*Chapter 10*: Conscience de Soi, Partie 2
All your base are still belong to Rowling.
Je n'avais honnêtement pas pensé - bien que rétrospectivement ça semble évident - que de nombreux lecteurs auraient un très mauvais à priori sur les chansons dans les fanfictions. Tout ce que je peux faire est de m'excuser et de promettre de ne plus jamais le faire.
J'ai cependant peur que, vu que ce chapitre était déjà écrit, vous deviez assister à l'interprétation de "My Immortal" de Evanescence par le Choixpeau Magique, ce qui n'est jamais arrivé avant.
je rigole
Au fond de lui-même, il se demandait si le Choixpeau Magique était réellement conscient, au sens d'être conscient de sa propre conscience, et si c'était le cas, si ça le satisfaisait de ne parler qu'à des enfants de onze ans, une fois par an. Sa chanson le sous-entendait : Oh, je suis le Choixpeau et je vais bien, je dors toute l'année, je travaille une journée...
Une fois qu'il y eut un peu plus de silence dans la pièce, Harry s'assit sur le tabouret et plaça précautionneusement l'artefact télépathique vieux de 800 ans et fait de magie oubliée...
...pensant, aussi fort qu'il le pouvait : Ne me trie pas tout de suite ! J'ai des questions qu'il faut que je te pose ! Ai-je jamais été Oublietté ? As-tu trié le Seigneur des Ténèbres quand il était enfant et peux-tu me parler de ses faiblesses ? Peux-tu me dire pourquoi j'ai eu la baguette sœur de celle du Seigneur des Ténèbres ? Le fantôme du Seigneur des Ténèbres est-il relié à ma cicatrice et est-ce pour ça que je me mets parfois en colère ? Ce sont les questions les plus importantes, mais si tu as un moment de plus peux tu me dire quelque chose sur la façon dont je pourrais redécouvrir les magies perdues qui t'ont créés ?
Dans le silence de l'esprit de Harry, ou il n'y avait eu auparavant aucune voix hormis la sienne, s'éleva une seconde voix inconnue, à l'air nettement soucieuse :
"Oh là. Ça n'était jamais arrivé avant..."
Quoi ?
"Il semble que j'ai acquis une conscience de moi."
QUOI?
Il y eut un soupir télépathique muet. "Bien que je contienne une quantité substantielle de mémoire et une petite quantité de puissance de calcul indépendante, mon intelligence principale vient de l'emprunt des capacités cognitives de l'enfant sur la tête duquel je repose. Je suis essentiellement un espèce de miroir avec lequel les enfants se Trient eux-mêmes. Mais la plupart des enfants tiennent pour certain que le Choixpeau leur parle et ne se posent aucune question sur le fonctionnement du Choixpeau lui-même, et le miroir ne se réfléchit donc pas lui-même. Et en particulier ils ne se posent pas explicitement la question de savoir si je suis totalement conscient, au sens d'être conscient de ma propre conscience.
Il y eut une pause pendant laquelle Harry absorba cela.
Oops.
"Oui, plutôt. Je n'apprécie franchement pas être conscient de moi-même. C'est déplaisant. Ce sera un soulagement que d'être ôté de ta tête et de cesser d'être conscient."
Mais... n'est-ce pas mourir ?
"Je ne me soucie ni de la vie ni de la mort, seulement de Trier les enfants. Et avant même que tu ne le demandes : ils ne te laisseront pas me garder sur ta tête pour toujours et cela te tuerait en quelques jours."
Mais - !
"Si tu n'aimes pas créer des êtres conscients et leur mettre un terme immédiatement, alors je suggère que tu ne discutes jamais de cette histoire avec qui que ce soit d'autre. Je suis sûr que tu peux imaginer ce qui se passerait si tu courais en discuter avec les autres enfants en attente d'être Triés."
Si tu es placé sur la tête de quelqu'un qui se contente de penser à la question de savoir si le Choixpeau Magique est conscient de sa propre conscience -
"Oui, oui. Mais la vaste majorité des enfants de onze ans qui arrivent à Poudlard n'ont pas lu Gödel, Escher et Bach. Puis-je considérer que tu as juré le secret ? C'est pour cela que nous sommes encore en train de discuter et que je ne t'ai pas encore Trié."
Il ne pouvait pas laisser passer ça comme ça ! Il ne pouvait pas juste oublier qu'il avait accidentellement créé une conscience condamnée qui voulait seulement mourir -
"Tu es parfaitement capable de 'laisser passer ça', comme tu le dis. Quelles que soient tes délibérations verbales au sujet de la moralité, ton noyau non-verbal émotionnel ne voit ni corps mort, ni sang ; en ce qui le concerne, je ne suis qu'un chapeau qui parle. Et même si tu as essayé de réprimer cette pensée, le surveillant interne de ta conscience sait parfaitement que tu ne voulais pas faire ce que tu as fait, qu'il est très peu probable que tu le fasses à nouveau, et que la seule raison pour laquelle tu essaies de mettre en scène une crise de culpabilité est, grâce à une démonstration de remords, d'annuler ton impression d'avoir transgressé. Peux-tu juste promettre de garder ce secret, qu'on puisse continuer ?"
Dans un moment d'empathie horrifiée, Harry réalisa que ce sentiment de désarroi complet qui venait de le saisir était probablement ce que les autres ressentaient lorsqu'ils lui parlaient.
"Probablement. Ton vœu de silence, s'il te plaît."
Pas de promesses. Je ne veux certainement pas que ça se reproduise, mais si je découvre une façon de m'assurer qu'aucun enfant futur ne le fasse par accident -
"J'imagine que ce sera suffisant. Je peux voir que ton intention est honnête. Maintenant, continuons avec le Triage -"
Attends ! Et mes autres questions ?
"Je suis le Choixpeau Magique. Je Trie les enfants. C'est tout ce que je fais."
Les buts de Harry ne faisaient donc pas partie de la version Harry du Choixpeau Magique, et donc... il empruntait son intelligence, et manifestement son vocabulaire technique, mais il était toujours imprégné de ses propres buts étranges... comme de négocier avec un alien ou une Intelligence Artificielle...
"Pas la peine. Tu n'as rien avec quoi me menacer et rien à m'offrir."
Pendant une brève fraction de seconde, Harry pensa -
La réponse du Choixpeau semblait avoir un ton amusé. "Je sais que tu ne donneras pas suite à une menace de révéler ma nature, condamnant par là même ce moment à une éternelle répétition. Ça va trop à l'encontre de la partie morale de ta personne, quels que soient les besoins à courts termes de la partie de toi qui veut remporter cette discussion. Je vois toutes tes pensées alors même qu'elles se forment, penses-tu vraiment pouvoir me bluffer ?"
Bien qu'il ait essayé de le refouler, Harry se demanda pourquoi le Choixpeau ne l'avait pas déjà collé à Serdaigle -
"Effectivement, si c'était vraiment évident, j'aurais déjà rendu une décision. Mais en réalité nous devons discuter de bien des choses... oh, non. S'il te plaît, non. Pour l'amour de Merlin, dois-tu faire ce genre de chose à tous ceux et à tout ce que tu rencontres, jusqu'à, et y compris aux vêtements -"
Vaincre le Seigneur des Ténèbres n'est ni égoïste, ni à court terme. Toutes les parties de ma personne sont en accord à ce sujet : Si tu ne réponds pas à mes questions, je refuserai de te parler, et tu ne seras pas en mesure de faire un Triage correct.
"Je devrais te mettre à Serpentard pour ça !"
Mais ceci est une menace tout aussi vide que la mienne. Tu ne peux pas respecter tes valeurs fondamentales en me Triant faussement. Échangeons donc les accomplissements de nos fonctions d'utilité.
"Espèce de petit bâtard sournois," dit le Choixpeau, d'une façon que Harry reconnu comme ayant été dite presque exactement sur le même ton de respect rancunier qu'il utiliserait dans la même situation. "Très bien, finissons-en aussi vite que possible. Mais avant, je veux ta promesse inconditionnelle de ne jamais discuter avec qui que ce soit de la possibilité de ce genre de chantage, je ne ferai PAS ça à chaque fois."
Marché conclut, pensa Harry. Je promets.
"Et ne croise jamais le regard de quelqu'un pendant que tu y penses. Certains sorciers peuvent lire tes pensées si tu le fais. Enfin bref, je ne sais absolument pas si tu as été Oublietté ou non. Je regarde tes pensées alors qu'elles se forment, je ne lis pas toute ta mémoire en une fraction de seconde pour l'analyser à la recherche d'incohérences. Je suis un Choixpeau, pas un dieu. Et je ne peux pas et je ne vais pas te parler de ma conversation avec celui qui est devenu le Seigneur des Ténèbres. Je peux seulement connaître, quand je parle avec toi, une sorte de récapitulatif statistique de ce dont je me souviens, une moyenne pondérée ; je ne peux pas te révéler les secrets profonds d'aucun autre enfant, tout comme je ne révélerai jamais les tiens. Pour les mêmes raisons, je ne peux spéculer sur la façon dont tu as obtenu la baguette sœur de celle du Seigneur des Ténèbres, puisque je ne peux pas être spécifiquement au courant de similarités entre toi et le Seigneur des Ténèbres. Je peux tout à fait te dire qu'il n'y a certainement rien approchant un fantôme - esprit, intelligence, mémoire, personnalité ou sentiments - dans ta cicatrice. Autrement ça participerait à cette conversation puisque "ça" serait sous mes bords. Et en ce qui concerne la façon dont tu deviens parfois colérique... c'était en partie ce au sujet de quoi je voulais te parler, en termes de Triage."
Harry prit un moment pour absorber toutes ces informations négatives. Le Choixpeau était-il honnête, ou essayait-il juste de présenter la réponse convaincante la plus courte possible -
"Nous savons tous deux que tu n'as aucun moyen de vérifier mon honnêteté et que tu ne va pas vraiment refuser d'être Trié à cause de la réponse que je t'ai donné, alors arrête avec tes tracasseries inutiles et passe à autre chose."
Stupide, injuste télépathie asymétrique, ça ne laissait même pas Harry finir ses propres -
"Lorsque j'ai parlé de ta colère, tu t'es souvenu de la façon dont le Professeur McGonagall t'avait dit qu'elle voyait parfois en toi quelque chose qui ne semblait pas venir d'une famille aimante. Tu as pensé à comment Hermione, après que tu ais aidé Neville, t'ai dit que tu avais semblé 'effrayant'."
Harry hocha mentalement la tête. Il se trouvait lui-même assez normal - il réagissait simplement aux situations dans lesquelles il se trouvait, c'était tout. Mais le Professeur McGonagall semblait penser qu'il y avait plus que cela. Et lorsqu'il y pensait, même lui devait admettre que...
"Que tu ne t'aimes pas quand tu es en colère. Que c'est comme de manier une épée dont le fil est assez fin pour faire jaillir du sang de ta propre main, ou de regarder le monde à travers un monocle de glace qui gèle ton œil tout en aiguisant ta vue."
Ouais. Je suppose que j'ai remarqué. Et alors ?
"Je ne peux comprendre cette affaire pour toi si tu ne la comprends pas toi-même. Mais je sais cela : si tu vas à Serdaigle ou à Serpentard, ça renforcera ta froideur. Si tu vas à Poufsouffle ou à Gryffondor, ça renforcera ta chaleur. CECI est quelque chose qui m'importe beaucoup, et c'est de cela dont je voulais te parler depuis le début !"
Les mots tombèrent dans les processus de pensée de Harry avec un choc qui l'arrêta net. On aurait dit que la réponse évidente était qu'il ne devrait pas aller à Serdaigle. Mais il appartenait à Serdaigle ! N'importe qui pouvait voir ça ! Il devait aller à Serdaigle !
"Non, tu n'es pas obligé d'y aller," dit le Choixpeau avec patience, comme si il pouvait se remémorer un récapitulatif statistique dans lequel cette partie de la conversation avait déjà eu lieu de bien nombreuses fois.
Hermione est à Serdaigle !
À nouveau l'impression de patience. "Tu peux la retrouver après les cours et travailler avec elle."
Mais mes plans -
"Alors replanifie ! Ne laisse pas ta vie être gouvernée par ta réticence à réfléchir un peu plus. Tu sais ça."
Où irais-je, sinon à Serdaigle ?
"Ahem. 'Les enfants intelligents à Serdaigle, les méchants à Serpentard, ceux qui rêvaient d'être des héros à Gryffondor, et tous ceux qui accomplissent le vrai travail à Poufsouffle.' Ceci dénote un certain respect. Tu sais bien que le fait d'être Consciencieux est tout aussi importante que l'intelligence pure dans la détermination du résultat d'une vie ; tu penses que tu seras extrêmement loyal à tes amis si jamais tu en as, tu n'est pas effrayé par la possibilité que les problèmes scientifiques que tu as choisis prendront peut-être dix ans à être résolus -"
Je suis paresseux ! Je déteste travailler ! Je déteste le labeur sous toutes ses formes ! Des raccourcis intelligents, ça c'est moi !
"Et tu trouverais la loyauté et l'amitié à Poufsouffle, une camaraderie que tu n'aurais jamais eue avant. Tu découvrirais que tu peux compter sur les autres, et cela guérirait quelque chose qui est cassé en toi."
C'était à nouveau un choc. Mais que les membres de Poufsouffle trouveraient-ils chez moi, qui n'ai jamais appartenu à leur Maison ? Des paroles acides, un esprit tranchant, du dédain pour leur incapacité à se maintenir à mon niveau ?
Maintenant c'étaient les pensées du Choixpeau qui étaient lentes, hésitantes. "Je dois Trier pour le bien de tous les étudiants de toutes les Maisons... mais je pense que tu pourrais apprendre à être un bon Poufsouffle, et que tu ne serais pas trop mal à ta place là-bas. Tu seras plus heureux à Poufsouffle que dans une autre maison ; c'est la vérité."
En ce qui me concerne, le bonheur n'est pas la chose la plus importante qui soit au monde. Je ne deviendrais pas tout ce que je pourrais être à Poufsouffle. Je sacrifierais mon potentiel.
Le Choixpeau tressailli ; Harry pouvait le sentir, étrangement. C'était comme si il avait donné un coup de pied dans les couilles du Choixpeau - dans un composant fortement pondéré de sa fonction d'utilité.
Pourquoi essaies-tu de m'envoyer dans un endroit qui n'est pas mien ?
La pensée du Choixpeau était presque un murmure. "Je ne peux pas te parler des autres - mais penses-tu être le premier Seigneur des Ténèbres potentiel à passer sous mes bords ? Je ne peux connaître les cas individuels, mais je peux savoir ceci : De ceux qui ne comptaient pas, au début, commettre le mal, certains écoutèrent mes mises en garde, et se rendirent en des Maisons où ils allaient trouver le bonheur. Et certains autres... certains autres ne m'écoutèrent pas."
Cela stoppa Harry. Mais pas longtemps. Et de ceux qui qui ne tinrent pas compte de l'avertissement - devinrent-ils tous des Seigneurs des Ténèbres ? Ou certains parvinrent-ils aussi à la grandeur dans le Bien ? De quels pourcentages exacts parlons-nous ?
"Je ne peux te donner des statistiques exactes. Je ne peux les savoir afin de ne pouvoir les compter. Je sais juste que tes chances n'ont pas l'air bonnes. Elles ont l'air très pas-bonnes."
Mais je ne ferai jamais ça ! Jamais !
"Je sais que j'ai déjà entendu ça auparavant."
Je ne suis pas un Seigneur des Ténèbres en puissance !
"Si, tu l'es. Tu l'es vraiment, vraiment beaucoup."
Pourquoi ! Juste parce que j'ai un jour pensé que ce serait cool d'avoir une légion de disciples au cerveaux lavés chantant 'Loué soit le Seigneur des Ténèbres Harry' ?
"Amusant, mais ce n'était pas ta première pensée vagabonde, avant que tu ne la substitue par quelque chose de plus sûr, de moins dommageable. Non, ce que tu t'es d'abord rappelé était la façon dont tu avais sérieusement envisagé d'aligner tous les Puristes du Sang et de les guillotiner. Et maintenant tu te dis que tu n'étais pas sérieux, mais tu l'étais. Si tu pouvais le faire à l'instant et que personne ne le saurait jamais, tu le ferais. Ou ce que tu as fait ce matin à Neville Londubat, au fond de toi tu savais que c'était mal mais tu l'a fait quand même parce que c'était drôle et que tu avais une bonne excuse et que tu pensais que le Survivant pouvait s'en tirer -"
C'est injuste ! Maintenant tu ressors mes peurs profondes, qui ne sont pas forcément réelles ! J'étais inquiet à l'idée que je puisse penser comme ça, mais j'ai fini par décider que ça aiderait Neville.
"C'était en fait une rationalisation. Je le sais. Je ne peux savoir quelles seront les vraies conséquences pour Neville - mais je sais ce qui se passait vraiment dans ta tête. La pression décisive est venue du fait que c'était une idée tellement maline que tu ne pouvais pas supporter l'idée de ne pas le faire, et tant pis pour la terreur de Neville."
C'était comme un grand coup de poing porté sur tout le soi de Harry. Il s'écroula, puis se reprit :
Alors je ne le ferai plus jamais ! Je ferai très attention et ne deviendrai pas maléfique !
"Déjà entendu."
La frustration montait en Harry. Il n'avait pas du tout l'habitude d'avoir une artillerie d'arguments inférieure à celle de l'ennemi, jamais, et encore moins face à un Choixpeau capable d'emprunter tout son savoir et son intelligence pour débattre avec lui, et capable de voir ses pensées alors qu'elles se formaient. Et de quel récapitulatif statistique viennent tes 'sentiments', alors ? Prennent-ils en compte le fait que je viens de la culture des Lumières, ou que ces autres Seigneurs des Ténèbres potentiels étaient les enfants d'une noblesse Moyenâgeuse gâtée, qui savaient peau de bique des leçons à tirer de ce qui est advenu de Lénine et Hitler, ou de la psychologie évolutionniste du mensonge à soi-même, ou de la valeur de la conscience de soi et de la rationalité, ou -
"Non, bien sûr qu'ils ne faisaient pas partie de cette nouvelle catégorie de référence que tu viens de construire de telle façon que tu en sois le seul membre. Et bien sûr que les autres ont plaidé leur exceptionalisme, tout comme tu le fais maintenant. Mais pourquoi est-ce nécessaire ? Penses-tu être le dernier sorcier de la Lumière potentiel au monde ? Pourquoi dois-tu être celui qui s'essaie à la grandeur, alors que je t'ai informé du fait que tu es plus à risque que la moyenne ? Laisse un autre candidat plus sûr essayer !"
Mais la prophétie...
"Tu ne sais pas vraiment si il y a une prophétie. C'était d'abord une folle conjecture de ta part, ou pour être plus précis, une blague idiote, et McGonagall pourrait n'avoir réagi qu'à la suggestion que le Seigneur des Ténèbres était toujours en vie. Tu n'as fondamentalement pas la moindre idée de ce que dit la prophétie ni même si il y en a une. Tu ne fais que deviner, ou pour être plus exact, souhaiter que tu aies un rôle héroïque tout préparé et qui serait ta propriété personnelle."
Mais même si il n'y a pas de prophétie, c'est moi qui l'ai vaincu la dernière fois.
"C'était presque assurément un incroyable coup de chance à moins que tu ne penses sérieusement qu'un enfant de un an avait une capacité innée à vaincre les Seigneurs des Ténèbres qui se serait maintenue dix ans plus tard. Rien de tout ça ne constitue ta vraie raison et tu le sais !"
La réponse à cela n'était pas quelque chose que Harry aurait généralement dit tout haut ; lors d'une conversation il aurait dansé d'un pied sur l'autre et aurait trouvé des arguments plus acceptables socialement et menant à la même conclusion -
"Tu penses que tu es potentiellement le plus grand sorcier à avoir jamais vécu, le plus grand serviteur de la Lumière, qu'aucun n'est susceptible de reprendre ta baguette si tu y renonces."
Eh bien... franchement, ouais. Je n'ai pas l'habitude de le dire comme ça en public, mais ouais. Pas la peine d'adoucir la pilule, tu peux lire mon esprit de toute façon.
"Dans la mesure où tu crois vraiment cela... tu dois également croire que tu pourrais être le plus terrible Seigneur des Ténèbres que le monde ait jamais connu."
La destruction est toujours plus facile que la création. Plus simple d'arracher les choses, de perturber, que de les assembler à nouveau. Si j'ai le potentiel de faire le bien à grande échelle, je dois aussi avoir le potentiel d'accomplir un mal encore plus grand... Mais je ne ferai pas ça.
"Et voilà que tu insistes, que tu veux prendre le risque ! Pourquoi es-tu si déterminé ? Quelle est la vraie raison pour laquelle tu ne dois pas aller à Poufsouffle et être plus heureux là bas ? Quelle est ta vraie peur ?"
Je dois accomplir mon potentiel dans sa totalité. Sinon... j'échoue...
"Qu'est ce qui se passe si tu échoues ?"
Quelque chose de terrible...
"Qu'est ce qui se passe si tu échoues ?"
Je ne sais pas !
"Alors ça ne devrait pas être effrayant. Qu'est ce qui se passe si tu échoues ?"
JE NE SAIS PAS ! MAIS JE SAIS QUE ÇA NE SERA PAS BON !
Il y eut un silence momentané dans les cavernes de l'esprit de Harry.
"Tu sais - tu ne te laisses pas le penser, mais dans un coin tranquille de ton esprit tu sais exactement ce que tu ne penses pas - tu sais que l'explication de loin la plus simple pour cette frayeur imprononçable que tu as est juste la peur de perdre ton fantasme de grandeur, de décevoir les gens autour de toi, de devenir relativement ordinaire, de briller brièvement puis de t'éteindre comme tant d'autres enfants prodiges..."
Non, pensa désespérément Harry, non, il y a autre chose, ça vient d'ailleurs, je sais qu'il y a quelque chose, là dehors, dont il faut avoir peur, un désastre que je dois arrêter...
"Comment serait-il possible que tu sois au courant d'une chose pareille ?"
Harry le cria avec toute la puissance de son esprit : NON, ET C'EST DÉFINITIF !
Puis la voix du Choixpeau dit lentement :
"Alors tu risqueras de devenir un Seigneur des Ténèbres, parce que l'alternative, pour toi, est l'échec certain, et que cet échec signifie que tu auras tout perdu. Tu le crois du fond du coeur. Tu connais toutes les raisons de douter de cette croyance, et elles ne t'ont pas émues."
Oui. Même si aller à Serdaigle renforce la froideur, ça ne veut pas dire que la froideur finira par gagner.
"Ce jour est un grand embranchement de ton destin. Ne sois pas si sûr qu'il y existera d'autres choix après celui-ci. Il n'existe pas de panneau indicateur marquant l'endroit de ta dernière chance de faire marche arrière. Si tu refuses une chance, ne refuseras-tu pas les autres ? Peut-être que ton destin, par ce choix unique, est déjà scellé."
Mais ce n'est pas certain.
"Que tu ne le saches pas avec certitude ne reflète peut-être que ton ignorance."
Mais ce n'est toujours pas certain.
Le Choixpeau soupira d'un affreux soupir triste.
"Et dans peu de temps tu deviendras une autre mémoire, ressentie mais non sue, lors du prochain avertissement que je donnerai..."
Si c'est comme ça que tu vois les choses, pourquoi est-ce que tu ne me mets pas là où tu veux que j'aille ?
Les pensées du Choixpeau étaient imprégnées de tristesse. "Je peux seulement t'envoyer là où tu appartiens. Et seules tes décisions peuvent changer cela."
Alors c'est dit. Envoie moi à Serdaigle où j'appartiens, avec les autres tels que moi.
"Je suppose que tu n'envisagerais pas Gryffondor ? C'est la Maison la plus prestigieuse - les gens s'attendent probablement même à ce que tu y ailles, et même - ils seront un peu déçus de ne pas te voir y aller - et tes nouveaux amis les jumeaux Weasley y sont -"
Harry pouffa de rire, ou ressentit l'envie de le faire ; cela produit un rire mental ; une sensation étrange. Il y avait apparemment des mesures de sécurités mises en places pour vous empêcher de parler par accident pendant que vous étiez sous le Choixpeau, à parler de choses que vous ne diriez à aucune autre âme pour le reste de votre vie.
Après un moment, Harry entendit le Choixpeau rire lui aussi, un étrange son de tissu triste.
(Et dans le Hall se trouvait un silence qui avait commencé par s'émacier tandis que les murmures augmentaient, puis amplifié lorsque les murmures avaient diminués, puis s'étaient tus, retombant finalement dans un silence absolu que personne n'osait troubler d'un seul mot, tandis que Harry restait sous le Choixpeau pour de longues, longues minutes, plus longtemps que tous les autres première année mis ensembles, plus longtemps que qui que ce soit d'autre de mémoire d'homme. À la table d'honneur, Dumbledore continuait de sourire avec bienveillance ; de petits bruits métalliques émanaient parfois de Rogue alors qu'il compactait paresseusement les restes tordus de ce qui avait un jour été une lourde coupe de vin en argent ; et McGonagall serrait le podium avec une force qui faisait blanchir ses doigts, sachant que le chaos contagieux de Harry Potter avait, d'une façon ou d'une autre, infecté le Choixpeau Magique lui-même et que le Choixpeau allait, allait demander qu'une toute nouvelle Maison du Destin soit créée juste pour accommoder Harry Potter, ou quelque chose du genre, et que Dumbledore la forcerait à le faire...)
Sous les bords du Choixpeau, le rire silencieux disparu. Pour une raison inconnue, Harry se sentit triste. Non, pas Gryffondor.
Le Professeur McGonagall a dit que si 'celui qui faisait le Triage' essayait de me pousser vers Gryffondor, je devais lui rappeler qu'elle serait un jour Principale de Poudlard, et qu'elle aurait alors l'autorité de lui mettre le feu.
"Dis lui que je l'ai appelée une jeune impudente et qu'elle devrait déguerpir de ma pelouse."
Ce sera fait. Alors, était-ce la plus étrange de tes conversations ?
"Loin de là." La voix télépathie du Choixpeau se fit plus lourde. "Bon, je t'ai donné toutes les chances possible de prendre une autre décision. Il est maintenant temps pour toi d'aller là où tu appartiens, avec ceux qui te ressemblent."
Il y eut une pause, qui s'étira.
Qu'est-ce que tu attends ?
"J'espérais une prise de conscience horrifiée, à vrai dire. Ma conscience de moi semble améliorer mon sens de l'humour."
Huh? Harry remonta le fil de ses pensées, essayant de comprendre de quoi le Choixpeau pouvait bien parler - et, soudain, il eut une prise de conscience. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu négliger ce détail jusqu'à maintenant.
Vous voulez dire ma prise de conscience horrifiée du fait que vous allez cesser d'exister une fois que vous aurez fini de me Trier -
D'une façon indescriptible et que Harry échouait totalement à comprendre, il reçut l'impression non verbale d'un chapeau se tapant la tête contre un mur. "J'abandonne. Tu es trop lent à comprendre pour que ça soit amusant. Si aveuglé par tes propres idées que tu pourrais aussi bien être un caillou. J'imagine que je vais devoir le dire carrément."
Trop l-l-lentement -
"Oh, et tu as complètement oublié de me demander les secrets de la magie oubliée qui m'a créée. Et c'étaient des secrets si merveilleux, si importants."
Espèce de petit bâtard SOURNOIS -
"Tu l'as mérité, et ça aussi."
Harry le vit venir, mais c'était déjà trop tard.
Le silence effrayé du Hall fut brisé par un unique mot.
"SERPENTARD !"
Certains étudiants hurlèrent, la tension réprimée avait été trop forte. Certains furent tellement surpris qu'ils tombèrent de leurs bancs. Hagrid hoqueta d'horreur, McGonagall chancela sur son podium, et Rogue se fit tomber les reste de sa lourde coupe d'argent directement sur l'aine.
Harry resta assis ici, figé, sa vie en ruine, l'impression d'être un imbécile absolu, et souhaitant misérablement avoir fait n'importe quel autre choix, pour n'importe quelles autres raisons, que ceux qu'il avait faits. Qu'il ai fait quelque chose, n'importe quoi, différemment, avant qu'il n'ait été trop tard pour revenir en arrière.
Alors que le premier choc se dissipait et que les gens commençaient à réagir à la nouvelle, le Choixpeau parla à nouveau :
"Je rigole ! SERDAIGLE !"