XII

Dans ses moments dostoïevskiens les plus flamboyants, David Selig se plaisait à penser à son don comme à une malédiction, un châtiment cruel de quelque inimaginable péché. Le signe de Caïn, peut-être. Il était certain que sa faculté spéciale lui avait causé un bon nombre d’ennuis, mais dans ses moments les plus lucides, il savait que parler de malédiction à son propos, c’était véritablement se laisser aller à un risible auto-apitoiement mélodramatique. Le pouvoir apportait l’extase. Sans le pouvoir, il n’était rien, rien qu’un pauvre schmendrick ; avec lui, il était un dieu. Est-ce là une malédiction ? Est-ce vraiment si terrible ? Quelque chose de drôle se passe quand un gamète rencontre un autre gamète, et que le destin se met à crier : Hé, Selig, sois un dieu, mon bébé ! Tu refuserais cela ? Sophocle, à l’âge de quatre-vingt-huit ans ou à peu près, exprima un grand soulagement à l’idée d’avoir franchi l’âge des passions physiques contraignantes. Je suis enfin libéré de l’emprise d’un maître tyrannique, dit le sage et heureux grand homme. Pouvons-nous supposer, dans ce cas, que Sophocle, si Zeus lui avait donné rétroactivement la possibilité de modifier le cours entier de sa vie, aurait opté pour l’impuissance à vie ? Ne te leurre pas, Duv : quel que soit le mal que t’a fait la télépathie, et elle t’a baisé, ça c’est sûr, jusqu’à l’os, tu n’aurais pas voulu t’en passer dix minutes. Parce que le pouvoir apporte l’extase.

Le pouvoir apporte l’extase. Toute la foutue megillah résumée en quelques mots. Les mortels viennent au monde dans une vallée des larmes, et ils se distraient comme ils peuvent. Certains, à la recherche du plaisir, se tournent vers le sexe, la drogue ou la télévision. D’autres ont recours au cinoche, à l’ivresse, au rami, à la bourse, au tiercé, à la roulette, aux chaînes et au martinet à pointes de fer, aux éditions originales, aux croisières dans les Caraïbes, aux boîtes à tabac chinoises, à la poésie anglo-saxonne, aux vêtements de caoutchouc, aux matches de rugby professionnels et je ne sais quoi encore. Mais pas lui. Pas David Selig le maudit. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de s’installer tranquillement n’importe où, les écoutes bien ouvertes, et de boire les pensées portées par la brise télépathique. Sans se fouler, il menait une centaine de vies par personnes interposées. Il accumulait dans son coffre à trésor les trophées de mille âmes dépouillées. L’extase. Mais bien sûr, tout ça c’était il y a longtemps.

Les meilleures années avaient été entre quatorze et vingt-cinq ans. Plus jeune, il était encore trop naïf, trop peu informé, pour tirer beaucoup de ce qu’il apprenait. Plus vieux, son amertume grandissante, son douloureux sentiment d’isolement l’empêchaient de jouir de son don. Mais entre quatorze et vingt-cinq ans ! Ah, les années dorées !

Tout était beaucoup plus vivace, alors. La vie ressemblait à un songe éveillé. Il n’y avait pas de murs dans l’univers où il évoluait ; il pouvait aller n’importe où et voir ce qu’il voulait. La saveur intense de l’existence. Baignée des riches fluides de la perception. Ce n’est que lorsqu’il dépassa quarante ans que Selig se rendit compte de tout ce qu’il avait perdu, au fil des années, en fait de mise au point précise et de profondeur de champ. Le pouvoir n’avait pas commencé à baisser de manière décelable avant qu’il eût largement dépassé la trentaine, mais il avait dû décliner peu à peu tout au long de sa phase de plénitude, de sorte que Selig ne se rendit pas compte des pertes cumulées. Le changement avait été radical, plutôt qualitatif que quantitatif. Même dans ses bons jours, maintenant, les impulsions qu’il recevait étaient loin d’égaler l’intensité de celles dont il se souvenait au cours de son adolescence. En cette lointaine époque, le pouvoir ne lui apportait pas seulement des morceaux de conversation subcrânienne et des bribes d’âmes éparpillées, comme maintenant, mais aussi un univers flamboyant de couleurs, textures, parfums, densités : le monde perçu à travers une infinité d’entrées sensorielles différentes, le monde capturé et projeté pour son plaisir sur l’écran sphérique irradiant de son esprit.

Par exemple : il est allongé, adossé à une meule de foin hérissée de piquants dans un paysage bruegélien du mois d’août, peu après midi. Nous sommes en 1950, et il est quelque part en suspens entre son quinzième et son seizième anniversaire. Quelques effets sonores, maestro s’il vous plaît : la Sixième de Beethoven, bouillonnant gentiment, douces flûtes et piccolos espiègles. Le soleil darde ses rayons dans un ciel sans nuages. Une petite brise agite les saules à l’orée du champ de blé. Les jeunes épis ondulent. Le ruisseau gazouille. Un étourneau décrit des cercles au-dessus de sa tête. Il entend le chant des criquets. Il entend le bourdonnement d’un moustique et le regarde calmement piquer sur son torse nu, glabre et luisant de transpiration. Ses pieds sont nus également : il ne porte qu’un blue-jean délavé, étroit. Le garçon de la ville, heureux à la campagne.

La ferme se trouve dans les Catskills, à vingt kilomètres au nord d’Ellenville. Elle appartient aux Schiele, une tribu de Teutons au teint basané, qui produisent des œufs et un assortiment de cultures maraîchères, et qui agrémentent un peu leurs ressources en louant chaque été un petit pavillon à une famille yiddish urbaine à la recherche d’une retraite rurale. Cette année, les locataires sont Sam et Annette Stein de Brooklyn, ainsi que leur fille Barbara. Les Stein ont invité leurs amis intimes, Paul et Martha Selig, à passer une semaine à la campagne avec leur fils David et leur fille Judith. (Sam Stein et Paul Selig ont à cœur le projet, destiné en dernier lieu à vider leur compte en banque et à détruire l’amitié qui unit les deux familles, de monter une association et de devenir grossistes en pièces détachées pour postes de télévision. Paul Selig a la spécialité de se lancer éternellement dans des aventures commerciales douteuses.) Aujourd’hui c’est le troisième jour de leur visite et cet après-midi, on ne sait pas pourquoi, David se retrouve tout seul à la ferme. Son père est parti faire une promenade pour toute la journée avec Sam Stein. Dans la solitude sereine des collines voisines, ils mettront au point les détails de leur grande affaire. Leurs épouses sont parties en voiture, accompagnées de la petite Judith âgée de cinq ans, pour explorer les magasins d’antiquités d’Ellenville. Personne ne reste là excepté les Schiele qui accomplissent, taciturnes, leurs interminables travaux agricoles, et Barbara Stein, âgée de seize ans, qui a été la camarade de classe de David depuis l’école primaire jusqu’au lycée. Bon gré mal gré, David et Barbara se retrouvent ensemble pour toute la journée. Il est évident que les Stein et les Selig nourrissent l’espoir muet qu’une romance fleurira chez leur progéniture. Il faut qu’ils soient naïfs. Barbara, brune et sensuelle, à la beauté honnête, à la peau satinée et aux jambes longues et fuselées, aux manières posées et sophistiquées, n’a que six mois de plus que David mais se trouve trois ou quatre ans en avance par rapport à lui sur le plan du développement social. Elle ne le déteste pas à proprement parler, mais elle le considère comme étrange, déroutant, repoussant même. Elle ne se doute pas de son pouvoir spécial – personne ne s’en doute, il y a scrupuleusement veillé – mais depuis sept ans qu’elle a l’occasion de l’observer de près, elle sait qu’il y a quelque chose de louche chez ce garçon. C’est une jeune fille conventionnelle, visiblement destinée à se marier jeune (avec un médecin, un avocat ou un assureur) et à avoir beaucoup d’enfants. Les chances sont minces pour qu’une aventure sentimentale germe entre une fille comme elle et un garçon à l’âme noire et tourmentée, comme David Selig. David ne l’ignore pas, et il n’est pas surpris quand Barbara s’éclipse au milieu de la matinée en lui disant : « Si quelqu’un me demande, dis-lui que je suis allée bouquiner dans les bois. » Elle porte sous son bras une anthologie poétique en livre de poche, mais David n’est pas dupe. Il sait qu’elle va rejoindre le jeune Hans Schiele, dix-neuf ans, chaque fois qu’elle en a l’occasion.

Voilà donc David laissé à lui-même. Mais peu importe. Il ne manque pas de ressources pour se distraire. Il commence par faire un tour dans la ferme et par contempler le poulailler et la moissonneuse-batteuse, puis il s’installe dans un coin tranquille au milieu des champs. C’est l’heure de faire un peu de cinéma mental. Paresseusement, il lance son filet. Le pouvoir enfle et s’étend, à la recherche d’émanations. Sur quoi va-t-il tomber ? Ah ! Un contact. Son esprit en maraude a capturé un autre esprit, bourdonnant, petit, intense. C’est celui d’une abeille. Les contacts de David ne se limitent pas aux humains. Bien sûr, il n’y a pas de messages verbaux, ni même conceptuels. Si l’abeille est capable de penser, ses pensées échappent à la détection de David. Mais il entre bien dans sa tête. Il éprouve l’intense sensation d’être une créature minuscule, une petite boule ailée et duveteuse. Comme l’univers d’une abeille est sec : exsangue, désolé, aride. Il plane dans les airs. Il tournoie. Il esquive un oiseau prêt à le happer, aussi monstrueux qu’un éléphant ailé. Il s’enfonce au cœur d’une fleur vaporeuse, chargée de pollen. Il reprend son essor. Il voit l’univers à travers les yeux à facettes de l’abeille. Tout est brisé en mille fragments, comme s’il regardait à travers une vitre étoilée. La couleur dominante est le gris, mais d’étranges teintes naissent au contour des choses. Des bleus et des pourpres périphériques qui ne correspondent à aucune des couleurs qui lui sont familières. L’effet, comme il aurait pu le constater vingt ans plus tard, est extrêmement psychédélique. Mais l’esprit d’une abeille est quelque chose d’extrêmement restreint. David s’en lasse rapidement. Il abandonne abruptement l’insecte et ses perceptions partent en zoom vers la grange. Clic, il a accroché une poule. Elle est en train de pondre un œuf. Contractions internes rythmiques, plaisir et douleur mêlés, comme l’élaboration d’un puissant étron. Gloussements frénétiques. L’odeur onctueuse du poulailler, incisive et mordante. Trop de paille partout. Comme le monde est terne et sombre aux yeux de ce volatile ! Pousse. Pousse, Aaah ! Plaisir orgastique ! L’œuf est expulsé et atterrit doucement dans la paille. La poule s’effondre, épuisée, accomplie. David l’abandonne en pleine béatitude. Il se dirige vers les bois environnants, trouve un esprit humain, y entre. Quelle expérience plus riche et plus intense, que d’entrer en communion avec sa propre espèce ! Son identité fusionne avec celle de l’émetteur, qui est Barbara Stein en train de se faire tringler par Hans Schiele. Elle est étendue nue sur un tapis de feuilles de l’année dernière. Elle a les yeux fermés et les jambes écartées. Sa peau est moite de transpiration. Les doigts de Hans s’enfoncent dans la chair douce de son épaule et sa joue, couverte de chaume piquant, râpe celle de Barbara. Il pèse de tout son poids sur sa poitrine, aplatissant ses seins et vidant ses poumons. Par petites poussées au rythme régulier, il la pénètre et, tandis que son long membre raide la fouaille lentement et patiemment, des sensations puisées irradient à partir de son aine, perdant leur force à mesure qu’elles s’éloignent. À travers l’esprit de Barbara, David assiste à l’impact du membre turgescent sur les délicates et glissantes membranes intérieures. Il capte les clameurs du cœur qui bat à un rythme précipité. Il sent les talons marteler les mollets de Hans. Il est conscient des fluides qui lui lubrifient les fesses et les cuisses. Et maintenant, il ressent les premiers spasmes étourdissants de l’orgasme. Il lutte pour rester avec elle, mais il sait que c’est sans espoir. S’accrocher à la conscience de quelqu’un qui est en train de jouir équivaut à essayer de monter un cheval sauvage. Son pelvis s’arque et se tend, ses ongles labourent le dos de son partenaire, sa tête se tord d’un côté, elle halète, et tandis que le plaisir fait irruption elle catapulte David hors de son esprit effréné. Il n’atterrit pas loin, dans l’esprit impassible de Hans Schiele, qui à son insu gratifie le voyeur puceau de la connaissance éphémère de ce que cela représente que d’alimenter la chaudière de Barbara Stein. Et pousse, et pousse, et pousse, la tige gonflée enserrée âprement par l’étau glissant, puis, presque immédiatement, c’est l’apothéose de Hans. Avide d’informations, David s’accroche de toute son énergie, espérant garder le contact à travers les soubresauts de la fin, mais il est impitoyablement éjecté. Il est emporté par le vent, il tourbillonne dans un monde de couleurs éblouissantes jusqu’à ce que – clic ! – il trouve un nouveau sanctuaire. Tout est calme et paisible ici. Il glisse dans un environnement froid et sombre. Il n’a pas de poids. Son corps est long et souple et agile. Son esprit est presque le vide, mais il y coule de minces filets de perceptions élémentaires. Il est dans la conscience d’un poisson, peut-être une truite de ruisseau. Il se laisse porter par le courant, s’abandonnant à la joie de ses mouvements fluides et de la délicieuse texture de l’eau claire et glacée effleurant ses nageoires. Il ne voit presque rien et ne perçoit aucune odeur. Les informations lui parviennent sous la forme d’impacts minuscules sur ses écailles, d’obstacles et de déflexions à peine sensibles. Tranquillement, il répond à chaque impulsion, évitant un écueil d’une torsion de son corps ou s’insérant dans un courant plus rapide dans un battement de nageoires. L’expérience est fascinante, mais la truite elle-même est un compagnon peu intéressant et David, après avoir joui d’être un poisson pendant deux ou trois minutes, s’envole vers un esprit plus complexe dès qu’il en perçoit un. Cette fois-ci, c’est le vieux Georg Schiele, le père de Hans, qui travaille dans un coin éloigné du champ de blé. David n’a jamais pénétré son esprit jusqu’ici. Le vieillard est un personnage austère et imposant, qui parle peu et accomplit sa rude journée de labeur monotone avec un front éternellement plissé en une expression revêche et glacée. David se demande parfois s’il n’était pas garde-chiourme dans un camp de concentration, bien qu’il soit arrivé aux États-Unis en 1935. Il émane du fermier une aura psychique si désagréable qu’il a toujours pris soin de l’éviter jusqu’ici, mais la truite l’a tellement ennuyé qu’il plonge sans hésitation dans la pensée du vieux Schiele. Il dépasse rapidement des couches denses d’inintelligibles ruminations germaniques pour atteindre les fondements de l’âme du fermier, l’endroit où demeure son essence. Surprise ! Le vieux Schiele est un mystique, un extatique ! Plus de sévérité ici. Plus de noir puritanisme. Mais du bouddhisme à l’état pur : debout au milieu du riche terreau de ses champs, appuyé sur sa houe, les pieds fermement plantés, le vieux Schiele est en communion avec l’univers. Dieu inonde son âme. Il est en contact avec l’unité de chaque chose. Le ciel, les arbres, la terre, le soleil, les plantes, la rivière, les insectes, les oiseaux – tout ne fait qu’un, tout fait partie d’un ensemble parfait et le vieux Schiele résonne en harmonie avec le monde. Comment une telle chose est-elle possible ? Comment un homme si aride, si inaccessible, peut-il dissimuler en lui de telles joies ? Les sensations débordent ! Le chant des oiseaux, la lumière, le parfum des fleurs et des mottes de terre nouvellement retournées, le froissement des tiges de blé aux feuilles vertes acérées, le filet de sueur qui dégouline le long du cou rougi et sillonné de profondes crevasses, la courbure de la planète, le contour laiteux et prématuré de la pleine lune – mille ravissements enveloppent cet homme, et David partage sa joie. Il se laisse tomber à genoux dans son esprit, empli d’une ferveur ardente. L’univers est un hymne puissant. Schiele sort de son état de stase, il soulève sa houe, il l’abaisse. Les muscles épais se durcissent et le métal s’enfonce dans la terre. Tout est comme il doit être, tout est conforme au plan divin. Est-ce ainsi que les jours de Schiele s’écoulent ? Un tel bonheur est-il possible ? David est surpris de trouver des larmes perlant à ses yeux. Cet homme simple, cet homme étroit, vit en état de grâce quotidienne. Soudain morose, amèrement envieux, David s’arrache à son esprit, virevolte, se projette en direction des bois et se pose à nouveau sur celui de Barbara Stein. Elle est allongée sur le dos, moite de transpiration, épuisée. Par ses narines, David perçoit l’odeur du sperme déjà aigri. Elle passe ses mains sur sa peau, chassant des brindilles et des brins d’herbe de son corps. Négligemment, elle touche le bout de ses seins qui se ramollissent. Son esprit est morne, terne, presque aussi vide que celui de la truite. L’amour semble avoir drainé toute sa personnalité. David la quitte pour Hans, et constate qu’il ne vaut guère mieux. Allongé à côté de Barbara, haletant encore après son effort, il est dans un état de torpeur déprimée. Il a lâché son paquet, et tout désir a disparu en lui. Il regarde d’un air somnolent la fille qu’il vient de posséder, et il a surtout conscience d’odeurs corporelles et de la malpropreté de sa chevelure. Dans les niveaux superficiels de son esprit flotte une pensée désenchantée, en anglais ponctué d’allemand maladroit, pour une fille d’une ferme voisine qui lui fait quelque chose avec sa bouche que Barbara refuse de faire. Hans doit sortir avec elle samedi soir. Pauvre Barbara, se dit David, et il se demande quelle serait sa réaction si elle savait à quoi Hans est en train de penser. Nonchalamment, il essaie de réunir les deux esprits en entrant en eux en même temps, dans l’espoir pernicieux que grâce à lui la pensée coulera de l’un à l’autre, mais il calcule mal son coup et se retrouve avec le vieux Schiele, plongé dans son extase, sans avoir perdu le contact avec Hans. Le père et le fils. Le vieux et le jeune. Le prêtre et le profanateur. David arrive à maintenir le double contact un instant. Il frissonne. Il est empli du sens éclatant de l’unité de la vie.

C’était tout le temps comme cela, à cette époque-là : un trip sans fin, un voyage psychédélique. Mais tout pouvoir s’altère. Le temps flétrit les couleurs des plus belles visions. Le monde devient gris. L’entropie a raison de nous. Tout s’affaiblit. Tout disparaît. Tout meurt.

Загрузка...