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La sonnerie du réveil me tire brutalement d’un sommeil lourd comme une blague de Walter. Qu’est-ce qui m’a pris de régler le volume si fort ?
Je me redresse dans mon duvet.
La corne de brume qui m’arrache les tympans ne semble pas déranger Nina qui dort toujours, roulée dans la couette comme une endive dans une tranche de jambon (où est-ce que je vais chercher des images pareilles ? C’est sûrement la faim qui me tenaille – ou qui me pince : en matière culinaire, je ne suis pas regardant sur le choix des outils).
Je jette un regard embrumé sur les chiffres du cadran : il est six heures du matin.
Ma tête… Pourquoi est-ce que cette maudite sonnerie ne s’arrête pas ? Je tends la main vers l’appareil, avant de comprendre que le bruit ne vient pas du réveil.
Il résonne à l’intérieur de mon crâne.
Brusquement, je me souviens. Hier soir, j’ai donné l’ordre à Fafnir, mon sortilège-espion, de sonner la corne si le chamane se mettait en mouvement.
Fafnir applique mes consignes à la lettre !
Je referme les yeux.
Une sensation de démangeaison envahit le haut de ma cervelle. Mon sortilège-arpion, euh, espion, tape à la porte et cherche à s’immiscer dans ma tête… Je lui ouvre mon esprit, pour qu’il cesse ses grattouilles et me fasse son rapport.
Cette fois, j’ai droit à un diaporama (Fafnir est un sortilège très inventif).
Image 1 : le chamane est assis en tailleur sur son carton, enroulé dans une couverture brodée de glyphes mystiques, à côté de clochards endormis.
Image 2 : le chamane range ses affaires.
Image 3 : le chamane s’éloigne du pont.
Image 4 : le chamane consulte un plan de la ville.
Image 5 : le chamane se dirige vers un arrêt de bus.
J’ai beau être matinal, je suis mal. Otchi se fait la malle ! Qu’est-ce que j’attends pour réagir ? Je m’extirpe du duvet en trébuchant.
— Debout, Nina, je dis en secouant mon amie (un mot neutre qui exprime bien la confusion de mes pensées à son endroit – à son envers aussi, d’ailleurs, pour être tout à fait franc).
Et ce benêt de Jean-Lu qui m’avait promis d’être là à l’aube !
— Jasper, gémit-elle d’une voix étouffée. Laisse-moi tranquille.
— Impossible. Il y a urgence.
Seul un grognement me répond.
Je fonce en maillot de corps et caleçon hors de la chambre, en direction de la salle de bains. Je sais que Nina va en profiter pour se rendormir, mais j’ai besoin d’une bonne douche pour avoir les idées claires.
Le jet d’eau me brûle la peau et je récapitule les événements des dernières vingt-quatre heures. Moitié dans ma tête et moitié à voix haute. Comme si Ombe était là, derrière le rideau en plastique, en chair et en os, dans l’attente de mes confidences.
— La journée d’hier a commencé rue du Horla…, je commence en soupirant.
Devant une porte fermée.
— J’avais pourtant rendez-vous à l’aube ! C’est Walter lui-même qui avait insisté. On devait faire le point sur ma fuite de l’hôpital et ma confrontation avec l’assassin d’Ombe. Il faut croire que ce n’était pas si important…, je marmonne en me shampouinant les cheveux.
Plus inquiétant : hormis un bref appel de mademoiselle Rose m’engageant à reprendre contact plus tard, je n’ai aucune nouvelle de l’Association depuis plusieurs jours.
— J’ai suivi ensuite dans le métro trois mercenaires que j’ai confondus avec des Agents…, je ricane en me savonnant les pieds dans un équilibre précaire.
J’ai alors découvert qu’un puissant chamane traquait Walter et – dans la série de je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette – je l’ai pris en chasse à son tour.
— Otchi, un chamane sibérien qui gagne ses combats en jouant du tambour…, je ronchonne en essayant de rattraper le savon qui est tombé dans le bac de la douche.
En le filant (et juste avant de le laisser filer !), je suis tombé sur des vampires.
— Ils avaient kidnappé Nina. Monumentale erreur…, je grommelle en me redressant, le savon dans la main.
Car je l’ai libérée, mettant à profit une diversion inattendue.
— Tu parles d’une diversion ! Quelqu’un (quelque chose) a ravagé le manoir où elle était prisonnière et a massacré les buveurs de sang…, je souffle en me rinçant.
Nina et moi avons ensuite retrouvé la piste du chamane, qui nous a conduits vers une séance de spiritisme plutôt brûlante, puis sous le pont où il a passé la nuit.
— Sous le pont et la surveillance de Fafnir. Fafnir le fidèle qui vient à l’instant de me prévenir que le chamane s’est remis en mouvement. Et qui attend que j’intervienne…, je conclus en essayant de vider mes oreilles pleines d’eau.
Ce dont je dois encore convaincre une fille endormie (la première que j’arrive à ramener dans ma chambre, soit dit en passant).
« C’est assez bien résumé, Jasper.
— Ombe ! Tu es là depuis longtemps ?
— Je suis là tout le temps, tu devrais le savoir.
— Oui, mais bon, tu aurais pu être là sans être exactement là ! De l’autre côté du rideau de douche, par exemple.
— Non, ça, c’est impossible.
— Et, euh, Ombe, cette nuit aussi, tu… ?
— Tout le temps, j’ai dit. Mais pas toujours attentive à ce que tu fais ! Pourquoi ?
— Pour rien ! À propos, Ombe, je t’entends, mais rassure-moi… Tu me vois ? Je ne t’ai jamais posé la question !
— Tu veux dire là, en ce moment ?
— Euh…
— Disons que… Ne baisse pas les yeux ! Je vois seulement ce que tu vois ! »
Je quitte maladroitement la douche. Pas facile, avec le regard fixé droit devant moi. Je me drape dans une serviette (à défaut de ma dignité).
« Et maintenant, Jasp ?
— Pour commencer, je vais me rhabiller. Ensuite, j’irai tirer Nina du lit. Et puis… Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler Jasp !
— Nina est ici ?
— Oui, elle est ici. C’est vrai que tu n’es pas très attentive ! Elle ne voulait pas rester seule cette nuit.
— Et… ?
— Et quoi ?
— Tous les deux, vous l’avez fait ?
— Ombe… Pourquoi tu me harcèles ?
— Tu es un idiot. Elle en pince pour toi, c’est évident. Alors ?
— Non. Je n’allais pas profiter de la faiblesse d’une fille après une journée traumatisante.
— Au contraire, Jasp. Ce genre de trucs, ça redonne la pêche. Tu verras, si un jour tu trouves le courage de quitter ton rempart d’excuses débiles…
— On peut parler d’autre chose ?
— Gros naze. »
Je m’oblige à rester calme. J’ai mieux à faire que de me disputer avec Ombe.
D’abord, rendre Nina opérationnelle en un temps record.
Ensuite, contacter Jean-Lu pour savoir ce qui le retient.
Enfin, partir sur les traces du chamane, en espérant qu’il ne soit pas trop tard.
Vêtu du pantalon noir et du pull à col roulé de la même couleur qui annoncent le musicien gothique (ou le magisiyah, euh, -cien), je retourne dans la chambre et secoue vigoureusement la forme inerte vautrée dans mon lit.
— Allez Nina, debout ! Départ dans cinq minutes, douchée ou pas, habillée ou en pyjama !
— Hein ? Quoi ? Jasper… Je suis crevée. Laisse-moi dormir.
— Si tu préfères rester toute seule, c’est comme tu veux, je susurre.
La grande peur de Nina, c’est qu’on l’abandonne. Il n’en faut donc pas plus pour qu’elle émerge de la couette. Elle est mignonne en diable, ses cheveux roux ébouriffés, ses grands yeux verts papillonnants, le pyjama trop grand pour elle laissant juste deviner ses… formes.
Nina s’avance vers moi en s’étirant, se coule avec naturel dans mes bras et m’embrasse sur le bord des lèvres avant de s’écarter et de me sourire.
— Je vais prendre une douche, annonce-t-elle en sautillant vers la porte. J’en ai pour deux minutes.
Je secoue la tête pour chasser mon trouble.
— Oui, euh, deux minutes, hein ?
— Promis !
« Gros naze.
— Tais-toi, Ombe, je réfléchis ! »
Qu’est-ce que je voulais faire, déjà ? Ah oui, contacter Jean-Lu. Je décroche le téléphone fixe (j’ai oublié mon portable, hier, dans un café).
« Vous êtes bien sur la boîte vocale de Jean-Lu ! Je suis encore au lit avec Angelina Jolie ! Laissez-moi un message ou rappelez plus tard ! »
Avec un peu de chance, ce crétin est en route. Il m’a promis, hier soir, de tenir compagnie à Nina pour que je puisse m’occuper du chamane. S’il ne se pointe pas dans les cinq minutes, tant pis, j’emmène Nina avec moi.
Je fonce à la cuisine, sors deux énormes pains au chocolat du congélateur, les mets au four, puis reviens dans la chambre. Au bruit que j’entends en passant devant la salle de bains, ma co-je-ne-sais-quoi (-llègue ? -religionnaire ? -pine ?) est encore sous la douche. Deux minutes, a-t-elle dit…
En attendant, je dois savoir où se trouve le chamane. Je m’appuie contre le bureau et ferme les yeux.
— Fafnir A tana nin sairon silum ar sinom…
Fafnir… A tana nin sairon silumë ar sinomë… Fafnir… Montre-moi le sorcier à ce moment et à cet endroit…
C’est du quenya. Faut pas que je refasse un topo sur le haut-elfique, quand même ? Et Fafnir, mon sortilège de localisation passé d’une clé USB à un bijou en forme de scarabée, tout le monde s’en souvient ? Ouf, j’ai eu peur…
Fafnir, donc, répond instantanément à mon appel et m’envoie l’image d’un métro, impossible à situer. Seules certitudes : le chamane se dirige vers son rendez-vous ; et plus le temps passe, plus mes chances de l’intercepter s’amenuisent.
Si seulement je pouvais découvrir où il se rend…
Je regrette de ne pas avoir récupéré mon scooter sur le quai où il se morfond depuis ma dernière mission. J’aurais gagné du temps ! Mais il faut dire, pour ma défense, que ma mère n’était pas prête à me laisser vagabonder au lendemain de ma sortie officielle de l’hôpital. Même si j’avais trépigné sur le parquet…
Le parquet ! Bien sûr.
Je rouvre les yeux, déplie fébrilement mon ordinateur et pianote sur le clavier.
Je tape « Hot » et « Hel », les deux indices récoltés cette nuit sur le parquet calciné de l’appartement des MA (Méchants Allumés) cramés dans la rue Allan-Kardec. Une liste de suggestions hétéroclites apparaît en un instant. Morceaux de musique, vidéos amateurs, extraits bibliques, sites pornos, tout y passe ! C’est dans la colonne que je ne regarde jamais, celle des liens commerciaux, que je trouve ce que je cherche : l’hôtel Héliott dresse ses trois étoiles à la périphérie de la capitale, porte de Vouivre.
Qu’a dit le spectre à Otchi, pendant la séance de spiritisme, juste avant d’être emporté par les racines du mal ? « Celui que tu cherches sera à cette heure-là à cet endroit. » Cet endroit, c’est l’hôtel, aucun doute. Pour connaître l’horla, euh, l’heure-là… eh bien, il suffit de rattraper Otchi !
Je compulse un plan de métro. Porte de Vouivre, c’est tout près. Avec un peu de chance, on devrait arriver à temps. La sonnerie du four m’arrache de mon bureau.
Je sors les viennoiseries et les enveloppe dans une serviette en papier.
— Tu n’as pas fait de chocolat chaud ? constate Nina avec une moue déçue en pénétrant dans la cuisine, serrée dans son jean moulant.
— On n’a pas le temps, je réponds sèchement. On mangera en route. Tu es prête ?
— Prête pour quoi ? demande-t-elle en secouant ses cheveux pour les sécher.
— Le copain dont je t’ai parlé n’est toujours pas arrivé, je soupire. Donc, soit tu l’attends ici, soit tu viens avec moi.
Elle se mord les lèvres.
— Tu pars à la poursuite du petit homme ?
J’acquiesce.
— Alors je t’accompagne, annonce-t-elle d’un ton décidé. Tu auras besoin d’aide.
— Tu es sûre ?
— Je suis un Agent, comme toi.
J’hésite entre l’inquiétude et le soulagement. Avoir Nina dans les pattes ne me ravit pas. Elle comprendra vite que mes pouvoirs sont d’essence magique et adieu l’article 6 (pour les cancres : « L’Agent ne révèle jamais ses talents particuliers. »).
D’un autre côté et en toute objectivité, on ne sera sans doute pas trop de deux pour affronter Otchi. Et en l’absence de Jean-Lu, je n’ai pas le choix.
« Le travail en équipe, c’est pas mal, Jasper.
— C’est vrai. Mais toi et moi, on forme déjà une équipe, Ombe.
— Sauf que dans cette équipe, je ne suis pas très présente. Et puis, tu sais, les trucs à trois, ça peut être marrant ! »
— Jasper ? Ça va ? J’ai eu l’impression que tu étais très loin, tout à coup. Et puis… tu es tout rouge !
— Ça va, je rassure Nina qui m’a pris la main et me regarde, les yeux grands ouverts (grands et verts…). Et toi, tu te sens comment ?
— Partante pour un peu d’action !
Ses lèvres tremblent légèrement. Je n’ajoute rien. Pour dire la vérité, sa réaction me touche.
Je ne peux pas m’empêcher de plonger dans ses yeux, encore.
Ils sont immenses, ils ont la couleur des rivières quand le soleil joue avec l’eau. Vraiment magnifiques.
J’enfile mon manteau, passe ma sacoche autour du cou. Puis je m’approche d’elle et je l’embrasse, maladroitement.
Elle semble étonnée mais répond à mon baiser.
— On y va ? je dis après m’être raclé la gorge pour dissimuler mon embarras.
— On y va.
J’ouvre la porte.
Nina pousse un hurlement et je retiens de justesse un cri de stupeur (mais pas les pains au chocolat qui en profitent pour tomber par terre).
Sur le palier, il y a quatre hommes.
Trois sont étendus sur le sol.
Le quatrième se tient debout, devant l’ascenseur ouvert, en état de choc.
— Jean-Lu ! je m’exclame en l’apercevant.
— Jasp ! Qu’est-ce que… Merde ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
Nina regarde mon pote comme s’il était le responsable de la scène. Je me penche au-dessus des trois hommes inconscients et m’assure qu’ils respirent. Le sortilège de protection apposé sur la porte n’est pas mortel.
Ces types sont des mercenaires employés par l’Association (les chapeaux mous et les lunettes noires sont des preuves flagrantes), les mêmes humains ordinaires que le chamane a assommés, hier, dans le métro.
Leurs armes indiquent clairement qu’ils étaient venus pour en découdre.
Je me sens pris de vertige.
Pourquoi l’Association aurait-elle envoyé des mercenaires chez moi ? Il suffisait de me convoquer et je rappliquais dans l’heure, sans poser de questions.
Ou alors… l’Association est infiltrée ! Walter, le Sphinx et mademoiselle Rose sont peut-être même retenus prisonniers !
Une hypothèse extrême mais qui expliquerait tout : l’absence de nouvelles de la part de mademoiselle Rose, la porte close quand je me suis présenté rue du Horla, la présence de mercenaires sur mon palier…
La voix de Jean-Lu m’arrache à ce tourbillon de pensées.
— Jasper ! C’est quoi ce bordel ?
Mon camarade de classe – et leader charismatique du groupe Alamanyar qui accueille les sanglots longs de ma cornemuse, l’automne et les autres saisons – ouvre des yeux écarquillés.
— L’appartement est protégé par un système d’alarme perfectionné, j’invente à toute vitesse. Ces types ont reçu une sacrée décharge mais ils sont vivants.
— Des cambrioleurs ?
Je réponds par un haussement d’épaules évasif.
— Il faut appeler la police, décide Jean-Lu en sortant son téléphone.
— Et tu leur diras quoi ? je réponds en poussant Nina dans l’ascenseur. Que tu passais par hasard pour vendre des calendriers ? Que tu n’as rien à voir avec ces types armés jusqu’aux dents, évanouis devant ma porte ?
Jean-Lu hésite et jure une nouvelle fois. Pas de temps à perdre : je l’agrippe par la manche et l’oblige à nous rejoindre dans la cabine.
— Fais-moi confiance, vieux, je le supplie.
Il me regarde puis se détend légèrement. J’ai gagné la première manche.
— Tu ne t’en tireras pas comme ça, Jasp, me prévient-il sur un ton lourd de menaces. Tu as intérêt à m’expliquer !
— D’accord, mais pas ici.
Moi qui ne sais régler les problèmes qu’en les repoussant, je suis servi. J’évacue donc les questions en suspens et je m’accroche à mon plan : retrouver Otchi pour (peut-être) retrouver Walter.
« Ça craint, Jasper.
— Ouais, et pas qu’un peu.
— L’Association va si mal que ça ?
— On dirait bien.
— Qu’est-ce que tu… Qu’est-ce qu’on va faire ?
— Mettre la main sur le chamane.
— Tu penses qu’il est impliqué dans ce bordel ?
— J’en sais rien, Ombe. Mais c’est ma seule idée pour l’instant. Alors je m’y accroche de toutes mes forces pour ne pas tomber. »
Soulignant ma sombre conclusion, l’ascenseur tressaute et je me cale contre la paroi. Nina se serre contre moi. L’espace est étroit et notre nouveau compagnon, avec son mètre quatre-vingt-cinq et ses quatre-vingt-dix kilos, tient de la place.
Je m’oblige à revenir au présent.
— Au fait ! Nina, je te présente Jean-Lu. Jean-Lu, Nina. Je t’ai parlé d’elle au téléphone.
— Enchantée, dit-elle en le gratifiant d’un sourire poli.
— Moi de même, répond mon corpulent camarade en se baissant et en s’essayant à un baisemain.
— Dis donc, je fais en fronçant le nez, tu n’as pas lésiné sur l’eau de toilette !
Avec sa moustache et son bouc, ses cheveux en pétard et sa tenue noire, il ressemble à un mousquetaire passé du côté obscur. Porthos qui aurait piqué les fringues de Dark Vador.
— N’essaye pas de détourner la conversation, m’ordonne-t-il avec un air sévère. Tu me dois des explications. Beaucoup d’explications, termine-t-il en montrant discrètement Nina et en me faisant les gros yeux.
Ouais, Jean-Lu, ouais. Je ne sais pas encore ce que je vais te raconter mais compte sur moi : ce sera énorme…