(…) Qu’un amas d’images brisées sur lesquelles frappe le soleil :
L’arbre mort n’offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,
La roche sèche aucun bruit d’eau. Point d’ombre
Si ce n’est là, dessous ce rocher rouge
(Viens t’abriter à l’ombre de ce rocher rouge)
Et je te montrerai quelque chose qui n’est
Ni ton ombre au matin marchant derrière toi,
Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre ;
Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière.
Si un chardon dépenaillé montait plus haut
Que ses voisins, c’était sans tête — sinon l’herbe
L’envierait. Qui avait pu trouer, déchirer
La patience rude et sombre, assez meurtrie
Pour perdre tout espoir de verdir ? Seule une brute
Dut la broyer ainsi, avec un cœur de brute.
— Quelle rivière est-ce là ? s’enquit distraitement Millicent.
— Ce n’est qu’un ruisseau. Enfin, peut-être un peu plus qu’un ruisseau. On l’appelle le Perdu.
— Vraiment ?
— Oui, dit Winnifred.