Le téléphone sonna dans le bureau de Heather. Elle jeta un coup d’œil au numéro qui s’affichait ; c’était un appel interne, de l’université de Toronto. Quel soulagement ! Elle commençait à être fatiguée des médias. Mais eux aussi, apparemment, en avaient assez d’elle ; l’arrêt des messages extraterrestres était déjà relégué dans le passé, et les journalistes semblaient décidés à la laisser tranquille désormais. Heather saisit le téléphone.
— Allô ?
— Salut, Heather, c’est Paul Komensky, du Laboratoire CAM.
— Hello, Paul.
— C’est bon d’entendre votre voix.
— Merci, c’est bon d’entendre la vôtre aussi !
Un petit silence s’installa, puis il reprit.
— J’ai les matériaux que vous m’avez demandé de préparer.
— Formidable !
— Ouais. Le substrat n’a rien d’extraordinaire, ce n’est que du polystyrène. Mais pour l’autre formule, j’avais raison. Ce produit est liquide à température ambiante, mais il sèche. En se solidifiant, il forme un mince film cristallin.
— Vraiment ?
— Et il est piézoélectrique.
— Pié… comment ?
— Piézoélectrique. Ce qui veut dire que si vous le mettez dans des conditions de stress, il produit de l’électricité.
— Vraiment ?
— Pas beaucoup, mais un peu.
— C’est fascinant !
— Ce n’est pas tellement original, vous savez. Cela se produit souvent avec différents minéraux. Mais là, je ne m’y attendais pas. Les cristaux qui se forment quand ce machin a séché sont en fait semblables à ce que nous appelons des matériaux ferroélectriques à forte relaxation. C’est une espèce particulière de cristal piézoélectrique qui peut se déformer dix fois plus que les cristaux piézoélectriques ordinaires.
— Piézoélectriques, répéta doucement Heather.
Elle nota le nom dans son dossier de données.
— J’ai déjà lu quelque chose là-dessus, mais je n’arrive pas à me rappeler où, comme ça, à brûle-pourpoint, reprit-elle. En tout cas, pouvez-vous fabriquer les carrés maintenant ?
— Bien sûr.
— Ce sera long ?
— Pour la totalité ? Il faut compter une journée.
— C’est tout ?
— C’est tout.
— Vous pouvez faire ça pour moi ?
— Avec plaisir. Mais pourquoi ne viendriez-vous pas au laboratoire ? J’aimerais vous montrer la machine pour être certain qu’elle va produire exactement ce que vous désirez. Après, nous pourrons commencer la mise en route… et puis, pourquoi pas, manger un morceau ensemble ?
Heather hésita un instant.
— D’accord j’arrive !
Le matériau de fabrication était simple.
Un panneau formant le substrat, d’environ trois mètres de côté, était étalé sur le sol du laboratoire de Paul Komensky ; deux panneaux supplémentaires, qui atteignaient presque le plafond, étaient appuyés contre le mur.
Le substrat, d’un vert foncé, évoquait les tableaux des circuits informatiques. Perché au sommet de l’un d’eux, un petit robot de la taille d’une boîte à chaussures était doté d’un réservoir métallique attaché sur son dos.
Heather se tenait près de Paul. À côté d’eux, un ordinateur affichait le douzième message radio – le premier qui avait suivi les données élémentaires de mathématiques et de chimie.
— Il suffit d’activer le robot, dit Paul, et il se déplace sur toute la surface du substrat. Vous voyez ce réservoir ? Il contient le second produit chimique, celui qui est liquide. Le robot asperge le produit en suivant le dessin indiqué sur l’ordinateur. Puis, à l’aide d’un laser, il découpe des carreaux dans le substrat. Ensuite, il retourne les carreaux et il peint le même motif sur l’autre face. Je l’ai réglé pour qu’il le fasse exactement dans la même orientation, de sorte que si le substrat était clair, les dessins s’aligneraient parfaitement. Enfin, il utilise un de ses petits manipulateurs pour placer les carreaux dans les boîtes qui se trouvent là.
Il pressa un bouton, et le robot procéda exactement selon l’explication que Paul venait de donner, produisant un carreau rectangulaire d’environ dix centimètres sur quinze. Heather sourit.
— Cela va prendre presque une journée pour découper les carreaux, et quand ce sera fait, ils seront tous entreposés dans les boîtes, dans un ordre qui permettra de les ajuster les uns aux autres.
— Et si je fais tomber la boîte, que se passera-t-il ?
Komensky sourit à son tour.
— Vous savez, c’est arrivé à mon frère aîné, il y a longtemps. Son premier cours d’informatique a eu lieu au lycée, au début des années 1970. Il avait composé un programme pour imprimer une pin-up d’après Farrah Fawcett, vous vous souvenez ? À l’époque, ils faisaient ça sur des cartes perforées. Tout avait été composé en caractères imprimés – les astérisques, les dollars, les slashs – simulant la simili-gravure, à condition de regarder d’assez loin. Après avoir passé des mois là-dessus, il a laissé tomber cette foutue boîte de cartes, qui se sont toutes mélangées.
Il haussa les épaules.
— Ne vous inquiétez pas, cela ne risque pas de vous arriver. Le robot pose au dos de chaque carreau une petite étiquette autocollante portant un numéro de la série. Si vous voulez les enlever, plus tard, vous pourrez le faire sans difficulté.
Il sortit le premier carreau de la boîte et montra l’étiquette à Heather.
— Vous pensez à tout, observa-t-elle en souriant.
— Je fais de mon mieux.
Le robot poursuivait sa tâche. Il avait déjà fabriqué six autres carreaux.
— Et maintenant, si on allait déjeuner ? proposa Paul Komensky.
Ils déjeunaient au Club de la Faculté, 41 Willcocks Street, à l’angle de Sidney Smith. La salle présentait un décor Wedgewood : murs gris-bleu bordés de frises blanches rococo. Heather appuyait ses coudes sur la nappe blanche, les mains croisées devant son visage. Elle réalisa soudain qu’elle se cachait derrière son alliance, comme derrière un bouclier. C’est ça, le problème, pour une psychologue, se dit-elle : impossible de faire quoi que ce soit sans se livrer à une analyse.
Elle posa ses mains sur la table et, aussi inconsciemment que pour le geste précédent, elle mit sa main gauche sur la droite. Elle baissa les yeux, vit que l’anneau était toujours bien en vue et haussa imperceptiblement les sourcils.
Cela n’avait pas échappé à Paul.
— Vous êtes mariée ?
Heather se retrouva encore en train d’exhiber son alliance, en levant la main.
— Depuis vingt-deux ans, mais…
Elle hésita un instant et reprit :
— Nous sommes séparés.
Paul haussa les sourcils.
— Vous avez des enfants ?
— Deux. Nous en avions deux. L’une de mes filles est morte il y a quelques années.
— Mon Dieu, je suis désolé.
Il eut le bon goût de ne pas lui en demander la cause, ce qui l’éleva de quelques crans dans l’estime de Heather.
— Et vous ?
— Divorcé, il y a longtemps. J’ai un fils, qui vit à Santa Fe. Je suis allé passer Noël là-bas avec lui, sa femme et ses gosses ; c’était vraiment bien de tourner le dos au froid !
Heather roula légèrement les yeux, comme si une petite vague de fraîcheur eût été la bienvenue à cette époque de l’année.
— Votre mari, que fait-il ? demanda Paul.
— Il travaille ici, à l’Université. C’est Kyle Graves.
Les sourcils de Paul se relevèrent encore.
— Kyle Graves est votre mari ? s’exclama-t-il.
— Vous le connaissez ?
— Il est dans l’informatique ? Nous avons participé à un congrès ensemble il y a quelques années, pour créer le Kelly Gotlieb Centre.
— Ah oui, je m’en souviens !
Paul la regarda sans ciller, son charmant sourire aux lèvres.
— Kyle doit être fou de vous avoir laissée partir.
Heather ouvrit la bouche pour dire qu’elle n’était pas partie, qu’il s’agissait d’une séparation temporaire, que ce n’était pas si simple. Mais elle préféra s’abstenir et secoua légèrement la tête, acceptant le compliment.
Le serveur arriva.
— Voulez-vous boire un peu de vin ? demanda Paul.
Après le repas, pendant qu’elle retournait seule vers son bureau, Heather appela son courrier électronique vocal sur son micro-ordinateur. Il y avait un message de Kyle disant qu’il devait lui parler de quelque chose d’important. Elle se trouvait à une courte distance de Mullin Hall. Elle décida de faire le détour pour passer le voir.
La porte du laboratoire de Kyle coulissa sans bruit.
— Oh, bonjour, Heather ! Merci d’être passée. Assieds-toi, il faut que je te parle !
Heather se sentait un peu éméchée par les deux verres de vin qu’elle avait bus ; elle s’assit en face de Cheetah. Kyle se percha sur le bord du bureau.
— C’est au sujet de Josh Huneker.
Heather se raidit.
— Comment ça ?
— Je suis désolé ; je sais que tu m’as demandé de ne jamais le mentionner, mais son nom a refait surface aujourd’hui.
Heather plissa les yeux.
— Ah oui ? Dans quel contexte ?
Kyle répondit par une autre question :
— Y a-t-il eu quelque chose d’inhabituel avec sa mort ?
— Qu’est-ce que tu entends par « inhabituel » ?
— Eh bien, dit Kyle, on a dit qu’il s’était tué parce qu’il était gay.
Heather hocha la tête.
— Oui, je l’ai appris à ce moment-là.
Elle haussa les épaules, comme pour signifier à quel point les temps avaient changé. Elle ne pouvait imaginer que quelqu’un se tue aujourd’hui pour cette raison.
— Mais tu ne pensais pas qu’il était homosexuel ?
— Oh, Kyle, je n’en sais rien ! Il paraissait s’intéresser sincèrement à moi, mais les journaux ont écrit qu’il avait une relation sexuelle avec le gars que je croyais être son colocataire. Pourquoi me poses-tu toutes ces questions ?
Kyle prit une profonde inspiration.
— Une femme est venue me voir aujourd’hui. Elle représente un consortium qui détient la copie d’une disquette contenant un message radio extraterrestre que Huneker venait juste de recevoir avant de mourir.
Heather secoua la tête.
— Tu n’as pas l’air étonnée.
— Non, j’ai déjà entendu parler de cette histoire de message qu’il aurait détecté. C’est une rumeur qui a circulé pendant des années dans les cercles du SETI. Mais je crois que ce n’est qu’une histoire sans fondement.
— C’est une drôle de coïncidence, tu ne trouves pas ? dit Kyle. Je veux dire, ces deux messages, venant probablement de deux étoiles différentes, qui étaient si rapprochés l’un de l’autre : celui que Huneker est supposé avoir intercepté en 1994, et ensuite, les séquences du message d’Alpha du Centaure, qui ont commencé à arriver treize ans plus tard.
— Je ne sais pas, dit Heather. Au début, les chercheurs du SETI croyaient que nous allions intercepter beaucoup plus de messages que nous n’en avons reçu à ce jour. En 1994, cela faisait trente ans que nous captions des messages radio. Il peut y avoir eu un nombre incalculable de tentatives pour nous contacter avant que nous soyons équipés de radiotélescopes, et nous allons peut-être recevoir un autre contact demain. Nous ne savons pas à quel rythme les contacts radio avec une autre civilisation peuvent se produire.
Kyle hocha la tête.
— Le radiotélescope d’Algonquin a fermé peu de temps après que Huneker était supposé avoir détecté son message.
Heather afficha un sourire triste.
— Tu n’as pas besoin que je te parle des réductions de crédit du gouvernement, soupira-t-elle. En outre, si ce disque existait, pourquoi quelqu’un viendrait-il t’en parler ?
— Cette femme dit que Huneker avait crypté le message en utilisant RSA – c’est un système qui emploie les diviseurs de chaque grand nombre comme clé de décodage.
— Y avait-il des gens qui faisaient ce genre de choses, à cette époque-là ?
— Bien sûr. Dès 1977, Rivest, Shamir et Adleman, les trois scientifiques du MIT qui travaillaient sur cette technique, ont crypté un message en utilisant le produit de deux nombres premiers, composé de 129 chiffres. Ils ont offert un prix de cent dollars à quiconque pourrait le décoder.
— Quelqu’un a réussi ?
— Oui, des années après. En 1994, je crois.
— Et que disait le message ?
— Les mots magiques sont un gypaète délicat.
— Que diable signifie gypaète ?
— Je crois que c’est un oiseau de proie. Il a fallu huit mois pour que six cents volontaires travaillant sur le réseau mondial, chacun sur une partie du problème, parviennent à trouver le code. Plus de cent quadrillions d’instructions.
— Alors, pourquoi n’ont-ils pas fait la même chose avec le message de Josh ?
— Il a utilisé 512 chiffres, et chaque chiffre supplémentaire représente un ordre additionnel de magnitude, naturellement. Ils travaillent dessus depuis tout ce temps avec les moyens classiques, mais ils n’ont toujours pas trouvé le code.
— Les types de ce consortium, qu’est-ce qu’ils te veulent ?
— Ils pensent que je suis sur le point de faire une découverte capitale en informatique quantique. Pourtant, j’en suis loin, je n’ai qu’un prototype, et même si nous parvenons à éliminer les erreurs, il ne fonctionnera qu’avec des nombres de trois cents chiffres exactement. Mais dans quelques mois, avec un peu de chance, j’aurai à ma disposition un système capable de décoder presque instantanément des messages de n’importe quelle longueur.
— C’est extraordinaire !
— Cette femme, qui est venue me voir, je crois qu’elle veut faire breveter la technologie glanée à partir de ce message, quelle qu’elle soit.
— C’est scandaleux ! s’insurgea Heather. Même si ce message existe – et j’en doute vraiment – il appartient à tout le monde ! De plus… ajouta-t-elle après une pause.
— Quoi ?
— … eh bien, reprit-elle, les sourcils froncés, si ce message existe, alors Josh s’est bien tué après avoir vu ce qu’il contenait. Peut-être que… peut-être ne veux-tu pas savoir ce qu’il dit ?
— Tu penses que son suicide serait lié au contenu de ce message ?
— C’est possible. Comme je te l’ai déjà dit, il n’était ni gay ni bisexuel, pour autant que je sache.
— Mais quel peut être le contenu d’un message qui pousse un homme à se suicider ? Sans doute quelque chose qu’il faut cacher à l’humanité entière ! observa Kyle.
Heather resta un instant silencieuse.
— Le message annonçait peut-être l’existence du paradis ? Le paradis absolu auquel chacun a droit ? hasarda-t-elle.
— Si c’était le cas, pourquoi en faire un secret ?
— Pour que l’humanité continue. Si tout le monde savait que c’est la vérité, nous nous suiciderions tous pour y arriver plus vite, et Homo sapiens disparaîtrait en une nuit.
Kyle médita cette idée.
— Alors, pourquoi laisser une version codée de ce message ? Pourquoi ne pas le détruire, tout simplement ?
— Il s’est peut-être pris pour le pape, dit Heather.
Kyle la regarda d’un air stupéfait.
— On dit bien qu’une prophétie est gardée sous clé au Vatican, expliqua Heather en souriant. Elle est là depuis des siècles. De temps en temps, un pape la regarde, et sa réaction est toujours la même : il est horrifié, et il s’empresse de la remettre sous clé. Du moins, c’est l’histoire qu’on raconte.
Kyle se rembrunit.
— Ce consortium veut que je travaille pour lui. Il me fait un pont d’or.
— Combien ? s’enquit Heather.
Elle le vit hésiter. Elle devina sa pensée avant qu’il eût le temps de lui répondre : si nous ne finissons pas par nous réconcilier, est-ce bien raisonnable que je dévoile l’importance d’une nouvelle source de revenus ?
— C’est une somme très substantielle, répondit-il.
— Je vois.
— Ils ont déjà tendu la perche à un autre chercheur qui est sur le point de trouver la solution.
Il fit une pause.
— C’est Saperstein.
— Ce type que tu détestes !
— Ouais.
— Je ne sais pas… Tu devrais peut-être accepter ?
— Pourquoi ?
— Suppose que Saperstein ou quelqu’un d’autre le fasse à ta place. Le message de Huneker, s’il existe vraiment, ne sera pas forcément rendu public pour autant ; il y a de fortes chances pour que le gouvernement en ait une copie, mais cela fait plus de vingt ans maintenant qu’il la garde à l’abri.
— Possible. Mais je suis sûr que le consortium me fera signer un accord de confidentialité.
— Ah oui, le si convoité ADC ! fit Heather en imitant son mari.
Il sourit.
— Ils ont probablement prévu de me faire signer un contrat très détaillé, dans lequel je promettrais de ne pas divulguer le contenu du message, ni même son existence.
— Hmm. Que vas-tu faire ?
Kyle ouvrit les bras.
— Je pense à une parodie des Monty Python, au sujet d’une plaisanterie si drôle que tu mourrais de rire si tu l’entendais ; elle avait été utilisée comme une arme par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle avait été traduite de l’anglais à l’allemand par plusieurs équipes, chaque personne traduisant un seul mot. Un type a vu accidentellement deux mots et il s’est retrouvé en réanimation.
Il s’interrompit.
— Je ne sais pas. Si quelqu’un te tendait un truc comme ça en te disant que c’est vraiment drôle, est-ce que tu n’aurais pas envie d’y jeter un coup d’œil ? Même si Huneker s’est tué après avoir lu le message extraterrestre, je veux savoir ce qu’il contenait.
— Il est peut-être indéchiffrable, comme ceux des Centaures. Même si tu réussis à trouver les nombres premiers, le message n’aura pas forcément un sens. Ce que je pense, c’est que malgré ce que je viens de dire, il y a quelques minutes, je crois qu’il est plausible que Josh se soit tué pour des raisons personnelles, et que ça n’ait rien à voir avec ce message.
— Peut-être, dit Kyle. Ou peut-être que le message faisait un pictogramme qui, par coïncidence, avait une signification uniquement pour Huneker.
Il montra du doigt la peinture de Dali.
— Du genre, il a volé du fric dans les troncs des églises, et le pictogramme évoquait Jésus sur la croix, ou un truc comme ça. Ça l’aurait rendu fou.
— Dans un cas comme celui-là, tu ne risquerais rien, toi, athée comme tu es, plaisanta Heather.
Kyle haussa les épaules.
— Tu devrais peut-être accepter, reprit Heather.
Elle baissa la voix.
— Après tout, si Becky…
Kyle hocha la tête.
— Oui, si Becky me fait un procès, enchaîna Kyle, et si je perds tout ce que je possède, ce ne serait pas mal d’avoir une grosse source de revenus.
Heather médita un instant, puis elle se leva.
— Bon, il faut que j’y aille.
Kyle l’accompagna jusqu’à la porte.
— Merci d’être venue, dit-il.
Heather lui adressa un pâle sourire et quitta le laboratoire.
Kyle retourna s’asseoir pour réfléchir. Y avait-il quelque chose – n’importe quoi – qui pourrait le pousser à se tuer si la révélation lui en était faite ? Non, non, absolument rien.
Excepté.
Il frissonna.
Oui, il y avait une chose qui, si elle lui était révélée, pourrait le pousser à s’en prendre à sa propre vie, comme l’avait fait le pauvre Josh Huneker au milieu de nulle part, si longtemps auparavant.
La preuve que lui, et non Becky, avait de faux souvenirs de ce qui s’était réellement passé pendant l’enfance de sa fille.