Et la lumière du soleil qui se levait au-dessus des montagnes lui éclaboussa les yeux. Il eut à peine le temps de regarder autour de lui. Il vit son graal, posé à côté de lui, ainsi qu’une pile bien nette de carrés de tissu. Il vit… Hermann Goering.
C’est alors que l’Allemand et lui furent capturés par une horde de petits hommes noirs aux jambes torses et à la tête trop grosse par rapport à leur taille, qui leur tombèrent dessus sans crier gare. Ils étaient armés de lances de bambou et de haches de pierre. Les tissus du graal leur servaient uniquement de coiffure. Leurs longs cheveux raides étaient ceints par des lanières de cuir – probablement d’origine humaine – qui faisaient plusieurs fois le tour de leur crâne disproportionné. Ils avaient un aspect semi-mongolien et parlaient un langage inconnu de Burton.
On lui lia les mains derrière le dos et on le coiffa d’un graal vide. Ainsi aveuglé et totalement réduit à l’impuissance, on le poussa à travers la plaine à coups de javelots dans les reins. Partout, des tam-tams résonnaient et des voix de femmes entonnaient des mélopées.
Il avait parcouru environ trois cents pas quand on le força à s’arrêter. Les tam-tams se turent subitement, ainsi que les mélopées. Burton n’entendit plus rien d’autre que le sang qui battait à ses tempes. Que diable se passait-il ? S’agissait-il d’une cérémonie religieuse dont la victime ne devait rien voir ? Ce n’était pas chose impossible. Il avait existé sur la Terre un grand nombre de rites sacrificiels dont le seul but était d’empêcher l’immolé d’apercevoir les traits de l’officiant afin que le fantôme du premier ne revînt, après sa mort, exercer sa vengeance sur le second.
Ces primitifs auraient dû savoir, maintenant, que les fantômes n’existaient pas. A moins, précisément, qu’ils n’eussent considéré les lazares comme des revenants qu’ils devaient réexpédier au plus tôt à leur point d’origine en les exécutant le plus rapidement possible !
Il y avait aussi le problème de Goering. Trois fois de suite, Burton et lui avaient été transférés au pied de la même pierre à graal. Comment expliquer ce mystère ? Aucune théorie ne pouvait…
Le premier coup lui enfonça brutalement le graal au niveau des tempes et le fit tout entier vibrer d’une fulgurante douleur. A moitié inconscient, il tomba à genoux. Il ne sentit pas le deuxième coup et se réveilla, une fois de plus, dans un endroit différent.