Le jour suivant, Conway n’eut pas l’opportunité de présenter ses excuses au commandant de la flotte, car les « émeutiers » lancèrent leur plus violente attaque et les responsables médicaux et militaires du Secteur Général eurent bien trop à faire pour avoir un entretien. Mais baptiser cette bataille du nom d’émeute ne faisait pas la moindre différence sur la nature et le nombre des blessés qui affluaient brusquement, pensa ironiquement Conway, car elle commençait comme un véritable massacre pour les deux camps.
Les forces ennemis approchaient et entamaient leur pilonnage de l’hôpital avec une puissance de feu fantastique. Elles serraient le Secteur Général de si près que, parfois, des unités Impériales approchaient à moins d’une cinquantaine de mètres de sa coque. Les vaisseaux de Dermod : le Vespasien, un cuirassé Tralthien et quelques autres petites unités toujours opérationnelles, se ruèrent vers l’hôpital pour s’y ancrer à l’aide de rayons tracteurs. Ils n’avaient plus la place suffisante pour pouvoir manœuvrer sans gêner les servants des batteries lourdes installées sous eux. Ils se posèrent et appuyèrent de leurs armes légères la puissance de feu des batteries fixes, partout où c’était chose possible.
Mais il s’agissait sans doute de la manœuvre qu’attendait le commandement ennemi. Avec une rapidité que seul un plan longuement étudié rendait possible, les attaquants éclaircirent leurs rangs, s’éparpillèrent, puis se regroupèrent sur une petite section du Secteur Général. La puissance de feu des trois quarts de la flotte Impériale se concentra sur ce point.
Une pluie de missiles perfora l’épais blindage. Ils firent voler en éclat les épaves ayant servi à obstruer les cratères creusés par les explosions antérieures et traversèrent la coque interne moins résistante. Rayons tracteurs et vibreurs s’emparaient des épaves encore en place et les déchiquetaient sauvagement, puis ils les écartaient de façon à permettre à de nouveaux missiles de pénétrer plus profondément dans l’hôpital. Les défenses du corps des Moniteurs firent d’épouvantables ravages au sein des vaisseaux étroitement regroupés, mais cela ne dura que quelques minutes. La puissance de feu de l’ennemi se déchaîna sur elles. Les batteries furent pilonnées, éventrées, et harcelées jusqu’au moment où ce ne fût plus qu’une masse informe de chair et de métal. Une section de la coque externe restait à présent sans protection et, brusquement, il fut évident que l’Empire ne lançait pas une simple attaque mais un assaut.
Couverts par le tir des appareils Impériaux regroupés, trois vaisseaux géants et non armés descendaient lourdement vers la section non défendue. Des transports de troupes …
Le Vespasien fut aussitôt envoyé combler le vide dans les défenses. Le cuirassé se rua vers le point où le premier transport de troupes allait se poser, soutint le feu roulant des Moniteurs autant que celui de l’ennemi, et utilisa toute sa puissance de tir dès que sa cible apparut au-dessus de la courbe de la coque …
On donna maintes explications à ce qui se passa. Une erreur de calcul de la part du pilote, un coup porté par l’ennemi, une erreur de tir de la part d’autre Moniteurs ou encore des missiles qui dévièrent de leur trajectoire juste au mauvais moment. Mais on n’avança jamais l’hypothèse que le colonel Williamson avait pu délibérément vouloir éperonner le transport ennemi, car tous savaient qu’il s’agissait d’un officier compétent qui gardait la tête froide et qui rendait coup pour coup. Même à un stade aussi désespéré de la bataille, il aurait su que c’était une tactique stupide en raison de la supériorité numérique écrasante de l’adversaire.
Le Vespasien heurta le plus gros, mais le moins solide, des transports à proximité de sa poupe. Il semblait devoir le transpercer entièrement lorsqu’il s’immobilisa en crissant silencieusement. À l’intérieur de l’épave une unique petite explosion embrasa le brouillard créé par l’atmosphère qui s’échappait, mais les deux vaisseaux restèrent rivés l’un à l’autre, en tournant lentement sur eux-mêmes.
Durant une seconde, la bataille sembla s’interrompre. Puis les batteries des Moniteurs se remirent en action, ignorant les autres cibles si leurs projecteurs pouvaient atteindre le second transporteur qui approchait. En quelques minutes, les vibreurs arrachèrent des plaques de blindage en trois points de sa coque et l’entamèrent plus profondément. L’appareil se retira lourdement en perdant son atmosphère. Le troisième battit en retraite, imité par le reste des forces adverses, mais sur une faible distance seulement. L’intensité du pilonnage avait légèrement diminué, mais il n’avait pas cessé pour autant.
Même avec un effort d’imagination on ne pouvait prendre cela pour une victoire du corps des Moniteurs. L’ennemi avait simplement fait une erreur de jugement, il s’était un peu trop hâté. Il était indispensable d’affaiblir encore un peu les défenses de l’hôpital.
Les rayons tracteurs atteignirent les épaves et interrompirent doucement leurs révolutions sur elles-mêmes, puis les ramenèrent vers la coque ravagée du Secteur Général. Des Moniteurs s’élancèrent dans l’espace pour aller à la recherche des survivants et les blessés ne tardèrent pas à affluer dans les services. Mais par des routes détournées car sous les épaves des vaisseaux se trouvaient à présent d’autres ruines et d’autres équipes de secours qui luttaient pour libérer les blessés qui étaient victimes de cette guerre absurde pour la seconde ou troisième fois …
Le Dr Prilicla appartenait à une de ces équipes de secours. Les GLNO étaient les êtres les plus fragiles de la Fédération et tous savaient que la couardise était une de leurs principales caractéristiques de survie. Mais Prilicla guidait sa fragile bulle pressurisée au-dessus des plaques déchiquetées et au sein des débris qui dérivaient autour de lui, à la recherche de la vie. Les êtres vivants irradiaient des émotions, même lorsqu’ils étaient inconscients, et le petit GLNO indiquait sans erreur possible qui était encore vivant et qui était déjà mort. Alors que des blessés se vidaient de leur sang à l’intérieur de leur scaphandre ou que leurs scaphandres eux-mêmes perdaient leur pression, cela permettait de diriger les équipes de secours la où elles pouvaient encore être utiles et l’action de Prilicla permettait de sauver un grand nombre, un très grand nombre, de vies. Mais pour un empathique, un être sensible aux émotions, c’était un travail infernal dans tous les sens horribles et douloureux du terme …
Le commandant O’Mara était omniprésent. Sans les conditions d’apesanteur régnant dans l’hôpital le psychologue en chef aurait dû se traîner d’un point à l’autre du Secteur Général, mais en l’absence de toute pesanteur son extrême fatigue le retardait uniquement dans la mesure où il calculait mal les distances et heurtait très souvent des portes et des gens. Mais lorsqu’il s’adressait à des patients ou à des infirmières de type terrien, ou encore à des Moniteurs, cette lassitude n’était jamais perceptible dans sa voix.
Sa simple présence avait un effet salutaire même sur les membres du personnel appartenant à d’autres espèces, bien que ces derniers ne pussent comprendre ses paroles. Ils se rappelaient de lui, à l’époque où ils avaient encore eu des traducteurs à leur disposition, et de sa capacité de leur tanner le cuir par quelques paroles mordantes.
Les extra-terrestres : les Tralthiens FGLI massifs et lourdeaux, les Melfriens ELNT semblables à des crabes, et les autres, étaient présents de partout. À certains niveaux, ils dirigeaient le personnel de type humain alors qu’à d’autres ils assistaient les infirmières et les infirmiers du corps des Moniteurs. Ils étaient épuisés, n’avaient aucun répit et, trop souvent, ils ne comprenaient pas ce qu’on leur disait. Mais à eux tous ils permettaient de sauver de nombreuses vies.
Si chaque fois qu’un missile atteignait l’hôpital ils perdaient un peu de terrain …
Le professeur Conway ne quittait pas le réfectoire. Il était en communication constante avec la plupart des autres niveaux, mais les coursives qui y conduisaient étaient dans un grand nombre de cas privées de toute atmosphère, ou obstruées par des débris, et tous estimaient préférable que le dernier professeur encore vivant de l’hôpital demeurât dans un lieu relativement sûr. Il devait s’occuper d’un grand nombre de blessés de type humain et les cas extra-terrestres les plus délicats, des blessés provenant des rangs des combattants ou du personnel soignant, lui étaient envoyés.
D’une certaine façon, il avait le service le plus grand et le plus complexe de tout l’hôpital. Etant donné que le personnel n’avait plus le temps de se réunir pour prendre ses repas, et que l’on envoyait directement de la nourriture préemballée à chaque service, la salle à manger principale avait été reconvertie. Des lits et un bloc opératoire avaient été fixés au sol, aux murs et au plafond de la grande salle et les patients qui appartenaient tous au personnel spatial n’étaient gênés ni par l’apesanteur ni par la vue des autres blessés qui flottaient quelques mètres au-dessus d’eux. C’était d’ailleurs une disposition pratique pour tous ceux qui pouvaient encore se parler.
Conway avait atteint un tel degré de fatigue qu’il ne pouvait plus ressentir son épuisement. Les petites détonations sourdes des missiles formaient un fond sonore monotone. Il savait que les explosions rognaient régulièrement les coques externes et internes, que c’était une érosion mortelle qui ouvrirait bientôt chaque coursive et chaque salle sur l’espace, mais son cerveau avait cessé de réagir. Lorsque les blessés arrivaient, il faisait le nécessaire, mais ces réactions étaient à présent les simples réflexes conditionnés d’un médecin. Il avait perdu la majeure partie de sa capacité de réflexion, de perception ou de mémoire, et lorsqu’il se souvenait, il n’avait aucun sens de l’écoulement du temps. Le dernier cas extra-terrestre, pour lequel il avait dû prendre quatre bandes physiologiques, se détachait de la routine moyenne sanglante et bruyante, tout comme d’admission des blessés du Vespasien. Mais Conway ignorait si cela s’était passé trois jours ou trois semaines plus tôt, ou encore lequel de ces épisodes venait en premier dans l’ordre chronologique.
Il se rappelait souvent l’arrivée des blessés du Vespasien. Il avait découpé le scaphandre en lambeaux du commandant Stillman puis il l’avait déshabillé avant de repousser les morceaux qui continuaient de flotter autour du lit. Stillman avait eu deux côtes brisées, un humérus fracturé et avait été victime d’une légère décompression qui affectait momentanément sa vision. Jusqu’au moment où l’injection avait fait effet, il n’avait cessé de demander des nouvelles du colonel.
Le colonel Williamson, quant à lui, demandait constamment des nouvelles de son équipage. Il se trouvait dans un plâtre qui le couvrait de la tête aux pieds, il souffrait très peu, et il avait immédiatement reconnu Conway. Il avait eu sous ses ordres un équipage très important et il devait connaître tous ses membres par leurs noms, ce qui n’était pas le cas de Conway.
— Stillman se trouve à trois lits sur votre droite, lui avait appris Conway, et les autres sont disséminés dans toute cette salle.
Les yeux de Williamson avaient suivi les rangées de blessés suspendus au-dessus de lui. Il n’avait rien pu déplacer d’autre.
— Je ne reconnais pas certains d’entre eux, avait-il dit.
En observant les contusions livides qui cernaient l’œil droit, la tempe et la mâchoire de Williamson, les points où son visage avait heurté l’intérieur de son casque, Conway avait hissé les commissures de ses lèvres en un semblant de sourire, pour répondre :
— Un certain nombre d’entre eux ne vous reconnaîtraient pas non plus.
Et il se rappelait du second TRLH …
Il était arrivé sanglé dans une civière pressurisée dont le générateur d’atmosphère avait été rempli de ce poison que ces êtres appelaient de l’air. À travers la double transparence de la cloison de la civière et du scaphandre du TRLH les blessures apparaissaient nettement … une large fracture de la carapace qui avait sectionné de nombreux vaisseaux sanguins. Il n’avait pas eu le temps d’aller chercher les bandes dont il s’était servi pour opérer le TRLH précédent, car le blessé se vidait de son sang. D’un signe de tête, Conway avait indiqué de fixer la civière dans la zone dégagée, au centre de la salle, puis il avait rapidement échangé les gants de son scaphandre contre ceux chirurgicaux. Depuis les lits suspendus au plafond, des yeux suivaient chacun de ses mouvements.
Il avait plongé ses mains dans le matériau flasque et transparent de la tente. Le film fin et résistant était aussitôt devenu élastique et avait cédé, sans perdre ses propriétés. Il adhérait aux gants non comme une seconde peau, mais en tout cas comme une seconde paire de gants. Avec prudence, afin de ne pas trop tendre le film qui séparait les deux atmosphères réciproquement empoisonnées, Conway avait ôté la combinaison du blessé et pris des instruments fixés à l’intérieur de la civière étanche.
Il était possible d’effectuer des tâches très compliquées à travers les parois d’une tente flexible. Deux PVSJ et un QCQL se trouvaient à quelques lits de là pour le prouver à Conway, mais les possibilités étaient limitées par les instruments et les médicaments disponibles à l’intérieur de la tente et par la légère entrave que le tissu apportait aux mouvements.
Il venait doter les éclats de carapace de la zone endommagée lorsque l’explosion d’un missile qui avait touché l’hôpital non loin de là avait ébranlé le sol. La sonnerie d’alarme indiquant une chute de pression avait résonné quelques minutes plus tard et Murchison et le médecin militaire Kelgien (tout le personnel médical du service) étaient allés hâtivement vérifier la fermeture hermétique des tentes des patients qui n’étaient pas en état d’effectuer eux-mêmes ce contrôle. La baisse de pression, sans doute due à une petite fissure entre deux plaques de blindage, était légère mais pour le patient de Conway cet incident pourrait être fatal. Il s’était mis à travailler avec une hâte frénétique.
Mais alors qu’il luttait pour ligaturer les vaisseaux sanguins sectionnés, l’enveloppe élastique de la civière pressurisée s’était mise à enfler. Il lui était difficile de tenir les instruments chirurgicaux, et virtuellement impossible de les guider avec précision. En fait, ses mains étaient repoussées hors du champ opératoire. La différence entre la pression régnant à l’intérieur de la tente et celle de la salle n’était guère importante et n’aurait peut-être même pas été perçue dans les oreilles de Conway, mais l’enveloppe élastique avait continué de s’enfler. Conway avait dû renoncer et une demi-heure plus tard, lorsque la fissure avait été colmatée et qu’une pression normale avait été rétablie, il s’était remis à l’ouvrage. Mais il avait été alors trop tard.
Il se souvenait que sa vue avait brusquement baissé et qu’il avait eu un choc de surprise lorsqu’il avait pris conscience qu’il pleurait. Les pleurs n’étaient pas dus à un réflexe conditionné professionnel, il savait que les médecins ne pleurent pas au sujet de leurs patients. Probablement s’était-il agit d’un mélange de colère face à la mort du blessé (due à un incident stupide) et d’une extrême fatigue. Et lorsqu’il avait noté les expressions des convalescents qui l’entouraient, Conway, s’était senti horriblement gêné.
À présent, tout ce qui l’entourait avait pris un rythme saccadé et irrégulier. Il garda les yeux clos et plusieurs secondes, ou minutes, passèrent avant qu’il fût capable de les ouvrir à nouveau, bien qu’il n’eût pas perçu l’écoulement du temps. Les patients capables de se déplacer (êtres dont les blessures permettaient de se mouvoir dans la salle et de regagner rapidement leur tente en cas de dépressurisation) allaient d’un lit à l’autre pour effectuer les petites taches indispensables, ou discuter avec des patients qui ne pouvaient se déplacer. D’autres s’accrochaient comme des bancs de poissons disgracieux alors qu’ils conversaient entre eux. Mais Conway était toujours trop occupé par les blessés qui venaient d’arriver ou trop désorienté par un trop grand nombre de bandes physiologiques pour s’entretenir avec les plus anciens de ses convalescents. La plupart du temps, quoi qu’il en soit, ses yeux se portaient sur les silhouettes endormies de Murchison et du Kelgien qui flottaient près de l’entrée du service.
Le Kelgien pendait comme un grand point d’interrogation velu et poussait par instant les légers gémissements émis par certains DBLF lorsqu’ils sont endormis. Murchison flottait quant à elle à l’extrémité d’un câble de sécurité de trois mètres, tournant lentement sur elle-même. Il était étrange de constater avec quelle fréquence les dormeurs adoptaient une position fœtale, en apesanteur, pensa tendrement Conway comme il admirait ce magnifique bébé adulte qui flottait à l’extrémité d’un cordon ombilical d’une minceur impensable. Il aurait désespérément voulu dormir lui-même, mais c’était son tour de garde et il ne serait pas relevé avant longtemps … peut-être cinq minutes ou cinq heures, mais une éternité, de toute façon. Il devait continuer à s’occuper.
Sans prendre conscience qu’il venait de prendre une décision, il se retrouva dans l’entrepôt où avaient été regroupés les cas désespérés. Ce ne fut qu’alors que Conway prit le temps de discuter ou, si toute conversation était impossible, de faire ces petites choses essentielles et en même temps inutiles qui apportent un certain réconfort aux mourants. En présence d’extra-terrestres, il pouvait seulement se tenir à leur côté et espérer que cette épave sanglante et brisée de Tralthien, de Meltien, ou d’êtres appartenant à une autres espèce, possédait une parcelle de la faculté empathique de Prilica, afin qu’elle pût comprendre qu’il était son ami et deviner ce qu’il éprouvait.
Ce ne fut que graduellement que Conway prit conscience que les blessés capables de marcher l’avaient suivi dans cette salle en tirant derrière eux ceux qui en étaient incapables. Ils se regroupèrent lentement autour et au-dessus de lui, l’expression grave, déterminée, et respectueuse. Le commandant Stillman se propulsa vers l’avant du groupe, avec maladresse car dans sa main encore valide il tenait une arme.
— Ce massacre doit prendre fin, professeur, dit-il calmement. Nous en avons tous discuté longuement et nous avons pris cette décision. Et il faut y mettre immédiatement un terme.
Il retourna brusquement son arme et la tendit à Conway.
« Vous pourrez en avoir besoin. Vous devrez peut-être la braquer contre Dermod afin de l’empêcher de faire quelque chose de stupide pendant que nous lui expliquerons ce qui s’est passé …
Juste à côté de Stillman flottait la forme momifiée du colonel Williamson et de l’homme qui l’avait tiré jusque-là. Ils se parlaient à voix basse dans une langue qui était à la fois étrangère et familière à Conway. Avant qu’il eût pu la reconnaître, tous les patients se déplaçaient à nouveau et il nota qu’un grand nombre d’entre eux étaient armés. Les pistolets faisaient partie de leur équipement réglementaire et Conway n’avait pas pensé à eux lorsqu’il avait rangé les combinaisons dans un placard du service. Il estima que Dermod serait fou de rage contre lui. Il suivit les convalescents vers l’issue principale du service, puis dans la coursive qui conduisait à la Réception.
Stillman parlait presque tout le temps, lui expliquant ce qui s’était passé. Puis, lorsqu’ils furent pratiquement arrivés à destination, il demanda sur un ton angoissé :
— Professeur, vous ne pensez pas que je suis … que je suis un traître?
Tant d’émotions différentes bouillonnaient en Conway que tout ce qu’il trouva à répondre fut un seul mot :
— Non !