— Elena, comment peux-tu être si mal élevée ! Tu as passé l’âge des enfantillages !
Sa tante Judith se mettait rarement en colère, mais, là, elle était furieuse.
— Ce ne sont pas des enfantillages ! De toute façon, tu ne peux pas comprendre…
— Je comprends, tu as réagis de la même manière l’autre jour, quand Damon est venu dîner. Tu ne crois pas qu’un invité mérite plus de considération ?
C’était mots pour mots ce qu’avait dit Damon, mais dans la bouche de sa tante ! C’était le bouquet !
— Arrête ton délire, tu ne sais même pas de quoi tu parles.
— Alors là, tu dépasses les bornes ! Explosa sa tante. Tu es devenue infernale depuis que tu sors avec ce garçon !
— C’est ça ! Ironisa Elena, en foudroyant Damon du regard.
— Exactement ! Depuis qu’il t’a tourné la tête, tu n’es plus la même. Irresponsable, cachottière… et insolente ! Son influence sur toi est désastreuse. Il est temps de faire cesser tout ça !
— Ah oui ? Fit Elena en regardant tour à tour Damon et tante Judith. Eh bien je suis désolée, mais il faudra que tu t’y fasses. Je ne laisserai jamais tonte Stefan ! Pour personne d’autre et encore moins pour toi !
Ces derniers mots s’adressaient à Damon, mais sa tante hoqueta d’indignation.
— Ça suffit ! intervint Robert, qui venait d’arriver avec Margaret. C’est comme ça que ce garçon t’encourage à parler à ta tante !
— Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi ! Fit Elena qui eut soudain conscience des yeux braqués sur eux, tout autour. Mais ça lui était complètement égal. Ça faisait trop longtemps qu’elle refoulait son angoisse et sa colère… sans compter toutes les humiliations qu’elle subissait au lycée. A présent, toutes ces émotions remontaient à la surface : elle avait l’impression d’être sur le point d’exploser. Son cœur cognait comme un tambour, ses oreilles sifflaient. Elle n’avait qu’une idée en tête : remettre à leur place tous ceux qui s’acharnaient contre elle.
Ce garçon, comme tu dis s’appel Stefan, poursuivit-elle d’une voix glaciale. C’est le seul ici qui compte pour moi, et je suis heureuse de t’apprendre que nous sommes fiancés !
— Ne sois pas ridicule s’exclama Robert.
— Et ça c’est ridicule ? cria-t-elle en toi fourrant sa bague sous le nez. On va se marier, que ça te plaise ou non !
— Y manquerait plus que ça ! hurla Robert, au bord de l’apoplexie.
Damon, l’air incrédule, lui saisit la main. Il lui suffit de voir l’anneau pour tourner les talons en écumant de rage. Tante Judith qui bafouilla d’indignation.
— Elena, je t’interdis de…
— Tu n’es pas ma mère ! lui balança Elena.
Les larmes lui obstruaient la vue. Elle en avait assez. Tout ce qu’elle voulait, c’était rejoindre Stefan. Il n’y avait que lui qui l’aimait.
Elle plongea brusquement dans la foule avec l’idée d’aller le retrouver à la pension. Elle fut soulagée que Bonnie et Meredith ne la suivent pas.
Le parking était quasi désert puisque la plupart des familles assistaient aux festivités de l’après-midi. Elle repéra Matt en train d’ouvrir sa portière.
— Matt ! Tu t’en vas ?
— Euh… non. Il faut que j’aide Lyman à ranger les tables. Je voulais juste me débarrasser de ce truc, répondit-il en posant son trophée à l’intérieur. Ça va, toi ? s’inquiéta-t-il devant son air traumatisé.
— Oui… ai fait, non. Mais ça ira mieux quand je me serai tirée d’ici. Tu peux me prêter ta voiture ? J’en ai pas pour longtemps.
— Euh, oui, mais… je peux te conduire, tu sais, je vais dire à Lyman que…
— Non ! Excuse-moi, je voudrais être seule. S’il te plait…
Elle lui arracha le trousseau des mains.
— Je te la ramène très vite, promis. Ou Stefan. Si tu le vois, tu peux lui dire que je suis à la pension ? Merci !
Elle claqua la portière sans écouter ses protestations, et fit marche arrière dans un vrombissement de moteur, maltraitant au passage la boîte de vitesses. Matt la regarda partir avec impuissance.
Elena, pleurant à chaudes larmes, conduisait au radar. Une colère terrible la submergeait Elle allait s’enfuir avec Stefan. Ils allaient voir, tous autant qu’ils étaient ! Elle ne remettrait plus jamais les pieds à Fell’s Church ! Tante Judith s’en voudrait à mort, et Robert regretterait toutes les horreurs qu’il lui avait balancées. Mais elle ne leur pardonnerait jamais. Elle n’avait besoin de personne encore moins de tous les gros nuls de ce sale lycée où, du jour au lendemain, elle était passée du statut de star à celui de paria, sous prétexte qu’elle n’aimait pas la bonne personne. Puisque c’était comme ça, elle se passerait de famille et d’amis.
Lorsqu’elle s’engagea enfin dans l’allée sinueuse qui menait à la pension, elle se calma un peu. Enfin, elle n’en voulait pas à tout le monde. Bonnie et Meredith ne lui avaient rien fait. Matt non plus. Elle fut soudain prise d’un rire nerveux. Pauvre Matt, on voulait toujours lui emprunté sa poubelle ambulante ! Il devait les trouver bizarres Stefan et elle.
Elle pleurait et riait en même temps, à présent. Et dire qu’elle était dans tous ses états alors qu’elle aurait dû être en train de fêter le fiasco monumental de Caroline ! La tête qu’elle avait faite ! Ce serait génial de revoir ça en vidéo. Elle se remit peu à peu de ses émotions, et la fatigue lui tomba dessus d’un seul coup. Elle se gara et s’appuya contre le volant en essayant de ne plus penser à rien. Une fois ses esprits repris, elle descendit de la voiture. Elle allait attendre Stefan dans sa chambre. Ensuite, ils retourneraient au lycée pour essayer de réparer le mal qu’elle avait fait à tante Judith. La pauvre ! Elle s’en était pris plein la figure devant tout le monde…
« J’ai vraiment pété les plombs ! » se dit Elena. Mais elle avait encore les nerfs à fleur de peau. La preuve quand elle trouva porte close et que personne ne répondit coups de sonnette insistants, ses yeux s’embuèrent nouveau. Mme Flowers devait elle aussi assister aux festivités. Avec le froid, elle n’avait aucune envie de poiroter sur le perron… Il ne lui restait plus qu’à attendre dans la voiture.
Elle jeta un coup d’œil au ciel. Le temps s’était dégradé depuis le matin : des nuages noirs avançaient dangereusement, et une épaisse brume montait des champs voisins. Le vent le renforçait de minutes en minutes agitant violemment les branches d’arbres. Bientôt les bourrasques plaintives se changèrent en hurlements.
Elena lança des regards inquiets autour d’elle. Avec la tempête qui s’était levée, elle percevait une pression anormale autour d’elle. C’était comme si une force mystérieuse avait empli l’atmosphère. Elle gagnait en puissance, s’approchait de plus en plus, et se refermerait bientôt sur elle…
Elena se retourna. Elle scruta les chênes qui se balançaient derrière la pension. Au-delà, il y avait la forêt, puis la rivière et le cimetière. Elle sentait sans la voir une présence au loin… quelque chose de maléfique.
— Oh, non… , murmura-t-elle, terrifiée.
Une silhouette invisible, gigantesque, se cabrait pour mieux fondre sur elle. C’était le mal en puissance, une créature animée d’une furie bestiale qui voulait la vider de son sang.
Un jour, Stefan lui avait parlé de cette soif irrépressible qu’il subissait malgré lui. À cet instant, elle comprit ce que cela voulait dire. Elle la ressentait… dirigée contre elle.
— Non !
La force malfaisante se dressait maintenant haut au-dessus de sa tête. Elena ne voyait toujours rien, mais c’était comme si des ailes gigantesques se déployaient de part et d’autre pour l’étouffer.
— Non !
La chose plongeait vers elle. Folle de terreur, elle se précipita vers la voiture et s’acharna hystériquement sur la serrure tout en luttant contre les éléments. Le vent déchaîné, lui perçait les tympans, visage lui brouillaient la vue. La clé finit par tourner dans la serrure. Elena se rua à l’intérieur et s’y barricada. Sauvée ! Elle se jeta ensuite en travers des sièges pour s’assurer que les portières arrière étaient hermétiquement fermées.
Mais la tempête grondait tel un océan en furie, ballottant la vieille voiture en tous sens.
— Arrête, Damon !
Son cri se perdit dans les mugissements du vent. Elle plaqua les mains sur le tableau de bord dans un effort dérisoire pour stabiliser la voiture. Les coups de boutoir redoublèrent de violence.
Soudain, à travers la vitre arrière qui s’embuait, elle distingua une silhouette. Elle était terrifiante. Les contours étaient flous, mais ca ressemblait à un immense oiseau de neige et de brume qui fondait sur elle !
— Démarre ! Vite ! s’ordonna-t-elle.
Par miracle, le véhicule asthmatique démarra du premier coup. Elena fit demi-tour dans un crissement de pneus. Elle avait la créature à ses trousses, de plus en plus gigantesque dans le rétroviseur. Il fallait absolument qu’elle retourne en ville : Stefan s’y trouvait forcément, et il était sa seule planche de salut.
A l’instant où Elena déboulait en trombe sur la route Fell’s Creek, un éclair aveuglant déchira le ciel, accompagné d’un coup de tonnerre assourdissant. Dans un fracas un chêne s’abattit à quelques centimètres de son pare-chocs, lui barrant ma route vers la ville. Elle était prise au piège. Impossible de s’en sortir… A moins que.
Stefan lui avait expliqué, que l’eau était une puissante protection, contre les forces maléfiques. Elle devait gagner la rivière. Elle fit demi-tour, en brutalisant la boîte de vitesse, et fonça à tombeau ouvert vers le pont Wickery, échappant de peu, à un nouvel assaut de la monstrueuse créature.
Les éclairs redoublèrent en nombre et en intensité. Elle parvint à éviter par miracle, les autres arbres qui s’effondrèrent devant elle. Le pont ne devait plus être très loin. Elle voyait l’eau scintiller sur la gauche. Une violente rafale de neige, vint obscurcir le pare-brise. L’action des essuie-glaces, lui permirent néanmoins d’entrevoir une structure sombre devant elle. Elle avait réussi !
Elle négocia son virage au hasard. Elle n’avait pas le choix de toute façon. La voiture dérapa sur les planches glissantes, et les roues se bloquèrent. Elena tenta de redresser le véhicule, mais elle n’y voyait rien et c’était si étroit…
Elle percuta de plein fouet le garde fou qui vola en éclats. Les planches pourries cédèrent, et après une chute qui lui sembla interminable, la Ford s’enfonça dans l’eau.
Elena poussait des hurlements sans s’en rendre compte. Très vite, les flots tumultueux se refermèrent sur la carrosserie. Les vitres cédèrent une à une, laissant pénétrer l’eau glacée dans l’habitacle.
Elena ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Et elle n’arrivait plus à respirer. Il lui fallait absolument de l’air… Elle ne pouvait pas mourir, c’était impossible.
« Stefan, au secours voulut-elle crier » : L’eau s’engouffra dam sa gorge, puis dans ses poumons. Elle se débattit jusqu’à l’épuisement. Ses forces l’abandonnait ses mouvements se firent désordonnés, puis des mouvements de plus en plus spasmodiques.
Enfin, tout fut fini.
Bonnie et Meredith inspectaient les abords du lycée avec une impatience croissante. Lorsqu’elles avaient vu Stefan sortir avec Tyler et ses copains, elles avaient d’abord voulu les suivre. Mais la scène d’Elena avait détourné leur attention. Matt leur avait ensuite annoncé qu’elle lui avait emprunté sa voiture. Quand elles étaient reparties à la recherche de Stefan, il n’y avait plus personne dehors.
— Et pour couronner le tout, l’orage va nous tomber dessus, bougonna Meredith. T’as vu ce vent ? On va pas tarder à recevoir une sacrée saucée !
— Ou carrément de la neige, avec ce froid, répliqua Bonnie en frissonnant. Mais où est-ce qu’ils sont passés à la fin ?
— On ferait mieux de s’abriter quelque part, suggéra Meredith avec lassitude. Tiens, qu’est-ce que je te disais !
Les gouttes glaciales se mirent à tomber. Meredith et Bonnie se précipitèrent vers le premier abri qu’elles trouvèrent une baraque de chantier, dont la porte était entrouverte. Bonnie glissa le nez dans entrebâillement, et recula aussitôt.
— Tyler et sa bande ! souffla-t-elle à Meredith. Ils barraient le passage de Stefan. Caroline se tenait dans un coin.
— C’est forcément lui qui me la piqué ! Accusait-elle.
— Piquer quoi ? fit Meredith.
Toutes les têtes se tournèrent vers la porte. Caroline fit la grimace en les voyant sur le seuil.
— Dégagez toutes les deux grogna Tyler, ou vous allez le regretter.
Meredith l’ignora royalement.
— Stefan, je voudrais te parler.
— Deux secondes. T’as entendu ? lança-t-il ensuite à Tyler. Elle t’a posé une question.
— T’inquiète, je vais y répondre, mais d’abord je vais m’occuper de ton cas, rétorqua celui-ci en frappant sa paume de son gros poing. Je vais te transformer en chair à saucisse, Salvatore.
Des ricanements s’élevèrent.
Bonnie n’avait qu’une envie : prendre ses jambes à son cou. Mais, alors qu’elle s’apprêtait à traîner Meredith vers la sortie, une voix étrange jaillie de sa gorge :
— Le pont !
Tout le monde se tourna vers elle.
— Quoi ? fit Stefan.
— Le pont répéta-t-elle malgré elle, sans pouvoir contrôler les sons qui émanaient de sa bouche.
Elle écarquillait les yeux comme si elle était en proie à une affreuse vision.
— Elena, elle est près du pont s’affola-t-elle en retrouvant sa voix habituelle. Stefan, elle est en danger. Il faut y aller, vite !
— Qu’est-ce que tu racontes ? s’étonna celui-ci.
— C’est vrai ! Elle est en train de se noyer ! Vite !
Des étoiles dansaient devant ses yeux. Ce n’était pourtant pas le moment de tomber dans les pommes.
Stefan et Meredith échangèrent un coup d’œil indécis. Soudain, Stefan força le passage, et ils s’élancèrent tous les trois vers le parking. Tyler se jeta aussitôt à leur poursuite. Mais dehors, la violence de la tempête le découragea.
— Qu’est-ce qu’elle peut bien faire dehors avec un temps pareil ? Cria Stefan en s’engouffrant dans la voiture de Meredith.
— Elle était furax, répondit celle-ci en reprenant son souffle. Matt nous a dit qu’elle avait emprunté sa voiture.
Bonnie eut à peine le temps de monter à l’arrière que Meredith faisait demi-tour sur les chapeaux de roue.
— Elle lui a dit qu’elle allait à la pension, reprit-elle en faisant face au vent.
— Non, elle est au pont ! intervint Bonnie. Plus vite, Meredith ! On va arriver trop tard…
Son visage ruisselant de larmes convainquit Meredith. Elle appuya à fond sur le champignon. La voiture, balayée par d’énormes rafales, dérapait sur la chaussée lassante. Un vrai cauchemar. Et Bonnie qui n’arrêtait pas de sangloter, les mains crispées sur le dossier du siège avant.
— Attention, à l’arbre ! hurla Stefan.
Meredith écrasa la pédale de frein. La voiture finit en crabe et s’arrêta à quelques mètres d’un énorme tronc couché en travers de la route. Ils sortiraient de la voiture et subirent aussitôt l’assaut des éléments déchaînés.
— Impossible de le déplacer, il est trop gros ! déclara Stefan. Il faut continuer à pied !
Sans blague ! songea Bonnie en escaladant tant bien que mal les branchages. Mais de l’autre côté, les rafales glacées eurent tôt fait d’engourdir son cerveau. En quelques minutes, Meredith et elle furent transformées en glaçons. Et cette route qui n’en finissait pas… Elles tentèrent d’accélérer leur marche en se soutenant, pensant pouvoir lutter plus facilement contre les coups de boutoir du vent Mais c’est à peine si elles y voyaient, et sans Stefan pour guide, elles se seraient dirigées droit dans la rivière. Bonnie était sur le point de s’effondrer de fatigue quand Stefan poussa un cri.
Meredith l’enserra davantage et elles se mirent à courir tant bien que mal. Quand elles arrivèrent enfin au pont, elles s’arrêtèrent net.
— Oh mon Dieu ! hurla Bonnie.
Un spectacle apocalyptique se jouait devant eux. Le pont Wickery n’était plus qu’un tas de décombres. Le garde-fou était arraché d’un côté, et le plancher défoncé. Au-dessous, des poutres brisées et des bouts de bois étaient ballottés en tous sens par les eaux sombres.
Et au milieu des débris, il y avait la vieille Ford de Matt. Seuls les phares de l’eau.
— N’y vas pas ! Non ! Arrête hurla Meredith à Stefan.
Il n’eut pas un coup d’œil en arrière et plongea dans les tourbillons de la rivière. Les flots se refermèrent sur lui.
Bonnie vécut l’heure qui suivit comme dans un songe, le choc et la fatigue l’avaient assommée. Elle se rappelait avoir attendu désespérément, dans la tourmente de la tempête, que Stefan émerge de l’eau. Quand, au bout d’une éternité, sa silhouette courbée était enfin apparue sur la berge, elle avait à peine réagi. En apercevant le corps sans vie qu’il tenait dans ses bras, elles n’avaient ressenti aucune horreur, seulement un immense chagrin.
L’expression de Stefan en train d’essayer de ranimer Elena avait été effrayante. Mais Bonnie avait eu du mal à reconnaître son amie tant qui ressemblait à une poupée de cire. Il lui avait paru impossible que cette forme inerte puisse vivre un jour. C’était d’ailleurs stupide de se démener sur elle comme sur une noyée. On n’avait jamais vu de poupées se mettre à respirer, Meredith avait tenté de l’arracher des bras de Stefan en hurlant.
Bonnie l’avait entendue parler de séquelles irréversibles sans bien comprendre. Elle avait trouvé bizarre qu’ils puissent à la fois se disputer et pleurer toutes les larmes de leur corps.
Puis Stefan s’était calmé. Il était resté assis sur la route, sourd au cri de Meredith, serrant contre lui le cadavre cireux d’Elena. Son air pétrifié était encore plus terrifiant que ses pleurs.
Bonnie fut soudain ramenée à la vie par une indicible terreur. Son instinct la prévenait d’un danger imminent. Stefan avait lui aussi perçu la menace. Tous ses sens étaient aux aguets.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? avait hurlé Meredith en le voyant se raidir.
— Vite ! Partez ! avait-il répondu sans lâcher son fardeau. Mais on ne peut pas te laisser… protesta Meredith.
— Il faut partir, je te dis Bonnie, emmène-la, vite !
C’était la première fois qu’on avait demandé à Bonnie de prendre la situation en mains. Elle avait attrapé Meredith par le bras. Stefan avait raison. Elles devaient fuir sur le champ ou elles allaient y passer à leur tour. Bonnie avait entraîné son amie en dépit de ses protestations.
— Je vais l’allonger sous les saules ! avait lancé Stefan.
Bonnie n’avait d’abord pas compris pourquoi il avait dit ça. Plus tard, lorsqu’elle reprit ses esprits, la réponse lui apparut. Il leur avait indiqué le lieu ou il la laisserai tout simplement parce qu’il ne serait plus là pour les aider à la retrouver.