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Un virus… Le mot tournait en boucle dans l’esprit de Sharko.
Un virus issu d’un autre âge, aussi vieux que l’humanité, qui avait sans doute frappé le Cro-Magnon de la grotte et l’avait rendu ivre de violence. À quoi correspondait-il ? Avait-il aussi contaminé Grégory Carnot et Félix Lambert ? D’où sortait-il ? Comment se propageait-il ?
Le commissaire et le chef du groupe Crim arrivèrent à destination. En route, ils n’avaient échangé que de rares paroles, chacun enfoncé dans ses tourments. Sharko pensait à sa petite Lucie. À cette heure, elle devait être aux frontières de l’inconnu, impuissante, fragile. Comment allait-elle s’en sortir ? Et s’il lui arrivait malheur ? Si elle était blessée, même… Comment serait-il seulement mis au courant ?
Dans un vestiaire jouxtant le laboratoire, les deux hommes passèrent une tenue stérile.
— Tu es sûr qu’on ne risque rien à entrer là-dedans ? demanda finalement Sharko. Je veux dire… ce virus, il peut nous contaminer ?
— Il ne vole pas et ne se propage pas au toucher, si c’est ce qui te fait peur. Et puis, tout est contrôlé.
Sharko enfila des surchaussures.
— Et l’enquête ? Où en êtes-vous ? Vous avancez ?
— Tu es prêt ? Allez, entrons.
Après avoir franchi un sas, les deux hommes pénétrèrent dans le laboratoire de biologie moléculaire. La pièce abritait toutes sortes de microscopes – électroniques à balayage, à effet tunnel… –, d’énormes machines posées sur des plate-formes antivibrations, des centaines de pipettes, des piles de boîtes de Pétri. À presque 16 heures, l’effervescence régnait dans cet univers dédié à l’infiniment petit. Des gens s’activaient, couraient, discutaient.
— Ils ont pour consigne de ne parler à personne de ce qu’on a découvert ici, souffla Bellanger. Avec ce qui s’agite sous leurs microscopes, ils sont tous sur les dents et conscients d’avoir fait, peut-être, la découverte de la décennie.
Jean-Paul Lemoine se précipita vers eux, surexcité. Il serra fermement la main de Sharko.
— Explique-lui tous les détails, dit Bellanger. Qu’il comprenne bien les enjeux.
— Tout ? Même ce qui concerne Félix Lambert ? Tu as dit que…
— Tout.
Le chef du laboratoire se frotta le menton, se demandant probablement comment aborder le sujet. Il entraîna Sharko dans un endroit plus calme, au fond de la pièce.
— Hmm… Ce n’est pas simple. Tout d’abord, savez-vous ce qu’est un rétrovirus ?
— Expliquez-moi.
— Le sida en est un. Pour faire simple, un rétrovirus est un petit malin qui, grâce à sa boîte à outils contenant des ciseaux et de la colle, va intégrer son génome – ses propres lettres A T C G – à l’ADN des cellules qu’il contamine, et s’y cacher. Il devient alors invisible au système immunitaire, qui est, pour cette raison, incapable de le combattre. Grâce à la machinerie cellulaire, le génome bien caché du virus est lu et analysé par le petit ouvrier qui parcourt chaque lettre de l’ADN. Ce petit ouvrier, qui ignore qu’il a affaire à un intrus, fait ce qu’il fait avec n’importe quelle séquence lue : équipé de sa truelle, il fabrique une protéine, qui servira à construire des tissus humains. Sauf que cette protéine est en réalité un nouveau virus libéré dans l’organisme, qui va aller infecter une autre cellule et procéder exactement de la même façon. Et ainsi de suite. Cette propagation se fait toujours au détriment d’autres cellules, comme la baisse du nombre de lymphocytes pour le VIH et donc, des défenses immunitaires. Voilà, globalement et vulgarisée, la stratégie d’un rétrovirus… Dernière précision : un rétrovirus est dit « endogène » s’il se transmet de génération en génération. Il se cache dans l’embryon, fruit du père et de la mère, et se réveille quand bon lui semble, parfois vingt, trente ans plus tard.
Un embryon… Sharko songea aux accouchements catastrophiques de Lambert et Amanda Potier, aux hémorragies mortelles. Cela pouvait-il être lié ? Bellanger leur apporta un café chaud. Le biologiste trempa ses lèvres dans le breuvage, puis poursuivit :
— Venons-en à nos moutons. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, on croyait que 98 % de la molécule d’ADN ne servait à rien. On appelle d’ailleurs cette partie, aujourd’hui encore, l’ADN poubelle. Tout notre patrimoine génétique, les trente mille gènes qui font nos yeux bleus, nos cheveux noirs, notre corpulence, répartis sur les quarante-six chromosomes, sont dispersés dans seulement deux petits pour cent utiles. Le reste de l’ADN ne serait que… garniture, débris, scories.
— 2 %… On pourrait donc… brûler la quasi-globalité de l’encyclopédie de la vie sans créer de dommages génétiques ?
— C’est ce qu’on a longtemps cru, en effet.
Sharko imagina la gigantesque bibliothèque de Daniel réduite à une simple étagère…
— Mais la nature ne crée jamais rien d’inutile. On s’est rendu compte, avec le décryptage des génomes, qu’un ver de terre avait quasiment autant de gènes que nous. Pourtant, nous sommes infiniment plus compliqués. C’est donc que cet ADN poubelle renferme forcément des secrets. On s’aperçoit aujourd’hui que certaines parties de l’ADN poubelle interviendraient dans le fonctionnement de l’organisme, interagiraient avec des gènes parfaitement répertoriés. Ils seraient la clé d’une multitude de cadenas qui, sans eux, ne pourraient être ouverts, si vous voulez. Depuis peu, on a surtout appris que plus de 8 % de cet ADN poubelle était composé de fossiles génétiques. Des fossiles de milliers de rétrovirus endogènes, que l’on appelle les HERV, les Human Endogenous Retroviruses.
Sharko soupira, une main sur le front.
— J’ai passé une nuit d’enfer. Pourriez-vous être plus clair ?
Le biologiste eut un sourire pincé.
— Plus clair ? Si vous voulez. Il y a des milliers d’aliens dans notre génome, commissaire. Ils sont parmi nous, tapis dans les recoins de notre ADN. Des équivalents de sida du passé, des monstruosités préhistoriques, des tueurs microscopiques momifiés, qui après avoir infecté nos ancêtres voilà des millions d’années, se sont transmis de génération en génération et sommeillent dans l’ADN de chacun des sept milliards d’individus qui peuplent cette planète.
Cette fois, Sharko comprit mieux et frissonna à cette idée effroyable. Il imagina la molécule d’ADN comme une espèce de filet qui ramassait tout ce qui traînait, qui emmagasinait sans jamais se purger, et qui grossissait, grossissait. La boîte noire d’un avion qui aurait traversé les siècles…
— Pourquoi ces nombreux rétrovirus fossiles ne se réveillent-ils pas ? Pourquoi ne nous contaminent-ils pas ?
— C’est plus compliqué, je vous explique : chaque fois, le parcours est identique, l’agent infectieux s’insère dans l’ADN des cellules, y compris les cellules sexuelles, puis est transmis à la filiation comme n’importe quel autre gène, par l’intermédiaire du patrimoine génétique. Au cours du temps biologique, le rétrovirus endogène humain subit plusieurs mutations – ses lettres A, T, C, G changent – et il perd progressivement de sa dangerosité. Pensez aux terres d’Auvergne, tous ces volcans déchaînés qui, au fil du temps géologique, se sont éteints.
— Pourquoi ce rétrovirus mute-t-il ?
— À cause de l’Évolution, de la course à l’armement entre humains et virus. S’il nuit à l’espèce humaine, s’il procure plus d’inconvénients que d’avantages, l’Évolution de l’espèce humaine va tout faire pour l’éradiquer, le casser. Bref, au fil des millénaires, le virus se trouve incapable de jouer son rôle initial, c’est-à-dire fabriquer des enveloppes virales complètes pour se transporter de cellule en cellule et les détruire. Mais ça ne veut pas dire qu’il est mort. Certains rétrovirus mutés, amoindris, ont été apprivoisés par l’Évolution et jouent un rôle très avantageux dans certains aspects physiologiques. Par exemple, un rétrovirus muté de la famille appelée HERV-W participe très activement à la formation du placenta. Stéphane Terney était de ceux qui affirmaient que si ce rétrovirus-là n’avait pas un jour envahi les espèces vivantes, les mammifères n’auraient jamais existé. Les femelles – y compris celles de l’espèce humaine – auraient mis au monde leurs enfants en dehors de leur corps, par la ponte d’œufs notamment. Les rétrovirus mutés ont donc participé à l’évolution des espèces animales.
Sharko essayait d’écouter avec attention. Certains mots, comme placenta, immunologue, Terney, allumaient de petites lampes dans son esprit.
— Terney s’y connaissait donc en rétrovirus ? demanda-t-il.
— En tant qu’immunologue et de par ce que je viens de vous expliquer, oui. Je vous donne un dernier exemple d’apprivoisement par l’Évolution de corps étranger chez l’humain : la drépanocytose. C’est une maladie héréditaire très répandue dans les populations africaines, et qui n’a pas été éliminée par l’Évolution parce qu’elle confère une résistance au paludisme. L’avantage procuré – la protection contre le paludisme – est jugé supérieur aux autres désavantages.
Lemoine posa deux paquets de trois feuilles imprimées devant le commissaire. Celles de gauche étaient celles écrites par Daniel. Sur chaque feuille, des A, T, G, C à n’en plus finir.
— Passons au concret. À gauche, il s’agit de la mystérieuse séquence rétrovirale que vous nous avez donnée et dont, je l’espère, vous allez nous fournir l’origine.
— Comment savez-vous qu’il s’agit d’un rétrovirus ?
— Tous les rétrovirus ont la même signature, le même starter, en début de séquence. Quand vous, vous voyez un revolver, vous savez immédiatement de quelle marque il s’agit, non ? Pareil pour moi avec mon ADN.
Il écrasa son doigt sur l’une des feuilles de droite.
— Ici, à droite, il s’agit de la séquence de l’un des milliers de rétrovirus fossiles présents dans l’ADN poubelle de chacun d’entre nous. Le vôtre, le mien… On sait que ce rétrovirus appartient à cette fameuse famille des HERV-W. On le trouve quelque part dans le premier tiers du chromosome numéro deux. Avant aujourd’hui, on ignorait absolument la fonction qu’il avait pu avoir dans les millénaires passés. Tout ce qu’on savait, c’est que cette séquence était apparue uniquement dans la branche des hominidés, parce qu’on ne la trouve dans le génome d’aucun autre animal, végétal ou champignon.
— Un virus spécifique aux humains…
— Il semblerait. On ignore tout de lui. Sa fonction, sa virulence, son pouvoir de destruction à l’époque. Mais l’affaire sur laquelle vous travaillez est sur le point de marquer un tournant en biologie moléculaire et en génétique. Même un tournant dans l’Évolution de l’humanité.
Sharko était sonné par de si grands mots. Il observa les deux paquets, rapprocha les feuilles du dessus en vis-à-vis. La séquence de droite était ressemblante à celle de gauche, hormis des scories que le biologiste avait stabilotées en bleu fluorescent. Il y avait une différence toutes les cent lettres A T C G environ.
— Certaines de ces scories, on ignore lesquelles, ont rendu le rétrovirus incrusté dans notre génome complètement inactif, précisa Lemoine. Il n’est plus qu’un débris dans notre ADN et n’a aucune influence sur l’organisme.
Il écarta les deux paquets de trois feuilles, et en plaça un autre entre les deux.
— À présent, regardez attentivement cette séquence intermédiaire.
Sharko plissa les yeux. La nouvelle séquence était encore une fois quasiment identique aux deux autres. Mais il y avait beaucoup moins de marques stabilotées, tout au plus une vingtaine par page. Une séquence très proche de celle de Cro-Magnon, mais pas identique non plus. Sharko fixa Lemoine gravement.
— C’est le rétrovirus qui a infecté Félix Lambert, n’est-ce pas ? C’est ce que vous avez retrouvé dans son cerveau malade ?
Le biologiste acquiesça.
— Exactement. À gauche, la séquence que vous nous avez ramenée… Au milieu, celle trouvée dans les cellules cérébrales de Lambert… Et à droite, notre séquence à nous tous, inoffensive. De gauche à droite, il y a un accroissement du nombre de scories. Jetez un œil dans le microscope électronique maintenant.
Sharko s’exécuta. À travers les lentilles, il aperçut une grosse boule noire centrale, entourée de filaments torsadés comme du barbelé, et munie de deux fils plus longs qui la faisaient ressembler à une méduse. Elle était laide, monstrueuse, et semblait naviguer tranquillement sur une mer d’huile. Sharko en eut les poils hérissés. Le monde de l’infiniment petit était tellement glacial, effrayant.
— Je vous présente GATACA, dit Lemoine. C’est le nom temporaire qu’on a donné à l’agent pathogène présent dans les tissus de l’organisme de Lambert. Il s’agit d’un rétrovirus ancestral, légèrement muté puisqu’il présente des scories comme vous l’avez vu sur les feuilles. Son génome comporte exactement huit mille deux cent douze bases A T G C, il est à peine plus petit que le sida. On ignore bien évidemment encore son fonctionnement et son mode de réplication. À la vue de ce que l’on a découvert dans l’organisme de Félix Lambert, on pense que GATACA envahit progressivement, de manière très lente et inoffensive, les cellules du corps humain – et plus particulièrement les cellules cérébrales – de longues, longues années, à la manière du VIH. Puis il passe à l’attaque lorsque son hôte atteint l’âge adulte, disons vers une bonne vingtaine d’années. Est-ce la sécrétion d’hormones, l’horloge biologique ou le vieillissement cellulaire qui déclenchent l’assaut ? Il est bien trop tôt pour le dire. Toujours est-il que dès cet instant, il entame un cycle réplicatif violent : il se multiplie à grande échelle dans les cellules nerveuses du cerveau, notamment les zones de surface, et dérègle tout chez son hôte, un peu comme le fait la sclérose en plaque ou la maladie d’Alzheimer. On connaît la suite. Individu qui a des troubles d’équilibre, qui devient agressif et se met à commettre des actes violents…
Sharko vida son café en grimaçant. Il avait la gorge sèche.
— Est-ce qu’il est contagieux ?
— Ni par les airs, ni par le toucher, mais peut-être sexuellement. Nous n’en savons rien. Applique-t-il une stratégie différente chez les hommes et les femmes ? Grande inconnue. On ignore quand et comment GATACA est entré dans l’organisme de Félix Lambert. L’a-t-il attrapé de quelqu’un d’autre au cours d’un rapport sexuel ? Lui a-t-on administré ? Quand ? Où ? Et qui a créé GATACA ? Si on en croit le bouquin de Terney, Grégory Carnot était porteur de ce virus, et au moins cinq autres personnes sont dans ce cas-là. Mais pourquoi eux ? Il va falloir des semaines, des mois peut-être pour le comprendre, trouver des parades. Imaginez les dégâts qu’il pourrait causer, surtout s’il se transmet d’individu en individu à chaque rapport sexuel. Le nombre de personnes contaminées pourrait croître de façon exponentielle.
Il s’empara des feuilles ramenées par Sharko, l’air grave.
— Vos découvertes sont primordiales. Cette séquence que vous nous avez fournie semble être la forme originelle, pure, non mutée. Peut-être est-elle encore plus violente, plus offensive, peut-être se propage-t-elle davantage. Aujourd’hui, on sait fabriquer, cultiver des virus. Quand on voit déjà les dégâts que cause GATACA, imaginez un peu les monstruosités dont serait capable un homme qui posséderait le mode d’emploi – la séquence génétique – d’un tel virus préhistorique.
— Administration à l’insu des gens ? Contamination ?
— Oui. Et propagation sexuelle ou endogène, c’est-à-dire transgénérationnelle.
— De parents à enfants…
— Des générations futures, qui seraient progressivement toutes contaminées, à grande vitesse. Des gens qui mourraient vers vingt ou trente ans, ivres de violence. Dites-nous ce que vous savez. Nous allons nous mettre en relation avec le ministère de la Santé, déclencher des programmes de recherche d’urgence. J’ai le sentiment qu’il faut aller vite, très vite. Plus le temps passe, et plus le contrôle de ce virus risque de nous échapper.
— Dis-nous, répéta Bellanger. On t’a expliqué. À toi de nous rendre la monnaie de la pièce.
Sharko réfléchit, encore sous le coup de ces horribles révélations. Il devait être extrêmement prudent. Bellanger, Lemoine, les flics ignoraient tout de l’enquête de Lucie. Le vol du Cro-Magnon, la cassette, Phénix, la tribu amazonienne, la fouille approfondie dans le passé de Terney, les mères qui mouraient en couche. Jusqu’où devait-il aller dans ses confidences sans mettre Lucie en danger ? D’un autre côté, avait-il le droit de garder pour lui de telles révélations ? Des vies – et Dieu seul savait combien – étaient en danger.
Il observa les trois paquets de feuilles en vis-à-vis, l’œil vif. À gauche, Cro-Magnon, avec le virus pur. Au milieu, Lambert, avec le virus encore actif, mais muté. À droite, le reste de l’humanité, avec le virus inactif.
Trois formes différentes, parce que mutées au fil du temps par l’Évolution.
Donc, en tout état de cause, trois époques différentes. Comment cela était-il possible, puisque Lambert n’avait pas vingt-cinq ans ?
La chaîne du temps, songea-t-il soudain. La chaîne du temps avec ses trois maillons : Cro-Magnon, l’humain civilisé d’aujourd’hui, et, entre les deux, les Ururu.
Alors, comme une évidence, il comprit.
Il se passa une main sur le visage dans un soupir.
— Félix Lambert ou Grégory Carnot n’ont pas attrapé ce virus, murmura-t-il. On ne le leur a pas administré non plus. Non. Cette saleté était déjà en eux au moment de leur naissance. Ils l’ont reçue de leurs parents, qui, à leur tour…
Il s’interrompit et fixa son chef dans les yeux.
— Laisse-moi encore quelques heures, le temps de vérifier quelque chose. Et après, je promets de tout t’expliquer.
— Sharko, je…
Sans lui laisser l’occasion de répondre, il se tourna vers le biologiste.
— Cette séquence provient d’un homme de Cro-Magnon âgé de trente mille ans. Appelez le centre de génomique de Lyon, et vous aurez toutes vos réponses.
Sur ces mots, il s’éloigna à reculons, puis s’arrêta avec une dernière question :
— Dites-moi : est-ce que la présence de ce virus muté peut rendre ses hôtes gauchers ?
Le biologiste prit le temps de la réflexion et sembla connecter.
— Lambert était gaucher, comme Carnot, alors vous pensez que… – un silence – oui, c’est bien possible. Les recherches récentes tendent à prouver qu’il existerait un gène lié à la latéralité, situé sur le chromosome 2, justement à proximité de ces séquences rétrovirales fossiles. En génétique, il est fréquent que l’expression de certaines séquences ADN – dans notre cas, le rétrovirus – modifie fortement le « comportement » de gènes voisins. Ce fonctionnement explique d’ailleurs l’émergence de certains cancers, notamment des leucémies ou des lymphomes. Pour bien comprendre, il faudrait que je vous parle de translocation chromosomique et…
Sans plus écouter, Sharko recula encore et disparut en courant.