressa le pas en direction du sud, laissant la jungle profonde de la région des collines pour entrer dans une forêt plus clairsemée qui se transforma bientôt en vastes étendues marécageuses.

C’est en les contournant qu’il arriva brusquement sur les rives d’une immense lagune, mesurant près de deux kilomètres de diamètre, bordée par une plage de sable blanc crevée par les étages supérieurs de quelques immeubles dévastés ; vus de loin, on aurait cru des cabines de plage. Il se reposa dans l’un d’eux pendant une journée entière, espérant reposer sa cheville qui était devenue noire et gonflée. Regardant par la fenêtre le disque d’eau, il vit la pluie de l’après-midi se déverser sur la surface avec une fureur sans limite ; puis les nuages s’éloignèrent et l’eau se calma jusqu’à devenir une feuille de verre dont les couleurs semblaient récapituler tous les changements qu’il avait observés dans ses rêves.

L’élévation sensible de la température lui permettait de savoir qu’il avait parcouru environ deux cent cinquante kilomètres vers le sud. La chaleur s’était de nouveau emparée de tout, atteignant soixante degrés, et il n’avait pas envie de quitter la lagune avec ses plages vides et son encerclement tranquille de jungles. Sans en comprendre la raison, il savait que Hardman allait bientôt mourir et que sa propre vie risquait de ne plus durer longtemps dans les forêts denses et vierges du sud.

À moitié endormi, il s’étendit sur le dos, repassant en mémoire les événements des deux dernières années qui avaient atteint leur point culminant avec leur arrivée dans les lagunes centrales et l’avaient lancé vers son odyssée neuronique ; il pensa à Strangman et à ses alligators fous, et, avec un sentiment profond de regret et d’affection, essayant de garder son image le plus clair possible dans son esprit aussi longtemps qu’il le pourrait, à Béatrice et à son sourire chaleureux.

Finalement il réajusta la béquille à sa jambe, et avec la crosse du quarante-cinq vide, grava dans le mur sous la fenêtre, certain que personne ne lirait jamais le message :


Vingt-septième jour.

Je me suis reposé et je repars vers le sud.

Tout va bien. Kerans.


C’est ainsi qu’il quitta la lagune et regagna la jungle dans laquelle il se perdit complètement en quelques jours, suivant les lagunes vers le sud, au milieu de la pluie et de la chaleur qui augmentaient, attaqué par les alligators et les chauves-souris géantes, un deuxième Adam à la recherche des paradis perdus du sud ressuscité.


FIN
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