« Léger ennui mécanique »

Zakalwe affranchi ;

Ces paresseuses volutes de fumée au-dessus de la ville,

Noirs trous de ver dans l’air, sous le midi radieux de Niveau Zéro ;

T’ont-elles dit ce que tu désirais entendre ?

Ou bien écorché de pluie sur une citadelle de béton,

Île-forteresse sous la crue ;

Tu as erré entre les machines disloquées,

Et cherché d’un œil dégrisé

Les machines d’une autre guerre,

Une usure de l’âme et de la mécanique.

Avec des appareils, des avions, des vaisseaux,

Avec armes, drones et champs tu as joué, et

Écrit l’allégorie de ta propre régression

Dans les larmes et le sang d’autrui ;

Fragile poésie de ton ascension

Au-dessus d’une grâce piètre et simple.

Et ceux qui t’ont trouvé,

Pris, remodelé

(« Eh oui, petit ! C’est à nous, les missiles-couteaux, que tu as affaire maintenant,

À nos attaques, notre rapidité, notre sanglant secret :

Le chemin du cœur de l’homme passe à travers sa poitrine ! »)

— Ils te croyaient simple jouet entre leurs mains,

Enfant sauvage ; revers d’expédient issu d’un lointain passé

Car l’utopie engendre peu de guerriers.

Mais tu savais que ta légende grave un chiffre

Dans tout plan concocté,

Et, jouant à notre jeu pour de vrai,

Tu as percé à jour nos rouages secrets,

Nos glandes rétives

Et découvert, dans les os, un sens qui t’appartient.

— Le captage de ces vies culturées

Ne s’est pas fait dans la chair

Et ce que nous nous contentions de savoir

Toi, tu l’as éprouvé,

Avec toute la moelle de tes cellules déformées.

Rasd-Coduresa Diziet Embless Sma da’ Marenhide.

Aux bons soins de SC, Année 115 (Terre, calendrier khmer).

Auteur de la traduction à partir du Marain. Inédit.

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