Bonnie, les yeux fermés, se laissait porter par le rythme de la musique. Lorsqu’elle entrouvrit les paupières, elle aperçut Meredith qui tentait d’attirer son attention. Devant ses gesticulations insistantes, elle finit par la rejoindre à contrecœur, suivie de Ray.
Derrière Meredith, Matt semblait furieux, et Ed, mal à l’aise.
— Elena vient de partir, dit Meredith.
— Et alors, elle fait ce qu’elle veut !
— Mais elle est partie avec Tyler. Matt, tu sais vraiment pas où ils sont allés ?
Le jeune homme secoua la tête, avant de répondre :
— De toute façon, ce sera de sa faute si elle a des ennuis. Pourtant, j’y serai aussi pour quelque chose. Il faut aller la chercher.
— Quoi ? Tu veux quitter la soirée ? s’indigna Bonnie.
Meredith lui rappela à mi-voix :
— Tu as promis…
Puis elle ajouta tout haut :
— Je n’ai aucune idée d’où ils sont allés… Bonnie, tu ne le saurais pas, par hasard ?
— Moi ? Comment veux-tu que je sois au courant ? Je dansais, figure-toi. C’est en général ce qu’on fait dans ce genre de soirées…
Matt se tourna vers Ed :
— Bon, toi et Ray, vous n’avez qu’à rester là. Si elle revient, vous lui direz qu’on la cherche.
— Puisque c’est comme ça, autant y aller tout de suite, dit Bonnie de mauvaise grâce.
Elle fit demi-tour et se heurta à une veste noire.
— Pardon ! fit-elle, d’autant plus exaspérée qu’il s’agissait de Stefan.
Meredith, Bonnie et Matt quittèrent la salle sous le regard de celui-ci, laissant Ray et Ed visiblement mécontents de leur sort.
Dans le ciel sans nuages, les étoiles brillaient tristement. Elena riait et hurlait avec Dick, Vickie et Tyler jusqu’à couvrir le bruit du moteur. En réalité, son cœur n’y était pas.
Tyler se gara à mi-chemin du pied de la colline et de l’élise en ruine, laissant ses phares allumés. En descendant de la voiture, ils constatèrent que les autres avaient renoncé à les suivre.
Tyler ouvrit le coffre et en sortit un pack de bières.
— Ça en fera plus pour nous !s’exclama-t-il en tendant une bouteille à Elena.
Brusquement mal à l’aise, elle refusa. Elle se rendait compte qu’elle avait eu tort de venir, même si elle ne voulait pas l’avouer à ses camarades. Ils s’engagèrent sur le sentier, les deux filles s’accrochant aux bras de leurs cavaliers pour ne pas trébucher avec leurs talons hauts.
Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la colline, le spectacle qu’ils découvrirent leur fit un choc. Vickie laissa échapper un cri de surprise : une énorme boule rouge était suspendue juste au-dessus de l’horizon. Il fallut un moment à Elena pour réaliser qu’il s’agissait de la lune. Elle était gigantesque au point d’en paraître irréelle et brillait d’un éclat lugubre. Elena avait l’impression de se trouver dans un film fantastique.
— On dirait une grosse citrouille pourrie, dit Tyler en lançant une pierre en direction de l’astre.
Elena eut un sourire forcé en entendant la comparaison.
Vickie montra la porte de l’église, qui faisait un trou noir dans le clair de lune.
— Et si on entrait ?
La majeure partie du toit s’était écroulée, mais le clocher, intact, s’élevait comme une tour solitaire. Il ne restait que trois murs, et le quatrième ne leur arrivait pas aux genoux. Ils entrèrent.
Elena sursauta en voyant une flamme apparaître près de son visage. C’était Tyler qui avait allumé son briquet dévoilant dans un sourire une rangée de dents blanches parfaitement alignées.
— On n’y voit rien, ici.
— Tu veux mon Zippo ?
Elle se mit à rire nerveusement, prit l’objet qu’il lui tendait, et s’en servit pour éclairer la tombe juste à côté d’elle. C’était une large sépulture de marbre sur laquelle étaient sculptés deux gisants.
— Voici Thomas et Honoria Fell, annonça Tyler d’un ton grandiloquent. On dit que c’est lui le fondateur de Fell’s Church. Mais, les Smallwood y ont aussi été pour quelque chose. L’arrière arrière-grand-père de mon arrière-grand-père habitait dans la vallée, près de Drowning Creek…
— … Jusqu’à ce qu’il soit dévoré par les loups, l’interrompit Dick avant de renverser la tête pour imiter un hurlement animal.
Il rota en plein milieu de son cri, ce qui fit pouffer Vickie. Tyler rit jaune : cette remarque l’avait visiblement énervé.
— Je les trouve un peu pâles ces deux-là, dit celle-ci en désignant les gisants. Un peu de maquillage ne leur ferait pas de mal.
Elle tira de son sac un bâton de rouge pour en barbouiller les lèvres de marbre de Honoria. Elena était horrifiée. Depuis qu’elle était toute petite, cette dame pâle et cet homme grave, aux mains croisées sur la poitrine, lui avait toujours inspiré un mélange de respect et d’effroi. Lorsque ses parents étaient morts, elle s’était dit qu’ils devaient reposer dans leur tombe de la même manière, pourtant, elle leva un peu plus haut son briquet lorsque Vickie se mit à dessiner à l’homme des moustaches et un nez de clown.
Tyler contemplait le spectacle.
— Les pauvres ! C’est dommage qu’ils soient coincés là-dedans sans pouvoir s’admirer, alors que tu leur as si joliment refait le portrait.
Il posa ses mains sur le bord du couvercle et essaya de le faire glisser.
— Qu’est-ce que t’en dis, Dick ? Il faut qu’on les laisse aller passer la soirée en ville…
« Quelle horreur ! » pensa Elena. Vickie et Dick éclatèrent de rire. Celui-ci s’arcboutait déjà au-dessus du couvercle.
— À trois, dit Tyler. Un, deux, trois !
Tandis que les deux garçons poussaient de toutes leurs forces, Elena contemplait le visage devenu grotesque de Thomas Tell. Le couvercle ne bougea pas d’un pouce.
— Cette saloperie doit être bloquée, grogna Tyler en lâchant prise.
Elena, soulagée, s’appuya contre la tombe. Dans un tout de frottement, elle en sentit le dessus bouger sous sa main gauche. Alors, elle perdit l’équilibre, laissant tomber le briquet avec un hurlement Un vent glacial l’enveloppa l’espace d’un instant, elle eut l’impression très nette de tomber dans la fosse grande ouverte, tandis que ses propres cris lui perçaient les tympans.
Lorsqu’elle se retrouva sur ses pieds, les trois autres se tenaient devant elle, dehors, dans la lumière du clair de lune. Tyler, qui l’avait attrapée par le bras, semblait étonné de son expression paniquée.
— T’es dingue ? Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il en la secouant.
— Il a bougé… Le couvercle… il a bougé ! Il s’est ouvert et… j’ai failli tomber à l’intérieur. Il faisait si froid…
— Ben dis donc ! Tu t’es foutu une sacrée trouille ! Rigola Tyler. Viens Dick, on va voir ça.
— Non, Tyler… , commença Elena.
Mais ils étaient déjà revenus sur leurs pas. Elena, agitée de tremblements, resta à la porte avec Vickie. Quand Tyler leur fit signe de les rejoindre, elle ne s’y résolut qu’à contrecœur.
— Regarde, dit-il en levant le briquet qu’il venait de ramasser. Rien n’a bougé, et Thomas Fell est toujours immobile…
Elena se pencha sur le couvercle, parfaitement aligné sur la tombe.
— Je suis sûre qu’il a bougé. J’ai failli tomber dedans…
— Bien sûr, comme tu voudras, bébé, approuva Tyler en l’attirant contre lui.
En tournant la tête, elle s’aperçut que Dick en avait fait autant avec Vickie. Ses paupières fermées et son air suggéraient qu’elle trouvait la chose agréable. Tyler enfouit son visage dans les cheveux d’Elena.
— J’aimerais bien retourner à la soirée, dit-elle doucement.
Tyler écarta son visage sans un mot, puis il soupira : allons-y. Qu’est-ce que vous faites, tous les deux ? lança-t-il à Vickie et Dick.
— Je crois qu’on va rester un peu, répondit ce dernier, le sourire aux lèvres, tandis que Vickie gloussait.
— D’accord.
En se demandant comment ils se débrouilleraient pour rentrer, Elena suivit Tyler, soulagée de quitter les lieux. Dehors, il s’arrêta.
— Attends, faut que tu voies la tombe de mon grand-père avant de rentrer. Allez, quoi, ajouta-t-il devant les protestations d’Elena. Sois sympa. Ça vaut vraiment le détour, tu sais : on en est très fier dans la famille.
Elle sourit pour cacher son angoisse.
— D’accord, se résigna-t-elle en se dirigeant vers l’endroit qui abritait les sépultures récentes.
— Non, pas par là, dit Tyler. C’est dans le vieux cimetière, tout près du sentier. Ne t’inquiète pas. Regarde, on la voit d’ici.
Il pointait son doigt vers une silhouette qui brillait la lune et ressemblait à un géant à la tête chauve parfaitement ronde. Cette vue fit trembler Elena de son corps. Elle aurait donné n’importe quoi pour trouver ailleurs que dans ce lieu sinistre : parmi les tombes de granit délabrées, le clair de lune projetait d’étranges ombres noyées dans une impénétrable obscurité.
— Y a pas de quoi avoir peur. C’est juste une boule au sommet, expliqua Tyler en l’attirant hors du chemin.
C’était un monument en marbre rouge : la sphère qui le surplombait ressemblait à la lune qu’elle avait vue l’instant d’avant À présent, elle brillait d’une lumière blanche au-dessus de leurs têtes. Elena ne parvenait plus à maîtriser ses tremblements.
— Mais il a froid, mon bébé. Je vais le réchauffer… Emprisonnée dans son étreinte, elle essaya vainement de le repousser.
— Tyler, je veux rentrer. Tout de suite.
— Mais oui, bébé, on va y aller. Mais avant, t’as besoin d’être réchauffée… T’es toute gelée…
— Tyler, arrête !
Elena sentait maintenant avec dégoût ses mains palper sa peau nue. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans une pareille situation, sans personne pour lui venir en aide. Elle tenta de planter son talon aiguille dans la chaussure vernie de Tyler, mais il esquiva le coup.
— Enlève tes mains de là !
— Ben quoi, laisse-toi faire…
— Tyler, lâche-moi !
Elle parvint à se dégager d’un mouvement brusque, mais Tyler perdit l’équilibre : il tomba sur elle, l’écrasant de tout son poids.
— Tyler, tu vas me le payer, lâcha-t-elle, un sanglot dans la voix.
Il essaya de rouler sur le côté afin de la libérer. Mais le rire qui l’avait pris rendit ses tentatives inutiles.
— Allez quoi, t’énerve pas. J’essayais juste de te réchauffer… Elena, ma princesse glacée…
Sa bouche chaude et humide lui parcourut le visage et descendit vers sa poitrine. Il y eut un bruit de tissu déchiré.
— Oups, désolé, s’excusa Tyler. Elena tourna la tête. Sa bouche rencontra la main de Tyler, qui lui caressait maladroitement la joue.
Elle y planta ses dents de toutes ses forces, faisant jaillir le sang. Il poussa un hurlement.
— Ça va pas ? J’ai dit que j’étais désolé, merde ! Il regardait sa main blessée d’un air furieux. Son visage s’assombrit davantage et il brandit son poing.
Elena restait calme mais elle le voyait déjà lui casser le nez, peut-être même la tuer. Elle se prépara au pire cauchemar.
Stefan avec lutté contre l’instinct qui le poussait vers le cimetière. Sa dernière visite remontait au soir où il était tombé sur le vieil homme. À cette évocation, l’horreur le submergea : il aurait juré ne pas avoir suffisamment saigné le pauvre hère Pour lui faire du mal. Pourtant, l’apparition de la force lavait complètement déstabilisé, il ne pouvait le nier. Peut-être que celle-ci n’avait existé que dans son imagination… De toute façon, sa faim, à elle seule, avait pu le rendre incontrôlable. Il ferma les yeux. Le choc avait été terrible lorsqu’il avait appris dans quel état on l’avait retrouvé… Comment en était-il arrivé là ? Ça faisait si longtemps qu’il avait renoncé à tuer…
Il chassa brusquement ses souvenirs, avec une seule idée en tête : quitter cet endroit pour retourner à la soirée. Il y retrouverait Caroline, cette créature hâlée qui ne courait aucun danger, car elle ne représentait rien pour lui. Pourtant quelque chose le retenait : il savait qu’Elena était là et qu’elle avait des ennuis. Il devait l’aider.
À mi-parcours, la tête commença à lui tourner : il dut lutter pour garder le cap qu’il s’était fixé. Il avait toutes les peines du monde à avancer, envahi par une indicible faiblesse, et impuissant face au vertige qui le menaçait.
«Je dois… trouver Elena… Je dois… trouver… la force… d’aider Elena. Mais j’ai trop… besoin… de… »
Il s’arrêta devant la porte béante de l’église.
Elena apercevait la lune par-dessus l’épaule gauche de Tyler. « C’est la dernière chose que je vois », pensa-t-elle. Elle tremblait tellement que son cri resta bloqué dans sa gorge.
Soudain, Tyler fut soulevé et projeté contre la tombe de son grand-père. Elena roula aussitôt sur le côté, une main retenant les pans de sa robe déchirée, l’autre cherchant une arme pour se défendre — une pierre ou un bâton. Mais en reconnaissant la silhouette devant elle, elle comprit qu’elle n’en avait pas besoin : celui qui l’avait débarrassée de Tyler n’était autre que Stefan Salvatore. Cependant, sa métamorphose la stupéfia. Son visage aux traits si fins était défiguré par la fureur, et ses yeux verts étincelaient d’une lueur meurtrière. Elena en regrettait presque Tyler.
— J’ai tout de suite réalisé que tu n’avais aucune manière, dit Stefan d’un ton méprisant à l’intention de Tyler.
Elena ne le quittait pas des yeux : il s’approcha lentement de Tyler — qui essayait de se relever — avec des mouvements étonnamment souples et maîtrisés.
— Mais je m’aperçois maintenant que tu es un rustre de la pire espèce.
Le coup qu’il assena à Tyler le propulsa contre une autre tombe. Le nez sanguinolent, celui-ci se redressa, cherchant à reprendre son souffle, et chargea.
— Sache qu’un gentleman n’impose jamais sa présence, reprit Stefan en repoussant son attaque avec une facilité surprenante.
Tyler alla s’étaler dans les ronces. Cette fois, il fut plus long à se remettre d’aplomb. La lèvre ensanglantée et soufflant comme un bœuf, il se jeta sur Stefan, qui, insensible à son assaut, l’attrapa par le revers de la veste ; il secoua violemment son adversaire, tandis que celui-ci brassait l’air dans l’espoir de l’atteindre. Stefan finit par le laisser tomber.
— Un gentleman respecte les femmes. Le visage tordu par la douleur, Tyler tenta de saisir la main de son assaillant. Stefan riposta en l’agitant avec une ardeur décuplée, tout en ponctuant d’un coup de poing chacune de ses paroles :
— Et surtout, surtout, un gentleman ne frappe jamais une femme.
— Stefan ! cria Elena.
Tyler ressemblait maintenant à un pantin désarticulé : sa tête dodelinait et ses membres étaient inertes. Elena, effrayée par cette vague de violence, décida qu’il était temps d’intervenir. La voix dénuée de toute pitié, Stefan ne maîtrisait plus sa colère.
— Stefan, arrête !
Il tourna brusquement la tête vers elle. À son expression de surprise, la jeune fille devina qu’il avait oublié sa présence ; l’espace d’un instant, il la regarda sans paraître la reconnaître, et elle eut l’impression de se trouver en face d’un prédateur dérangé en pleine chasse. Puis, les lueurs bestiales disparurent de ses yeux, son visage retrouvant son humanité. Stefan posa enfin Tyler contre la tombe en marbre rouge. L’œil gauche de celui-ci s’ouvrit, au grand soulagement d’Elena ; le droit, tuméfié, n’en était en revanche plus capable.
— Il s’en remettra, commenta froidement Stefan.
Même si sa peur s’était presque évanouie, Elena était sous le choc ; elle combattit l’envie de hurler comme une hystérique.
— Est-ce que tu as quelqu’un pour te ramener chez toi ? demanda Stefan de cette voix glaciale qui effrayait tant l’adolescente.
Elle pensa à Vickie et à Dick, restés à côté de la sépulture des Fell, mais sans doute trop occupés pour se soucier d’elle.
— Non.
Soudain, elle s’aperçut que sa robe déchirée laissait entrevoir sa peau nue : elle serra les bras sur sa poitrine.
— Alors je te raccompagne.
Un frisson lui parcourut le dos. La silhouette de Stefan était si élégante au milieu des tombes, et son visage exposé au clair de lune, si pâle… Il était incroyablement beau, et projetait une telle aura de puissance qu’il en paraissait inhumain.
— Merci, c’est très gentil, dit-elle avec difficulté.
Ils abandonnèrent Tyler, qui s’agrippait à la tombe de ses ancêtres, pour ce diriger vers le pont.
— J’ai laissé ma voiture près de la pension, dit Stefan. A pieds c’est le chemin le plus court.
— Tu es venu par là ?
— Non, mais de toute façon tu n’as rien à craindre.
Le ton ferme de sa voix rassura un peu Elena. Stefan jeta sa veste sur les épaules nue de sa protégée, puis ils se mirent en route sans un mot. A son air déterminé, elle comprit qu’elle était en sécurité avec lui.
Le pont était illuminé d’une clarté blanche et la rivière courrait sous son arche en tourbillonnant. Ils passèrent sous les chênes et atteignirent la route sans incident, dans le silence le plus total. Après avoir longés des champs noyés dans l’obscurité, ils parvinrent à la pension de Stefan, une grande bâtisse en brique rouge flanqué de cèdres et d’érables. Seule une fenêtre était encore éclairée.
Ils pénétrèrent dans un petit vestibule où ils empruntèrent un escalier à la rambarde cirée. Au premier étage, Stefan fit entrer Elena dans l’une des chambres : elle fut invitée à franchir une porte de placard, derrière laquelle se trouvait une autre série de marches, plus étroites, et beaucoup plus raides.
« Quel drôle d’endroit ! » pensa-t-elle. Aucun bruit ne pouvait parvenir dans cet escalier dérobé au cœur de la maison. L’ascension les fit déboucher dans une pièce spacieuse, qui constituait apparemment le deuxième étage de la pension. Elle distingua dans la pénombre un plancher et des poutres sous un plafond en pente. Les murs étaient percés de hautes fenêtres, et la chambre était sommairement meublée. Plusieurs malles étaient posées sur le sol. Gênée par le regard de Stefan, elle demanda :
— Est-ce que… Est-ce qu’il y a une salle de bains où je pourrais… ?
Il lui indiqua une porte d’un mouvement de tête. Elle ôta la veste, qu’elle lui tendit sans oser le regarder, et entra.