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I. Ils l’ignoraient, mais ils avaient amené avec eux le Truc, que l’Électricité éveilla, et lui seul connaissait leur Histoire.

II. Car la Mémoire des Gnomes est de chair et de sang, tandis que le Truc avait une mémoire de Silicone, qui est Pierre et ne Périt donc point, quand la mémoire des Gnomes se disperse comme poussière au vent.

III. Or ils lui donnèrent des Instructions, mais ne le surent point.

IV. Ce n’est, disaient-ils, qu’une Boîte avec une horrible petite Voix.

V. Mais le Truc lança un Programme en vue d’assurer la sécurité de tous les gnomes.

VI. Et le Truc lança mêmement un Programme qui devait ramener tous les Gnomes chez Eux.

VII. Vers leur lointaine Origine.

La Gnomenclature, Premier Étage, Versets I-VII


Sous le plancher, on pouvait perdre son chemin sans le moindre effort. C’était un labyrinthe de murs et de câbles, ponctué de monticules de poussière, en dehors des sentiers battus. En fait, comme le fit remarquer Torritt, ils n’étaient pas vraiment perdus, mais plutôt désorientés ; entre solives et murs, les chemins abondaient, mais rien n’indiquait leur destination. Parfois, un gnome affairé à une tâche personnelle les dépassait sans leur prêter attention.

Ils se reposèrent dans une alcôve créée par le jointoiement de deux immenses cloisons de bois, et s’éveillèrent dans la sempiternelle pénombre. Il ne semblait exister ni nuit ni jour, dans le Grand Magasin. Toutefois, le bruit ambiant semblait avoir augmenté. On percevait un brouhaha lointain mais persistant.

Quelques voyants supplémentaires clignotaient sur le Truc. Un petit truc adventice en forme de soucoupe lui était poussé, et il tournait sans cesse, très lentement.

— Et si on retournait au Rayon Alimentation ? suggéra Torritt avec un brin d’espoir.

— Je crois qu’il faut faire partie d’un rayon, pour ça, répondit Masklinn. Mais ça ne doit pas être le seul endroit où on peut trouver à manger, quand même ?

— Il n’y avait pas tout ce bruit quand on est arrivés, se plaignit Mémé. Quel vacarme !

Masklinn regarda autour de lui. Par un interstice dans la boiserie filtrait la lueur affaiblie d’un puissant éclairage. Il s’en approcha et colla son œil à la fissure.

— Oh, laissa-t-il échapper d’une petite voix.

— Qu’y a-t-il ? demanda Grimma.

— Des humains. On n’en a jamais vu autant.

La fissure se situait à la jonction du plafond avec le mur d’une pièce presque aussi grande que le nid de camions, qui regorgeait d’humains, en effet. Le Grand Magasin était ouvert.

Les gnomes avaient toujours su que les humains vivent très lentement. Masklinn avait failli buter dans un humain, une fois ou deux, au cours d’une chasse, et il savait qu’avant même que leurs visages énormes et idiots puissent faire pivoter leurs yeux, il avait tout loisir de quitter le chemin pour se dissimuler derrière une touffe de n’importe quoi.

L’espace au-dessous d’eux était bondé d’humains, qui avançaient à grands pas balourds et faisaient tonner à l’intention des uns et des autres leurs voix floues et graves.

Les gnomes les observèrent un moment, fascinés.

— Qu’est-ce qu’ils ont dans la main ? On dirait un peu le Truc ? demanda Grimma.

— Chais pas, reconnut Masklinn.

— Regarde un peu, ils ramassent ça et ils donnent quelque chose à l’autre humain, et ensuite ils rangent ça dans un sac et ils s’en vont. On dirait presque… enfin, qu’ils savent ce qu’ils font.

— Non, c’est comme les fourmis, intervint Torritt, catégorique. On dirait qu’ils ont de l’intelligence, je vous l’accorde, mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’ils ne raisonnent pas de façon cohérente, c’est simplement de l’instinct.

— Ils construisent des choses, fit vaguement remarquer Masklinn.

— Et alors ? Les oiseaux aussi, mon garçon.

— D’accord, mais…

— Moi, j’ai toujours dit que les humains ressemblaient un peu aux pies. Les objets brillants les attirent.

— Hmmm.

Masklinn décida de ne pas poursuivre le débat. On ne pouvait pas raisonner avec le vieux Torritt, à moins d’être Mémé Morkie, bien entendu. La tête de Torritt n’avait de place que pour quelques idées. Une fois qu’une notion s’y était enracinée, impossible de la faire progresser. Mais Masklinn aurait voulu faire remarquer : s’ils sont tellement idiots, pourquoi est-ce à nous de nous cacher d’eux ?

Une idée lui vint. Il souleva le Truc.

— Truc ? demanda-t-il.

Il y eut un silence. Puis la petite voix métallique fit :

— Opérations sur programme principal interrompues. Que désirez-vous ?

— Tu sais ce que c’est, les humains ?

— Oui. Reprise du programme principal.

Masklinn jeta un regard ahuri aux autres gnomes.

— Truc ? demanda-t-il à nouveau.

— Opérations sur programme principal interrompues. Que désirez-vous ?

— Je t’ai demandé de me parler des humains.

— Pas du tout. Vous m’avez demandé : savez-vous ce que sont les humains ? J’ai répondu précisément à cette question.

— Bon, eh bien, dis-moi ce qu’ils sont, alors.

— Les humains sont l’espèce indigène du monde que vous appelez désormais Le grand magasin. Retour au programme principal.

— Là ! triompha Torritt avec un hochement de tête rempli de sagacité. Je vous l’avais pas dit ? C’est des indigènes. Ils sont malins, oui, mais au fond, c’est de simples indigènes. Ils sont indigéneux, voilà tout. (Une hésitation.) Indigénieux, corrigea-t-il.

— Et nous, sommes-nous des indigènes ? demanda Masklinn.

— Programme principal interrompu. Non. Retour au programme principal.

— Bien sûr que non, confirma Torritt avec un mépris glacial. On a notre fierté, nous.

Masklinn ouvrit la bouche pour demander la signification du mot indigène. Il l’ignorait et était absolument certain que Torritt n’en savait pas davantage. Et après, il voulait poser un grand tas de questions, mais avant de les poser, il fallait qu’il réfléchisse aux mots qu’il emploierait.

Je ne connais pas assez de mots, songea-t-il. Il y a des choses auxquelles on ne peut pas penser si on ne sait pas quels mots précis employer.

Mais il ne mit pas son intention à exécution, parce qu’une voix derrière lui déclara :

— Ce sont des êtres bougrement bizarres, quand même, non ? Et ils s’agitent beaucoup depuis quelque temps. Je me demande ce qui les excite comme ça.

C’était un gnome d’un certain âge, plutôt massif. Sa vêture était assez sobre, chose inhabituelle dans le Grand Magasin. L’essentiel de sa tenue se résumait à un tablier immense dont les poches étaient boursouflées de bosses mystérieuses.

— Est-ce que vous nous espionniez ? s’insurgea Mémé Morkie.

L’étranger haussa les épaules.

— Je viens ici observer les humains, répondit-il. C’est un endroit idéal et, en général, il n’y a personne. À quel rayon appartenez-vous ?

— Aucun, répondit Masklinn.

— Nous sommes juste des gens, fit Mémé.

— Et on est pas indigénieux, non plus, s’empressa d’ajouter Torritt.

L’étranger sourit et se laissa glisser à bas de la poutre de bois sur laquelle il était assis.

— Ça alors. Vous devez être ces nouveautés dont j’ai entendu parler. Des gens du Dehors ?

Il tendit la main. Masklinn l’inspecta avec méfiance.

— Oui ? demanda-t-il poliment.

Le nouveau venu poussa un soupir.

— Vous êtes censé me la serrer, expliqua-t-il.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— C’est une tradition. Je me nomme Dorcas d’Égustation. Vous connaissez votre nom, vous ? demanda l’étranger avec un sourire en coin.

Masklinn éluda la question.

— Comment ça, vous observez les humains ?

— J’observe les humains, c’est tout. Je les étudie, si vous voulez. C’est mon activité. On peut apprendre beaucoup de choses sur le futur en les observant.

— Un peu comme la météo, vous voulez dire ?

— La météo ! Bien sûr, la météo ! (Immense sourire du gnome.) Vous devez être des experts en ce domaine. C’est une bougresse de force, la météo, non ?

— Vous en avez entendu parler ?

— Dans les vieilles légendes, uniquement. Hmmm.

Dorcas toisa son interlocuteur.

— Je ne sais pas… j’aurais imaginé que les gens du Dehors avaient une autre forme. La vie, oui, mais pas telle que nous la connaissons. Suivez-moi donc. Je vais vous montrer ce que je veux dire.

Masklinn considéra lentement l’espace poussiéreux entre les étages. Il était à bout. Il venait juste d’atteindre ses limites. Ici, l’air était trop chaud, trop sec, tout le monde le traitait comme un idiot, et voilà maintenant qu’il n’avait pas la forme adéquate.

— Eh bien… commença-t-il.

Et sous son bras le Truc déclara :

— Nous avons besoin de cet individu.

— Ma parole, s’émerveilla Dorcas. Elle est minuscule, votre radio. Jusqu’où ira-t-on, quand même ?

Dorcas les conduisit à un trou banal. Grand, carré, profond, sombre. Quelques câbles, plus épais qu’un gnome, plongeaient dans les ténèbres.

— Vous habitez là-dedans ? demanda Grimma.

Dorcas farfouilla dans le noir. On entendit un déclic.

Très loin au-dessus d’eux, il y eut un choc sourd suivi d’un grondement étouffé.

— Hmmm ? Oh, non. Il m’a fallu des éternités pour tout comprendre. C’est une espèce d’étage accroché à une corde. Qui monte et qui descend, vous voyez ? Avec des humains dedans. Alors, je me suis dit que je n’allais pas en rajeunissant. Tous ces escaliers, ça me coupait les jambes. J’ai regardé pour voir comment ça marchait. C’est d’une simplicité enfantine. Forcément, sinon les humains ne sauraient pas s’en servir. Reculez, s’il vous plaît.

Une énorme chose noire descendit le long du conduit pour s’immobiliser à quelques centimètres au-dessus de leurs têtes. On entendit des chocs et des coups, et le bruit désormais familier d’humains qui se déplaçaient maladroitement.

Il y avait également, suspendue en dessous du plancher de la cabine, une petite nacelle en fil de fer, accrochée par de courtes cordes.

— Si vous vous imaginez, intervint Mémé Morkie, que je vais monter dans un… dans un nid en fil de fer pendu à une ficelle, vous vous faites des…

— C’est sans danger ? demanda Masklinn.

— Plus ou moins, plus ou moins, répondit Dorcas en enjambant l’espace vide et en tripotant une nouvelle série de manettes. Dépêchez-vous, s’il vous plaît. Par ici, madame.

— Euh… c’est plus ou c’est moins ? demanda Masklinn pendant que Mémé, abasourdie par le terme madame, se laissait guider à bord.

— Eh bien, ma partie à moi est parfaitement sûre, je suis catégorique, répondit Dorcas. Mais la partie au-dessus de nous a été construite par des humains, et on ne peut jamais être vraiment certain. Cramponnez-vous, s’il vous plaît ! On monte !

Un choc métallique au-dessus d’eux, une légère secousse, et la nacelle commença à s’élever.

— Ingénieux, non ? demanda Dorcas. J’ai passé un temps fou à mettre toutes les commandes en dérivation. Et vous croyez qu’ils se seraient aperçus de quelque chose ? Ils appuient sur le bouton pour descendre, mais si je veux monter, ils montent. Au début, j’avais peur que les humains s’étonnent de voir les cabines monter et descendre toutes seules, mais ils sont bougrement idiots. Nous sommes arrivés.

Avec une nouvelle secousse, la cabine s’arrêta, amenant la nacelle du gnome au niveau d’un nouvel espace sous le plancher.

— Électro-Ménager, annonça Dorcas. Ce n’est pas grand-chose, mais j’y suis chez moi. Personne ne vient m’embêter, ici, pas même l’Abbé. Je suis le seul à savoir comment tout fonctionne, voyez-vous.

C’était un lieu voué aux fils. Ils couraient en tous sens sur le sol, par gros paquets. Quelques jeunes gnomes démontaient un objet au milieu de tout cela.

— Une radio, expliqua Dorcas. C’est une chose stupéfiante. On essaie de comprendre comment elle fait pour parler.

Il fourragea dans des piles de papier épais, en tira une feuille qu’il tendit à Masklinn avec une timidité évidente.

On y voyait un petit cône rose, coiffé d’une houppette de poils.

Les gnomes n’avaient jamais vu de bigorneau. Autrement, ils en auraient reconnu sur ce dessin la représentation exacte. Sauf la petite houppe.

— Très joli, commenta Masklinn, un peu désarçonné. Qu’est-ce que c’est ?

— Hem. C’était une hypothèse que j’avais formulée sur l’apparence des gens du Dehors, voyez-vous.

— Comment ça, avec des têtes en pointe ?

— C’est à cause de la Pluie, vous comprenez. Dans les anciennes légendes des temps anté-Magasiniens. La Pluie. Des gouttes d’eau qui tombent tout le temps du ciel. De cette façon, elle peut ruisseler. Et les flancs en pente évitent d’être renversés par le Vent. Je ne disposais que des anciennes légendes pour me guider, voyez-vous.

— Mais il n’y a même pas d’yeux !

— Mais si ! (Dorcas tendit le doigt) Tout petits. Dissimulés par les poils pour ne pas être aveuglés par le Soleil. C’est une grosse lumière très vive, dans le ciel, ajouta Dorcas à titre d’explication.

— On l’a déjà vue, fit Masklinn.

— Qu’est-ce qu’il raconte ? s’inquiéta Torritt.

— Il raconte que tu devrais ressembler à ça, répondit Mémé Morkie, goguenarde.

— Mais j’ai pas la tête aussi fine !

— Ça, c’est pas moi qui dirai le contraire, repartit Mémé.

— Je crois que vous vous êtes un peu égaré, dit lentement Masklinn. Ce n’est pas du tout comme ça. Personne n’a donc été vérifier sur place ?

— Un jour, j’ai vu la grande porte ouverte, répondit Dorcas. Celle qui est dans le garage, je veux dire. Mais dehors, on ne distinguait qu’une immense lumière blanche, qui m’a aveuglé.

— Ça ne m’étonne pas, si vous vivez en permanence dans cette pénombre.

Dorcas tira à lui une bobine de coton vide.

— Il faut que vous me racontiez tout ça, dit-il. Tout ce que vous vous rappelez sur le Dehors.

Sur les genoux de Torritt, un nouveau voyant vert du Truc commença à clignoter.


Un jeune gnome finit par apporter de la nourriture au groupe. Et ils expliquèrent, discutèrent et souvent se contredirent, tandis que Dorcas écoutait et posait des questions.

Il leur apprit qu’il était inventeur. En particulier de choses fonctionnant à l’électricité. Dans les premiers temps, lorsqu’ils avaient cherché à se brancher sur l’installation électrique du Grand Magasin, beaucoup de gnomes avaient péri. Ils avaient désormais mis au point des méthodes plus sûres, mais un certain mystère s’attachait encore à l’entreprise, et peu de gnomes étaient enclins à trop s’approcher. Voilà pourquoi les chefs des grandes familles et l’Abbé des Papeteri lui-même le laissaient tranquille. Être doué pour quelque chose que les autres ne veulent pas ou ne peuvent pas faire est toujours une bonne idée, dit-il. Et donc on le laissait s’interroger à voix haute, de temps en temps, sur le Dehors. Du moment qu’il ne s’interrogeait pas à voix trop haute.

— Je ne me souviendrai jamais de tout, soupira-t-il. Comment s’appelle l’autre lumière, celle qui existe à l’Heure de la Fermeture ? Pardon, la nue, je voulais dire.

— La nuit, corrigea Masklinn. On appelle ça la lune.

— La lune, répéta Dorcas en faisant rouler le mot sous sa langue. Et elle n’éclaire pas autant que le soleil ? Ça, c’est curieux, tout de même. Il serait plus intelligent d’installer la lumière la plus forte pendant la nuit plutôt que pendant le jour, puisqu’à ce moment-là on y voit de toute façon. Vous ne savez pas pourquoi c’est comme ça, je suppose ?

— C’est comme ça, voilà tout, répondit Masklinn.

— Que ne donnerais-je pas pour aller voir par moi-même ! J’observais les camions quand j’étais gamin, mais je n’ai jamais eu le courage de monter dans l’un d’eux.

Il se pencha en avant.

— Selon moi, Arnold Frères (fond. 1905) nous a mis dans ce Magasin pour que nous fassions des découvertes. Que nous l’explorions. Sinon, à quoi bon nous doter de cerveaux ? Qu’en pensez-vous ?

Masklinn se sentit flatté qu’on lui pose la question, mais il fut interrompu dès qu’il ouvrit la bouche.

— Les gens n’arrêtent pas de parler d’Arnold Frères (fond. 1905), intervint Grimma. Mais personne ne nous a expliqué qui c’était, en fait.

Dorcas se rassit sur sa bobine.

— Oh, c’est le Créateur du Grand Magasin. Ça s’est passé en 1905, voyez-vous. Le rayon Soldes du Rez-de-Chaussée, le Service Clientèle et tout ce qui les sépare. C’est une chose dont je ne peux pas douter. Car enfin, il faut bien que quelqu’un ait créé tout ça. Mais je me tue à répéter à tout le monde que ça ne veut pas dire qu’on devrait arrêter de…

Le voyant vert sur le Truc s’éteignit. Sa petite coupe tournante disparut. Il émit un bref bourdonnement, comme une machine qui se raclerait la gorge.

— Je surveille les communications téléphoniques, annonça-t-il.

Les gnomes se regardèrent.

— Ah bon. Très bien, commenta Grimma. Tu ne trouves pas ça bien, Masklinn ?

— J’ai des informations urgentes à transmettre aux responsables de cette communauté. Êtes-vous conscients de coloniser une entité architecturale à longévité limitée ?

— Fascinant, nota Dorcas. Tous ces mots. On a presque l’impression de comprendre ce que ça dit. Il y a des choses là-haut (il fit un signe du pouce en direction du plancher qui les coiffait) qui ressemblent exactement à ça. On les appelle des radios. Et certaines montrent même des images. C’est étonnant.

— Il est d’une importance capitale que je communique des informations vitales aux responsables de la communauté concernant l’annihilation imminente de cet objet, entonna le Truc.

— Désolé, fit Masklinn, vous pouvez répéter ?

— Vous n’assimilez pas mes déclarations ?

— Je ne sais pas ce que signifie assimiler.

— De toute évidence, le langage a évolué selon des codes que je n’appréhende pas.

Masklinn essaya d’adopter une physionomie encourageante.

— Je vais m’efforcer de clarifier ma déclaration, annonça le Truc.

Quelques voyants s’allumèrent.

— Ah ben, voilà une bonne idée, approuva Masklinn.

— Grand Magasin lui y en faire Boum fissa fissa ? risqua le Truc.

Les gnomes s’entre-regardèrent. Aucune révélation ne sembla poindre en eux.

Le Truc se racla la gorge une nouvelle fois.

— Connaissez-vous le sens du mot « démolition » ?

— Oh, oui, fit Dorcas.

— C’est ce qui va arriver au Grand Magasin. Dans vingt et un jours.

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