ÉPILOGUE

Si Estarriol d’Iffish tint sa promesse et composa un chant de la première grande Geste de Ged, il a été perdu. On raconte dans le Lointain Est l’histoire d’un bateau qui toucha terre au-dessus du gouffre de l’océan, à des jours de distance de n’importe quelle côte. À Iffish, on dit que c’est Estarriol qui menait ce bateau, mais à Tok on dit que ce sont deux pêcheurs égarés par une tempête sur la Mer Ouverte, et à Holp l’histoire est celle d’un pêcheur holpien qui n’aurait pu dégager sa barque des sables invisibles où elle s’est échouée, et qui y erre toujours. Ainsi, il ne reste du chant de l’Ombre que quelques bribes de légende, qui, comme des morceaux de bois emportés par le courant, vont d’île en île au fil des années. Mais dans la Geste de Ged rien n’est dit de ce voyage, ni de la rencontre de Ged et de l’Ombre, avant les jours où il franchit sans cuirasse la Passe du Dragon, où il ramena l’Anneau d’Erreth-Akbe des Tombeaux d’Atuan jusqu’à Havnor, où enfin il revint une fois de plus à Roke, désormais Archimage de toutes les îles du monde.

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