On ne va pas revenir là-dessus. (N.d.T)
Seulement érotiques. Sans rien de pervers. Même différence qu'entre user d'une plume et abuser d'un poulet.
Il mit trente ans à s'enfoncer. Durant tout ce temps les habitants pataugèrent. Il entra dans l'Histoire comme le théâtre de la catastrophe continentale la plus embarrassante de tout le Multivers.
Le Vieux Tom était l'unique bourdon de bronze fêlé du clocher de l'Université. Le battant était tombé peu de temps après qu'on l'avait fondu, mais la cloche continuait de sonner toutes les heures des silences terriblement assourdissants.
L’économe faisait indirectement allusion aux circonstances fâcheuses où l’Université avait bien failli causer la fin du Monde, catastrophe à laquelle seule avait permis d’échapper une série d’événements mettant en scène Rincevent, un tapis volant et une demi-brique dans une chaussette [voir Sourcellerie, même collection]. Depuis cette affaire les mages n'en menaient pas large, réaction classique chez ceux qui comprennent après coup qu'ils se sont toujours trouvés dans le mauvais camp*, et c'était étonnant de voir combien d'enseignants de haut niveau soutenaient maintenant mordicus qu'à l'époque ils étaient en congé maladie, qu'ils rendaient visite à leur tante ou qu'ils se livraient à des recherches en fredonnant à tue-tête, leur porte verrouillée, et n'avaient donc pas eu la moindre idée de ce qui se passait dehors. On avait vaguement parlé à bâtons rompus d'élever une statue à la mémoire de Rincevent, mais la curieuse alchimie qui tend à s'opérer dans ces procédures délicates l'avait vite réduite à une plaque, puis à une ligne dans la liste des combattants tombés au champ d'honneur et enfin à une proposition de blâme pour tenue incorrecte.
* C.-à-d. celui qui a perdu.
L’Enfer des démons diffère notablement des dimensions de la Basse-Fosse, ces étendues infinies et désertiques, extérieures et parallèles à l’espace et au temps. Les Choses désespérées et démentes qui les peuplent ne comprennent pas le monde mais souffrent d’un besoin maladif de lumière et de formes; elles cherchent à se réchauffer aux feux de la réalité en se regroupant autour d’elle avec le même résultat — dans l’hypothèse où elles se frayeraient un passage — qu’un océan qui chercherait à se réchauffer autour d’une bougie. Tandis que les démons appartiennent au même chaispasquoi spatiotemporel, grosso modo, que les humains, et manifestent un intérêt profond et permanent pour les affaires ordinaires des hommes. Il est intéressant de noter que les dieux du Disque ne se sont jamais beaucoup souciés de juger les âmes des morts, aussi les défunts échouent-ils en Enfer uniquement s'ils ont l'intime conviction qu'ils ne méritent pas mieux. Et ils y échappent s'ils n'en ont jamais entendu parler. D'où l'importance de tirer sur les missionnaires à vue.
Les démons ont un sens des valeurs dénaturé.
On avait dit à Rincevent que la mort, c'était comme passer dans une autre pièce. À une différence près. Quand on crie «Où sont mes chaussettes propres?» personne ne répond.
Parce que monter des prises, installer des étagères, supprimer le drôle de bruit dans les greniers et tondre les pelouses peuvent à la longue venir à bout des constitutions les plus robustes.
Vu de loin, en tout cas. De près, non.
Les jeux de balle étaient à l'époque inconnus sur le Disque-monde.
Beaucoup de gens pensent qu'il aurait dû s'agir d'une molécule d'hydrogène, mais les faits observés contredisent pareille idée. Quiconque a jamais trouvé un fouet à œufs jusque-là inconnu bloquant un innocent tiroir de cuisine sait que la matière brute se déverse en permanence dans l'Univers sous des formes relativement développées, lesquelles apparaissent en général dans les cendriers, les vases et les boîtes à gants. Elle choisit son aspect de façon à ne pas éveiller les soupçons: parmi ses manifestations les plus communes, citons les trombones, les aiguilles d'emballage de chemise, les petites clés de radiateur de chauffage central, les billes, les bouts de crayons, les pièces mystérieuses de divers ustensiles pour hacher les fines herbes et les vieux albums de Kate Bush. Les raisons qui poussent la matière à agir ainsi restent obscures, mais il est évident qu'elle a des idées derrière la tête.
Il est également évident que les créateurs d'univers préfèrent parfois le procédé du big-bang, mais qu'ils recourent aussi de temps en temps aux méthodes plus douces de la création continue. Ces dernières faisant suite à des études de cosmothérapeutes qui ont révélé que la violence du Big-Bang risquait de causer à l'Univers de sérieux problèmes psychologiques à l'âge adulte.